Les 3 pages du matin: le kit de survie

Tenir un journal intime est une des choses qui m’a permis de rester en vie dans ces périodes difficiles que sont le sevrage et le post-sevrage. Coucher sur le papier tout ce qui me faisait mal et que je ne pouvais pas dire à mon entourage (et encore moins à un psy.)
Déverser des kilomètres d’encre et noircir des dizaines de cahiers a été salvateur pour moi.

En lisant le livre de Julia Cameron, Libérez votre créativité Osez dire oui à la vie !, j’ai réalisé à quel point le fait de prendre le temps, chaque jour, de poser sur le papier ce qui encombre notre esprit, ce qui nous fait mal, ce qui nous freine ou ce que nous n’osons pas dire à notre entourage, est un des outils le plus puissant pour évacuer au quotidien ce qui nous blesse et pour garder le cap vers ce qui nous tient à coeur, vers ce qui est essentiel à notre vie.

Lorsque j’étais en sevrage (des anxiolytiques et des antidépresseurs), mais déjà lors des quelques années qui on précédé mes derniers sevrages, j’étais bien incapable de prendre la plume et d’écrire: même si c’était pour vomir sur le papier toute cette tension et cette haine que je vivais, prisonnière du monde psychiatrique et de ses produits.

En 2008, après 15 années passées sous médicaments psychiatriques, j’ai enfin commencé à retrouver ma capacité à écrire. Mes facultés cognitives avaient tellement été réduites pendant ces 15 années de mauvais traitements psychiatriques que j’avais été rendue incapable d’en tirer quelque chose ou de produire un simple raisonnement. Enfin délivrée de ces substances psychotropes et du joug de la psychiatrie, j’étais enfin en mesure de m’épancher par écrit sur ce qui m’arrivait: sur ce que je vivais dans mon plus profond for intérieur.

J’ai commencé par écrire des poèmes. Je crachais ma haine de ce que je vivais chaque jour, rejetée que j’étais depuis des années à cause de la personne infâme et noire que j’étais devenue depuis que je prenais des médicaments psychiatriques et que j’avais été petit à petit détruite et réduite à néant par les tortures psychologiques et physiques subies en milieu psychiatrique. Pendant deux ans, j’ai expurgé ma haine, ma souffrance et ma colère sur la papier au-travers de court poèmes.

Puis, une fois la haine expurgée, je me suis mise à réfléchir plus lucidement. Avoir cracher mes entrailles de souffrance, ma haine du système et ma colère m’avait en quelque sorte libérée de ces émotions destructrices. Au lieu de garder cette haine, cette souffrance et cette colère en moi, et ainsi les laisser me bouffer de l’intérieur, je les avais, en partie, expulsée en les couchant quotidiennement sur le papier. 
Sous la colère, en proie à une souffrance indicible, j’étais devenue bien incapable d’analyser et de comprendre clairement où j’en étais. Une fois ces émotions destructrices apaisées (mais pas encore oubliées), je pouvais maintenant me mettre à écrire sous un autre registre: l’analyse plus lucide de mon parcours. 

En 2010, deux ans après l’arrêt complet des médicaments et mauvais traitements psychiatriques, je me mis à écrire mon parcours dans un blog. Chaque jour, je prenais le temps de me remémorer une partie de mon passage en psychiatrie, en commençant par l’année 1994, année au cours de laquelle j’ai été plongée dans ce domaine de la médecine qu’est la psychiatrie.

La haine, la colère et la souffrance quelque peu apaisées par ces deux années que je leur avais consacrées, je pouvais relater mon parcours d’une manière plus « juste », plus claire. Ma vision de ce que s’était passé n’était plus totalement embrouillée par des larmes de haine et de colère.

Une fois mon parcours couché sur le papier, comme pour cette haine qui me consumait avant, je pouvais le laisser derrière moi. Poser à l’extérieur de soi ce qui nous ronge à l’intérieur permet de gagner une de ces libertés et une de ces clartés intérieures, qui permet d’avancer et de ne plus rester bloquer dans l’émotion ou l’histoire passée. C’est comme si expurger ma haine et mon parcours en psychiatrie sur le papier, avait permis de libérer un espace en moi. Un espace qui me permettrait d’accueillir autre chose, quelque chose de nouveau, quelque chose que j’aurais choisi et qui me ferait du bien.

Ma haine, ma souffrance, ma colère, ma tristesse, mais aussi mon passé, l’histoire que j’avais vécu prenaient tellement de place dans mon être avant que je ne l’ai en chasse qu’ils ne laissaient plus aucune place pour le renouveau. Une fois extériorisés sur le papier, ils n’avaient plus autant d’impact sur moi et je pouvais avancer et ouvrir mon coeur à quelque chose de nouveau.

Mais la peur, cette émotion était toujours là! J’avais peur: j’étais terrorisée au point d’être tétanisée et de ne plus rien oser. J’avais envie de me replier sur moi-même et de ne plus rien tenter, de peur de remplir cette place libérée de la haine et de la rancoeur, par d’autres expériences aussi destructrices et ravageuses que celles que j’avais vécues les dernières 17 années passées! Comment oser à nouveau tenter de nouvelles expériences sans avoir au fond de soi la peur intense qu’un tel enfer ne se reproduise et ne m’enferme encore 15 ans dans la souffrance, la douleur et la terreur? Comment oser se laisser à nouveau touchée par quelque chose d’extérieur? Comment oser à nouveau faire confiance et oser se laisser pénétrer par de nouvelles expériences?

