Le sevrage: une quête personnelle

Le sevrage?!

Le sevrage est-il seulement le moyen technique par lequel on arrive à se débarrasser progressivement et systématiquement des médicaments psychiatriques? Ou le sevrage est-il plus que cela?

Techniquement, le sevrage,  c’est l’action d’arrêter méthodiquement de prendre une substance (ici psychotrope). C’est la mise en place d’un plan d’action qui va permettre de diminuer progressivement et systématiquement la quantité de médicament prise en vue d’aider l’organisme à se passer de cette substance.

Mais au-delà de la pure action technique, il y a tout un cheminement personnel qui se met en place. C’est ce que j’appelle la quête personnelle qui va nous mener à la rencontre de nous-même.

En effet, plus on va diminuer la quantité de substance prise, plus on va aller à la rencontre de ses sensations. Les médicaments étouffaient et anesthésiaient notre corps, mais en les retirant petit à petit, nous allons avoir à nouveau accès à nos sensations. Au début, elles seront souvent ressenties comme trop fortes ou trop désagréables, et c’est souvent ce qui freiner l’envie d’aller à la rencontre de soi, de cette être plein de vie qui se cache en nous. Toutes ces sensations qu’on a essayé de faire taire d’abord avec nos propres armes (le mental,…) puis avec l’aide d’armes extérieures (les médicaments,…), vont se réveiller et se rappeler à nous avec une force intense. Comment les accueillir? Comment les gérer? Comment les comprendre? Ont-elles une utilité ou ne sont-elles là que pour m’empêcher de vivre? Voilà les questions qu’il faut se poser! Voilà les questions que je me suis posées et qui m’ont amener à voir le sevrage comme une quête personnelle, comme une rencontre avec soi-même.

Mais ce rencontrer dans de telles conditions, est-ce bien nécessaire? Pourquoi souffrir autant? Voilà encore d’autres questions que je me suis posées et auxquelles je vais essayer de répondre.

Le sevrage, ce n’est donc pas seulement un acte technique, c’est aussi partir à le recherche de soi.

Qui êtes-vous? Voilà une question à laquelle va vous permettre de répondre le sevrage.

Avant de commencer à répondre à toutes ces interrogations, j’avais envie de préciser qu’un sevrage lent vous permettra d’avance plus doucement à la découverte de vos sensations, de qui vous êtes, alors qu’un sevrage rapide vous mettre très intensément dans le vif de vos sensations de votre être, ce qui pourra se révéler plus difficile à gérer émotionnellement (sans oublier que physiquement, cela peut être extrêmement dangereux pour votre organisme).

Lorsqu’on diminue progressivement la prise de médicaments, c’est comme si on relevait petit à petit la chape de plomb qui couvrait nos sensations corporelles. Notre organisme se libère progressivement de sa camisole chimique et manifeste sa contrariété d’avoir été emprisonné au rythme d’avancée du sevrage. Les sensations, souvent pénibles et douloureux, se manifestent à chaque nouvelle diminution de dose, le corps, de plus en plus libéré de son étau, criant son désaccord et la souffrance vécu sous le joug de cet envahisseur chimique.

Des souffrances, il y en avait avant l’envahissement, mais après, elles se sont décuplées, en silence, au fond de leur cellule, hurlant, prisonnières des murs antibruit instaurés sous le temps de l’occupation chimique. Lorsque, lors du sevrage, on libère petit à petit, ces souffrances emprisonnées, bouillonnantes de ne pas avoir pu s’exprimer et affûtées à vif, elles libèrent toutes leurs colères accumulées pendant des années et les hurlent le plus intensément possible à qui veut bien les entendre: le « symptôme de sevrage » est là! Pour calmer les foules, pour réduire au maximum l’intensité de l’expression de la souffrance refoulées et contenues à grand coup de camisole chimique, il convient de libérer les prisonnières une à une et pas toutes à la fois. Techniquement, cela se traduit par un sevrage lent. Un sevrage lent permet en quelque sorte d’ouvrir une cellule à la fois et diminuant d’un garde de prison à la fois et non en ouvrant toutes grandes les portes de la prison en congédiant tous les gardes d’un coup.

En libérant une souffrance à la fois, on permet au corps de gérer l’intensité de la colère de ces sensations réprimées. Mais cela nous permet également, de « traiter » (comme diraient les cognitivistes) une information corporelle à la fois. Et c’est ça la quête personnelle.

Le sevrage, c’est libérer une sensation à la fois et la quête personnelle, c’est écouter, entendre, comprendre et « gérer » cette sensation qui sort « de sa prison ».

Ainsi, se sevrer, ce n’est pas uniquement diminuer progressivement la quantité de substance psychotrope prise, c’est également reconnaître la présence d’une sensation, l’accueillir, l’écouter, l’entendre, le comprendre et finalement apprendre à vivre avec sa présence.

Accueillir ces sensations, les laisser venir, sans les juger, c’est apprendre à aller un peu plus vers soi-même, c’est commencer à écouter son corps, son mouvement et sa vie, c’est s’approcher de soi-même, de qui on est au plus profond de nous même: c’est partir à la recherche de ses ressources, de sa force intérieure: c’est partir à la quête de soi!

Copyright © 2018 Carole Advices

Etre soi-même?

Aujourd’hui, je me suis demandé:

« Suis-je moi-même ou suis-je la personne que les autres veulent ou ont besoin que je sois? »

Ne vous êtes-vous jamais demandé si vous étiez qui vous êtes ou si vous étiez celui que les autres veulent que vous soyez? C’est une question que je me suis posée, il y a longtemps, mais ce n’est que maintenant que j’entrevois la réponse et l’ampleur de ses conséquences…

J’ai compris qu’enfant, j’avais appris à penser le monde comme mon entourage le pensait. Petite, je voyais les choses à ma façon, mais en grandissant, au contact de l’éducation, plongée dans le système scolaire obligatoire et immergée dans les valeurs de ma famille et de la société, j’appris à voir le monde comme on me le demandait, à me comporter comme les autres et surtout à cacher et enterrer toutes les choses qui me rendaient différente.

J’ai docilement appris à ne plus être moi et à endosser le rôle qu’on m’avait attribué. Je suis devenue une très bonne actrice et j’ai endossé le rôle de la petite fille sage avec brio…
Malheureusement ou heureusement, au contraire, il est très difficile de jouer un rôle toute sa vie et ce fût à l’adolescence que je me suis rendue compte que la personne que j’étais devenue ne correspondait pas à la personne que je voulais être et encore moins à la personne que j’étais…

Est-ce pour cela que l’adolescence est caractérisée par la rébellion et l’insoumission? Est-ce que c’est parce que c’est à ce moment-là que l’Etre Humain se rend compte que la façon dont on lui demande de vivre, la façon dont on lui demande de se comporter et d’être avec les autres, et finalement la façon dont on lui demande de penser, ne correspond pas du tout ou si peu à la personne qu’il est profondément?

