6. Élaborer un tableau des diminutions: Calcul des diminutions et des paliers

Une fois le protocole choisit, c’est-à-dire une fois que vous aurez déterminé les règles de diminutions (pourcentage de diminution et longueur des paliers de stabilisation), il vous faudra calculer les diminutions et ainsi établir les quantités (milligrammes ou nombres de gouttes) que vous allez prendre tout au long du sevrage.

Comment calculer une diminution de 10% de la dose en cours?

Le calcul des diminutions (ou fractionnement)

Nous utilisons le terme fractionner pour parler des calculs sous forme fractionnaire que nous faisons pour calculer les diminutions de la dose en cours.

Nous allons mettre sous forme fractionnaire la dose en cours (par exemple 75 mg ou 75 gouttes) et lui retirer le pourcentage de diminution choisi (10% ou 5% ou 3%,…). Puis nous allons soustraire ce pourcentage à la dose en cours pour obtenir la quantité de gouttes/milligrammes à prendre pour la prochaine diminution.

Par exemple lorsque nous souhaitons diminuer de 10% (voir méthode des 10%) une dose en cours de 75 gouttes nous allons fractionner de la sorte:

Fraction du nombre total de gouttes = 75 ou 75/1

Fraction qui correspond à la diminution de 10% de la dose en cours = 10% ou 10/100

75 x 10/100 = 7.5

Le résultat de 7.5 (= 7.5 gouttes), correspond au 10% de la dose en cours.

Ensuite, nous soustrayons ces 10% (soit 7.5 gouttes), au 75 gouttes de la dose en cours pour obtenir la quantité de gouttes à prendre pour la prochaine diminution:

75 – 7.5 = 67.5

Ainsi, il faudra donc prendre 67.5 gouttes.

Le calcul des fractions de milligrammes (mg)

Par exemple lorsque nous souhaitons diminuer de 10% (voir méthode des 10%) une dose en cours de 75 mg, nous allons fractionner de la sorte:

Fraction du nombre total de mg = 75 ou 75/1

Fraction qui correspond à la diminution de 10% de la dose en cours = 10% ou 10/100

75 x 10/100 = 7.5

Le résultat de 7.5 (= 7.5 mg), correspond au 10% de la dose en cours.

Ensuite, nous soustrayons ces 10% (soit 7.5 mg), au 75 mg de la dose en cours pour obtenir la quantité de gouttes à prendre pour la prochaine diminution:

75 – 7.5 = 67.5

Ainsi, il faudra donc prendre 67.5 mg.

Tableau des diminutions

Lors de la diminution suivante, nous allons diminuer de 10% la dose en cours qui est maintenant de 67.5 :

67.5 x 10/100 = 6.75

En soustrayant les 10%, soit 6.75, au 67.5 de la dose en cours nous obtenons:

67.5 – 6.75 = 60.75

Ainsi, il faudra donc prendre 60.75 gouttes ou 60.75 mg. Et ainsi de suite…

Nous pouvons présenter ces diminutions successives sous forme d’un tableau :

Exemple de calcul d’une diminution de 10% de la dose en cours (10% = 10/100 )

Pour une dose de départ:

75 mg ou 75 gouttes

Dose en cours

(en mg ou en gouttes)

Calcul de la diminution de 10% de la dose en cours

Dose à prendre lors de la prochaine diminution

(en mg ou en gouttes)

Diminution 1 75  75 – (75 x 10/100) = 67.5 67.5
Diminution 2 67.5  67.5 – (67.5 x 10/100) = 60.75 60.75
Diminution 3 60.75  60.75 – (60.75 x 10/100) = 54.675 54.675 ≈ 54.70
Diminution 4 54.7  54.7 – (54.7 x 10/100) = 49.23 49.23 ≈ 49.25
Diminution n
Exemple de calcul d’une diminution de 5% de la dose en cours (5% = 5/100)

Pour une dose de départ:

75 mg ou 75 gouttes

Dose en cours

(en mg ou en gouttes)

Calcul de la diminution de 5% de la dose en cours

Dose à prendre lors de la prochaine diminution

(en mg ou en gouttes)

Diminution 1 75  75 – (75 x 5/100) = 71.25 71.25
Diminution 2 71.25  71.25 – (71.25 x 5/100) = 67.6875 67.6875 ≈ 67.70
Diminution 3 67.7  67.7 – (67.7 x 5/100) = 64.315 64.315 ≈ 64.35
Diminution 4 64.35  64.35 – (64.35 x 5/100) = 61.1325 61.1325 ≈ 61.15
Diminution n

Dans ces deux derniers tableaux, j’ai systématiquement arrondi les doses à prendre au centième supérieur. Par exemple, dans le dernier tableau, à la diminution 3, j’ai arrondi la dose à prendre à 64.35. Vous pouvez également arrondir au dixième.

