12. Eté 1996

Eté 1996

J’avais eu 20 ans quelques mois plutôt. Je n’avais pas réussi mes examens de première année à l’Université et j’avais été déclarée invalide par le psychiatre américain qui me suivait.

Je prenais toujours un antidépresseur (Effexor) quotidiennement et les effets secondaires que je ressentais en le prenant étaient de plus en plus durs à supporter.

J’avais des maux de tête, des maux d’estomac, des nausées, la bouche sèche, des problèmes intestinaux, des problèmes d’équilibre, des vertiges, des tremblements, des problèmes de sommeil, des problèmes de concentration et de mémorisation.

Tous ces effets secondaires que j’avais depuis presque deux ans maintenant, commençaient sérieusement à me gâcher la vie. C’était très fatiguant de supporter ses douleurs à longueur de journée. Je commençais réellement à en avoir marre.

J’en discutais régulièrement avec le psychiatre américain qui me suivait depuis plusieurs mois, mais ce dernier n’avait pas l’intention de changer quoi que ce soit dans la prescription de son traitement. J’avais beau lui dire que je ne ressentais aucune forme d’amélioration de mon humeur et que bien au contraire, depuis que je devais prendre des antidépresseurs, j’étais de plus en plus déprimée, angoissée et nerveuse et que finalement les seuls effets que je ressentais depuis que je prenais ces produits étaient leurs effets secondaires. Rien n’y faisait, il maintenait son traitement tel quel.

Depuis le début de cette année 1996, tous les entretiens que nous avions se résumaient ainsi: Moi je me plaignais de l’inadéquation du traitement médicamenteux et lui insistait sur le fait que je devais continuer à prendre de l’Effexor et que je devais absolument reconnaître que je souffrais d’une maladie grave.

Je fus donc soulagée quand arrivèrent les vacances d’été. Comme il partait en vacances, il y eu plusieurs semaines où je ne dus pas aller à ces entretiens psychothérapeutiques. Cela me permis de réfléchir un peu sur tout ce qui s’était passé depuis que j’étais entrée à l’Université.

En repensant à cette année scolaire écoulée, je me rendis compte que ma vie était de nouveau en train de sombrer. Je me sentais de plus en plus mal depuis que je devais prendre des antidépresseurs et les effets secondaires produits par la prise de ces substances devenaient difficiles à supporter.

Mon moral était en berne depuis que j’avais échoué à mon examen et les effets négatifs que produisaient ces antidépresseurs ne faisaient qu’amplifier cette sensation de mal-être et de décalage qui s’était installée dans ma vie depuis mon passage entre les mains des psychiatres de Nant.

Je n’avais plus aucune confiance en moi et je commençais même à douter de mon intégrité mentale.

Cependant, je ressentais quand même au fond de moi que quelque chose n’allait pas avec cette médication.

En effet, depuis que je devais prendre des médicaments psychiatriques, mon état de santé général n’avait fait que se détérioré. A aucun moment, je n’avais senti d’amélioration, que ce soit sur le plan psychique, sur le plan moral ou sur le plan physique. Bien au contraire, depuis deux ans, j’avais perdu mes capacités de concentration, de mémorisation et d’analyse et je souffrais de douleurs physiques et psychiques constantes (maux de tête, problèmes digestifs, tension musculaire,…, angoisse, dépression,…).

Ayant constaté que ces deux aspects de ma vie (capacités intellectuelles et santé physique) avaient été considérablement affectés depuis que je devais prendre des comprimés quotidiennement, j’en concluais que ça ne pouvait être que l’effet de ces substances sur mon organisme qui avait conduit à la dégradation de ma qualité de vie et non l’effet d’une hypothétique maladie mentale.

Ainsi, à la fin de l’été, je décidais de ne plus consommer ces substances qui étaient en train de ruiner ma vie.

C’était donc la deuxième fois que je tentais de me débarrasser de ces produits. Je savais également que si j’arrivais à m’en libérer, je ne serais plus obligée d’aller consulter un psychiatre. En effet, si j’étais retournée voir un psychiatre l’année précédente, c’était bien à cause d’un problème de médication. C’était donc cette médication qui me liait à la psychiatrie. Sans elle, je serais à nouveau libre.