En 2010, tellement terrorisée par ce que la société et le monde extérieur m’avaient fait endurer, je n’osais plus me départir de ma peur, cette alliée qui me permettaient de survivre et de repérer le moindre indice qu’une situation allait dégénérer et tourner à mon désavantage.

Alors, je me suis mise à chercher comment comprendre ma peur et comme la gérer de sorte qu’elle soit toujours là pour m’alerter d’un danger pouvant « envahir mon monde intérieur », mais que d’un autre côté, elle ne m’empêche pas de vivre à nouveau de belles choses: qu’elle ne m’empêche pas de me remplir de bonheur!

Je me suis alors documentée sur la peur et j’ai beaucoup écrit sur la peur. Je reproduisais ce schéma qui m’avait permis de sortir de la haine et de la colère: j’extériorisais ma peur sur le papier, pour qu’elle ne me consume pas de l’intérieur. Et en contrepartie, pour que l’espace vide qu’elle laissait en moi ne se remplisse pas de mauvaises choses capables de me ronger de l’intérieur, je comblais ce vide en le remplissant d’histoires douces, joyeuses et réconfortantes que j’écoutais sous forme de livre audio ou que je visionnais à la télévision.

Une fois ma peur exposée sur la papier, je pouvais enfin l’observer. C’est comme si lorsqu’elle était en moi, elle m’échappait, se rendant insaisissable et donc indisciplinable. Une fois sur le papier, je l’avais immobilisée. Elle devenait saisissable et disciplinable. J’ai donc commencer à l’observer, à l’étudier, à l’analyser, pour finir par la cerner et commencer à la domestiquer.

Ma peur, cet état de terreur dans lequel les violences subies en psychiatrie et la torture chimique infligée par les médicaments m’avaient plongée, petit à petit, au fil des pages et de mes écrits, ne devenait plus cet état sur lequel je n’avais aucune emprise et que je ne faisais que subir, comme le rat d’expérimentation qui reçoit des décharges électrique auxquelles il ne peut échapper, car enfermé dans sa cage. Non, je ne subissais plus ma peur comme le rat qui subit des décharges électriques de l’expérimentateur sans rien pouvoir faire. Non, je ne subissais plus ma peur, je pouvais après l’avoir mise sur le papier, l’observer et exercer une certaine influence sur elle.

Plus j’écrivais, plus je reprenais en main mes émotions, mon vécu et leurs conséquences. Extérioriser ce que je vivais en moi, me permettait de l’adoucir et d’y avoir accès.

J’ai lu le livre de Julia Cameron (Libérez votre créativité Osez dire oui à la vie !), il y a quelques mois, et je réalise que l’outil qu’elle propose – les 3 pages du matin – aux artistes pour libérez qui ils sont au fond, est un outil que j’ai utilisé spontanément au sortir du sevrage pour dissiper ma colère, ma haine, ma tristesse, mes angoisses et mes peurs, mais aussi pour expurger mon passé et la souffrance qu’il a occasionné.

En tant que maman, j’ai également lu le livre que Julia Cameron a écrit pour les parents qui souhaitent encourager la créativité chez leurs enfants (Libérez la créativité de vos enfants: éveiller le sens de l’émerveillement). Et c’est dans ce livre que j’ai découvert les 3 pages du matin. Voici comment Julia Cameron présente cette outil aux parents:

Les « pages du matin » – trois pages d’écriture par jour à effectuer à la main, uniquement par le parent.
J’appelle « pages du matin » l’outil de base de la (re)découverte créative. Pratiquées dès le réveil, elles permettent de détourner la négativité, car elles provoquent, clarifient, réconfortent, cajolent, donnent la priorité et synchronisent la journée qui s’annonce. […] Les pages du matin sont strictement privées. Elles représentent un lieu sûr où évacuer, méditer, élaborer des stratégies et rêver. Il n’y a pas de façon incorrecte de faire ses pages du matin. Il s’agit simplement d’écrire à la main – oui, à la main! – tout ce qui vous passe par la tête, et au bout de trois pages, vous vous arrêtez. Ne partagez ces textes avec personne. Certains de mes étudiants déchiquettent, brûlent, cachent ou mettent sous clé leurs pages du matin. […] Les pages du matin constituent pour le parent un kit de soutien portable et privé. L’éducation des enfants est une expérience émotionnelle, et vous avez le droit d’éprouver tous les sentiments qui se manifestent en vous. Les pages du matin constituent un lieu sûr où vous transformerez ces sentiments, ce qui vous permettra finalement d’être davantage présent dans votre journée.

Autant les 3 pages du matin constituent un kit de soutien pour le parent, autant les trois pages du matin constituent un kit de survie à celui qui se sèvre ou qui est en post-sevrage. Ecrire trois pages chaque matin permet, comme l’explique Julia Cameron de détourner la négativité et de transformer les sentiments et les émotions. Elles constituent un lieu sûr où s’épancher.