Le calcul des arrondis

Pourquoi arrondir?

Parce que, dans la pratique, il sera parfois difficile (voir impossible) de titrer des millièmes de milligrammes ou de millièmes de gouttes, c’est-à-dire de diviser/couper/râper/diluer un comprimé pour obtenir des millièmes de milligrammes ou diluer une goutte pour obtenir des millièmes de goutte.

Comment arrondir?

Il est préférable d’arrondir à la valeur supérieure pour ne pas se retrouver en sous-dosage et expérimenter des symptômes de manque.

Calcul des diminutions en vidéo

Titration: Comment calculer des diminutions de 10%? : https://youtu.be/Oq0L6MEhTXU

 


Les aides au calcul des diminutions et les convertisseurs


 

Les paliers de stabilisation

Un palier correspond au temps que nous laissons à l’organisme pour adapter son fonctionnement à un apport quotidien moindre de molécule active. À chaque nouvelle diminution, nous laissons quelques jours à l’organisme pour s’habituer à l’apport d’une quantité inférieure de molécule active avant de passer à une nouvelle diminution. Nous allons laisser le temps à l’organisme de se stabiliser, de trouver un nouvel équilibre avec une quantité moindre de médicament. En savoir plus sur les paliers…

 

7. Choisir une technique pour réaliser les diminutions (titration)


Le plan de sevrage en pratique

Un exemple de plan de sevrage pour 2 médicaments : Xanax et Deroxat

  1. Tableau des diminutions

Sevrage 1 : Deroxat

Dose journalière actuelle : 1 comprimé de 20 mg de paroxétine

Calcul de diminution de 10% de la dose en cours (soit 20 mg) avec des paliers de 14 jours

Calcul d’une diminution de 10% de la dose en cours (10% =  10/100)

Pour une dose de départ:

20 mg

Dose en cours

(en mg)

Calcul de la diminution de 10% de la dose en cours

Dose à prendre lors de la prochaine diminution (en mg)
Diminution 1 20  20 – (20 x 10/100) = 18 18
Diminution 2 18  18 – (18 x 10/100) = 16.2 16.2
Diminution 3 16.2  16.2 – (16.2 x 10/100) = 14.58 14.58
Diminution 4 14.58  14.58 – (14.58 x 10/100) = 13.12 13.12
Diminution n

Ou utilisation du calculateur de Jomax: http://www.psychotropes.info/calculateur

  1. Tableau des diminutions

Sevrage 2 : Lysanxia (= médicament substitué au Xanax)

Dose journalière actuelle : 30 gouttes de Lysanxia (prazépam)

Calcul de diminutions de 5% de la dose en cours (soit 30 gouttes) avec des paliers de 8 jours

Calcul d’une diminution de 5% de la dose en cours (5% = 5/100)

Pour une dose de départ:

30 gouttes

Dose en cours

(en gouttes)

Calcul de la diminution de 5% de la dose en cours

Dose à prendre lors de la prochaine diminution

(en nb de gouttes)

Diminution 1

30

 30 – (30 x 5/100) = 28.5

28.5

Diminution 2

28.5

 28.5 – (28.5 x 5/100) = 27.075

27

Diminution 3

27

 27 – (27 x 5/100) = 25.65

25.65

Diminution 4

25.65

 25.65 – (25.65 x 5/100) = 24.36

24.36

Diminution n

Ou utilisation du calculateur de Jomax: http://www.psychotropes.info/calculateur

 

7. Choisir une technique pour réaliser les diminutions (titration)

 

4. Déterminer la méthode qui permettra de sevrer la molécule

Sevrage direct ou sevrage indirect ?

Il faudra également déterminer s’il est plus judicieux de sevrer la molécule directement ou de passer une autre molécule (sevrage indirect)

Le choix entre méthode de sevrage direct et indirect, va souvent principalement dépendre de la demi-vie de la molécule à sevrer:

La demi-vie d’une molécule

La demi-vie est le temps nécessaire à l’organisme pour diminuer de moitié la quantité totale de molécule ingérée et ce quelle que soit la quantité prise. La demi-vie d’un médicament est donc la vitesse à laquelle l’organisme élimine les substances actives d’un médicament de la circulation sanguine. En savoir plus…

La méthode de sevrage direct

Le principe de cette méthode est de procéder directement au sevrage de la molécule actuellement prise. On parle de sevrage direct, car le sevrage se fait à partir de cette molécule d’origine et non à partir d’une molécule de substitution. L’avantage de cette méthode est qu’elle permet d’éviter de passer par une substitution. Mais, un des principaux inconvénients est qu’elle s’applique difficilement au sevrage des molécules à demi-vie courte. Pourquoi? Parce qu’en utilisant la méthode du sevrage direct avec des molécules à demi-vie courte :

