La forme galénique sous laquelle le médicament est administré

De quoi faut-il tenir compte lors de la substitution?
3. De la forme galénique (comprimé, gouttes, gélule, …) sous laquelle le médicament est administré

Pour pouvoir diminuer “infinitésimalement” la quantité de substance active prise, il faut pouvoir fractionner (diviser) facilement le médicament jusqu’à des petites quantités. Et il est plus facile de le faire avec certaines formes galéniques, par exemple avec les gouttes. Pour plus d’information pratique sur le “fractionnement en fonction de la forme galénique”, consultez la partie Titration : les conseils pratiques page 91).

Par ailleurs, il faut être très attentif au fait qu’avec certaines formes galéniques, il n’est pas possible de faire des diminutions. En effet, certains comprimés ne peuvent pas être coupés ou écrasés et certaines gélules ne peuvent pas être ouvertes.

Par exemple, les formes à libération retardée souvent dites Retard, ne peuvent ni être coupées, ni écrasées, car elles peuvent perdre leur effet retard.

Ces préparations à action modifiée ont, en effet, des formes galéniques qui leur permettent, grâce à une modification des conditions de l’absorption digestive, de libérer le principe actif à un moment ou un lieu de l’organisme différent (ASDR, 2013). En écrasant ou en ouvrant ce type de préparation, on altère les conditions de leur absorption ce qui ne leur permet plus de libérer leur principe actif au moment voulu (d’où la perte de l’effet retard).

Pour plus d’informations sur ses formes galéniques se rendre ici:

http://pharmacie.hug-ge.ch/infomedic/utilismedic/forme_gal.pdf

Le document suivant propose une liste des médicaments qui peuvent ou ne peuvent pas être coupés, écrasés ou ouverts :

http://pharmacie.hug-ge.ch/infomedic/utilismedic/tab_couper_ecraser.pdf

De quoi faut-il encore tenir compte lors de la substitution?

 

Comment procéder à une substitution?

 

Les profils d’action différents des molécules

De quoi faut-il tenir compte lors de la substitution?
2. Des profils d’action différents des molécules

Nous nous rappelons que les benzodiazépines possèdent toutes les mêmes propriétés (sédative, hypnotique, anxiolytique, anticonvulsivante, myorelaxante, amnésiante), mais ce qui va les différencier, c’est leur profil d’action, c’est-à-dire dans quelles proportions elles vont déployer ces propriétés. Certaines auront majoritairement une action anxiolytique, alors que d’autres auront majoritairement des actions hypnotique et myorelaxante. Toutes vont combiner les six propriétés dans des proportions différentes et c’est ce qui déterminera leur profil d’action.

Connaissant cela, il faudra faire attention lors de la substitution à bien connaître le profil d’action spécifique des deux molécules qui entrent en jeu: la molécule de départ et la molécule qui va progressivement la remplacer.

Par exemple, le lorazépam (Témesta) qui est utilisé pour son profil d’action principalement anxiolytique et tranquillisant aura moins d’activité hypnotique que le diazépam (Valium). La spécificité d’action du lorazépam est, selon Ashton (citée par Nimmo, 2012), probablement dû à son action de courte durée. Ainsi, par exemple, si une personne absorbe 2mg de lorazépam (Témesta) trois fois par jour, passe directement à 60mg de diazépam (la dose équivalente pour l’anxiété), elle deviendra extrêmement somnolente (Manuel Ashton, 2012, chapitre II), car en plus d’avoir une activité anxiolytique et tranquillisante, le diazépam a une activité hypnotique plus importante que le lorazépam.

Un des moyens pour atténuer les difficultés dues au passage d’une molécule à sa molécule équivalente mais dont le profil d’action est un peu différent, c’est, selon Ashton (2012), d’effectuer le changement que sur une prise à la fois. Cette manière de procéder aide aussi à trouver les doses équivalentes pour chaque individu. De plus, la Prof. Ashton (2012) recommande également de commencer la première substitution par la dose du soir et cette substitution n’a pas toujours besoin d’être totale. Ashton explique que par exemple, si pour le soir la dose de lorazépam (Témesta) est de 2 mg, elle peut, dans certains cas, être changée à 1mg de lorazépam (Témesta) plus 8mg de diazépam (Valium) [alors qu’] une complète substitution pour une réduction de 1mg de lorazépam (Témesta) aurait été de 10mg de diazépam (Valium). Cependant, selon la Prof. Ashton, le patient peut en fait bien dormir avec cette combinaison et il aura déjà effectué une réduction dans ces doses de lorazépam (Témesta), une première étape au programme de sevrage.