De plus, pour la personne en proie au bouleversement émotionnel et la totale remise en question générés par l’arrêt des médicaments, elles constituent un soutien, un kit de survie, à celui qui se retrouve souvent seul et isolé face à cette épreuve. Les fluctuations émotionnelles et les symptômes de sevrage peuvent être tels et survenir à des moments si inattendus, que disposer d’un « kit de survie portable et privé » pour faire face à ces sauts émotionnels, moraux et physiques peut littéralement nous sauver la vie.

Ecrire mon journal intime, en fin de sevrage et en post-sevrage, m’a, à n’en pas douter, grandement aidée à éviter le pire. Au lieu de mettre fin à mes souffrances en me supprimant, je les éloignais de moi en les mettant dans mon journal, atténuant ainsi leur intensité et leur portée, ce qui me permettait de ne pas passer à l’acte. Ecrire que je voulais mourir dans mon journal, me permettait de ne pas le faire. Ecrire comment je voulais mettre fin à mes souffrances suffisaient à les atténuer, à mettre fin à mon envie réelle de mourir. Car en fin de compte, ce n’est pas moi que j’avais envie de tuer, mais mes souffrances. Ce n’est pas à mon existence que je voulais mettre fin, mais à l’existence de mes souffrances. Je pense sincèrement que de ce côté-là, écrire m’a sauvé la vie.

L’écriture a constitué et constitue toujours pour moi un kit de survie!



© Carole Advices, le 10 juin 2019

Astuce pour gérer une pensée intrusive

Comment interrompre une pensée ou un discours intrusifs, obsédant, répétitif et désagréable?

  1. identifier la pensée ou le discours interne non-voulu (obsédant, intrusif, inacceptable,…)
  2. baisser le volume de ce discours. Comme on baisserait le volume d’une radio qui nous gêne, je vous invite à baisser mentalement le volume de cette pensée intrusive et obsédante ou de ce discours interne qui ne vous convient plus. Baissez le volume de cette pensée, de ce dialogue interne. Atténuez la voix qui résonne dans votre tête, éloignez-la (Robbins, 1989).

Que faire si on entend une voix qui nous empêche d’agir?

Robbins (1989) répond: Laissez-la désormais dire la même chose, mais donnez-lui un ton enjôleur presque câlin: « Non, tu ne peux pas faire ça. » Quel effet cela produit? En principe, vous allez avoir très envie de faire ce que la voix vous interdit de faire.


Question de L.
Comment baisser le son mentalement de ces intrusions?
En ne s’y arrêtant pas sans doute?!?

Réponse de Carole

Non, ce n’est pas en ne s’y arrêtant pas que l’on peut baisser ces intrusions.

Lorsqu’elles viennent, tu sais les écouter puisqu’elles te font de l’effet (= elles te sapent le moral). Tu sais donc les écouter mentalement. Donc écoute une de ses pensées intrusives. Maintenant que tu l’entends bien, baisse le volume mentalement. Cela demande un petit effort au début, mais lorsque tu as compris comment faire, ce sera nettement plus facile de faire baisser le son de cette pensée intrusive.

Imagine-toi que cette pensée s’éloigne. Plus elle est loin de toi, moins tu l’entends. C’est comme si une personne te parlait en s’éloignant. Quand elle est proche de toi tu entends bien ce qu’elle te dit et au fur et à mesure qu’elle s’éloigne tu l’entends de moins en moins bien, pour ne plus l’entendre du tout lorsqu’elle est très éloignée de toi.

Maintenant, si ta pensée intrusive est une image (si tu la vois mentalement), tu peux procéder autrement. Regarde cette image. Est-ce que lorsque tu la rends plus lumineuse, elle est plus intense et te déprime / angoisse encore plus? Si c’est le cas, diminue la luminosité de cette image, rend la plus sombre. Tu peux également l’éloigner de toi (ou t’éloigner d’elle). Regarde cette image et décide de la laisser s’éloigner, de la rendre plus petite. Pose-la sur le wagon d’un train et regarde-la s’éloigner sur ce train qui part depuis le quai de la gare. Elle devient de plus en plus petite, jusqu’à fuir à l’horizon te laissant ainsi tranquille ;). Si elle revient par le prochain train, ne te laisse pas faire ;)! Remets là sur un autre train et envoie-la balader très loin de toi ;)! Recommence chaque fois qu’elle revient et elle reviendra de moins en moins souvent pour finir par ne plus revenir du tout. Et moins cette image sera là, moins elle aura un effet négatif sur toi.

Au début, cela demande un effort d’inverser le processus. Nous avons tellement l’habitude que ces pensées soient là que nous les accueillons presque en en augmentant le volume ou la luminosité ou l’intensité de notre accueil sur le quai de gare. On leurs laisse trop de place. On les laisse venir et même on en augmente l’intensité. Inverser cet accueil, ce n’est pas les ignorer, c’est les éloigner activement. Elles apparaissent, on ne laisse pas s’installer! On les embarque dans le premier train qui passe et on accélère la vitesse du train = on force la pensée à s’éloigner.
Elles envahissent notre tête par leur voix, par leur discours incessant! On les fait taire en s’éloignant d’elles (tu les laisses planter là et tu t’éloignes pour ne plus les entendre) ou en les forçant à s’éloigner de nous (tu les imagines en train d’être expulsées dans l’espace: plus elles s’éloignent, moins tu les entends et quand elles sont dans la stratosphère, elles ne peuvent plus te nuire, car tu imagines bien que leur voix ne portent pas jusqu’à la terre 😉 ).