  • il peut s’avérer difficile de lutter contre le manque entre les prises et que, dans le cas des benzodiazépines, ce manque induit, la plupart du temps, un état d’anxiété.
  • il est plus difficile de maintenir la concentration de la substance active stable dans la circulation sanguine et une concentration instable dans le sang, aura tendance à engendrer des pics de symptômes.
  • il faudra administrer la dose journalière en plusieurs prises réparties à intervalles réguliers au cours de la journée (Répartir la dose journalière en plusieurs prises par jour est, en pratique, un des seuls moyens pour lutter contre l’état de manque).
  • la plupart du temps, les molécules à demi-vie courte sont proposées sous forme de comprimés, ce qui oblige à recourir la technique de titration tout au long du sevrage, ce qui peut s’avérer fastidieux.

La méthode de sevrage indirect

Le principe de cette méthode est de remplacer la molécule actuellement prise par une molécule qui possède des propriétés similaires, mais qui est plus facile à sevrer. Ainsi, lors d’un sevrage indirect, on ne va pas directement sevrer la molécule actuellement prise, mais on va sevrer la molécule de remplacement (ou molécule de substitution). La technique qui permet de remplacer une molécule par une autre plus facile à sevrer s’appelle la substitution.

Typiquement, une molécule à demi-vie courte va être remplacée par une molécule qui possède les mêmes propriétés psychoactives, mais qui a une demi-vie longue, ce qui la rend plus facile à sevrer.

L’inconvénient de cette méthode est qu’il faut passer par une substitution, mais les avantages de cette méthode sont nombreux. En effet, cette méthode permet, dans la majorité des cas, de pallier aux difficultés rencontrées lors du sevrage direct des molécules à demi-vie courte.

Remplacer une molécule à demi-vie courte par une molécule à demi-vie longue permet :

  • de lutter plus efficacement contre le manque entre les prises et donc de réduire la probabilité d’apparition d’un état d’anxiété.
  • de maintenir la concentration de la substance active beaucoup plus stable dans la circulation sanguine et ainsi de lisser des pics de symptômes.
  • d’administrer la dose journalière en une ou deux prises fixes dans la journée
  • d’avoir accès à des formes galéniques de la molécule plus facile à sevrer, comme des médicaments sous forme de gouttes.

De plus, dans le cas des benzodiazépines, lorsqu’il y a une forte tolérance avec la benzodiazépine d’origine, la substitution avec une autre molécule va permettre de lever ce phénomène d’accoutumance et de retrouver le plein effet, en particulier anxiolytique, des benzodiazépines et ce, avec une dose globale moindre de benzodiazépine.

Par ailleurs, en cas d’intolérance avec l’une ou l’autre des molécules à demi-vie longue (Valium – Lysanxia), il est possible de basculer de l’une vers l’autre. Mais comme le souligne le site Sevrage Aux Benzodiazépines (2009), les cas d’intolérance au Valium ou au Lysanxia sont extrêmement rares.

Technique de substitution

 

5. Choisir les protocoles et techniques de sevrage adaptés aux spécificités de la molécule à sevrer

 


Le plan de sevrage en pratique

Un exemple de plan de sevrage pour 2 médicaments : Xanax et Deroxat

Choix de la méthode de sevrage

Sevrage 1 : Deroxat

Sevrage direct. Je sèvre directement le Deroxat sans passer par une molécule de substitution.

Dose journalière de départ : 20 mg
Nombre de prises : 1
Heures de prise : heure de prise actuelle (par exemple 8h00)

Choix de la méthode de sevrage

Sevrage 2 : Xanax

Sevrage indirect : Substitution

Comme la molécule active du Xanax, l’alprazolam est une benzodiazépine à demi-vie courte, je vais opter pour un sevrage indirect et passer par une substitution.

Substitution : je vais remplacer le Xanax par du Lysanxia dont la molécule active est le prazépam qui est une benzodiazépine à demi-vie longue.

Je vais opter pour le Lysanxia sous forme de gouttes.

Équivalence

Je vais rechercher la dose équivalente de Lysanxia

(par exemple en utilisant le convertisseur de Jomax : http://psychotropes.info/calculateur/ en allant dans le menu Conversion et en choisissant Benzo conversion.

J’obtiens l’équivalence suivante : 0.50 mg d’alprazolam = 15 mg de prazépam

La dose équivalente de ma dose journalière actuelle de 0.50mg d’alprazolam (Xanax) est donc une dose journalière de 15 mg de prazépam (Lysanxia)

Formes galéniques du Lysanxia

15 mg de prazépam correspondent à 30 gouttes de prazépam
Ainsi, 2 comprimés de Xanax à 0.25mg, correspondent à 0.50mg d’alprazolam dont la dose équivalente de prazépam est de 15mg ou 30 gouttes.