J’ai réussi à me plier, difficilement, aux demandes de mon entourage jusqu’à l’adolescence, mais presque arrivée à l’âge adulte, ce devint trop difficile.
A l’adolescence, tout a volé en éclats! En envoyant valdinguer les dialogues de mon personnage, j’ai brisé l’équilibre de la pièce de théâtre qui se jouait autour de moi depuis des années. Le script et la dynamique relationnelle sur lesquels les membres de ma famille s’appuyaient pour fonctionner au quotidien ne pouvaient plus s’appliquer si je ne jouais plus mon rôle comme ils l’attendaient. En sortant de mon rôle, j’ai fait paniquer les membres de mon entourage, car ils ne savaient plus comment interpréter leurs propres rôles avec un acteur qui voulaient interpréter le sien différemment. En effet, comment continuer à jouer les mêmes scènes avec un personnage différent, avec un acteur qui veut jouer différemment? La perte de contrôle que j’ai engendrée en sortant du scénario a complètement bouleversé la dynamique de la petite troupe et l’a placée dans cette situation désagréable de changement qui oblige à abandonner ce qu’on connaît pour se diriger vers l’inconnu, vers un nouvel équilibre où toutes les « données » vont être modifiées…

En fait, c’est l’histoire de l’ado rebelle qui fait valdinguer l’équilibre de la famille, du groupe, de la classe, de la communauté, juste parce qu’il revendique son droit à vivre pleinement selon son ressenti, ses besoins, son âme, sa conscience… c’est l’histoire de l’ado qui se sent très mal de jouer un rôle tous les jours et qui aimerait redevenir lui-même, redevenir un Etre Humain et ne plus être assimilé au rôle qu’on lui a imposé depuis sa plus tendre enfance. Comme l’acteur de cinéma qui cherche désespérément à se débarrasser de ce rôle qui lui colle à la peau depuis des années pour enfin pouvoir être lui, être ce qu’il est.

Pourquoi les acteurs pètent-ils souvent un câble? Je pense que c’est parce que leur public leur demande d’être le personnage du film, alors que ce n’est pas du tout la personne qu’ils sont. On leur refuse le droit d’être eux-mêmes, on leur demande d’être le personnage qu’on a vu à la télé et qu’on a adoré. On leur impose de se comporter comme lui et d’avoir les mêmes valeurs, celles qui nous ont plu à nous et nous sommes tristes, désemparés et déçus lorsqu’ils ne se comportent pas comme ils l’ont fait dans les films. Souvenez-vous de ces Peoples qu’on aperçoit en privé et qui ne ressemblent pas du tout à ce qu’ils montrent en public. On les fusillent de remarques acerbes et haineuses pour leur faire comprendre que leur comportement nous déplaît et qu’ils doivent redevenir comme avant, comme on les a connus en public, dans ce qui a fait leur célébrité et donc, ce qui a fait qu’on les a aimé.

Voyez-vous le parallèle avec l’adolescent qui tout à coup sort du cadre et n’agit plus selon ce qui plaît à ses parents ou à ses enseignants, qui se met à sortir de l’image qu’on a créée de lui? Les parents, les enseignants se mettent à détester ce comportement car il ne ressemble plus à celui qu’ils avaient construit et aimé avant. Les sanctions commencent à tomber, histoire de faire comprendre à cet adolescent qu’on ne l’aime pas comme ça, qu’on l’aime comme il était avant, quand son comportement correspondait à celui du « scénario » qu’on avait construit pour lui.
Les gens n’aiment pas le changement et ils n’aiment donc pas que les individus qui les entourent changent de comportements. L’Homme aime que les choses soient constantes et prévisibles et que son petit monde ne change pas trop. Que tout le monde soit toujours dans les mêmes rapports et que personne sorte du cadre….

Ainsi, lorsqu’on se rend compte qu’on nous fait jouer un rôle, qu’on nous demandent d’agir selon le bon vouloir et les besoins des autres et qu’on nous interdit d’être nous-mêmes sous peine d’être sanctionnés, on commence à se sentir mal, à se sentir emprisonnés dans ce rôle que d’autres ont construits pour nous et qui ne répond pas à nos besoins ou à nos valeurs. On se sent emprisonné dans une voie sans issue où les seuls choix semblent être:

– continuer à me comporter comme on me le demande et ressentir ce mal-être qui m’indique que celui qu’on me demande d’être ne me correspond pas.

– commencer à me comporter en accord avec qui je suis tout en sachant que les personnes qui m’entourent ne vont pas aimé ce changement et vont certainement tout faire pour que je me comporte comme ils ont « besoin » que je me comporte.

Parfois, continuer à être comme les autres nous demande d’être nous rend si mal que nous cherchons des solutions pour ne plus souffrir, mais pour pouvoir quand même continuer à « répondre à leur demande, à leurs besoins ». Nous savons que nous comporter autrement peut les faire souffrir et nous ne supportons pas cette idée. Nous savons ce que c’est Souffrir, puisque nous le vivons tous les jours dans le décalage entre ce que nous montrons extérieurement et ce que nous vivons intérieurement. Nous savons que cette souffrance est atroce et nous ne voulons pas que les Etres qui nous entourent, les Etres qui nous sont chers, la vivent. Nous avons compris que nos proches souffrent lorsque nous ne répondons pas à leurs besoins, lorsque nous ne nous comportons pas avec eux comme eux souhaitent qu’on soit avec eux. Cette peur de les faire souffrir et cette peur de ne plus être aimé si nous sommes nous-mêmes, nous entraîne vers cette situation impossible où nous décidons de sacrifier nos valeurs, nos besoins, notre âme, notre Etre et notre vie, pour continuer à être pour eux cette image de nous qu’ils aiment, ce personnage qui répond à leur besoin et qui leur assure le bonheur.

Alors me direz-vous: être soi-même, c’est faire souffrir les autres et ne pas être soi-même, c’est souffrir?

Ce n’est pas aussi simple que cela. En réalité, lorsque tout le monde joue un rôle dans une pièce de théâtre familiale, professionnelle ou relationnelle, il y a toutes les chances que la majorité des gens ne soient pas eux-mêmes et souffrent. Ils se sont simplement embarqués dans des relations qui ne sont pas saines pour eux et ils ne savent souvent pas comment fonctionner autrement: ils continuent à tenir leur rôle parce qu’ils pensent qu’il n’est pas possible de fonctionnement autrement. Alors tout le monde souffre en silence en continuant à faire tourner cette pièce de théâtre défaillante.

En fait, dans de telles relations, ce n’est pas le fait qu’une personne décide de devenir elle-même qui fait souffrir les autres, c’est le fait que les autres n’osent pas devenir eux-mêmes et ne savent plus comment faire quand une personne fait tomber les masques que chacun porte en révélant que c’est une mascarade qui se joue et non des relations authentiques où chacun pourrait exprimé ses besoins et qui il est sans être blâmé.

La souffrance que nous vivons lorsque nous jouons un rôle, lorsque nous ne faisons que répondre aux attentes des autres, nous signale que nous ne nous écoutons pas et que nous sommes en train de dépérir de l’intérieur.

La souffrance que les autres vivent lorsque nous décidons de ne plus répondre à leurs attentes soit leur signale que la personne qui était en train de répondre à leurs attentes et à leurs besoins ne le fera plus, soit elle leur révèle que eux non plus ne sont pas authentiques, qu’ils jouent un rôle et qu’ils ne sont peut-être pas eux-mêmes.

Lorsque nous décidons d’être nous-mêmes, notre entourage ne souffre pas parce que nous sommes nous-mêmes, mais parce que nous ne répondons plus à ses attentes, qu’il a « perdu le contrôle sur nous » ou qu’il réalise qu’il n’est pas lui-même non plus.