Pour faire disparaître une pensée intrusive, tu as donc plusieurs moyens.
Si tu es visuelle et que tu vois une image qui te rend triste ou angoissée, tu peux travailler sur les propriétés de l’image: diminuer la taille de l’image, diminuer la luminosité de l’image, mettre l’image dans une boîte pour ne plus la voir, ajouter des choses dans cette image pour en changer l’émotion qu’elle te renvoie (par exemple un clown qui fait des bêtises et qui te fait bien rire,….
Si tu es auditive et que tu entends un discours (une voix) qui te rend triste ou angoissée, tu peux travailler sur les propriété du son: diminuer le volume de cette voix, éloigner cette voix (en la forçant à embarquer sur un train direction le pôle nord et ainsi en la forçant à diminuer de volume au fur et à mesure qu’elle s’éloigne de toi), déformer cette voix (= la rendre sensuelle, douce, comique ou enjôleuse… Par exemple, donne lui la voix de Donald Duck et tu verras que ses paroles auront beaucoup moins d’impact sur toi….)

Tu peux également combiner les deux modalités (visuelle et auditive) en travaillant sur l’image et le son d’une scène qui te revient sans cesse en tête.

On peut modifier l’impact que des souvenirs ou des pensées ont sur nous en changeant leur intensité émotionnelle. En insérant un clown dans une scène déprimante ou en donnant la voix de Donald Duck à une pensée négative, alors on peut changer l’impact émotionnel que cette image ou cette pensée a sur nous.
Pour cela, il faut bien évidemment travailler activement sur cette pensée, cette image ou ce souvenir pour en modifier les propriétés (visuelle, auditive, kinesthésique (=température,…)).

Cela demande un effort, mais une fois qu’on a compris le truc, on est en mesure de changer les pensées qui ne nous conviennent plus et qui nous nuisent.


Réponse de L.
Très intéressante ta réponse. Cependant tu sais bien, que les pensées s’enchaînent très rapidement. Je vais essayer de mettre la 1ere dans le train, peut-être cela arrêtera t’il les autres.

Réponse de Carole:

Oui, les pensées peuvent s’enchaîner rapidement. Cette propriété d’enchaînement a deux implications:

1. si tu identifies la première pensée, celle qui déclenche toutes les autres par effet domino et que tu travailles sur celle-ci, alors en la faisant taire (en l’éloignant, en baissant le volume, ….), par ce même effet domino, tu vas empêcher les autres de se déclencher et tu casseras ainsi l’enchaînement

2. sachant que les pensées peuvent s’enchaîner rapidement, autant faire en sorte que ce soit des pensées agréables qui s’enchaînent ;). Pour ce faire, c’est en déclenchant volontairement une pensée agréable que l’on peut lancer l’effet domino des autres pensées agréables qui lui sont associées et qui ont l’habitude (=automatisme) de se déclencher dès que tu penses à cette image agréable

Pour lancer un enchaînement positif, il faut penser à un moment où on était super bien. En intensifier les couleurs, la luminosité. Rapprocher ce moment de nous. Voir l’image en super grand et se plonger dedans. Donner aux sons un timbre agréable (voix douce qui berce, rire, etc…). Ressentir une température agréable et humer les odeurs qui étaient présentes lorsque ce moment agréable s’est produit.

Pour chasser les pensées / images intrusives et permettre à notre cerveau d’enchaîner des pensées/images/sensations agréables, on peut donc procéder en 2 temps:
1. éloigner les images intrusives désagréables, les pensées pessimistes, les sensations désagréables
2. rapprocher les images agréables, les pensées apaisantes, les sensations de bien-être

 

 


Bibliographie

Robbins, A. (1989). Pouvoir illimité: changez de vie avec la PNL.

Retour d’une vague de symptômes un an après le sevrage

Après le sevrage, mon état s’était un peu amélioré: les symptômes étaient moins intenses. Mais tout à coup, une énorme vague de symptômes m’a submergée. Je ne comprends pas pourquoi tous mes symptômes sont revenus un an (deux ans, trois ans, …) après le sevrage, avec une intensité aussi grande.

En 2009, je me suis retrouvée dans une situation inhabituelle et une vague de symptômes d’une très grande intensité est revenue, alors que cela faisait quelques mois que ça allait mieux niveau symptômes.

En 2009, soit un peu plus d’une année après mes sevrages rapides, j’avais repris un peu le contrôle de mes symptômes en suivant à moitié les méthodes proposées dans le guide: « L’anxiété pour les nuls ». Je pouvais à nouveau faire quelques activités et me déplacer pas trop loin de chez moi. Mais à l’automne 2009, j’ai voulu griller les étapes (et bien les griller) en allant passer quelques jours en Angleterre. Pour moi qui n’allait pas plus loin que dans les alentours de mon village, le saut a été faramineux. Mais quand on se croit plus fort que notre organisme et qu’on ne l’écoute pas, les conséquences sont terribles….