 

5. Choisir les protocoles et techniques de sevrage adaptés aux spécificités de la molécule à sevrer

 

3. Trouver sa dose de confort et s’y stabiliser quelques jours

Pour la première molécule à sevrer, trouver sa dose de confort et s’y stabiliser.

Lors de cette étape, on évalue si on est en sous-dosage (voir plus bas), et on prend le temps d’ajuster la dose journalière prise en vue de trouver sa dose de confort avant de commencer le sevrage à proprement parlé. En effet, commencer les diminutions alors que l’organisme est en état de manque et le manifeste par des symptômes de sevrage intenses et handicapants ne permet pas de réaliser un sevrage dans de bonnes conditions. En effet, si vous êtes déjà en état de manque et que vous diminuez encore la quantité de médicament prise, alors les symptômes de sevrage se feront encore plus intenses. Cependant si, avant d’entamer le sevrage, vous remontez un peu votre dosage à la dernière dose où vous vous sentiez “bien”, alors vous pourrez commencer un sevrage dans de bonnes conditions. Il est nécessaire de retrouver une dose de confort avec laquelle vous vous sentiez bien et de vous y stabiliser : cela peut prendre selon les cas entre 1 à 3 semaines. Ensuite, en appliquant le protocole de sevrage recommandé pour la molécule en question, vous arriverez à réduire la dose journalière de manière à ce que l’organisme ait le temps d’adapter son fonctionnement à la diminution sans manifester des symptômes de manque intenses et invalidants.

Par ailleurs, il est à noter que l’utilisation de la technique de substitution permet souvent de lever le phénomène de tolérance.

Comment savoir si on est sous-dosage?

Pour savoir si vous êtes en sous-dosage, c’est-à-dire que vous êtes entré en tolérance, essayez d’augmenter légèrement la quantité de médicament prise en revenant, par exemple, à la dernière dose journalière où vous vous sentiez “bien”. Si vous observez une diminution des symptômes de manque, alors c’est que vous êtes en sous-dosage et qu’il vaudrait mieux commencer votre sevrage à partir de la dose où vous vous sentiez “bien” (= votre dose de confort) et où les symptômes étaient peu intenses ou peu présents.

Mais attention, si au contraire, en augmentant légèrement votre dose journalière vous vous sentez encore plus mal parce que les symptômes sont encore plus nombreux et plus intenses, alors là, cela veut dire que la substance a un effet principalement toxique sur votre organisme et qu’il faudra adapter le sevrage en conséquence (il faudra envisager de faire un sevrage rapide sous surveillance médicale accrue).

Voir: Comment faire la différence entre les symptômes de sevrage (syndrome de sevrage) et la toxicité médicamenteuse (neurotoxicité / intoxication médicamenteuse)?

 

4. Déterminer la méthode qui permettra de sevrer la molécule

 


Le plan de sevrage en pratique

Un exemple de plan de sevrage pour 2 médicaments : Xanax et Deroxat

Trouver ma dose de confort

Sevrage 1 : Deroxat

Avec la Deroxat, il n’y a pas eu une dose journalière qui était confortable. Par conséquent démarrage du sevrage à la dose actuelle.

Comme idées suicidaires, le sevrage devra être suivi par un professionnel compétent en matière de sevrage et formé aux risques liés aux antidépresseurs ISRS.

Trouver ma dose de confort

Sevrage 2 : Xanax

Si je me sens bien avec la dose journalière actuelle, je peux commencer le processus de sevrage à partir de cette dose.

Par contre, si je souffre de symptômes pénibles, il me faudra déterminer s’il s’agit :

  • De symptômes dus au sevrage de l’antidépresseur (Deroxat). Dans ce cas, attendre encore quelques jours/semaines que leur intensité diminue et me permette de commencer le 2ème sevrage dans de bonnes conditions
  • De symptômes de manque, parce que je suis en sous-dosage de Xanax. Pour vérifier s’il y a sous-dosage, je peux augmenter légèrement la dose journalière et si les symptômes s’estompent c’est que je suis effectivement en sous-dosage et qu’il faudra que j’augmente légèrement la dose (par exemple à la dernière dose où je me sentais « bien ») pour arriver à ma dose de confort à laquelle je me stabiliserai quelques jours avant de commencer le processus de sevrage à proprement parler
  • De symptômes d’intoxication au Xanax. Si lorsque j’augmente légèrement la dose, l’intensité des symptômes augmente et que je me sens encore plus mal, alors cela veut dire qu’il y a toxicité. Il me faut alors immédiatement consulter un spécialiste du sevrage et envisager un sevrage plus rapide.

Voir: Comment faire la différence entre les symptômes de sevrage (syndrome de sevrage) et la toxicité médicamenteuse (neurotoxicité / intoxication médicamenteuse)?

 

4. Déterminer la méthode qui permettra de sevrer la molécule

 

Qu’est-ce que la demi-vie d’une molécule?