Bien évidemment, en continuant à être la personne que les autres attendent qu’on soit, on évite tout ce « drame ». Tout le monde souffre alors peut-être dans son coin, mais au moins la souffrance n’est pas visible et c’est souvent ce qui importe lorsque une pièce de théâtre, bridant les besoins, les valeurs et la attentes de chacun, se joue au sein d’une famille, dans un milieu professionnel ou dans n’importe quel groupe de personnes. Si un des membres s’avise de briser l’équilibre de la pièce et fait éclater au grand jour sa dysfonctionnalité et les souffrances individuelles cachées au prix des plus grands efforts, alors c’est lui qu’on va blâmé, qu’on va montré du doigt, qu’on traité de fauteur de troubles, de malade. En réalité, ce sont les relations et la communication entre les membres qui sont malades, mais comme le groupe, la famille ou l’équipe doit continuer à fonctionner, même de manière bancale, c’est celui qui a révélé ce dysfonctionnement qu’on va traiter de « malade » et qu’on va tenter de « soigner » pour que la pièce de théâtre puisse continuer à se jouer. Comment va-t-on « soigner » cet être « dysfonctionnel » qui n’arrive plus à tenir sa place dans la famille ou dans la société? De ce côté-là, tout est permis. Tout va être tenté pour le faire rentrer dans le rang ou pour l’exclure de la pièce. Généralement, lorsque cela va être difficile (éthiquement ou politiquement parlant) d’exclure la personne, c’est notamment la cas pour le membre d’une famille qu’on peut difficilement exclure de la famille, tout va être tenté pour le faire rentrer dans le rang. Dans d’autres situations où il est plus facile d’exclure une personne, c’est ce qui va être rapidement fait si cette dernière ne peut pas être vite remise à sa place.

Faut-il alors continuer à souffrir en silence pour ne pas briser la magnifique mascarade qui se joue, mais qui semble contenter tout le monde sauf nous? Je ne pense pas, car à long terme, tout le monde en souffre, même si cela ne se voit pas.

Ne pas être soi-même, ne pas parler de ses besoins, de ses attentes, de ses valeurs, de ses espoirs et ne pas être qui on est, c’est se maintenir dans le souffrance et maintenir l’illusion que tout fonctionne bien dans le groupe (famille, travail, …), alors que ce n’est pas le cas. En effet, si une personne se retrouve en souffrance parce qu’elle ne s’autorise pas à être elle-même ou parce qu’on l’oblige à être quelqu’un d’autre, c’est qu’il y a un problème et qu’à long terme toutes les personnes concernées risquent d’en souffrir d’une manière ou d’une autre.

Bien évidemment, nous ne sommes pas nous-mêmes en dépit des autres, mais nous sommes nous-mêmes avec les autres. Vous l’aurez compris, être soi-même ne veut pas dire imposer ses besoins, ses attentes et ses valeurs aux autres, sinon nous deviendrons cette personne qui dit aux autres qui ils doivent être et comment ils doivent penser et se comporter pour répondre à ses besoins et à ses attentes. Etre soi-même, c’est reconnaître ses besoins, ses valeurs et ses attentes, c’est se connaître, savoir qui on est et l’exprimer à l’autre sans l’imposer, mais c’est aussi savoir écouter l’autre dans ses besoins, ses valeurs et ses attentes, c’est le respecter dans ce qui l’est et pour qui il est.

Etre soi-même, ce n’est ni se soumettre à l’autre et ni s’imposer à lui, c’est conjuguer les valeurs, les besoins et les demandes de chacun: c’est conjuguer deux mondes intérieurs pour construire un monde extérieur où tous deux s’y sentiraient bien et pourraient s’épanouir.

Il n’est pas facile de conjuguer les mondes intérieurs de chacun pour en faire un monde extérieur épanouissant pour tous. C’est tellement plus facile pour une personne ou un petit groupe de personne d’imposer, le plus souvent inconsciemment, son monde intérieur à l’autre pour qu’il devient le monde extérieur dans lequel tout le monde doit s’épanouir. C’est souvent ce qui se passe dans les familles où un des membres impose sa vision du monde au lieu de conjuguer les valeurs, les besoins et les attentes de chacun. Alors, bien que chaque membre ait un monde intérieur différent, on ne tient compte que du monde intérieur de celui qui impose ses attentes, ses valeurs et ses besoins et le monde de ce dernier devient le monde dans lequel chacun doit évoluer dans son rôle selon les directives imposées.

Bien évidemment, c’est plus complexe que cela, mais souvent, lorsqu’une personne souffre dans le monde dans lequel elle évolue, c’est parce qu’il a été très peu tenu compte de son « monde intérieur ». Ceux qui s’en sortent le mieux dans les mondes familiaux ou professionnels dans lesquels ils évoluent, sont soit ceux dont le monde intérieur est très proche du monde imposé, soit ceux dont on a tenu compte du monde intérieur lorsqu’on a conjuguer les mondes intérieurs en présence.

Comment savoir si on est soi-même?

Je pense que l’on sait que l’on est soi-même, lorsqu’on ne souffre pas. Dès qu’on souffre, il y a fort à parier qu’il y a quelque chose qui nous empêche d’être nous-mêmes, de conjuguer notre monde intérieur avec celui des personnes en présence pour en faire un monde où tous pourraient évoluer sans devoir bâillonner leur monde intérieur.

Etre soi-même, c’est écouter son monde intérieur et celui des autres. C’est construire, avec les autres, un monde dynamique et flexible capable de s’adapter aux changements qui se produisent dans les mondes intérieurs de chacun.

 

 

6ème série de vidéos: un modèle des troubles psychologiques

Bonjour à tous,

J’ai entamé la réalisation d’une nouvelle série de vidéos dans laquelle j’expose, sous la forme d’un modèle, ma vision de ce que pourraient être les troubles psychologiques.

Le modèle que je vais construire est basé à la fois sur mon expérience personnelle, sur mes connaissances académiques, sur mes recherches personnelles et sur mes observations.

Dans les premières vidéos, je vais tenter de vous donner une vision d’ensemble des facteurs et des mécanismes qui peuvent entrer en jeu dans l’apparition des troubles psychologiques, dans leur maintien, dans leur aggravation et dans leur disparition.

Les 4 grandes catégories de troubles mentaux que je vais tenter de traiter sont:

  • les troubles anxieux
  • les troubles de l’humeur (dépression,…)
  • les troubles psychotiques
  • les troubles somatoformes

Lorsque vous visionnerez les premières vidéos, gardez à l’esprit que pour pouvoir vous donner un premier aperçu des facteurs et des mécanismes qui sont présents dans ce qu’on nomme les troubles mentaux, je prends quelques raccourcis pour simplifier le sujet et le rendre accessible. Au fil des vidéos, je vais de plus en plus approfondir et détailler les éléments qui entrent le ligne de compte afin de rendre visible toute la complexité de ce que d’aucuns nomment la maladie mentale.

Retrouvez les 2 premières vidéos de la série ici:

Vidéos: un modèle des troubles psychologiques
(anxiété, dépression, troubles psychotiques,…)

Très bonne journée à tous!!

Cordialement,
Carole

 

 

Les maîtres du temps

Les maîtres du temps

« Eh bien, [le maître du temps] n’a pas changé, toujours la mine grise et l’air grincheux, à tisser les heures, les jours, les mois, les années, à tisser le temps qui passe sans jamais lever le nez! » Phrase extraite de l’histoire intitulée Joyeux Noël Père Noël (Les Belles Histoires, hors série décembre 2016)


Ce que cette phrase m’inspire:

L’immobilité ne me permet pas de garder l’équilibre. Il me faut bouger pour trouver mon équilibre, ma stabilité dans ce monde qui bouge et qui va trop vite… les yeux et le coeur fermés.

