Alcool: est-ce que je peux boire de l’alcool pendant le sevrage?

Il est préférable de ne pas consommer d’alcool pendant le sevrage, étant donné que celui-ci perturbe l’activité du système nerveux.

L’alcool peut fortement compliquer le sevrage, étant donné qu’il se lie directement sur les récepteurs de l’acétylcholine, de la sérotonine, du GABA et sur les récepteurs NMDA du glutamate (Le cerveau à tous les niveaux, s.d.), qui sont les neurotransmetteurs affectés par le(s) médicament(s) psychoactif(s) à sevrer.

L’alcool induit donc des effets neurochimiques qui peuvent interférer avec le sevrage, rendant celui-ci plus compliqué. Parfois, la prise d’alcool semble couvrir les symptômes de sevrage, parfois il semble les exacerbé, mais dans tous les cas, la consommation d’alcool pendant un sevrage rend celui-ci plus difficile à contrôler, étant donné qu’il devient plus dur de déterminer l’origine des symptômes observés : s’agit-il des effets engendrés par l’alcool, de ceux produits par le(s) médicament(s) ou/et de ceux induits par le sevrage?

Par ailleurs, comme avec toutes les substances psychotropes, il y a des risques de développer une dépendance à l’alcool. En consommant de l’alcool pendant le sevrage d’un médicament psychotrope, on risque ainsi d’ajouter ou de remplacer une dépendance par une autre.

Plus d’informations concernant les neurotransmetteurs affectés par l’alcool :

http://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_03/i_03_m/i_03_m_par/i_03_m_par_alcool.html

Référence

Le cerveau à tous les niveaux. (s.d.). Les neurotransmetteurs affectés par les drogues. Accès : http://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_03/i_03_m/i_03_m_par/i_03_m_par.html#drogues

 

Pourquoi faut-il procéder au sevrage des médicaments psychotropes ?

Pourquoi faut-il procéder au sevrage des médicaments psychotropes ?

Le sevrage est l’approche visant à supprimer la dépendance physique (ou pharmacologique) à un médicament psychoactif. Il convient de procéder à la diminution méthodique de la prise de médicaments psychiatriques, c’est-à-dire à un sevrage, pour contrer les effets de la dépendance et de la tolérance.

Nous allons maintenant voir comment le sevrage est lié à la dépendance physique et à la tolérance qui sont des mécanismes que l’organisme développe pour contrer les effets des médicaments psychiatriques.

Qu’est-ce que la dépendance ?

De manière générale, la dépendance peut être vue comme une perte de liberté ou une perte de contrôle. Mais la dépendance est un phénomène complexe et actuellement, nous ne parlons plus de la dépendance, mais des dépendances. Il est important de différencier ces dépendances et de bien comprendre les mécanismes spécifiques à chacune d’entre elles, étant donné que c’est cette compréhension qui nous permettra de venir à bout d’une dépendance. En effet, ce n’est qu’en comprenant comment fonctionne une dépendance, qu’on peut inverser le processus et ainsi s’en libérer.

Pour l’OMS (2018), le terme générique de «dépendance» se rapporte à des éléments aussi bien physiques que psychologiques.

Mais quels sont les principaux types de dépendance ?

Nous retrouvons comme principaux types de dépendance :

  • La dépendance physique ou dépendance physiologique ou dépendance pharmacologique pharmacodépendance. Ce sont des termes utilisés pour faire référence au processus d’adaptation de l’organisme à la présence répétée d’une substance.
  • La dépendance psychique et la dépendance psychologique. Ces deux concepts font référence au fait que la personne n’arrive plus à s’imaginer vivre sans les effets du médicament
  • La dépendance comportementale est un concept utilisé pour parler d’une consommation par habitude ou en fonction de stimuli présents dans l’environnement

La toxicomanie ou l’addiction étant des termes utilisés pour faire référence à la présence de plusieurs de ces dépendances.

L’addiction

L’addiction se caractérise par l’impossibilité répétée de contrôler un comportement, qui vise à produire du plaisir ou à écarter une sensation de malaise interne, en dépit de la connaissance de ses conséquences négatives (Laqueille & Liot, 2009).

La toxicomanie

Lorsqu’il y a à la fois dépendance physique, dépendance psychologique, tolérance et addiction, on parle de toxicomanie. La toxicomanie peut donc être vue comme la combinaison d’une dépendance physique (phénomène de tolérance et apparition d’un syndrome de sevrage à l’arrêt de la substance), d’une dépendance psychologique (penser qu’on a besoin de la substance pour fonctionner) et d’une dépendance comportementale (besoin compulsif de consommer ou comportement addictif).

 

Dans le cadre du présent manuel, nous allons plus spécifiquement nous pencher sur un type de dépendance – la dépendance physique – étant donné que le processus qui permet de la contrer est le sevrage et que c’est le thème principal de cet ouvrage.