La demi-vie est le temps nécessaire à l’organisme pour diminuer de moitié la quantité totale de molécule ingérée et ce quelle que soit la quantité prise.

La demi-vie d’un médicament est donc la vitesse à laquelle l’organisme élimine les substances actives d’un médicament de la circulation sanguine.

Demi-vie courte

On parle d’un médicament (ou d’une molécule) à demi-vie courte, lorsque l’organisme met moins de 24 heures pour éliminer ses substances actives de la concentration sanguine.

Dans les demi-vies courtes, il y a:

  • les demi-vies courtes qui mettent moins de 5 heures pour être éliminées
  • les demi-vies moyennes qui mettent entre 5 et 24 heures pour être éliminées

Demi-vie longue

On parle d’un médicament (ou d’une molécule) à demi-vie longue, lorsque l’organisme met plus de 24 heures pour éliminer ses substances actives de la concentration sanguine.

Attention à ne pas confondre la demi-vie d’un médicament avec son effet. La demi-vie est le temps que met l’organisme pour évacuer le produit, alors que l’effet est ce qui est induit par les propriétés de la substance active du médicament. Par conséquent, une demi-vie de 24 heures ne veut pas dire que le médicament fera effet 24 heures.

Un exemple d’effet: un médicament peut être pris pour sa propriété hypnotique qui a pour effet de faire dormir. Mais si ce médicament a une demi-vie de 24 heures, ça ne veut pas dire qu’il fera dormir 24 heures. Cela veut simplement dire qu’il faudra 24 heures à l’organisme pour l’éliminer. En réalité, la durée de l’effet d’un médicament est généralement bien moins longue que le temps qu’il faut à l’organisme pour l’éliminer de la concentration sanguine.

La règle des 5 demi-vies: l’explication du Dr Phelps (2005)

La plupart des antidépresseurs, comme la plupart des médicaments ont des demi-vies courtes. Il s’agit du terme officiel pour rendre compte de la vitesse à laquelle un médicament quitte la circulation sanguine après que vous ayez arrêté d’en prendre (= arrêter de prendre les doses suivantes). Le temps qu’il faut pour que la quantité de molécule dans votre sang (=le taux sanguin) diminue de moitié est « UNE demi-vie ». par exemple, prenons une molécule (= un médicament) ayant une demi-vie de 24 heures (il s’agit d’une demi-vie plutôt longue, beaucoup de molécules ont des demi-vies un peu plus courtes, proches de 10 heures). Si vous prenez votre dernière dose lundi matin, mardi matin, le taux sanguin est maintenant de la moitié de ce qu’il était le jour précédent (à savoir: mesuré chaque jour à la même heure (à midi dans notre exemple)). Et maintenant, soyez attentif, car le point important se trouve ici: chaque jour qui suit, le taux sanguin de la molécule diminue de la moitié de ce qu’il était le jour précédent. Ainsi, dans cet exemple, mercredi à midi, vous avez perdu la moitié du taux sanguin du mardi à midi. Notez, que vous êtes maintenant à 1/8ème de ce que vous étiez lorsque vous avez commencé. Continuez sur cette logique et vous verrez que jeudi à midi, vous serez à 1/16 de la dose de départ, vendredi vous serez à 1/32ème et ainsi de suite.

Généralement, nous parlons de 5 demi-vies et à ce taux, il restera si peu de médicament dans la circulation sanguine, que nous l’appellerons le taux zéro. Pourquoi tout ce tapage autour des demi-vies? Parce que cela nous mène vers une solution aux problèmes de sevrage liés au Prozac (fluoxétine): le Prozac a une demi-vie d’une semaine! Il est évacué très lentement de la circulation sanguine, si lentement, qu’il faut une semaine pour en éliminer la moitié (=pour s’en débarrasser de la moitié)! Ensuite, en utilisant la règle des Cinq Demi-vies, nous pouvons comprendre qu’il faudra plus d’un mois au Prozac pour quitter lentement la circulation sanguine (il lui faudra 5 semaines pour atteindre un taux sanguin de 1/64ème de la dose initiale).

Comme vous l’aurez certainement compris, c’est aussi à travers le concept de demi-vie et de la règle des Cinq Demi-vies que nous trouvons des solutions aux problèmes de sevrage des autres médicaments psychotropes, notamment les benzodiazépines.

 

La règles des 5 demi-vies

Nombre de demi-vie

Concentration sanguine

Pourcentage de médicament éliminé de la circulation sanguine

Dose de départ 1  ~ 0
Une demi-vie ½ de la dose de départ 50%
Deux demi-vies ¼ de la dose de départ 75%
Trois demi-vies 1/8 de la dose de départ 87.5%
Quatre demi-vies 1/16 de la dose de départ 93.75%
Cinq demi-vies 1/32 de la dose de départ 96.875%

Après 5 demi-vies, on considère que la quasi totalité du médicament a été éliminée de la concentration sanguine, puisque près de 97% de la dose a été éliminée.

