14. Années 2000-2002

Hiver 1999

J’avais pris un petit studio et j’étais en couple depuis l’été 1996.

Je prenais toujours des antidépresseurs, un comprimé chaque matin. Impossible de faire sans, tellement mon corps s’était habitué à avoir sa dose quotidienne.

Malheureusement, je n’avais toujours pas conscience de cette dépendance physique.

Je suivais une formation de PC Supporter SIZ à l’école Virgile. J’avais obtenus plusieurs certifications CRVMI.

Nous entrions maintenant dans l’année 2000.

Je me présentais aux examens permettant de décrocher le titre de PC Supporter SIZ. La partie théorique se déroulait à Vevey dans les locaux de l’école Virgile, mais la partie pratique se tenait en suisse allemande. Je m’y rendis en car en compagnie de mes collègues romands.

Ce trajet en car fut un cauchemar. En effet, parmi les effets secondaires que produisaient sur moi les antidépresseurs, il y avait les problèmes intestinaux de type diarrhée. Ainsi, rester dans un car pendant plus d’une heure sans pouvoir faire « une pause toilette » fut très stressant.

J’arrivais donc extrêmement stressée dans l’établissement suisse-allemand où devait se dérouler l’examen.

Je détestais les effets secondaires que produisaient sur moi les médicaments psychiatriques. Ne pas pouvoir bien dormir à cause des suées, des cauchemars, des insomnies et des réveils nocturnes et ne pas avoir de répis la journée à cause des maux de tête, des tremblements, des problèmes intestinaux et des pertes de mémoire, avait généré chez moi une très grande fatigue. En effet, c’était épuisant de vivre comme cela depuis six ans.

En avril 2000, mon petit ami reçu son diplôme d’ingénieur EPF en mécanique et je décrochais mon certificat de PC Supporter SIZ.

Au début de l’été, un ami travaillant dans une très grande entreprise suisse avait entendu dire que je suivais une formation informatique. Comme cela faisait plusieurs mois que cette firme recherchait un assistant pour leur service informatique, il me proposa de venir passer un entretien pour ce poste.

Je lui transmis mon CV et une lettre de motivation et quelques jours plus tard, je fus attendue pour un entretien.

L’entretien se déroula très bien et je fus engagée. Je décidais donc d’envoyer une lettre à l’Assurance Invalidité pour leur dire que j’avais trouvé un emploi.

Je commençais à travailler dans cette entreprise au mois d’août 2000. Je faisais partie du team système et je secondais cet ami dans son travail de support aux utilisateurs. Nous installâmes une nouvelle version du système de messagerie électronique et je fus en charge de créer une base de données des pannes informatiques. Je créais donc à l’aide d’Access une base de données pour répertorier les problèmes des utilisateurs.

J’avais tout à fait les compétences pour effectuer les tâches qui m’avaient été atribuées. Mais ce qui commençait à devenir difficile à gérer c’étaient les problèmes occasionnés par les antidépresseurs. Je dormais très mal et la journée, les problèmes intestinaux devenaient de plus en plus envahissants. De plus, ces effets secondaires étaient devenus générateurs d’anxiété.

Après quelques mois de travail dans cette entreprise, j’avais de plus en plus peur de me faire dessus. Je prenais ma voiture le matin et j’avais peur que mon intestin se vide pendant le trajet.

Ce fut ainsi que se déclencha ma première attaque de panique. J’avais tellement peur d’avoir un problème de diarrhée en voiture, que mes angoisses se muèrent en attaques de panique. A partir de ce moment, je fus de moins en moins capable d’aller travailler et je dus donner mon congé six mois après avoir commencé à travailler dans cette entreprise.

Je me retrouvais dans un état lamentable. Les effets secondaires des antidépresseurs étaient devenus tellement anxiogènes que cela avait déclenché des attaques de panique.

Je réussis toutefois à reprendre un peu le dessus et à ne pas me laisser terrasser par l’agoraphobie. Ainsi, quelques semaines après avoir du arrêter de travailler, je réussis à redescendre mon niveau d’anxiété et à ne plus souffrir d’attaque de panique.

Quelques mois après, j’avais retrouvé un peu d’énergie et je décidais de compléter ma formation informatique avant de retenter de travailler en entreprise.

A l’automne 2001, je m’engageais dans une formation dans le domaine de l’administration de serveurs Windows 2000. Je suivis les cours proposés par Les Arches Formation. Leur certification n’étant pas encore reconnue, je décidais à la fin de cette formation de passer une certification Microsoft.

C’est ainsi qu’en 2002, j’obtins une certification Microsoft (Microsoft Certified Professional, MCP Administration Windows Servers 2000).

En ce qui concerne la psychiatrie, j’avais très peu consulté au cours de ces derniers mois. Je m’étais rendue à quelques rendez-vous, mais seulement pour avoir une ordonnance pour mes antidépresseurs.

Cela faisait maintenant huit ans que je prenais quotidiennement des médicaments psychiatriques et les effets secondaires devenaient très invalidants. De plus, mon corps avait développé une tolérance à ces substances. Ainsi, je devais fréquemment changer d’antidépresseurs pour que ceux-ci restent efficaces et me permettent de ne pas trop souffrir de manque entre deux prises.

 


Information:

La tolérance médicamenteuse:

« La tolérance est le mécanisme suivant lequel le cerveau s’habitue à l’effet du produit, ce qui conduit le patient à augmenter les doses pour obtenir l’effet initial. […]

Lorsqu’une personne atteint un stade de tolérance au produit, elle se retrouve non seulement contrainte à augmenter les doses – mais bien souvent c’est en pure perte: la benzodiazépine ou le somnifère ont cessé d’être efficaces et le manque ne tarde pas à apparaître. Il n’est donc pas rare qu’un patient souffre de symptômes de sevrage alors même qu’il est sous traitement en raison de l’apparition de la tolérance – mais à nouveau, les médecins interprètent cette anxiété ou cette insomnie comme endogène et nécessitant le maintien du traitement, ou l’introduction de nouveaux psychotropes – alors que le sevrage est la seule solution viable à long terme. »

Source: http://benzodiazepines.onlc.fr/index.php?page=4