Les maîtres du temps, ce sont eux qui nous demandent d’aller vite, peu importe que nous gardions notre équilibre, le principal pour eux, c’est que nous avancions, tels de fusées.

Nous ne voyons pas le parcours, le chemin, le voyage, le paysage… et nous ne sommes pas certains non-plus de voir notre destination… la destination qu’on nous a fixée!?

Quel intérêt à courir comme des lapins, sans profiter un instant du parcours de notre vie, des rencontres sur notre chemin? Pour atteindre cet objectif? Mais quel objectif? Le nôtre? Le leur? Et cet objectif existe-t-il vraiment?

Une course folle sans but, voilà à quoi ressemble la vie de nos jours! A quoi bon? A quoi bon gagner cette course si elle ne nous apporte rien? A quoi bon perdre notre vie pour rien? Ne vaut-il pas mieux apprécier chaque jour qui passe sans se soucier d’arriver au bout? Ne vaut-il pas mieux apprécier la vie… la mort arrivera bien assez vite…

La mort, le point final, l’objectif de toute existence! Pourquoi griller les étapes pour l’atteindre? Ne ferions-nous pas mieux de profiter de l’instant présent et de laisser notre corps et notre âme avancer à leurs rythmes jusqu’à la ligne d’arrivée?

Tout le monde va gagner, tout le monde atteindra un jour cette objectif. Pourquoi vouloir faire partie de ceux qui l’atteindront en premier?

Les maîtres du temps!!

Faut-il aller vite ou lentement? Faut-il suivre leur rythme ou non?

 

Carole, décembre 2016

Retour d’une vague de symptômes un an après le sevrage

Après le sevrage, mon état s’était un peu amélioré: les symptômes étaient moins intenses. Mais tout à coup, une énorme vague de symptômes m’a submergée. Je ne comprends pas pourquoi tous mes symptômes sont revenus un an (deux ans, trois ans, …) après le sevrage, avec une intensité aussi grande.

En 2009, je me suis retrouvée dans une situation inhabituelle et une vague de symptômes d’une très grande intensité est revenue, alors que cela faisait quelques mois que ça allait mieux niveau symptômes.

En 2009, soit un peu plus d’une année après mes sevrages rapides, j’avais repris un peu le contrôle de mes symptômes en suivant à moitié les méthodes proposées dans le guide: « L’anxiété pour les nuls ». Je pouvais à nouveau faire quelques activités et me déplacer pas trop loin de chez moi. Mais à l’automne 2009, j’ai voulu griller les étapes (et bien les griller) en allant passer quelques jours en Angleterre. Pour moi qui n’allait pas plus loin que dans les alentours de mon village, le saut a été faramineux. Mais quand on se croit plus fort que notre organisme et qu’on ne l’écoute pas, les conséquences sont terribles….

Jusqu’à l’aéroport, ça c’est assez bien passé. J’ai essayé de me détendre tant bien que mal et mes symptômes sont restés à un niveau acceptable. Mais une fois dans l’aéroport, ça allait déjà beaucoup moins bien et les symptômes ont commencés à me submerger: l’état d’alerte était lancé. Ne maîtrisant pas tous les outils pour faire stopper l’état d’alerte ou du moins pour l’empêcher de prendre une ampleur extrême, j’ai été submergée par l’angoisse. Ainsi, au moment d’entrer dans l’avion, je me suis retrouvée en état de panique extrême. Mon système d’alarme était au maximum et les symptômes de l’attaque de panique étaient ultra-intenses: sueurs, coeur à mille à l’heure, vertiges, pulsations dans la tête, déréalisation, dépersonnalisation,… je me sentais mourir….
Mais j’étais dans cet avion et je ne pouvais plus en sortir: la seule chose que je pouvais faire c’était me rendre en Angleterre.
Pour essayer de reprendre mes esprits (et essayer de stopper mes nausées), je me suis dit que j’allais boire un petit quelque chose. J’ai alors pris un thé puis un coca light…. je te laisse imaginer la suite… quelques temps plus tard, rebelotte deuxième attaque de panique, alors que les symptômes de la première n’étaient pas encore redescendus…
A mon arrivée à Londres, j’étais complètement défaite et épuisée par ce voyage et ces attaques de panique consécutives. Mais comme avec mon compagnon, nous avions décidé de rendre visite à son collègue qui était à Cambridge, je me suis dit qu’il fallait que je tue cette fatigue et que je me booste un peu. J’ai alors pris un bon café bien sucré au Starbuck… Autant te dire que le repas du soir en compagnie de ce collègue a été un enfer… J’étais nauséeuse, dans un état second… je ne comprenais pas ce qu’il se disait autour de cette table, tellement j’étais épuisée par ces boucles de montées et de descentes d’adrénaline.
Le séjour a continué et j’ai passé 5 jours atroces à faire attaques de panique sur attaques de panique, à ne pas dormir et à être dans un état second (déréalisation / dépersonnalisation) tellement les vagues d’angoisse me terrassaient.
Bien évidemment, pour ne rien arranger, pendant tout le séjour, j’ai bu du coca light et des cafés. J’ai également bu quelques bières dans les pubs et j’ai certainement consommé du glutamate dans les snacks…

Puis vient le moment du retour….. Comment allais-je pouvoir reprendre l’avion?
ça a été terrible parce qu’en plus cette fois je n’avais plus la belle confiance que j’avais lorsque j’ai décidé de faire ce voyage. Cette fois, j’avais peur. Je me sentais incapable de prendre l’avion, incapable de gérer mon corps, incapable de supporter cette vague d’attaque de panique en étant confinée dans un avion….
Je me suis vidée par tous les côtés dans les toilettes de l’aéroport, j’ai fait des crises de larmes et je me suis mise à trembler de manière incontrôlable… mais j’ai fini par prendre cet avion et bien évidemment, vu dans les conditions dans lesquelles je m’étais mise, j’ai fait une énorme attaque de panique dans l’avion… j’ai cru que je devenais folle et que rien ne pourrait me ramener à la raison, à un état mental sain. J’étais comme ailleurs, dans un monde parallèle. Je voyais les autres et moi-même depuis l’extérieur… je n’étais plus là…
(Si j’en avais parlé à un psychiatre en rentrant, je suis certaine qu’il m’aurait collé des diagnostics comme: psychose, schizophrénie, etc… alors qu’il ne s’agit en fait que d’un état d’alerte physiologique tellement intense que le corps, pour nous protéger, nous envoie des décharges d’hormones du stress qui nous font « quitter la réalité ».)