Attention, cela est vrai si aucune dose n’a été prise après de la dose de départ (celle à partir de laquelle nous avons calculer les demi-vies d’élimination).

Par ailleurs, il ne faut pas oublier que la durée de la demi-vie d’un médicament peut être différente d’une personne à l’autre (à cause des différences individuelles et métaboliques).

2. Déterminer l’ordre des molécules à sevrer si plusieurs médicaments psychotropes sont pris

Les neuroleptiques étant une des classes de molécules les plus dangereuses, il est recommandé de sevrer ceux-ci en premier.

Ensuite, une bonne manière de déterminer l’ordre de sevrage est de choisir de sevrer la molécule qui vous semble être celle qui induit les symptômes les plus dangereux ou invalidants pour vous.

Certains préfèrent sevrer les benzodiazépines avant les antidépresseurs, alors que d’autres préfèrent faire le contraire, étant donné que les antidépresseurs peuvent être à l’origine d’effets secondaires graves, comme un état violent et/ou suicidaire.

Quel médicament psychotrope arrêter en premier ?

Comme l’expliquent les Docteurs Breggin et Cohen (2007) :

Si vous prenez un médicament A pour contrer les effets secondaires d’un médicament B, alors vous devriez probablement commencer par sevrer le médicament B. Par exemple, si vous prenez un somnifère pour traiter l’insomnie causée par du Prozac (fluoxétine) ou de la Ritaline, vous allez peut-être avoir envie de sevrer le somnifère après l’arrêt du Prozac ou de la Ritaline. Idem, si vous prenez des médicaments (Cogentin (=benztropine) ou Artane) qui suppriment les troubles moteurs induits par les neuroleptiques, vous devriez probablement commencer par réduire le(s) neuroleptique(s) avant de commencer le sevrage du médicament prescrit pour réduire les effets secondaires des neuroleptiques.

Il est recommandé de ne faire qu’un sevrage à la fois et d’attendre quelques semaines après un sevrage avant d’en commencer un deuxième, afin de ne pas trop bousculer l’organisme. Une pause entre deux sevrages offre à votre organisme la possibilité de récupérer un peu et ainsi de commencer le sevrage suivant dans de meilleures conditions.

Nous vous conseillons également d’écouter votre ressenti pour déterminer quel médicament votre organisme a besoin de sevrer en premier. Par exemple, si vous sentez qu’un médicament a produit des effets secondaires pénibles dès le moment où vous avez commencé à le prendre, alors c’est peut-être par celui-ci qu’il conviendrait de commencer.

Par ailleurs, il est très important de prendre en compte la dangerosité de la molécule lors du choix de l’ordre des sevrages. Comme le soulignent Breggin et Cohen (2007), il faut si possible commencer par les antipsychotiques (neuroleptiques), étant donné que cette classe de médicaments psychiatriques expose à des effets secondaires graves, y compris à la dyskinésie tardive, au syndrome malin des neuroleptiques qui peut potentiellement être mortel, au diabète et à une pancréatite.

Finalement, si vous souffrez déjà d’effets secondaires graves induits par vos médicaments psychiatriques, comme un manie, une hyperstimulation, des comportements inquiétants ou des mouvements anormaux, il faudra envisager de réaliser un sevrage rapide et aussi sûr que possible des molécules incriminées et ce sous la surveillance d’un médecin très expérimenté.

Il est vraiment vital de sevrer en premier, et sous surveillance médicale accrue et constante, le médicament qui serait à l’origine d’une intoxication médicamenteuse.

Comment faire la différence entre des symptômes de manque (syndrome de sevrage) et la toxicité médicamenteuse (neurotoxicité / intoxication médicamenteuse)?

Un syndrome de sevrage correspond à l’ensemble des symptômes qui se manifestent lorsque la dose du médicament est diminuée, alors que la toxicité médicamenteuse se présente sous la forme d’un ensemble de symptômes qui apparaissent lors des augmentations de dose.

Les symptômes de sevrage : un effet indirect des médicaments observé lors des diminutions de dose

Les symptômes de sevrage sont des effets indirects de la substance prise, dans le sens où ils correspondent à une réponse de l’organisme aux diminutions et non aux effets directs de la substance.

L’intoxication médicamenteuse : un effet direct des médicaments observé lors des augmentations de dose

L’intoxication médicamenteuse est un terme utilisé pour parler des effets neurotoxiques et/ou toxiques directs de la substance prise, dans le sens où les symptômes observés sont les conséquences directes des effets de la substance.

Une substance peut intoxiquer l’organisme lors des premières prises. Et l’intoxication va se maintenir et souvent s’aggraver au fil des prises.

