Mémoire et traumatisme

Souvent lorsqu’on consulte un thérapeute, quel qu’il soit, il nous demande de parler de notre passé, des éléments qui nous ont traumatisés ou qui nous ont fait souffrir.

Au cours d’une thérapie, il arrive très fréquemment que le praticien nous demande de replonger dans les souvenirs désagréables de notre passé. Si le praticien en fait quelque chose de constructif, cela peut grandement nous aider. Mais si le praticien utilise mal ces souvenirs négatifs, cela peut grandement nous nuire. Pourquoi me direz-vous ? Et qu’est-ce que cela veut dire: faire quelque chose de constructif avec les souvenirs ?

Pour prendre un exemple, le praticien EMDR va vous demander de vous souvenir des événements qui vous ont traumatisé et par le biais de sa technique, va vous amener à détacher vos émotions négatives (peur, angoisse, terreur, sentiment d’impuissance, sentiment de culpabilité,…) des événements qui se sont produits. Il va vous aider à reconstruire vous souvenirs de telle manière qu’ils ne soient plus douloureux pour vous et que les prochaines fois où vous vous remémorez ces souvenirs, ils ne vous plongent plus dans l’état de détresse intense dans lequel vous vous êtes retrouvé au moment où le(s) événement(s) traumatisant(s) se sont produits. Le praticien EMDR va donc vous amener à replonger dans vos souvenirs douloureux / traumatisants dans le but de modifier les éléments cognitifs et émotionnels négatifs liés à ce souvenir : il va vous aider à modifier la signification que vous avez accordé aux événements, à associer d’autres émotions à ces événements et à leurs associer d’autres sentiments que le sentiment d’impuissance ou de culpabilité qui sont souvent associés à des situations traumatiques.

Dans ce cas, le praticien va faire quelque chose constructif avec vos souvenirs désagréables / traumatisants, il va vous aider à modifier les éléments douloureux qui y sont lié.

En revanche, le praticien qui vous demande de vous remémorer vos souvenirs douloureux et traumatisants sans rien en faire, peut grandement augmenter votre détresse et votre souffrance par rapport à votre vécu. En effet, le praticien qui vous place dans cette situation, vous plonge encore et encore dans le vécu traumatique, ce qui ravive les sentiments et les émotions douloureux qui y sont liés.

Pourquoi ? Comment cela est-il possible ? Comment cela se produit-il ? Quels mécanismes sont en jeu ?

Je vais prendre un exemple pour que vous compreniez mieux. Une personne qui a vécu un événement grave, comme un viol, une agression ou des maltraitances répétées, et à qui le praticien demande de se replonger intensément dans ces situations traumatiques, va revivre les sensations physiques, les sentiments et les émotions qui y sont rattachés.

En fait, « ressasser le passé » nous fait revivre les moments difficiles comme si on y était, car notre corps et notre esprit se replongent dans l’état dans lequel ils étaient lorsqu’on était dans cette situation et qu’on souffrait. On se met à ressentir toutes ces sensations douloureuses : les mains qui deviennent moites, les battements du cœur qui s’accélèrent, la boule qui apparaît dans la gorge, le nœud qui se crée dans le ventre, le corps qui tremble, la peur qui monte, la terreur qui s’installe, l’envie de fuir qui vient et le sentiment d’impuissance qui monte… Vous êtes au sommet de votre peur et le praticien vous demande de rester dans ce moment et de détailler votre peur, de détailler ce qui s’est passé, de détailler ce que vous avez fait, ce que les autres personnes ont fait, d’expliquer encore et encore ce que vous avez ressenti à ce moment-là…. Il vous fait revivre les événements encore et encore. S’il vous laisse là, perdu dans cette terreur intense qui envahi tout votre corps et qui s’incruste encore plus profondément et plus intensément dans la mémoire de votre corps, il ne fait que vous traumatiser encore plus. Le praticien qui vous fait revivre vos traumatismes mais qui n’en fait rien, ne fait qu’incruster encore plus profondément ces moments traumatisants dans votre mémoire et dans vos entrailles.

Comment faire quelque chose de « constructif » avec ces souvenirs traumatisants.

