La puissance d’un médicament psychotrope

La puissance d’un médicament psychotrope traduit sa capacité à « agir » sur un (ou plusieurs) systèmes de neurotransmission : il s’agit de l’intensité de son action (de l’intensité de son effet). Par exemple, plus la capacité d’un antidépresseur ISRS à inhiber la recapture de la sérotonine sera élevée, plus il sera puissant. En d’autres termes, plus un antidépresseur est capable d’empêcher les neurotransmetteurs sérotoninergiques d’être récupérés par le neurone pré-synaptique ou d’être détruits dans la fente synaptique, plus on dit que son effet est puissant.

La connaissance de la puissance d’un substance psychoactive (antidépresseur, anxiolytique, neuroleptique,…) est intéressante, car elle nous permet de comprendre pourquoi plus une personne prend un médicament aux effets puissants, plus il est difficile pour elle de se sevrer. En effet, plus l’intensité de l’action d’une molécule est grande, plus la réaction de l’organisme à cette action est grande. Dans ce cas, les mécanismes compensatoires mis en place par l’organisme pour contrer les effets du médicament sont puissants. Pour imager, nous pourrions dire que c’est comme lorsqu’on vous attaque. Plus les moyens d’attaques utilisés par l’ennemi sont importants, plus votre réponse sera intense. Ainsi, lorsqu’un pays attaque avec une petite force de frappe, le pays attaqué se défendra avec une force de frappe légèrement supérieure à celle-ci (il répond de manière proportionnelle). Mais si un pays en attaque un autre avec une énorme force de frappe (armes nucléaires, missiles à tête chimique), alors le pays attaqué répondra avec toute sa force de frappe. Dans ce dernier cas, nous comprenons bien que la « désescalade à l’armement » pourra s’avérer compliquée : le pays attaqué ne redescendra que très lentement son intensité de frappe, car ayant été attaqué le premier et ayant souvent subi de plus gros dégâts et un plus grand traumatisme, il va certainement se méfier et réduire beaucoup plus lentement son armement que son assaillant. Il attendra d’être certain que son assaillant ait réduit son action militaire, avant de réduire la sienne.

Les mêmes mécanismes sont en œuvre dans la prise de médicaments psychotropes. Plus un médicament est puissant, c’est-à-dire plus sa force de frappe est puissante (engendre de fortes modifications), plus l’organisme réagira fortement (pour se défendre).

Lors de la désescalade, c’est-à-dire lors de la diminution systématique de l’intensité des frappes (=diminutions des doses pendant le sevrage), l’organisme, comme le pays assailli, va réduire ses réponses aux attaques plus lentement que ne le fera le pays assaillant avec sa force de frappe. L’organisme réduira l’ampleur de son arsenal (et sa force de frappe) beaucoup plus lentement que son assaillant pour être certain de garder un petit avantage.

La force de la réponse de l’organisme à l’action d’une substance psychoactive peut être observée au-travers de l’intensité des symptômes.

Plus un médicament est puissant, plus la réaction de l’organisme est intense. Par conséquent, nous pouvons imaginer que lors du sevrage, plus un médicament sera puissant, plus une diminution importante laissera paraître la réaction de l’organisme aux travers des symptômes de sevrage (ou/et de leur intensité). C’est pourquoi, une des approches du servage, notamment des antidépresseurs, préconise de substituer une molécule puissante par une molécule moins puissante avant de commencer le sevrage à proprement dit. En effet, selon cette approche, un sevrage réalisé sur une molécule moins puissante permettrait de diminuer l’intensité des symptômes de sevrage (symptômes de manque).

L’apparition d’un effet rebond, c’est-à-dire le retour ou l’intensification ou l’apparition de nouveaux symptômes, qui étaient contrôlés sous médicaments, dévoile la réaction de l’organisme à l’action du produit psychiatrique. L’effet rebond est en quelque sorte la manifestation qui met en lumière la réaction de l’organisme à l’action d’une substance psychotrope.

Nous comprenons que plus un médicament est puissant, c’est-à-dire que plus son effet est puissant, plus l’organisme aura compensé et par conséquent plus l’effet rebond risque d’être intense.

La puissance d’une substance psychotrope est donc un élément à bien prendre en compte lors d’un diminution de dose ou d’un sevrage.