Comment faire la différence entre des symptômes de sevrage qui perdurent malgré l’application des règles de sevrage et une éventuelle toxicité ?

La meilleure façon de faire est d’augmenter un peu la dose:

  • si les symptômes augmentent c’est qu’il y a toxicité, en ce cas le sevrage devra être plus rapide et se faire en 6 ou 8 semaines et sous surveillance médicale intensive. Avant de se lancer dans cette option il faut bien observer ce qui se passe!
  • si les symptômes diminuent en intensité, c’est qu’il s’agit bien de symptômes de sevrage. Dans ce cas, régler plus finement le protocole de sevrage pourra aider (adapter le pourcentage de diminution et/ou la longueur du palier).

 

3. Trouver sa dose de confort et s’y stabiliser quelques jours

 


Le plan de sevrage en pratique

Un exemple de plan de sevrage pour 2 médicaments : Xanax et Deroxat

Détermination de l’ordre des sevrages

Choix personnel en fonction du ressenti et des caractéristiques des substances

Ordre des sevrages choisi :

  1. Deroxat : le Deroxat sera sevré en premier: car chez moi les effets secondaires induits par la paroxétine sont graves : violence envers moi-même (automutilations), idées suicidaires, migraines intolérables et akathisie (agitation interne) (pour plus d’informations sur les effets secondaires voir page sur les antidépresseurs).
    Remarque : au vu des effets que cette molécule produit sur moi, vérifier avec mon médecin s’il n’y a pas intoxication et en fonction des conclusions, envisager un sevrage rapide sous surveillance médicale accrue ou dans un centre spécialisé…
  2. Xanax

 

3. Trouver sa dose de confort et s’y stabiliser quelques jours

 

1. S’informer sur les médicaments psychotropes actuellement pris

Déterminer quelle est la molécule active du médicament et déterminer à quelle classe de substances psychoactives elle appartient. Trouver la durée de la demi-vie de la molécule active. Déterminer quels sont les effets secondaires et indésirables de ce produit, étant donné qu’il est fort probable que les symptômes de sevrage seront similaires.

Comment trouver le nom de la molécule active d’un médicament ?

Le nom de la molécule active peut se trouver :

  • Sur la notice du médicament
  • Dans le Vidal français des médicaments : www.vidal.fr dans le champ de recherche, tapez le nom du médicament. S’ouvrira alors une fenêtre contenant la liste des diverses formes du produit, avec le nom de la molécule active qui s’affichera sous le nom commercial du médicament. Pour une information plus détaillée du produit, cliquez sur le nom du médicament et dans le menu de gauche choisissez l’information que vous désirez connaître. Par exemple, vous pouvez cliquer sur Pharmacocinétique pour connaître la demi-vie de la molécule active.
  • Dans le Compendium suisse des médicaments : http://compendium.ch/home/fr dans le champ recherche, tapez le nom du médicament. S’ouvrira alors une fenêtre contenant la liste des diverses formes galéniques que peut prendre le produit et le nom de la molécule active s’affichera juste en dessous du nom commercial du médicament. Pour une information plus détaillée du produit, cliquez sur le nom du médicament, puis cliquez sur Information professionnelle qui se trouve à droite dans la bande horizontale grise. Pour connaître la demi-vie de la molécule active du médicament, cliquez sur Pharmacocinétique.
  • Sur Internet, en tapant dans le champ de recherche les mots clés : « le nom du médicament » et « molécule active »

Comment trouver la demi-vie d’une molécule active (d’un médicament) ?

La durée de la demi-vie peut se trouver :

  • Dans le Vidal français des médicaments : www.vidal.fr dans le champ de recherche, tapez le nom du médicament, puis cliquez sur le nom commercial du médicament. Puis dans le menu de gauche, cliquez sur Pharmacocinétique.
  • Dans le Compendium suisse des médicaments http://compendium.ch/home/fr en tapant dans le champ de recherche « le nom du médicament », puis dans la fenêtre qui s’ouvre en cliquant sur le nom du produit. Ensuite cliquez sur Information professionnelle, puis sur Pharmacocinétique.
  • Sur Internet, en tapant dans le champ de recherche les mots clés : « le nom du médicament » ou « le nom de la molécule active » et « demi-vie ».

Retrouvez les fiches informatives de Jomax : http://soutienbenzo.forumgratuit.org/t2129-benzodiazepines-carateristiques-palier-demi-vie-etc

 

2. Déterminer l’ordre des molécules à sevrer si plusieurs médicaments psychotropes sont pris

 


Le plan de sevrage en pratique

Exemple de plan de sevrage pour 2 médicaments : Xanax et Deroxat

S’informer

Informations de base

Xanax: Le premier médicament qui m’a été prescrit s’appelle du Xanax. La molécule active du Xanax, c’est l’alprazolam. L’alprazolam est substance de la classe des benzodiazépines.