Jusqu’à l’aéroport, ça c’est assez bien passé. J’ai essayé de me détendre tant bien que mal et mes symptômes sont restés à un niveau acceptable. Mais une fois dans l’aéroport, ça allait déjà beaucoup moins bien et les symptômes ont commencés à me submerger: l’état d’alerte était lancé. Ne maîtrisant pas tous les outils pour faire stopper l’état d’alerte ou du moins pour l’empêcher de prendre une ampleur extrême, j’ai été submergée par l’angoisse. Ainsi, au moment d’entrer dans l’avion, je me suis retrouvée en état de panique extrême. Mon système d’alarme était au maximum et les symptômes de l’attaque de panique étaient ultra-intenses: sueurs, coeur à mille à l’heure, vertiges, pulsations dans la tête, déréalisation, dépersonnalisation,… je me sentais mourir….
Mais j’étais dans cet avion et je ne pouvais plus en sortir: la seule chose que je pouvais faire c’était me rendre en Angleterre.
Pour essayer de reprendre mes esprits (et essayer de stopper mes nausées), je me suis dit que j’allais boire un petit quelque chose. J’ai alors pris un thé puis un coca light…. je te laisse imaginer la suite… quelques temps plus tard, rebelotte deuxième attaque de panique, alors que les symptômes de la première n’étaient pas encore redescendus…
A mon arrivée à Londres, j’étais complètement défaite et épuisée par ce voyage et ces attaques de panique consécutives. Mais comme avec mon compagnon, nous avions décidé de rendre visite à son collègue qui était à Cambridge, je me suis dit qu’il fallait que je tue cette fatigue et que je me booste un peu. J’ai alors pris un bon café bien sucré au Starbuck… Autant te dire que le repas du soir en compagnie de ce collègue a été un enfer… J’étais nauséeuse, dans un état second… je ne comprenais pas ce qu’il se disait autour de cette table, tellement j’étais épuisée par ces boucles de montées et de descentes d’adrénaline.
Le séjour a continué et j’ai passé 5 jours atroces à faire attaques de panique sur attaques de panique, à ne pas dormir et à être dans un état second (déréalisation / dépersonnalisation) tellement les vagues d’angoisse me terrassaient.
Bien évidemment, pour ne rien arranger, pendant tout le séjour, j’ai bu du coca light et des cafés. J’ai également bu quelques bières dans les pubs et j’ai certainement consommé du glutamate dans les snacks…

Puis vient le moment du retour….. Comment allais-je pouvoir reprendre l’avion?
ça a été terrible parce qu’en plus cette fois je n’avais plus la belle confiance que j’avais lorsque j’ai décidé de faire ce voyage. Cette fois, j’avais peur. Je me sentais incapable de prendre l’avion, incapable de gérer mon corps, incapable de supporter cette vague d’attaque de panique en étant confinée dans un avion….
Je me suis vidée par tous les côtés dans les toilettes de l’aéroport, j’ai fait des crises de larmes et je me suis mise à trembler de manière incontrôlable… mais j’ai fini par prendre cet avion et bien évidemment, vu dans les conditions dans lesquelles je m’étais mise, j’ai fait une énorme attaque de panique dans l’avion… j’ai cru que je devenais folle et que rien ne pourrait me ramener à la raison, à un état mental sain. J’étais comme ailleurs, dans un monde parallèle. Je voyais les autres et moi-même depuis l’extérieur… je n’étais plus là…
(Si j’en avais parlé à un psychiatre en rentrant, je suis certaine qu’il m’aurait collé des diagnostics comme: psychose, schizophrénie, etc… alors qu’il ne s’agit en fait que d’un état d’alerte physiologique tellement intense que le corps, pour nous protéger, nous envoie des décharges d’hormones du stress qui nous font « quitter la réalité ».)

Le retour a été difficile, mais ça ne s’est pas arrêté là. Après ce séjour, mon état d’alerte ne redescendait plus. Et moi, têtue, je voulais quand même faire les choses que je réussissais à faire une semaine auparavant. Pour moi, il n’était pas question que je me prive des seules choses que j’avais pu reconquérir. Cette obstination à vouloir tout faire malgré les signaux d’alerte, m’a coûté cher: je suis revenue à la case départ: enfermée chez moi à faire attaques de panique sur attaques de panique.
Par dessus le marché, quelques semaines après ce séjour en Angleterre, nous déménagions. Un déménagement est un autre très grand changement qui peut déclencher un état d’alerte. En effet, notre organisme qui a ses habitudes dans son environnement familier se trouve tout à coup sans repères, car il est dans un environnement qu’il ne connaît pas. Les premiers mois ont été très durs, parce que je me retrouvais dans une nouvelle maison dans un village que je ne connaissais pas. Tout était étranger pour moi. Un système nerveux en état d’alerte maximal couplé à un environnement complètement nouveau, ça a fait un mélange détonant: mes symptômes d’angoisse ne descendaient plus d’intensité et les hallucinations visuelles ont refait leur apparition: je voyais les montagnes se rapprocher de moi. Les acouphènes se sont intensifiés, les insomnies ont repris le dessus et nombre d’autres symptômes sont réapparus. C’est à ce moment-là, en 2010, que j’ai décidé de chercher d’autres méthodes que celles que j’avais déjà mises en place pour gérer l’anxiété. J’ai contacté une thérapeute TCC (Thérapie cognitive et comportementale), mais elle voulait que je me déplace chez elle pour les séances alors que je n’arrivais plus à conduire ma voiture. J’ai essayé les plantes et plein d’autres choses, mais ça ne donnait rien. Puis, j’ai trouvé la méthode de Geert et c’est elle qui m’a donné les clés pour comprendre pourquoi mon état d’alerte se maintenait. J’ai compris que:

1. je consommais des substances qui produisaient des symptômes (=des états physiologiques) semblables à ceux de l’état d’alerte
2. j’avais un discours interne qui maintenait mon état d’hypervigilance
3. j’avais pas utilisé la bonne stratégie pour gérer mon état d’alerte (j’ai voulu aller beaucoup trop vite sans avoir les bons outils pour le faire)
4. je manquais cruellement d’outils pour gérer les angoisses (=pour les prévenir, pour les stopper quand elles sont là et pour éviter qu’elles ne maintiennent après avoir été exposée à des événements stressants)

Ce sont ces clés qui m’ont permis de comprendre comment se déclenche notre état d’alerte, comment il se maintient, comment le stopper (=le gérer) lorsqu’il est au maximum et comment analyser une situation dans laquelle l’état d’alerte s’est déclenché.

J’ai compris qu’il fallait être très méthodique dans la mise en place des stratégies pour gérer notre état d’alerte (surtout que notre état d’alerte se déclenche souvent vraiment plus vite lorsqu’on est passé par la case médication psychiatrique).
J’ai également compris qu’il fallait que je modifie mes stratégies si elles ne m’apportaient pas les résultats escomptés. Depuis lors, je n’ai plus eu une seule attaque de panique, car j’ai réussi à mettre en place des techniques pour gérer chacun des aspects du circuit de la peur (circuit de l’état d’alerte).

La première chose que j’ai dû faire, c’est briser le cercle vicieux qui m’avait replongée dans cette énorme vague de symptômes. Comment j’ai fait?

1. Je ne me suis plus exposée à des situations extrêmement stressantes, car il fallait que je fasse « redescendre ma physiologie » (=le niveau d’état d’alerte).

2. J’ai arrêté de fonctionner avec ma tête et j’ai commencé à écouter mon corps (=j’ai arrêté de me dire: il faut, il faut, il faut absolument que j’arrive à faire si ou à faire ça comme je le faisais avant, j’ai commencé à me dire: bon, ton corps surréagit à quelque chose, il va falloir que tu l’écoutes et que tu y ailles à son rythme).

3. J’ai écouté les conseils d’une personne qui était passée par là et qui s’en était sortie et j’ai mis ses conseils (techniques, stratégies,…) en pratique avec conviction.

Briser le cercle vicieux qui maintient l’intensité des symptômes à un niveau ++++

Le cercle vicieux prend la forme suivante:

(a) Une Menace qui déclenche:
(b) Un état d’alerte (= physiologie qui s’active = symptômes). On commence à avoir:
(c) Peur de ces symptômes. Le fait d’avoir peur de ces symptômes envoie un signal à l’organisme qui lui dit attention, je suis dans cet état d’alerte, cela veut dire qu’il y a:
(a’) Une menace. Cette menace augmente le niveau de
(b’) L’état d’alerte ce qui provoque une augmentation de l’intensité des symptômes (parce qu’on a peur d’eux et que le simple fait d’avoir peur d’eux augmente le niveau d’alerte puisque nous les identifions comme une menace et que lorsqu’il y a menace (quelle qu’elle soit) l’organisme se met en état d’alerte). Comme l’intensité des symptômes augmente encore d’un cran, on a encore plus:
(c’) Peur de ces symptômes

On va donc briser ce cercle vicieux à plusieurs niveaux:

1. au niveau de la menace (a), en ne s’exposant plus (pour le moment) aux situations ultrastressantes

2. au niveau de la physiologie (b), de l’état d’alerte. Comment faire?
– en évitant de consommer les substances qui déclenche cet état physiologique d’alerte (aspartame, glutamate (E621), caféine, alcool, gaz carbonique (pour certains), sucre, boissons énergisante, etc…)