 

 

Forme galénique

La forme galénique (d’un médicament) : définition de WebPhysique (2016):

La forme galénique correspond à la forme donnée à un médicament, il peut s’agir d’un comprimé, d’une poudre, d’un sirop etc…

Elle est en général choisie de manière à ce que les principes actifs atteignent le plus facilement et le plus rapidement les organes ou les zones du corps auxquels ils sont destinés, elle permet aussi d’adapter un médicament aux contraintes particulières d’un patient. Elle est obtenue en choisissant les excipients adaptés.

Les principales formes galéniques

La plupart des médicaments sont présentés sous forme de comprimé (à avaler, croquer ou effervescents), de poudre (à mélanger ou à dissoudre), de gélule, de sirop, de suppositoire, de spray (nasale ou buccale), d’ampoule, de crème (baume, gel), de collyre.

Exemples

Un doliprane (dont le principe actif est le paracétamol) peut ainsi se décliner en toute une série de forme galéniques comportant chacune des excipients qui lui sont propres: comprimés à avaler, comprimés effervescents, gélule, poudre, sirop en encore suppositoire…

Les formes galéniques spéciales

Les formes à:

  • Libération prolongée (LP ou ER): procédé de fabrication d’un médicament, qui permet une libération lente et progressive des substances actives dans l’organisme (Vidal, 2018). Selon les HUG (2005), la libération prolongée signifie que le principe actif est libéré de sa forme galénique sur une période de temps plus ou moins étendue, dans certains cas à vitesse constante. Le but étant d’obtenir des taux plasmatiques constants ou de réduire la fréquence d’administration pour les principes actifs de durée d’action brève dont on souhaite une action prolongée (HUG, 2005).
    • Il existe des capsules [gélules] avec pellets [microbilles] à libération prolongée. Les pellets sont dans ce cas enrobés par un film contrôlant la vitesse et/ou le lieu de libération du principe actif. Ces capsules peuvent être ouvertes, mais les pellets ne doivent pas être écrasés (HUG, 2005).

Informations supplémentaires sur les formes galéniques des médicaments :

Outils de conversion pour passer d’une forme galénique à une autre

Quand passer d’une forme galénique à une autre?

Arbre décisionnel benzodiazépines

Article connexe:

L’importance de la forme galénique lors de la substitution: De quoi faut-il tenir compte lors de la substitution: De la forme galénique (comprimé, gouttes, gélule, …) sous laquelle le médicament est administré

 

Dose

Dose: il s’agit de la quantité précise de substance qui va être administrée. Cette quantité sera généralement exprimée en milligrammes ou en nombre de gouttes. Parfois, par abus de langage, il arrive qu’elle soit exprimée en nombre de comprimés ou en nombre de gélules.

Dose journalière

Il s’agit de la quantité précise de substance qui sera administrée en 24 heures. C’est la quantité de substance “prise” par jour.

Les prises

La dose journalière peut être prise en plusieurs fois: on parle de prises. Par exemple, une dose journalière de 6 mg de substance pourra être prise en 3 fois:

1ère prise le matin: 2 mg
2ème prise à midi: 2 mg
3ème prise le soir: 2 mg

Au total, la dose de 6 mg de substance aura été administrée en 3 prises sur 24 heures.

Dose en cours

Il s’agit de la quantité de substance actuellement prise. En d’autres termes c’est la dose journalière actuelle. Le terme dose actuelle est également utilisé pour parler de la dose en cours.

Dose de confort

La dose de confort correspond à la dose à laquelle vous vous sentez « bien ». Il s’agit de la quantité de substance qui vous permet de fonctionner au quotidien sans subir l’effet de manque (dû généralement à l’entrée en tolérance). La dose de confort, correspond à la dose à laquelle vous estimez ressentir le moins de symptômes de manque, c’est la dose à laquelle les symptômes de sevrage sont le moins intense. Dose qui permet en quelque sorte de « contrôler » l’intensité et l’apparition des symptômes de manque (aussi appelés symptômes de sevrage).

Dose à prendre

Terme utilisé dans le cadre de la mise en place de la diminution de la dose journalière (voir titration). Dans ce contexte, il s’agit de la dose à prendre après diminution de la dose en cours (= après que la dose actuelle ait été réduite du pourcentage de diminution voulu).

 

 

 

La forme galénique d’un médicament (gouttes, comprimés, gélules,…)