L’alprazolam est une molécule à demi-vie courte.

Il s’agit de comprimés de 0.25 mg.

Deroxat: Le deuxième médicament qui m’a été prescrit s’appelle du Deroxat. La molécule active du Deroxat, c’est la paroxétine.

La paroxétine est une substance de la classe des antidépresseurs inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (antidépresseur ISRS).

La paroxétine est une molécule à demi-vie de 24 heures.

Il s’agit de comprimés enrobés (sécables) à 20 mg.

 

2. Déterminer l’ordre des molécules à sevrer si plusieurs médicaments psychotropes sont pris

 

Qu’est-ce qu’un plan de sevrage?

Un plan de sevrage est un plan d’action qui définit la stratégie qui va être mise en place pour arriver au résultat souhaité (arrêt de la médication psychotrope ou diminution de la quantité de substances psychoactives prise, par exemples).

Établir un plan de sevrage permet d’organiser et de coordonner les actions que vont être entreprises pour atteindre cet objectif.

Un plan de sevrage va définir

  • Le(s) médicament(s) qui vont être sevrés ou dont la quantité prise va être diminuée
  • L’ordre dans lequel les substances vont être sevrées
  • Les méthodes, protocoles et techniques de sevrage qui vont être utilisés
  • Comment ces méthodes, protocoles et techniques vont être utilisés

Comment établir un plan de sevrage?

Pour mettre en place un plan de sevrage qui permette d’organiser et de coordonner les actions qui vont être entreprises lors des différentes étapes du sevrage, il est important de pouvoir répondre aux questions suivantes, cela va permettre de définir le plan d’action à adopter.

Questions relatives au(x) produit(s) psychotropes à sevrer

  • Combien j’ai de substances psychoactives à sevrer?
  • Est-ce que je souhaite arrêter de prendre tous ces produits ou est-ce que je ne souhaite sevrer qu’un produit? Ou encore, est-que je souhaite uniquement diminuer la quantité prise?
  • De quelle(s) classe(s) de molécule s’agit-il? S’agit-il d’une molécule de la classe des benzodiazépines, des antidépresseurs, des neuroleptiques, des régulateurs d’humeurs, des stimulants?
  • Est-ce qu’il convient de sevrer des molécules comme la nicotine (tabac), l’alcool, le THC (cannabis) ou d’autres substances psychoactives avant de sevrer un ou des médicament(s) psychiatrique(s) pour qu’elles n’interfèrent pas avec le(s) sevrage(s) des médicaments psychotropes?
  • Quelles sont les propriétés et les caractéristiques du sevrage de ce(s) produit(s) psychiatrique(s)?
  • Est-ce que la substance active du médicament a une demi-vie courte ou une demi-vie longue? Si la molécule active à une demi-vie courte, est-ce qu’il faut la sevrer directement ou est-ce qu’il faut passer par la technique de substitution et la remplacer par une molécule à demi-vie longue avant d’entamer le sevrage?
  • Est-ce que la forme galénique dans laquelle le médicament est prescrit permet de réaliser le sevrage? Il faut savoir que les comprimés non-sécables ou sous forme à libération modifiée (forme Retard, par exemple) ne se prêtent guère aux techniques de sevrage qui nécessitent, en pratique, de couper, d’écraser ou de broyer le(s) comprimé(s) contenant la substance active.
  • Est-ce que le médecin prescripteur est disposé à prescrire une molécule sous forme de gouttes, par exemple, plutôt que sous forme de comprimé, si la technique de sevrage le nécessite?
  • Si je souhaite sevrer plusieurs molécules psychoactives, dans quel ordre vais-je le faire? Quelle molécule est-il recommandé de sevrer en premier?
  • Quelles sont les méthodes et les protocoles pour sevrer ces produits? Y a-t-il un ordre à respecter dans l’utilisation de ces méthodes et protocoles?
  • Est-ce que je suis en sous-dosage et donc en état de manque?

Dans les prochains articles, nous allons aborder ces points afin de vous permettre d’apporter une réponse personnelle à chacune de ces questions.

Les étapes “classiques” dans l’élaboration d’un plan de sevrage

  1. S’informer sur les médicaments psychotropes actuellement pris
  2. Déterminer l’ordre des molécules à sevrer si plusieurs médicaments psychotropes sont pris
  3. Trouver sa dose de confort et s’y stabiliser quelques jours
  4. Déterminer la méthode qui permettra de sevrer la molécule
  5. Choisir les protocoles et techniques de sevrage adaptés aux spécificités de la molécule à sevrer
  6. Élaborer un tableau des diminutions: Calcul des diminutions et des paliers
  7. Choisir une technique pour réaliser les diminutions (titration)
  8. Se mettre dans les meilleures conditions pour appliquer son plan d’action