La psychose induite par une intoxication médicamenteuse

Perte de contact avec la réalité, délire religieux, délire sexuel, délire de persécution, hallucinations, paranoïa, etc. Généralement, on retrouve ces caractéristiques dans les maladies sévères et persistantes comme la schizophrénie ou le trouble bipolaire. Cependant, il arrive que des gens vivent une crise psychotique alors qu’ils ne sont atteints d’aucune maladie. Comment est-ce possible? Un trouble physique, un stress aigu et un traumatisme peuvent conduire à un épisode psychotique isolé. Par contre, le principal responsable d’épisode psychotique sans maladie mentale est la psychose toxique (ALPABEM, 2017).

Une psychose d’intoxication aussi appelée délirium, psychose toxique, état de confusion, manie ou encore affection cérébrale organique, est la manifestation comportementale et cognitive de l’intoxication que subit l’organisme suite à la prise de médicament(s) psychotrope(s). Les psychoses d’intoxication causées par un médicament psychoactif peuvent être plus ou moins sévères. Les symptômes psychotiques qui se manifestent alors sont, entre autres : de l’agitation, de la désorientation, de l’incohérence, des difficultés de concentration, des problèmes de mémoire et des hallucinations.

L’anosognosie médicamenteuse aussi appelée anosognosie d’intoxication ou ensorcellement médicamenteux (Breggin, 2013) est une autre conséquence de l’intoxication par une substance psychoactive. Le terme anosognosie est utilisé pour exprimer le fait que la personne qui subit l’intoxication médicamenteuse ne s’en rend pas compte. L’intoxication des structures cérébrales par la substance psychoactive empêchant la victime de prendre conscience de la gravité du dysfonctionnement mental auquel la soumettent les effets physiologiques directs du médicament.

La personne intoxiquée par un médicament psychiatrique ne semble alors pas s’apercevoir que les symptômes qu’elle expérimente (hallucinations, idées délirantes,…) sont les conséquences directes de l’atteinte de certaines de ces aires cérébrales. La personne ne se rend alors pas compte que ce sont les médicaments qu’elle prend qui la rendent malade et souvent elle, son médecin et sa famille attribueront la cause de ces symptômes d’intoxication à un trouble mental sous-jacent.

Comme dans le cas du syndrome sérotoninergique, les symptômes de la psychose induite par une intoxication médicamenteuse sont souvent confondus avec d’autres pathologies et le risque est élevé que le médecin, le patient ou la famille attribuent les symptômes de l’intoxication à la pathologie psychiatrique de base du patient.

 

La manie induite par les antidépresseurs

 

Symptômes iatrogènes et sevrage lent

J’ai peur de faire un sevrage parce que chaque fois que j’ai arrêté (brutalement) de pendre mes médicaments psychiatriques, des symptômes terribles sont apparus (délires, anxiété, dépression,…). J’ai peur, car depuis que je prends des médicaments j’ai de plus en plus de troubles.

Tu as lu Breggin, tu as donc bien compris que les médicaments psychiatriques ne font que faire dysfonctionner les processus normaux de notre cerveau. Et comment se manifestent ces dysfonctionnements? Par des symptômes qu’on avait jamais eu avant de prendre ces produits de manière chronique. Pour désigner le fait que ces symptômes sont induits par le médicament (ou par le traitement, ou par le médecin…), nous utilisons le terme de iatrogène.

Lorsqu’on arrête brutalement de prendre ces substances, le cerveau qui tentait de compenser les effets puissants de ces produits, se trouve à compenser encore, alors qu’il n’y a plus d’effets à compenser. Pour illustrer le problème, je vais prendre l’exemple d’une voiture qui est embourbée. La voiture c’est ton cerveau. La pluie, c’est le médicament et la boue c’est l’effet du médicament. Lorsqu’on nous fait prendre un médicament tous les jours pendant des années et des années, c’est comme si on faisait pleuvoir tous les jours pendant des années et des années. Il commence à se former des flaques de boues de plus en plus profondes sous ta voiture (= ton cerveau). Lors des premières pluies, ton cerveau va commencer à compenser pour pouvoir faire décoller la voiture de la flaque de boue qui commence à se former sous elle. Le cerveau va mettre un peu plus de gaz (mais pas trop pour ne pas patiner) pour sortir de la flaque de boue. Et il va y parvenir, ce qui permettra à ta voiture (ton corps et ton esprit) de fonctionner malgré la flaque de boue: avec ta voiture tu pourras quand même te balader et faire tes activités quotidiennes. Mais au fil des ans, avec toute cette pluie (les médicaments) qui tombe tous les jours, la flaque de boue (les effets des médicaments) commence à prendre de l’ampleur et à embourber salement ta voiture (ton cerveau et ton corps). Ton cerveau, qui veut sortir de cette flaque de boue monstrueuse, va se mettre à appuyer à fond sur les gaz pour compenser les effets de l’embourbement. Mais lorsque une flaque de boue est trop profonde et que la voiture est enlisée, la seule chose qui se passe lorsque qu’on met les gaz à fond, c’est que les roues de la voiture patinent dans le vide et on s’embourbent encore plus et le moteur de la voiture commence à surchauffer (=les symptômes qui apparaissent lorsqu’on prend des médicaments).

Maintenant, lorsqu’on arrête d’un coup les médicaments, que ce passe-t-il? Et bien c’est comme si on enlevait d’un coup la boue sous notre voiture qui a les gaz à fond et dont les roues tournent hypervite. Et que ce passe-t-il lorsqu’on a les gaz à fond sur le champignon et que les roues se retrouvent d’un coup sur un sol sec? La voiture fait un monstre embardée et le pilote (le cerveau) en perd souvent le contrôle (symptômes de sevrage) pendant quelques temps, avant de réussir à rétablir la situation.

Quelle est la solution pour éviter cette embardée ?
Un sevrage lent et progressif bien sûr!!
En asséchant lentement le sol de boue (=sevrage lent), on permet au pilote de la voiture (=notre cerveau) de gentiment diminuer la pression sur la pédale des gaz (= arrête de compenser, lever le pied sur les mécanismes compensatoires) et donc de garder le contrôle de la voiture (=éviter l’embardée et les symptômes de sevrage brutaux).

Par conséquent, je pense que si tu mets en place un protocole de sevrage qui est lent et adapté à « ton embourbement », il est peu probable que tu perdes le contrôle de ta voiture (il est peu probable que tu subisses des délires incontrôlables). Le tout est d’y aller lentement pour laisser le temps à ton cerveau de s’adapter à la diminution (= de retirer petit à petit les mécanismes compensatoires qu’il a mis en place pour contrer les effets des médicaments).