Le retour a été difficile, mais ça ne s’est pas arrêté là. Après ce séjour, mon état d’alerte ne redescendait plus. Et moi, têtue, je voulais quand même faire les choses que je réussissais à faire une semaine auparavant. Pour moi, il n’était pas question que je me prive des seules choses que j’avais pu reconquérir. Cette obstination à vouloir tout faire malgré les signaux d’alerte, m’a coûté cher: je suis revenue à la case départ: enfermée chez moi à faire attaques de panique sur attaques de panique.
Par dessus le marché, quelques semaines après ce séjour en Angleterre, nous déménagions. Un déménagement est un autre très grand changement qui peut déclencher un état d’alerte. En effet, notre organisme qui a ses habitudes dans son environnement familier se trouve tout à coup sans repères, car il est dans un environnement qu’il ne connaît pas. Les premiers mois ont été très durs, parce que je me retrouvais dans une nouvelle maison dans un village que je ne connaissais pas. Tout était étranger pour moi. Un système nerveux en état d’alerte maximal couplé à un environnement complètement nouveau, ça a fait un mélange détonant: mes symptômes d’angoisse ne descendaient plus d’intensité et les hallucinations visuelles ont refait leur apparition: je voyais les montagnes se rapprocher de moi. Les acouphènes se sont intensifiés, les insomnies ont repris le dessus et nombre d’autres symptômes sont réapparus. C’est à ce moment-là, en 2010, que j’ai décidé de chercher d’autres méthodes que celles que j’avais déjà mises en place pour gérer l’anxiété. J’ai contacté une thérapeute TCC (Thérapie cognitive et comportementale), mais elle voulait que je me déplace chez elle pour les séances alors que je n’arrivais plus à conduire ma voiture. J’ai essayé les plantes et plein d’autres choses, mais ça ne donnait rien. Puis, j’ai trouvé la méthode de Geert et c’est elle qui m’a donné les clés pour comprendre pourquoi mon état d’alerte se maintenait. J’ai compris que:

1. je consommais des substances qui produisaient des symptômes (=des états physiologiques) semblables à ceux de l’état d’alerte
2. j’avais un discours interne qui maintenait mon état d’hypervigilance
3. j’avais pas utilisé la bonne stratégie pour gérer mon état d’alerte (j’ai voulu aller beaucoup trop vite sans avoir les bons outils pour le faire)
4. je manquais cruellement d’outils pour gérer les angoisses (=pour les prévenir, pour les stopper quand elles sont là et pour éviter qu’elles ne maintiennent après avoir été exposée à des événements stressants)

Ce sont ces clés qui m’ont permis de comprendre comment se déclenche notre état d’alerte, comment il se maintient, comment le stopper (=le gérer) lorsqu’il est au maximum et comment analyser une situation dans laquelle l’état d’alerte s’est déclenché.

J’ai compris qu’il fallait être très méthodique dans la mise en place des stratégies pour gérer notre état d’alerte (surtout que notre état d’alerte se déclenche souvent vraiment plus vite lorsqu’on est passé par la case médication psychiatrique).
J’ai également compris qu’il fallait que je modifie mes stratégies si elles ne m’apportaient pas les résultats escomptés. Depuis lors, je n’ai plus eu une seule attaque de panique, car j’ai réussi à mettre en place des techniques pour gérer chacun des aspects du circuit de la peur (circuit de l’état d’alerte).

La première chose que j’ai dû faire, c’est briser le cercle vicieux qui m’avait replongée dans cette énorme vague de symptômes. Comment j’ai fait?

1. Je ne me suis plus exposée à des situations extrêmement stressantes, car il fallait que je fasse « redescendre ma physiologie » (=le niveau d’état d’alerte).

2. J’ai arrêté de fonctionner avec ma tête et j’ai commencé à écouter mon corps (=j’ai arrêté de me dire: il faut, il faut, il faut absolument que j’arrive à faire si ou à faire ça comme je le faisais avant, j’ai commencé à me dire: bon, ton corps surréagit à quelque chose, il va falloir que tu l’écoutes et que tu y ailles à son rythme).

3. J’ai écouté les conseils d’une personne qui était passée par là et qui s’en était sortie et j’ai mis ses conseils (techniques, stratégies,…) en pratique avec conviction.

Briser le cercle vicieux qui maintient l’intensité des symptômes à un niveau ++++

Le cercle vicieux prend la forme suivante:

(a) Une Menace qui déclenche:
(b) Un état d’alerte (= physiologie qui s’active = symptômes). On commence à avoir:
(c) Peur de ces symptômes. Le fait d’avoir peur de ces symptômes envoie un signal à l’organisme qui lui dit attention, je suis dans cet état d’alerte, cela veut dire qu’il y a:
(a’) Une menace. Cette menace augmente le niveau de
(b’) L’état d’alerte ce qui provoque une augmentation de l’intensité des symptômes (parce qu’on a peur d’eux et que le simple fait d’avoir peur d’eux augmente le niveau d’alerte puisque nous les identifions comme une menace et que lorsqu’il y a menace (quelle qu’elle soit) l’organisme se met en état d’alerte). Comme l’intensité des symptômes augmente encore d’un cran, on a encore plus:
(c’) Peur de ces symptômes

On va donc briser ce cercle vicieux à plusieurs niveaux:

1. au niveau de la menace (a), en ne s’exposant plus (pour le moment) aux situations ultrastressantes

2. au niveau de la physiologie (b), de l’état d’alerte. Comment faire?
– en évitant de consommer les substances qui déclenche cet état physiologique d’alerte (aspartame, glutamate (E621), caféine, alcool, gaz carbonique (pour certains), sucre, boissons énergisante, etc…)

– en utilisant des techniques pour calmer notre physiologie (= on va envoyer, à notre organisme, un signal contraire à celui qu’il reçoit: au lieu de recevoir des signaux externes et internes qui lui disent qu’il y a une danger et qu’il faut lancer l’état d’alerte, nous allons lui envoyer des signaux externes et internes qui lui disent que la situation est paisible). Pour envoyer ces signaux d’apaisement à notre physiologie, on va mettre en place diverses techniques (technique de respiration, relaxation, cohérence cardiaque, sophrologie, bains chauds, massages, méditation, yoga, ….). Pour prendre un exemple avec les techniques de respiration: en respirant à un certain rythme, nous allons pouvoir envoyer un message à notre corps. En effet, lorsqu’on est en état d’alerte, la respiration se fait rapide. Cette fréquence respiratoire rapide va envoyer un signal au système circulatoire, elle va lui indiquer que quelque chose se passe et que lui aussi il devrait s’activer un peu plus. Alors le système circulatoire s’active et pulse le sang plus rapidement pour alimenter les muscles. Le système musculaire reçoit alors plus de sang et il se dit qu’il doit se passer quelque chose puisque le système circulatoire lui envoie plus d’oxygène et de nutriment. Il s’active à son tour et tends tous les muscles. Et ainsi de suite: lorsqu’un système se met en état d’alerte, alors par effet domino, les autres ne mettent pas longtemps à se mettre dans le même état pour être « en accord » avec ce qui se passe dans le reste de l’organisme. On comprend comment envoyer un signal d’alerte à notre organisme. Mais ce qu’on oublie souvent, c’est qu’on peut envoyer un signal d’apaisement de la même manière ;). Ainsi en utilisant des techniques de respiration qui apaisent l’organisme, on peut envoyer un signal d’apaisement à tous les systèmes de notre organisme: une respiration lente et calme enverra au système circulatoire un message qui dit: je respire calmement parce que tout est ok, accorde ton rythme au mien pour qu’on produise la physiologie adéquate à la situation.
Souvent, lorsqu’on commence à apprendre de techniques de respiration, on a l’impression que nos symptômes s’aggravent et que l’état d’alerte s’intensifie. Ce qui se passe, c’est que chacun des systèmes identifie un changement dans l’environnement: tout à coup, on passe à une respiration inconnue. Du temps que les systèmes réalisent que cette nouvelle fréquence respiratoire n’est pas une menace (ils ont tellement pris l’habitude de considérer n’importe quel changement comme étant une menace, qu’il leur faut un petit moment pour réaliser que ce n’en est pas une ;)), il se passe donc un petit laps de temps au cours duquel les systèmes intensifient leur activité avant de la réduire en constatant que c’est un signal d’apaisement et non un signal d’alarme.

en pratiquant une activité physique modérée, car cette dernière va envoyer un signal à votre organisme qui lui dit que tous ces systèmes fonctionnent bien et en harmonie. L’activité physique modérée est un bon moyen d’envoyer un signal d’apaisement à l’organisme (par l’activité physique notre organisme constate que ces systèmes sont fonctionnels). Par ailleurs, l’activité physique est un bon moyen de reprendre contact avec nos sensations corporelles que nous avons si souvent fuies et/ou fait taire. Je reparlerai de lien corps-esprit plus tard.