Le sevrage est donc le processus par lequel nous allons
nous libérer de la dépendance physique aux substances psychotropes

Mais commençons par souligner le fait qu’il existe une différence nette entre la dépendance psychologique qui est la croyance selon laquelle nous pensons avoir besoin de la substance pour fonctionner et la dépendance physique qui est l’apparition d’effets déplaisants (les symptômes de sevrage ou symptômes de manque) à l’arrêt du médicament ou lorsque l’organisme s’est habitué à la substance et qu’il faut augmenter la dose journalière pour ne pas ressentir les effets de manque (phénomène de tolérance).

La dépendance psychologique

Nous dépendons psychologiquement d’une substance lorsque nous lui attribuons les vertus que nous voulons bien qu’elle ait ou les vertus que d’autres lui ont attribué. Ainsi, nous pouvons dépendre psychologiquement d’une substance lorsque nous lui attribuons la capacité de guérir notre mal-être, de nous permettre de gérer des situations critiques ou encore de supporter des émotions déplaisantes. Nous dépendons psychologiquement d’une substance lorsque nous sommes convaincus qu’elle agit effectivement et efficacement sur nos symptômes. L’esprit est puissant et est capable, par le biais de nos croyances, de modifier l’interprétation que nous faisons de nos sensations, de nos perceptions, de nos ressentis, de nos sentiments ou de nos émotions.

La dépendance psychologique se fonde, se construit et se développe à partir de plusieurs types de croyances, notamment :

  • les croyances culturelles: p.ex. les antidépresseurs soignent la dépression ; les somnifères font dormir ; les neuroleptiques traitent les schizophrènes
  • les croyances personnelles: p.ex. ce sont mes médicaments qui me permettent de tenir et de fonctionner au quotidien ; ce sont mes antidépresseurs qui me permettent de supporter mon chagrin et ma tristesse
  • les croyances des autres: p.ex. mon médecin et ma famille m’affirment que seuls mes médicaments peuvent me soigner, alors, comme j’ai une totale confiance en eux, je suis convaincu que ces produits améliorent mon état

La dépendance psychologique traduit souvent la croyance selon laquelle c’est le traitement psychiatrique qui réduit les symptômes et traite les causes de notre trouble mental ou de notre problème physique.

L’effet placebo

L’effet placebo peut être défini comme la confiance que nous avons dans un traitement, dans le fait que celui-ci va nous soigner. Mettre tout son espoir dans un traitement (médicamenteux ou psychothérapeutique) et être convaincu de son efficacité, peut rendre celui-ci très puissant. En effet, il a été prouvé que si nous nous attendons à ce qu’un traitement fonctionne et apporte le soulagement voulu, alors nous anticipons des effets positifs et cela se répercute sur notre physiologie. Ainsi, lorsqu’un médecin, une thérapie ou un médicament nous offre l’espoir d’une guérison, alors nous croyons souvent si fort à un tel soulagement, que cette croyance place notre organisme dans les dispositions pour aller mieux. C’est ce que nous appelons l’effet placebo. Par conséquent, lorsque nous sommes convaincus qu’un traitement nous soulagera, alors il y a toutes les chances qu’il le fasse et que nous voyons notre état s’améliorer.

C’est, par exemple, ce qui se produit avec les antidépresseurs dans le cadre du traitement de la dépression : la croyance en l’efficacité des antidépresseurs à traiter la dépression peut être si forte, qu’elle produit un effet placebo puissant qui parvient à soulager la dépression. En effet, comme l’a constaté Kirsch (2010) dans sa méta-analyse, la principale réponse aux antidépresseurs est un effet placebo et pour cet auteur, il est très probable que le reste soit un effet placebo augmenté.

L’effet placebo augmenté

L’effet placebo (c’est-à-dire l’espoir d’une guérison ou la conviction qu’un traitement est efficace) peut être augmenté lorsque le traitement médicamenteux produit des effets secondaires facilement reconnaissables. En effet, plus le médicament psychiatrique produit des effets secondaires, plus nous sommes enclins à penser que la substance active est puissante et cela nous convainc que ce médicament est capable de traiter nos maux en profondeur. C’est ce qui augmente encore l’effet placebo. Dans sa méta-analyse, Kirsch (2010) a en effet constaté que plus les patients déprimés ressentent d’effets secondaires avec le médicament actif, plus leur état s’améliore.