– en utilisant des techniques pour calmer notre physiologie (= on va envoyer, à notre organisme, un signal contraire à celui qu’il reçoit: au lieu de recevoir des signaux externes et internes qui lui disent qu’il y a une danger et qu’il faut lancer l’état d’alerte, nous allons lui envoyer des signaux externes et internes qui lui disent que la situation est paisible). Pour envoyer ces signaux d’apaisement à notre physiologie, on va mettre en place diverses techniques (technique de respiration, relaxation, cohérence cardiaque, sophrologie, bains chauds, massages, méditation, yoga, ….). Pour prendre un exemple avec les techniques de respiration: en respirant à un certain rythme, nous allons pouvoir envoyer un message à notre corps. En effet, lorsqu’on est en état d’alerte, la respiration se fait rapide. Cette fréquence respiratoire rapide va envoyer un signal au système circulatoire, elle va lui indiquer que quelque chose se passe et que lui aussi il devrait s’activer un peu plus. Alors le système circulatoire s’active et pulse le sang plus rapidement pour alimenter les muscles. Le système musculaire reçoit alors plus de sang et il se dit qu’il doit se passer quelque chose puisque le système circulatoire lui envoie plus d’oxygène et de nutriment. Il s’active à son tour et tends tous les muscles. Et ainsi de suite: lorsqu’un système se met en état d’alerte, alors par effet domino, les autres ne mettent pas longtemps à se mettre dans le même état pour être « en accord » avec ce qui se passe dans le reste de l’organisme. On comprend comment envoyer un signal d’alerte à notre organisme. Mais ce qu’on oublie souvent, c’est qu’on peut envoyer un signal d’apaisement de la même manière ;). Ainsi en utilisant des techniques de respiration qui apaisent l’organisme, on peut envoyer un signal d’apaisement à tous les systèmes de notre organisme: une respiration lente et calme enverra au système circulatoire un message qui dit: je respire calmement parce que tout est ok, accorde ton rythme au mien pour qu’on produise la physiologie adéquate à la situation.
Souvent, lorsqu’on commence à apprendre de techniques de respiration, on a l’impression que nos symptômes s’aggravent et que l’état d’alerte s’intensifie. Ce qui se passe, c’est que chacun des systèmes identifie un changement dans l’environnement: tout à coup, on passe à une respiration inconnue. Du temps que les systèmes réalisent que cette nouvelle fréquence respiratoire n’est pas une menace (ils ont tellement pris l’habitude de considérer n’importe quel changement comme étant une menace, qu’il leur faut un petit moment pour réaliser que ce n’en est pas une ;)), il se passe donc un petit laps de temps au cours duquel les systèmes intensifient leur activité avant de la réduire en constatant que c’est un signal d’apaisement et non un signal d’alarme.

en pratiquant une activité physique modérée, car cette dernière va envoyer un signal à votre organisme qui lui dit que tous ces systèmes fonctionnent bien et en harmonie. L’activité physique modérée est un bon moyen d’envoyer un signal d’apaisement à l’organisme (par l’activité physique notre organisme constate que ces systèmes sont fonctionnels). Par ailleurs, l’activité physique est un bon moyen de reprendre contact avec nos sensations corporelles que nous avons si souvent fuies et/ou fait taire. Je reparlerai de lien corps-esprit plus tard.

3. au niveau de la cognition, du dialogue interne (c): Pour briser le cercle vicieux, il est important d’avoir un discours interne positif: ne plus voir les symptômes de l’état d’alerte comme les manifestations de graves dysfonctionnements de notre organisme. Il est important de voir ces symptômes pour ce qu’ils sont: les manifestations de notre système d’alerte: c’est notre organisme qui se met dans un état pour combattre ou pour fuir une menace (ours, ouragan, etc…). On va alors essayer de voir s’il y a une réelle menace externe (pour reprendre l’exemple de ma situation: oui, il y avait une menace externe (a): prendre l’avion alors que cela faisait des années que je ne l’avais plus pris. Est-ce que maintenant (des mois après) cela constitue toujours une menace? Non, cela fait des mois que j’ai « vaincu » cette menace (=que j’ai pris l’avion sans encombre). Par conséquent, le discours interne que je peux me tenir est: « cela fait longtemps que la menace a été vaincue. J’ai été hyperforte et je peux être fière de moi d’avoir réussi à prendre l’avion alors que ce n’était pas le moment (trop tôt, j’ai sauté trop d’étapes 😉 ) et que je n’étais pas armée des outils nécessaires pour le faire (technique de relaxation pour détendre ma physiologie, technique cognitive et comportementale pour gérer la montée de l’état d’alerte et théorie pour comprendre les mécanismes du circuit de la peur). Je ne dois plus me voir comme quelqu’un d’incapable, de malade, de stupide ou d’inutile (dialogue interne négatif), je dois plutôt me voir comme quelqu’un de très capable qui a su gérer cette grosse épreuve (voyage en avion non préparé (au niveau gestion des symptômes)) avec les moyens du bord. Je dois me voir comme quelqu’un en bonne santé, dans le sens où mon système d’alerte est fonctionnel ;), je dois me voir comme quelqu’un d’intelligent, parce que j’ai compris que ces symptômes n’étaient pas la manifestation d’une maladie mentale, mais uniquement la manifestation de mon état d’alerte. Je dois également me voir comme quelqu’un d’intelligent, parce que j’ai su m’adapter en cherchant des moyens de modifier mes stratégies lorsque les résultats que j’obtenais ne me convenaient pas. Etc…
Croire en soi, en ses capacités. Se sentir fort et invicible et interpréter les signaux d’alerte envoyés par notre corps pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des signaux d’alerte, et pas pour ce qu’ils ne sont pas (ce ne sont pas des manifestations d’un dysfonctionnement profond de notre organisme), permet de percevoir les manifestations de l’état d’alerte autrement: de ne plus les voir comme une menace! Et lorsqu’on arrive, mentalement, à se dire et à croire au plus profond de nous-mêmes que ces manifestations ne sont pas une menace, alors on brise le cercle vicieux.