3. au niveau de la cognition, du dialogue interne (c): Pour briser le cercle vicieux, il est important d’avoir un discours interne positif: ne plus voir les symptômes de l’état d’alerte comme les manifestations de graves dysfonctionnements de notre organisme. Il est important de voir ces symptômes pour ce qu’ils sont: les manifestations de notre système d’alerte: c’est notre organisme qui se met dans un état pour combattre ou pour fuir une menace (ours, ouragan, etc…). On va alors essayer de voir s’il y a une réelle menace externe (pour reprendre l’exemple de ma situation: oui, il y avait une menace externe (a): prendre l’avion alors que cela faisait des années que je ne l’avais plus pris. Est-ce que maintenant (des mois après) cela constitue toujours une menace? Non, cela fait des mois que j’ai « vaincu » cette menace (=que j’ai pris l’avion sans encombre). Par conséquent, le discours interne que je peux me tenir est: « cela fait longtemps que la menace a été vaincue. J’ai été hyperforte et je peux être fière de moi d’avoir réussi à prendre l’avion alors que ce n’était pas le moment (trop tôt, j’ai sauté trop d’étapes 😉 ) et que je n’étais pas armée des outils nécessaires pour le faire (technique de relaxation pour détendre ma physiologie, technique cognitive et comportementale pour gérer la montée de l’état d’alerte et théorie pour comprendre les mécanismes du circuit de la peur). Je ne dois plus me voir comme quelqu’un d’incapable, de malade, de stupide ou d’inutile (dialogue interne négatif), je dois plutôt me voir comme quelqu’un de très capable qui a su gérer cette grosse épreuve (voyage en avion non préparé (au niveau gestion des symptômes)) avec les moyens du bord. Je dois me voir comme quelqu’un en bonne santé, dans le sens où mon système d’alerte est fonctionnel ;), je dois me voir comme quelqu’un d’intelligent, parce que j’ai compris que ces symptômes n’étaient pas la manifestation d’une maladie mentale, mais uniquement la manifestation de mon état d’alerte. Je dois également me voir comme quelqu’un d’intelligent, parce que j’ai su m’adapter en cherchant des moyens de modifier mes stratégies lorsque les résultats que j’obtenais ne me convenaient pas. Etc…
Croire en soi, en ses capacités. Se sentir fort et invicible et interpréter les signaux d’alerte envoyés par notre corps pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des signaux d’alerte, et pas pour ce qu’ils ne sont pas (ce ne sont pas des manifestations d’un dysfonctionnement profond de notre organisme), permet de percevoir les manifestations de l’état d’alerte autrement: de ne plus les voir comme une menace! Et lorsqu’on arrive, mentalement, à se dire et à croire au plus profond de nous-mêmes que ces manifestations ne sont pas une menace, alors on brise le cercle vicieux.

En effet, le cercle vicieux se brise lorsqu’on ne perçoit plus nos symptômes comme des menaces

Cercle vicieux de la peur:

(a) Menace => (b) état d’alerte => (c) peur de cet état d’alerte (parce que vu comme une menace (a’)) => (b’) augmentation du niveau du niveau d’état d’alerte (=intensification des symptômes) => (c) peur de cette augmentation de l’intensité des symptômes = la menace augmente (a’) => augmentation (encore) de l’état d’alerte (b’)…et on tourne en boucle dans ce cercle vicieux: on auto-alimente notre état d’alerte et c’est ce qui maintient nos symptômes.

Cercle vicieux brisé:

(a) Menace => (b) état d’alerte => (c) je n’ai pas peur de ces symptômes (pour l’organisme, cela lui envoie le message: il n’y a pas de menace) => le niveau d’alerte redescend => l’intensité des symptômes diminue… => le cercle vicieux est brisé, parce qu’on auto-alimente plus notre état d’alerte et par conséquent, les symptômes se mettent à diminuer, pour finir par disparaître.

Les points à retenir:

L’organisme accorde sa physiologie avec la situation qu’on vit: si on vit une situation externe stressante (séparation, difficultés familiales, difficultés professionnelles, ondes wifi, environnement bruyant, etc..), il va se mettre en état d’alerte. Si on vit une situation interne stressante (des substances qui stressent les systèmes de notre organisme (aspartame, E621, caféine, médicaments psychiatriques, substances qui agissent sur le système nerveux, problème au niveau de la flore intestinale, douleurs, changements hormonaux, …), il va se mettre en état d’alerte pour nous signaler qu’il se passe quelque chose de pas clair et qu’il serait bien qu’on modifie quelque chose pour que ces facteurs qui stressent notre physiologie soient enrayés.

L’organisme accorde sa physiologie avec ce qu’on « pense » de nos symptômes! Si vous pensez que vos symptômes sont une menace, alors votre organisme va se mettre en état d’alerte et vous allez lancer le cercle vicieux de la peur. Si vous pensez que vos symptômes sont les manifestations d’un état physiologique particulier (ici, l’état d’alerte) et que vous savez (que vous pensez) que cet état n’est pas une menace, alors votre physiologie va s’accorder avec ce constat: il n’y a pas de menace, je peux descendre l’état d’alerte.

– Plus généralement, l’organisme accorde sa physiologie avec ce qu’on pense de nous-mêmes, de notre existence, de nos capacités, …! Si vous pensez que vous avez une maladie grave, alors votre organisme va accorder votre physiologie avec cette croyance. Si vous pensez que votre existence est déprimante et que vous allez échouer dans tout ce que vous faites, alors votre organisme va accorder votre physiologie avec cette pensée: vous allez déprimer et vous allez souvent échouer…

Souvent nous oublions le fort lien bidirectionnel (la boucle) qui existe entre notre tête et notre corps. Nous sommes un tout et l’état de notre organisme agit sur notre mental (nos pensées, etc…) et l’état de notre mental agit sur notre organisme.

Pour prendre un exemple,
– Lorsque nous sommes cloués au lit avec la grippe (=notre organisme, cloué au lit, est limité dans ses mouvements et ses actions), alors souvent notre mental chute (=on déprime un peu parce qu’on ne peut pas faire ce qu’on avait prévu de faire: notre mental « sent » que notre organisme est diminué).
– Lorsque nous appréhendons négativement une situation future (une réunion importante, un examen, etc…), lorsque nous pensons que ça va mal se passer, nous nous sentons moins bien: quelques tensions apparaissent dans notre dos, une boule commence à se former dans notre gorge, notre ventre se noue, on a moins faim, etc… Notre organisme modifie son fonctionnement en fonction de ce que nous pensons d’une situation.