Utiliser l’effet placebo à bon escient en activant les croyances qui nous sont bénéfiques

Ce manuel vise à vous aider à vaincre la dépendance physique. La dépendance psychologique se vainc, quant à elle, par un travail sur soi-même, sur ses croyances. Nous vous recommandons de travailler votre éventuelle dépendance psychologique en compagnie d’un thérapeute ou d’une personne qui vous aidera à reconnaître les pouvoirs et les vertus que vous attribuez à ces produits chimiques et à les transférer à vous-mêmes, à vos capacités, à vos propres ressources personnelles. Croire en vous, croire en vos capacités, croire que c’est possible, croire en votre force intérieure, en votre détermination, en votre jugement personnel, croire en votre instinct, en votre intuition, en votre ressenti vrai et profond, vous permettra de vous libérer de la dépendance psychologique et de reprendre le contrôle de votre vie.

La dépendance physique

La dépendance physique, qui résulte des mécanismes d’adaptation de l’organisme à une consommation prolongée (INSERM, s.d.), est définie par deux éléments clé :

  1. l’apparition d’un syndrome de sevrage : il s’agit d’un ensemble de symptômes spécifiques qui apparaissent lorsque la prise de médicament est brusquement stoppée. C’est la réaction physiologique qui se produit lorsque l’organisme est privé du produit auquel il avait adapté son mode de fonctionnement. Cette privation se traduit, selon McGill, (s.d.), par un état de manque qui s’accompagne de symptômes physiques incommodants appelés le sevrage.
  2. l’apparition de la tolérance : il s’agit du phénomène par lequel l’organisme a adapté son fonctionnement à l’effet d’un médicament et oblige la personne à augmenter les doses pour ressentir l’effet initial du produit.

L’accoutumance

L’accoutumance est le phénomène par lequel l’organisme s’habitue à la présence d’une substance. L’accoutumance va induire la tolérance. En effet, lorsque l’organisme s’adapte trop bien, c’est-à-dire qu’il sur-adapte son fonctionnement à la présence d’une molécule, alors la personne qui la consomme devra en prendre plus grande pour ressentir le même effet.

La tolérance

La tolérance est le mécanisme suivant lequel le cerveau s’habitue à l’effet de la substance, ce qui conduit la personne à augmenter les doses pour obtenir l’effet initial.

Le sevrage lent pour contrer la dépendance physique et la tolérance

Un sevrage lent et méthodique permet de contrôler la survenue et l’intensité des symptômes de sevrage qui résultent de l’état de manque et de l’entrée en tolérance (les deux phénomènes étant étroitement liés).

L’apparition de ce syndrome de sevrage, c’est-à-dire de cet ensemble de symptômes qui apparaissent à l’arrêt de la substance psychoactive, induit souvent le patient et le médecin en erreur, l’un des deux ou les deux pensant qu’il s’agit d’un retour des symptômes pour lequel le patient est traité. En effet, souvent le patient qui subit ce syndrome de sevrage et/ou le médecin qui le traite, pense qu’il s’agit d’une rechute. Définition de rechute.

Afin de limiter la survenue et l’intensité des symptômes de sevrage, on va mettre en place en plan de sevrage dit lent.

 

Références

INSERM. (s.d.). Pharmacodépendance : mécanismes neurobiologiques. Accès : http://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/2072/?sequence=30

Kirsch, I. (2010). Antidépresseurs Le grand mensonge. Champs-sur-Marne : Music & Entertainment Books

Laqueille, X. et Liot, K. (2009). Addictions : définitions et principes thérapeutiques. L’information psychiatrique, 85(7), 611-620. Accès : https://www.cairn.info/revue-l-information-psychiatrique-2009-7-page-611.htm

McGill. (s.d.). La consommation de drogues. Le cerveau à tous les niveaux. Accès : http://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_03/i_03_p/i_03_p_par/i_03_p_par.html

OMS. (2018). Syndrome de dépendance. Accès : http://www.who.int/substance_abuse/terminology/definition1/fr

 

Actualités novembre 2016

SITE
Création d’une foire aux questions dans laquelle je mettrai les interventions que j’ai faites sur les forums, par email ou ailleurs sur Internet: FAQ de Carole

VIDEOS
Ma professeure de yoga Sandra et moi allons réaliser une série de vidéos destinée aux personnes en sevrage ou en post-servage. Notre idée est de vous proposer des exercices de yoga permettant de détendre le corps et l’esprit. Voir les vidéos: Pratiques de Yoga ou directement sur Youtube

Préparation d’une nouvelle série de vidéos sur la question: Pourquoi certains s’en sortent et d’autres pas? Pourquoi certains retrouvent une bonne qualité de vie après la médication psychiatrique et d’autres pas?

LIVRE
Rédaction de la partie « Réflexion sur la maladie mentale »

FORUMS
Mise en « stand-by » de mes interventions sur les forums. Ne disposant que de peu de temps chaque semaine pour aider les victimes de la médication psychiatrique, j’ai décidé qu’il serait plus utile, pour le moment, que je concentre mes efforts et mon temps sur les activités qui me permettent d’informer le plus grand nombre.
Toutefois, je reste bien évidemment présente sur le forum de Thérèse ;), même si je n’assure plus de suivis individuels.