De quoi faut-il tenir compte lors de la substitution?

Comment procéder à une substitution?

 

Les doses équivalentes

De quoi faut-il tenir compte lors de la substitution?
1. Des doses équivalentes

Il faut tenir compte des différences de concentration entre les benzodiazépines, c’est-à-dire de leurs doses équivalentes ou équivalences.

En effet, avec une certaine molécule, 1 mg de cette substance suffira à produire les effets prévus, alors qu’avec une autre molécule, aux mêmes propriétés, il faudra utiliser 10 mg de cette substance pour obtenir les “mêmes effets”. C’est ainsi que la concentration en benzodiazépine dans les solutions solides ou liquides (comprimés, gélules, gouttes, solutions buvables,…) peut fortement varier d’un médicament à l’autre.

Par exemple, il faudra utiliser un comprimé contenant une concentration de 20 mg de diazépam pour obtenir les “mêmes effets” qu’un comprimé contenant une concentration de 1 mg d’alprazolam.

A noter que, comme le souligne la Prof. Ashton (citée par Nimmo, 2012), beaucoup de gens ont souffert parce qu’on les avait changés brusquement pour une benzodiazépine différente et moins forte parce que le médecin n’avait pas tenu compte du facteur important de concentration différente.

Attention, comme l’explique la Prof. Ashton (citée par Nimmo, 2012), les équivalences en concentration des benzodiazépines données dans les tableaux d’équivalences sont approximatives et peuvent différer d’un individu à l’autre.

De quoi faut-il encore tenir compte lors de la substitution?

Comment procéder à une substitution?

 

Qu’est-ce que la substitution?

Substituer une molécule par une autre, c’est passer, à l’aide d’un protocole spécifique, d’un médicament à un autre qui lui est « équivalent » mais qui possède des propriétés différentes (demi-vie, forme galénique,…) qui le rendent plus facile à sevrer.

Le passage, de la molécule actuellement prise à cette autre molécule plus facile à sevrer, va s’effectuer progressivement, par étapes judicieuses, en substituant une dose à la fois.

De manière générale:

Il est plus facile de sevrer une molécule à demi-vie longue qu’une molécule à demi-vie courte. Pourquoi?

Notamment, parce que, comme expliqué dans le Manuel Ashton (2012, chapitre II), avec des benzodiazépines à courte-vie telles que l’alprazolam (Xanax) et le lorazépam (Témesta), il est impossible d’obtenir une baisse progressive dans les concentrations sanguines et cellulaires. Ces drogues sont éliminées assez rapidement avec comme résultat des fluctuations importantes de concentrations entre chaque dose. Il serait nécessaire d’absorber les comprimés plusieurs fois par jour et beaucoup de personnes traversent des expériences de « mini-sevrage” ou d’un besoin soudain entre chaque dose.

Il en va de même pour les autres médicaments psychotropes (antidépresseurs, neuroleptiques,…), en effet, les médicaments contenant des substances actives à demi-vie longue sont plus facile à sevrer, étant donné que ces molécules sont moins rapidement éliminées et donc que leur concentration dans le sang reste plus stable dans le temps.

Dans le cas des benzodiazépines, les deux molécules à demi-vie longue généralement utilisées lors de la substitution sont le Lysanxia (prazépam) ou le Valium (diazépam).

Il est plus facile de sevrer une molécule proposée sous forme de gouttes qu’une molécule proposée sous forme de comprimé ou de gélule. Pourquoi?

Parce que, dans la pratique, il est plus facile de faire des diminutions par dosage ou titration avec des médicaments qui se diluent facilement dans un liquide et dont le contenu reste “homogène” (homogène du point de vue des substances actives et des excipients qu’ils contiennent). De plus, les médicaments sous formes de comprimés ou de gélules ne peuvent pas toujours être coupés, écrasés ou ouverts. Ne pas pouvoir écraser ou ouvrir un médicament rend la réalisation des diminutions quasi impossible.