Notre organisme modifie son fonctionnement en fonction de ce que nous pensons et nos pensées (notre état mental) se modifie en fonction des situations physiques que nous vivons. C’est normal et c’est ce qui nous permet de vivre et de nous adapter à chaque situation que nous rencontrons. Le problème, c’est quand nous laissons ce processus partir en cercle vicieux. En effet, si notre organisme modifie son état physiologique pour s’adapter à une situation stressante (un stress au travail par exemple), et que nous interprétons  cette modification physiologique comme la marque d’une maladie mentale (au lieu de d’interpréter ces modifications physiologiques comme les manifestations de l’état d’alerte qui nous signifie que quelque chose dans notre environnement menace notre organisme), alors on peut vite partir dans un cercle vicieux qui va entretenir (auto-alimenter) notre état physiologique d’alerte. En effet, si nous interprétons ces changements physiologiques comme étant des manifestations d’un problème interne chez nous (=une maladie mentale) plutôt que d’un problème externe (= mon environnement de travail est stressant), notre mental va s’activer à modifier notre état interne pour le faire correspondre à ce qu’on pense: On pense qu’on a une maladie mentale, alors notre organisme va commencer à en manifester les symptômes. Et plus on aura de symptômes, plus on va penser qu’on a réellement une maladie mentale…

Maladie mentale ou effets secondaires des médicaments psychiatriques?

Le lien cognition (=pensées, réflexion, jugement, croyance, valeurs, attente, mémoire, attention, …) organisme (physiologie, métabolisme, biologie, comportement, etc..) est très important et c’est souvent ce que nos sociétés modernes oublient lorsqu’elles tentent de « soigner la maladie mentale »: elles oublient que nous ne sommes pas qu’une physiologie, mais nous sommes également un mental, un esprit, des pensées. En nous prescrivant des médicaments psychiatriques pour faire taire notre physiologie, elles oublient que ce n’est pas en clouant notre organisme « au lit » qu’on peut faire taire nos pensées. Par ailleurs, en forçant l’organisme, à grands coups de substances chimiques, à plonger dans un état physiologie donné, elles orientent nos pensées. En effet, l’organisme qui est entravé dans son fonctionnement par ces substances va envoyer un signal d’alarme dès qu’il pourra. Ce signal d’alarme prendra la forme de manifestations physiologiques. Les firmes pharmaceutiques et les psychiatres appelleraient certainement ces manifestations: des effets secondaires des médicaments ou la manifestation de la maladie mentale de leur patient. Pour moi, ces manifestations physiologiques, ces effets secondaires qui apparaissent lorsqu’on prend des médicaments psychiatriques sont bel et bien des signaux physiologiques qui nous indiquent qu’il y a quelque chose qui entrave notre organisme, qu’il y quelque chose qui le menace.

Nous allons ressentir ces symptômes et nous allons commencer à les interpréter (notre esprit va tenter de comprendre ce qui se passe afin de pouvoir adapter nos pensées à notre état physiologique et notre état physiologique à nos pensées). Souvent on ne va pas interpréter correctement ces signaux d’alerte. On va se dire que cet état nauséeux, cette migraine, ces pensées étrangères, cette fatigue, cette aggravation de l’humeur dépressive, cette intensification de l’anxiété, qui sont apparus quelques temps après les premières prises des médicaments sont le signe qu’on a vraiment un problème, alors qu’on aurait du interpréter correctement ces signaux en se disant: se sont les substances chimiques que me donnent le psychiatre qui produisent ces symptômes et me rendent malade. En interprétant mal les signaux physiologiques que nous envoie notre organisme: en se disant que ces manifestations physiologiques sont les signes d’une maladie mentale plutôt que le résultat de l’action des substances psychiatriques sur notre physiologie, on se maintient dans un cercle vicieux où tous les symptômes (état de l’organisme) produits par les médicaments sont interprétés (cognition) comme les signes d’un trouble grave, comme les preuves qu’on a une maladie mentale.

 

Les classifications diagnostiques : que faut-il en penser ?

Les classifications diagnostiques : que faut-il en penser ?

Consigne: Afin de favoriser une réflexion critique sur les classifications diagnostiques, mais aussi plus généralement sur les définitions de la santé et de la maladie ainsi que sur les normes (sociales, statistiques, subjectives, etc.), nous vous demandons de discuter de manière argumentée autour de la question « les classifications diagnostiques : que faut-il en penser ? »

Normes sociales et naissance des classifications diagnostiques

Je pense qu’en terme de construction de la maladie mentale, nous nous trouvons dans la droite lignée de ce qu’explique Foucault (1954). Comme par le passé, lorsque la folie (ou la différence dirait-on peut-être de nos jours 😉 ) ne s’intègre plus au paysage culturel, on met tout en oeuvre pour la faire disparaître.
L’auteur explique qu’il fût un temps où le fou n’était pas considéré comme un malade mental. Il était accepté avec ses différences dans le paysage sociétal et culturel. Puis, l’église a chargé, par deux fois, la médecine de montrer que certains comportements qui ne lui convenaient pas (rites sataniques, comportements des hérétiques,…) étaient le fait d’une imagination déréglée, de violents mouvements des humeurs ou des esprits. Au milieu du 17e siècle, ce sont tous ceux qui donnent des signes de dérangement par rapport à la morale et à la société qui sont internés dans des maisons pour les fous : on enferme les personnes non-conformes aux normes sociétales et culturelles. Dès le milieu du 18e siècle, on veut soigner les fous et on se donne pour mission de les rééduquer, de leurs réapprendre les valeurs morales et sociétales, comme a tenté de le faire Pinel. À partir du 19e siècle, on punit le fou que l’on rend coupable de ne pas respecter la morale.

À ce moment, le fou, le malade mental, semble avoir été défini comme celui qui ne respecte pas la morale et qui est coupable de ce comportement non conforme. Il convient donc de l’enfermé et de le châtié.

De nos jours, comment perçoit-on le fou, celui qui n’est pas comme tout le monde, celui que l’on dit malade psychiquement ? Si on s’en réfère à la définition du trouble mental proposée par l’Organisation Mondiale de la Santé (2016), qui dit que le trouble mental se caractérise généralement par une combinaison de pensées, d’émotions, de comportements et de rapports avec autrui anormaux, alors nous pouvons raisonnablement penser que celui que nous percevons comme atteint mentalement est celui qui a des pensées, des émotions, des comportements et des rapports avec les autres qui ne rentrent pas dans ce que nous définissons comme étant normal ! Mais qu’est-ce que nous définissons comme étant normal ? La normalité psychique, est-ce simplement le fait de présenter un comportement conforme aux normes, établies par la société, qui dictent comment nous devons nous conduire, penser, ressentir et interagir face aux événements de la vie ? Le malade mental serait donc celui qui ne réagit pas de façon attendue à une situation donnée ? Il serait celui que la société ne comprend pas, parce qu’elle ne peut pas prédire ses comportements et pour lequel elle se serait donné pour mission de soigner sa déviance en lui faisant comprendre que pour aller mieux, pour se sentir bien, il n’y a qu’un manière de faire, c’est adopter les modes de pensée, de conduite, de rapport avec autrui et de manière de ressentir qu’elle a défini comme étant ceux qui permettent d’être en bonne santé mentale.

À partir de là, il semble que la société a ressenti le besoin de décrire dans un manuel ces fameuses combinaisons de pensées, d’émotions, de comportements et des rapports avec autrui qu’elles trouvaient comme anormaux.

Pour cela, elle a décidé de s’appuyer sur des données statistiques pour décrire ces fameux phénomènes comportementaux, psychiques, relationnels et émotionnels anormaux. Par conséquent, statistiquement, les profils se trouvant aux deux extrémités d’une gaussienne ont été définit comme sortant de la norme et donc comme étant pathologiques.

Il me semble raisonnable de penser que les systèmes de classification diagnostiques ont trouvé naissance à travers ce processus.

Que faut-il penser des classifications diagnostiques ?