Merci de votre compréhension et surtout merci à Thérèse, JP et au reste de l’équipe du forum qui sont présents quotidiennement aux côtés des personnes qui ont besoin de soutien, d’aide et de conseils individuels concernant leur sevrage et la gestion de leurs symptômes. Merci d’être là! Vous êtes formidables, j’admire votre travail!!

PROJETS
Retrouvez un aperçu de mes projets sur la page Projets.

Très bon week-end à tous,
Cordialement,
Carole

Symptômes iatrogènes et sevrage lent

J’ai peur de faire un sevrage parce que chaque fois que j’ai arrêté (brutalement) de pendre mes médicaments psychiatriques, des symptômes terribles sont apparus (délires, anxiété, dépression,…). J’ai peur, car depuis que je prends des médicaments j’ai de plus en plus de troubles.

Tu as lu Breggin, tu as donc bien compris que les médicaments psychiatriques ne font que faire dysfonctionner les processus normaux de notre cerveau. Et comment se manifestent ces dysfonctionnements? Par des symptômes qu’on avait jamais eu avant de prendre ces produits de manière chronique. Pour désigner le fait que ces symptômes sont induits par le médicament (ou par le traitement, ou par le médecin…), nous utilisons le terme de iatrogène.

Lorsqu’on arrête brutalement de prendre ces substances, le cerveau qui tentait de compenser les effets puissants de ces produits, se trouve à compenser encore, alors qu’il n’y a plus d’effets à compenser. Pour illustrer le problème, je vais prendre l’exemple d’une voiture qui est embourbée. La voiture c’est ton cerveau. La pluie, c’est le médicament et la boue c’est l’effet du médicament. Lorsqu’on nous fait prendre un médicament tous les jours pendant des années et des années, c’est comme si on faisait pleuvoir tous les jours pendant des années et des années. Il commence à se former des flaques de boues de plus en plus profondes sous ta voiture (= ton cerveau). Lors des premières pluies, ton cerveau va commencer à compenser pour pouvoir faire décoller la voiture de la flaque de boue qui commence à se former sous elle. Le cerveau va mettre un peu plus de gaz (mais pas trop pour ne pas patiner) pour sortir de la flaque de boue. Et il va y parvenir, ce qui permettra à ta voiture (ton corps et ton esprit) de fonctionner malgré la flaque de boue: avec ta voiture tu pourras quand même te balader et faire tes activités quotidiennes. Mais au fil des ans, avec toute cette pluie (les médicaments) qui tombe tous les jours, la flaque de boue (les effets des médicaments) commence à prendre de l’ampleur et à embourber salement ta voiture (ton cerveau et ton corps). Ton cerveau, qui veut sortir de cette flaque de boue monstrueuse, va se mettre à appuyer à fond sur les gaz pour compenser les effets de l’embourbement. Mais lorsque une flaque de boue est trop profonde et que la voiture est enlisée, la seule chose qui se passe lorsque qu’on met les gaz à fond, c’est que les roues de la voiture patinent dans le vide et on s’embourbent encore plus et le moteur de la voiture commence à surchauffer (=les symptômes qui apparaissent lorsqu’on prend des médicaments).

Maintenant, lorsqu’on arrête d’un coup les médicaments, que ce passe-t-il? Et bien c’est comme si on enlevait d’un coup la boue sous notre voiture qui a les gaz à fond et dont les roues tournent hypervite. Et que ce passe-t-il lorsqu’on a les gaz à fond sur le champignon et que les roues se retrouvent d’un coup sur un sol sec? La voiture fait un monstre embardée et le pilote (le cerveau) en perd souvent le contrôle (symptômes de sevrage) pendant quelques temps, avant de réussir à rétablir la situation.

Quelle est la solution pour éviter cette embardée ?
Un sevrage lent et progressif bien sûr!!
En asséchant lentement le sol de boue (=sevrage lent), on permet au pilote de la voiture (=notre cerveau) de gentiment diminuer la pression sur la pédale des gaz (= arrête de compenser, lever le pied sur les mécanismes compensatoires) et donc de garder le contrôle de la voiture (=éviter l’embardée et les symptômes de sevrage brutaux).

Par conséquent, je pense que si tu mets en place un protocole de sevrage qui est lent et adapté à « ton embourbement », il est peu probable que tu perdes le contrôle de ta voiture (il est peu probable que tu subisses des délires incontrôlables). Le tout est d’y aller lentement pour laisser le temps à ton cerveau de s’adapter à la diminution (= de retirer petit à petit les mécanismes compensatoires qu’il a mis en place pour contrer les effets des médicaments).