Dans ma tête, l’équation s’écrivit ainsi: Si je ne prenais plus d’antidépresseurs, je n’aurais plus besoin d’ordonnance, donc je ne serais plus obligée d’aller voir un psychiatre pour les obtenir et ainsi ma liberté me serait rendue.

Ce que je ne savais toujours pas à ce moment-là, c’est que l’on pouvait devenir dépendant à ces substances et qu’on ne s’en libérait pas comme ça. Je ne sus donc pas gérer l’état de manque que l’arrêt provoqua et je me retrouvais rapidement devant le psychiatre qui me sermonna et m’obligea à reprendre mes antidépresseurs.

Après cette deuxième tentative d’arrêt, le psychiatre me convainquit que si j’avais été si mal pendant les quelques semaines que j’avais passées sans prendre d’Effexor, c’était parce que la maladie avait pu reprendre le dessus, qu’elle n’était plus contrôlée par le médicament et que c’était bien la preuve que je souffrais d’une grave dépression. (En fait, plus tard, j’appris que la plupart des psychiatres n’admettant pas l’existence d’une dépendance aux antidépresseurs, interprètent les symptômes dus à un état de manque comme étant une recrudescence de la maladie pour laquelle ils traitent leur patients au départ).

A quelques semaines de la reprise des cours, j’en étais toujours au même point en ce qui concernait les antidépresseurs. J’allais donc devoir m’accommoder de ce traitement et des problèmes quotidiens qu’il occasionnait. J’allais également devoir retourner à ces entretiens psychothérapeutiques stériles à cause de cette médication douteuse qui me liait à mon psychiatre.

Eh oui, ainsi fonctionne la psychiatrie…

 


Information:

(*) « […] De façon générale, les médecins ont une formation pharmacologique très limitée, et le fonctionnement des psychotropes leur échappe en grande partie. Leur réflexe consiste à attribuer presque systématiquement l’aggravation de l’état du patient à sa personnalité propre, à sa fragilité psychologique, et à écarter d’emblée et définitivement toute responsabilité du médicament qu’ils ont prescrit – ce qui peut se comprendre, tant il est difficile d’admettre qu’un médicament peut rendre malade, et par dessus tout un médicament qu’on a prescrit soi-même. […] »

source: http://www.benzodiazepines.onlc.fr/


Information Wikipédia:

Effexor (molécule active: venlafaxine)

Effets secondaires courants:

Les réactions au venlafaxine peuvent différer d’une personne à l’autre. En cas d’effets indésirables, consulter un médecin ou un pharmacien.

– Perturbation du sommeil
– Nausées (21-35%)
– Maux de tête (34%)
– Apathie
– Constipation
– Colon irritable
– étourdissements (11-20%)
– Fatigue
– Insomnie (15-23%)
– Vertige
– Bouche sèche (12-16%)
– Impuissance
– Baisse de la libido (14-34%)
– Transpiration excessive (10-14%)
– Acouphènes
– Hypotension orthostatique
– Rêves vifs/anormaux (3-7%)
– Actions impulsives
– Augmentation de la pression sanguine
– Perte d’appétit(8-20%)
– Sensations de choc électrique (« Brain zaps » en anglais)
– Augmentation de l’anxiété en début de traitement
– Akathisie (Agitation) (3-4%)
– Pertes de mémoire

Effets secondaires moins courants:

– Arythmie cardiaque
– Augmentation du cholestérol
– Flatulence ou maux d’estomac
– Euphorie
– Vision anormale
– Crises de panique
– Dépression
– Idées suicidaires
– Confusion
– Syndrome malin des neuroleptiques
– Tremblements
– Somnolence
– Réactions allergiques cutanées
– Saignements externes
– Endommagement de la moelle osseuse (thrombocytopénie, agranulocytose)
– Hépatite
– Pancréatite
– Convulsions
– Dyskinésie tardive
– Difficulté d’avaler
– Psychose
– Perte de cheveux
– Hostilité
– Activation de manie/hypomanie.
– Perte de poids (problématique lors du traitement de patients souffrant d’anorexie mentale)
– Gain de poids (effets incertains, mais problématique lors du traitement de gens atteints de dysmorphophobie).
– Idées meurtrières
– Agressivité
– Dépersonnalisation
– Hallucinations visuelles
– Gencives gonflées et/ou qui saignent
– Mictions fréquentes
– Vomissements

Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Venlafaxine