Avantages et inconvénients

Il me semble que les classifications diagnostiques ne répondent pas vraiment à la question que les individus qui souffrent et les professionnels de la santé mentale se pose. À savoir comment aider quelqu’un qui vit une détresse psychique. Ces classifications diagnostiques répondent plutôt à la question de savoir ce qu’est un comportement, un style de pensée, des émotions et des rapports à l’autre non-conformes à ceux admis par la société. Par ailleurs, il est raisonnable de penser que ce n’est pas en classant les gens dans des catégories ou en positionnant leur profil sur un continuum dimensionnel dans un manuel statistique a-théorique et dont la description des diagnostics a été élaborée par une poignée d’individus, qu’on va être en mesure de soulager leur souffrance.

À ce moment-là, vous me diriez : Mais pour soigner cette souffrance, il faut qu’on lui trouve un nom pour pouvoir ensuite administrer au patient le traitement qui a fait ses preuves sur elle !

Je vous dirais, oui, un des avantages des classifications diagnostiques seraient de permettre au clinicien de mettre des mots sur le mal-être psychique dont parle la personne et de pouvoir communiquer verbalement sur détresse. Elles permettent également aux professionnels d’avoir un langage commun pour parler des difficultés de cette personne. Finalement, elles permettent aussi au clinicien de comprendre les informations sur ce mal-être fournies par les études du chercheur.

Cependant, les diagnostics posés par les professionnels de la santé mentale peuvent être une nouvelle source de souffrance. En effet, la personne qui vient parler de son mal-être se sentira, peut-être, dans un premier temps soulagée de savoir que sa souffrance à un nom et que le clinicien la connaît, mais dans un deuxième temps, cette étiquette pourra augmenter sa souffrance en la faisant se sentir stigmatisée et encore plus anormale qu’avant, puisqu’elle est maintenant labellisée comme étant une de ces personnes qu’on dit souffrir de maladie mentale.

Autre inconvénient majeur des classifications diagnostiques actuelles : le traitement consécutif à l’annonce du diagnostic. Pour une grande majorité des diagnostics posés à partir des classifications diagnostiques comme le DSM, il est proposé un traitement médicamenteux. Or, parmi les membres de l’APA et des équipes qui définissent les critères diagnostics de ces manuels, il y a un grand nombre d’individus qui ont des intérêts financiers à définir les maladies de sorte à ce qu’elles permettent à l’industrie pharmaceutique de vendre ses produits. En effet, comme l’explique Lepastier (2008), 56 % des rédacteurs du dsm-IV avaient des relations financières avec l’industrie pharmaceutique. Le taux s’est élevé à 100 % pour ceux chargés du chapitre sur la dépression et les troubles de l’humeur. Mais les liens entre les concepteurs du DSM et les firmes pharmaceutiques vont plus loin et les concepteurs du DSM incluent même dans leur classification diagnostique de nouvelles maladies mentales que les firmes pharmaceutiques se sont permis de définir pour vendre leurs produits. En effet, comme l’explique Gekiere (2009), « le marketing pharmaceutique concourt activement à l’invention de nouvelles maladies et à l’élargissement de celles déjà existantes. Un des exemples les plus connus est celui de la timidité transformée en phobie sociale . Actuellement, l’extension sans fin du champ des troubles bipolaires permet la prescription de neuroleptiques et de régulateurs de l’humeur à des gens vaguement dysphoriques ou tout simplement malheureux ».
De plus comme l’explique Debauche (2009), une des fonctions obscures des essais cliniques est de faciliter la commercialisation de troubles psychiatriques. Si un médicament a un effet significatif sur un état particulier, cela implique que ce trouble existe. L’enjeu vis-à-vis des médecins est de parvenir à capturer leur regard clinique.

Avec l’omniprésence des firmes pharmaceutiques dans le monde de la maladie mentale et dans l’élaboration des critères diagnostiques, les concepteurs du DSM ne se contentent plus de définir la différence comme un comportement anormal, mais ils déshumanisent la maladie en donnant une valeur marchande au diagnostic. Il me semble qu’avec le DSM-5, nous franchissons encore un pas, avec la partie destinée à stimuler les recherches, notamment celles en neurobiologie. En effet, il me semble que cela ouvre encore plus grand la porte à l’influence des firmes pharmaceutiques dont les produits agissent sur la biologie du cerveau.

Risques d’utilisation et de non-utilisation, par un psychologue, d’une classification diagnostique

Il semble raisonnable de penser que le psychologue prend des risques en utilisant un manuel diagnostique élaboré sur des bases aussi discutables. Poser un diagnostic n’est pas chose anodine, étant donné que cela va avoir de grandes répercussions sur la vie de la personne qui le reçoit (rente invalidité, arrêt de travail, stigmatisation, adaptation de l’identité par rapport à cette nouvelle information, ….), ainsi que sur le traitement qui lui sera proposé (psychothérapie, internement en hôpital psychiatrique, médication psychotrope,…). Un diagnostic peut bouleverser une existence, le psychologue prend donc un grand risque en posant un diagnostic sur une personne.

Paradoxalement, le psychologue prend également un risque s’il n’utilise pas la classification diagnostique pour poser un diagnostic. En effet, s’il ne pose pas de diagnostic à partir du DSM, de la CIM ou d’une autre classification, il prend le risque que son client parte, puisqu’il est fort probable que les frais de traitement de ce dernier ne seront pas pris en charge par l’assurance sans l’établissement d’un diagnostic. Le psychologue prend également le risque de ne pas être compris par ses collègues lorsqu’il parle du « cas » de son patient sur lequel il n’a pas poser d’hypothèse diagnostique à partir d’une classification commune.

Conclusion

Créer une classification qui décrit les souffrances psychiques que les individus peuvent vivre est une bonne idée en soi. En effet, cela permet aux chercheurs de définir les caractéristiques des sujets de leurs études et de comprendre les demandes du clinicien. Cela permet aussi aux cliniciens de comprendre les résultats des études des chercheurs. L’utilisation d’une classification diagnostique, comme dictionnaire des troubles permettant aux différents professionnels de se comprendre, est une idée intéressante.
Le problème des classifications diagnostiques réside plutôt dans l’utilisation qui en est faite avec le grand public. En effet, les classifications diagnostiques semblent servir des fins sociétales normatives, des intérêts financiers (industrie pharmaceutique) ou encore des fins politiques.

En définitive, que faut-il penser des classifications diagnostiques ?
Je répondrais, que l’important ce n’est pas l’outil, mais ce pourquoi il a été conçu et ce qu’on en fait. Ainsi, les classifications diagnostiques ne sont ni bonnes ni mauvaises, ni utiles ni inutiles, ni à risque, ni sans risques. Elles le deviennent de part les objectifs pour lesquels elles ont été conçues et en fonction de l’utilisation qui en est faite.

 

Carole, mars 2016

 

Références

Debauche, M. (2009). Les médicaments psychiatriques : modes et tendances. Médicaments. Accès http://www.maisonmedicale.org/Les-medicaments-psychiatriques.html

Foucault, M. (1954). Maladie mentale et psychologie. Paris : PUF

Gekiere, C. (2009). Valeur marchande du diagnostic. Sud/Nord Folies et cultures, 24(1), 29-36. Accès http://www.cairn.info/revue-sud-nord-2009-1-page-29.htm

Lepastier, S. (2008). La construction de la maladie dépressive dans la psychiatrie athéorique. Cliniques méditerranéennes, 77(1), 77-92. Accès https://www.cairn.info/revue-cliniques-mediterraneennes-2008-1-page-77.htm

Organisation mondiale de la santé. (2016). Troubles mentaux. Accès http://www.who.int/topics/mental_disorders/fr/