Nous savons maintenant, que chaque fois que nous nous rappelons nos souvenirs, ils ne viennent pas tel quel à notre conscience. Ils ne sont pas stockés dans la mémoire comme un film sur casquette vidéo ou DVD. Ils ne reviennent donc pas à notre conscience de manière immuable, où chaque scènes seraient jouées exactement à l’identique, où les personnages du film auraient exactement les mêmes expressions faciales, les mêmes positions, où les décors seraient 100% identiques… Non, nos souvenirs se reconstruisent à chaque fois que l’on se les remémore. À chaque fois qu’on veut se souvenir d’une situation, notre esprit refait complètement le montage de la scène : il réassemble tous les éléments. Ainsi, chaque fois que nous nous remémorons une scène, elle n’est jamais exactement identique à la dernière fois où nous nous en sommes souvenu. Lorsque le souvenir d’une situation nous revient en mémoire, notre cerveau reprend chaque élément de la scène et les remets ensemble : il ressort de la mémoire visuelle, le décor (où s’est passé l’événement,…), à chaque éléments du décor, il associe une signification (c’était la nuit, c’est pour cela qu’il n’y avait personne pour m’entendre), à chaque pensée concernant le décor, il y associe une émotion, une croyance et une sensation (je n’aime pas la nuit, parce que la nuit il se passe toujours des trucs pénibles et j’ai l’impression que ça me fait me sentir mal). Le cerveau replace les protagonistes au milieu du décor (qui était où et faisait quoi au moment des événements traumatisants). Il attache des caractéristiques à chacun des protagonistes (un tel est comme-ci, l’autre comme ça, etc…). Il attache ensuite nos émotions et nos sentiments par rapport à chacun des protagonistes (il m’a toujours terrorisé, elle ne m’a jamais soutenue, je ne l’aime pas, je ne peux pas lui faire confiance, il me déteste, ….). Il y a encore énormément de détails que le cerveau va ajouter à la scène, au décor : les odeurs qui étaient présentes et qu’il va reprendre de la mémoire olfactive, les sons qu’il va reprendre de sa mémoire auditive, la température et les sensations physique qu’il va reprendre d’autres parties de sa mémoire,… Le cerveau va puiser dans toutes les mémoires qu’il a disposition (sa mémoire et la mémoire de l’organisme dans son entier, notamment la mémoire de tous nos sens) et va reconstruire la scène. Il ne va pas passer un film finit de la scène, mais il va refaire tout le montage du film.

Repasser toujours le même « film » et remonter les mêmes scènes du film dans le même ordre et quasi à l’identique et s’attendre à ce que la fin change et se transforme en happy end? Ce n’est pas possible, vous en conviendrez.

Les propos de Einstein sont très parlant : La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. Dans le cas des souvenirs, la folie, ce serait de monter les scènes du film toujours dans le même ordre et à l’identique en espérant que ce souvenir ne nous fera plus souffrir.

Selon moi, c’est ce que font les thérapeutes qui vous demandent de leur parler de vos souvenirs passés, mais qui ne vous aident pas à remonter les éléments du film de telle sorte de changer la fin pour qu’elle ne vous fasse plus souffrir. Les réalisateurs qui ne sont pas contents de la tournure que prend leur film, modifient les scènes jusqu’à obtenir le montage qui leur convient.

Si nous ne voulons pas devenir fou, il nous faut éviter de revivre un souvenir traumatisant toujours de la même manière en espérant qu’un jour il ne nous fasse plus souffrir. C’est là que les praticiens qui ont les bonnes techniques peuvent vous apprendre à monter votre film différemment : à vous rappeler, à revivre et à reconstruire les souvenirs de vos traumatismes différemment, pour qu’ils ne vous fassent souffrir. De tels praticiens vous aideront à modifier la fin de votre film de sorte qu’il se termine en Happy End. Ils vous donneront les outils pour travailler chacune des scènes de sorte que les éléments extraits de la mémoire de votre corps s’agencent d’une manière à ne plus vous faire souffrir. Ces thérapeutes vous aideront à faire quelque chose de constructif avec vos souvenirs douloureux.

Oubli de dose: j’ai manqué ma dose, que faire?

Question: J’ai manqué une dose de diazépam. Devrais-je prendre maintenant?

Réponse d’un membre du forum SoutienBenzo:

Quand on parle de doses manquées de diazépam, une règle générale est que si vous oubliez de le prendre à un moment précis et il y a eu moins de 24 heures depuis la dose oubliée (quand on se souvient) alors il suffit de prendre. Si c’est plus de 24 heures depuis que vous avez manqué la dose juste continuer avec votre régime de dosage normal. Comme le diazépam agit très longtemps, il peut effectivement être considéré comme une dose quotidienne unique avec très peu de fluctuation du taux sanguin sur une période de 24 h. C’est différent si vous prenez des composés à action brève mais avec le diazépam aussi longtemps que la même dose est prise dans un délai de 24 heures, il devrait être bon.

Pendant la période de sevrage et après, nous vous conseillons de tout noter dans un carnet pour vous aider à vous rappeler de tout ce qui est important. En effet, les trous de mémoire sont un des effets secondaires couramment observés lors de la prise de médicaments psychotropes. Votre mémoire reviendra progressivement au cours du sevrage et après, mais en attendant, notez les informations importantes dont vous devez absolument vous souvenir. En ce qui concerne le processus de sevrage, notez vos heures de prises et la quantité prise et faites un Vu à côté lorsque vous avez effectivement consommé le médicament.

Par ailleurs, il peut être intéressant de tenir un journal de vos symptômes. Cela vous permettra d’analyser l’évolution de votre état au cours du sevrage en fonction des changements réalisés dans votre protocole et en fonction des événements qui se produisent dans votre vie. Prendre le temps de décrire les symptômes, de noter quand ils apparaissent et quand ils se font plus discrets, et évaluer leur intensité, permet souvent de mieux comprendre ce qui se passe et par là, d’ajuster le protocole de sevrage en conséquence.