Le sevrage: une quête personnelle

Le sevrage?!

Le sevrage est-il seulement le moyen technique par lequel on arrive à se débarrasser progressivement et systématiquement des médicaments psychiatriques? Ou le sevrage est-il plus que cela?

Techniquement, le sevrage,  c’est l’action d’arrêter méthodiquement de prendre une substance (ici psychotrope). C’est la mise en place d’un plan d’action qui va permettre de diminuer progressivement et systématiquement la quantité de médicament prise en vue d’aider l’organisme à se passer de cette substance.

Mais au-delà de la pure action technique, il y a tout un cheminement personnel qui se met en place. C’est ce que j’appelle la quête personnelle qui va nous mener à la rencontre de nous-même.

En effet, plus on va diminuer la quantité de substance prise, plus on va aller à la rencontre de ses sensations. Les médicaments étouffaient et anesthésiaient notre corps, mais en les retirant petit à petit, nous allons avoir à nouveau accès à nos sensations. Au début, elles seront souvent ressenties comme trop fortes ou trop désagréables, et c’est souvent ce qui freiner l’envie d’aller à la rencontre de soi, de cette être plein de vie qui se cache en nous. Toutes ces sensations qu’on a essayé de faire taire d’abord avec nos propres armes (le mental,…) puis avec l’aide d’armes extérieures (les médicaments,…), vont se réveiller et se rappeler à nous avec une force intense. Comment les accueillir? Comment les gérer? Comment les comprendre? Ont-elles une utilité ou ne sont-elles là que pour m’empêcher de vivre? Voilà les questions qu’il faut se poser! Voilà les questions que je me suis posées et qui m’ont amener à voir le sevrage comme une quête personnelle, comme une rencontre avec soi-même.

Mais ce rencontrer dans de telles conditions, est-ce bien nécessaire? Pourquoi souffrir autant? Voilà encore d’autres questions que je me suis posées et auxquelles je vais essayer de répondre.

Le sevrage, ce n’est donc pas seulement un acte technique, c’est aussi partir à le recherche de soi.

Qui êtes-vous? Voilà une question à laquelle va vous permettre de répondre le sevrage.

Avant de commencer à répondre à toutes ces interrogations, j’avais envie de préciser qu’un sevrage lent vous permettra d’avance plus doucement à la découverte de vos sensations, de qui vous êtes, alors qu’un sevrage rapide vous mettre très intensément dans le vif de vos sensations de votre être, ce qui pourra se révéler plus difficile à gérer émotionnellement (sans oublier que physiquement, cela peut être extrêmement dangereux pour votre organisme).

Lorsqu’on diminue progressivement la prise de médicaments, c’est comme si on relevait petit à petit la chape de plomb qui couvrait nos sensations corporelles. Notre organisme se libère progressivement de sa camisole chimique et manifeste sa contrariété d’avoir été emprisonné au rythme d’avancée du sevrage. Les sensations, souvent pénibles et douloureux, se manifestent à chaque nouvelle diminution de dose, le corps, de plus en plus libéré de son étau, criant son désaccord et la souffrance vécu sous le joug de cet envahisseur chimique.

Des souffrances, il y en avait avant l’envahissement, mais après, elles se sont décuplées, en silence, au fond de leur cellule, hurlant, prisonnières des murs antibruit instaurés sous le temps de l’occupation chimique. Lorsque, lors du sevrage, on libère petit à petit, ces souffrances emprisonnées, bouillonnantes de ne pas avoir pu s’exprimer et affûtées à vif, elles libèrent toutes leurs colères accumulées pendant des années et les hurlent le plus intensément possible à qui veut bien les entendre: le « symptôme de sevrage » est là! Pour calmer les foules, pour réduire au maximum l’intensité de l’expression de la souffrance refoulées et contenues à grand coup de camisole chimique, il convient de libérer les prisonnières une à une et pas toutes à la fois. Techniquement, cela se traduit par un sevrage lent. Un sevrage lent permet en quelque sorte d’ouvrir une cellule à la fois et diminuant d’un garde de prison à la fois et non en ouvrant toutes grandes les portes de la prison en congédiant tous les gardes d’un coup.

En libérant une souffrance à la fois, on permet au corps de gérer l’intensité de la colère de ces sensations réprimées. Mais cela nous permet également, de « traiter » (comme diraient les cognitivistes) une information corporelle à la fois. Et c’est ça la quête personnelle.

Le sevrage, c’est libérer une sensation à la fois et la quête personnelle, c’est écouter, entendre, comprendre et « gérer » cette sensation qui sort « de sa prison ».

Ainsi, se sevrer, ce n’est pas uniquement diminuer progressivement la quantité de substance psychotrope prise, c’est également reconnaître la présence d’une sensation, l’accueillir, l’écouter, l’entendre, le comprendre et finalement apprendre à vivre avec sa présence.

Accueillir ces sensations, les laisser venir, sans les juger, c’est apprendre à aller un peu plus vers soi-même, c’est commencer à écouter son corps, son mouvement et sa vie, c’est s’approcher de soi-même, de qui on est au plus profond de nous même: c’est partir à la recherche de ses ressources, de sa force intérieure: c’est partir à la quête de soi!

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