En effet, le cercle vicieux se brise lorsqu’on ne perçoit plus nos symptômes comme des menaces

Cercle vicieux de la peur:

(a) Menace => (b) état d’alerte => (c) peur de cet état d’alerte (parce que vu comme une menace (a’)) => (b’) augmentation du niveau du niveau d’état d’alerte (=intensification des symptômes) => (c) peur de cette augmentation de l’intensité des symptômes = la menace augmente (a’) => augmentation (encore) de l’état d’alerte (b’)…et on tourne en boucle dans ce cercle vicieux: on auto-alimente notre état d’alerte et c’est ce qui maintient nos symptômes.

Cercle vicieux brisé:

(a) Menace => (b) état d’alerte => (c) je n’ai pas peur de ces symptômes (pour l’organisme, cela lui envoie le message: il n’y a pas de menace) => le niveau d’alerte redescend => l’intensité des symptômes diminue… => le cercle vicieux est brisé, parce qu’on auto-alimente plus notre état d’alerte et par conséquent, les symptômes se mettent à diminuer, pour finir par disparaître.

Les points à retenir:

L’organisme accorde sa physiologie avec la situation qu’on vit: si on vit une situation externe stressante (séparation, difficultés familiales, difficultés professionnelles, ondes wifi, environnement bruyant, etc..), il va se mettre en état d’alerte. Si on vit une situation interne stressante (des substances qui stressent les systèmes de notre organisme (aspartame, E621, caféine, médicaments psychiatriques, substances qui agissent sur le système nerveux, problème au niveau de la flore intestinale, douleurs, changements hormonaux, …), il va se mettre en état d’alerte pour nous signaler qu’il se passe quelque chose de pas clair et qu’il serait bien qu’on modifie quelque chose pour que ces facteurs qui stressent notre physiologie soient enrayés.

L’organisme accorde sa physiologie avec ce qu’on « pense » de nos symptômes! Si vous pensez que vos symptômes sont une menace, alors votre organisme va se mettre en état d’alerte et vous allez lancer le cercle vicieux de la peur. Si vous pensez que vos symptômes sont les manifestations d’un état physiologique particulier (ici, l’état d’alerte) et que vous savez (que vous pensez) que cet état n’est pas une menace, alors votre physiologie va s’accorder avec ce constat: il n’y a pas de menace, je peux descendre l’état d’alerte.

– Plus généralement, l’organisme accorde sa physiologie avec ce qu’on pense de nous-mêmes, de notre existence, de nos capacités, …! Si vous pensez que vous avez une maladie grave, alors votre organisme va accorder votre physiologie avec cette croyance. Si vous pensez que votre existence est déprimante et que vous allez échouer dans tout ce que vous faites, alors votre organisme va accorder votre physiologie avec cette pensée: vous allez déprimer et vous allez souvent échouer…

Souvent nous oublions le fort lien bidirectionnel (la boucle) qui existe entre notre tête et notre corps. Nous sommes un tout et l’état de notre organisme agit sur notre mental (nos pensées, etc…) et l’état de notre mental agit sur notre organisme.

Pour prendre un exemple,
– Lorsque nous sommes cloués au lit avec la grippe (=notre organisme, cloué au lit, est limité dans ses mouvements et ses actions), alors souvent notre mental chute (=on déprime un peu parce qu’on ne peut pas faire ce qu’on avait prévu de faire: notre mental « sent » que notre organisme est diminué).
– Lorsque nous appréhendons négativement une situation future (une réunion importante, un examen, etc…), lorsque nous pensons que ça va mal se passer, nous nous sentons moins bien: quelques tensions apparaissent dans notre dos, une boule commence à se former dans notre gorge, notre ventre se noue, on a moins faim, etc… Notre organisme modifie son fonctionnement en fonction de ce que nous pensons d’une situation.

Notre organisme modifie son fonctionnement en fonction de ce que nous pensons et nos pensées (notre état mental) se modifie en fonction des situations physiques que nous vivons. C’est normal et c’est ce qui nous permet de vivre et de nous adapter à chaque situation que nous rencontrons. Le problème, c’est quand nous laissons ce processus partir en cercle vicieux. En effet, si notre organisme modifie son état physiologique pour s’adapter à une situation stressante (un stress au travail par exemple), et que nous interprétons  cette modification physiologique comme la marque d’une maladie mentale (au lieu de d’interpréter ces modifications physiologiques comme les manifestations de l’état d’alerte qui nous signifie que quelque chose dans notre environnement menace notre organisme), alors on peut vite partir dans un cercle vicieux qui va entretenir (auto-alimenter) notre état physiologique d’alerte. En effet, si nous interprétons ces changements physiologiques comme étant des manifestations d’un problème interne chez nous (=une maladie mentale) plutôt que d’un problème externe (= mon environnement de travail est stressant), notre mental va s’activer à modifier notre état interne pour le faire correspondre à ce qu’on pense: On pense qu’on a une maladie mentale, alors notre organisme va commencer à en manifester les symptômes. Et plus on aura de symptômes, plus on va penser qu’on a réellement une maladie mentale…

Maladie mentale ou effets secondaires des médicaments psychiatriques?

Le lien cognition (=pensées, réflexion, jugement, croyance, valeurs, attente, mémoire, attention, …) organisme (physiologie, métabolisme, biologie, comportement, etc..) est très important et c’est souvent ce que nos sociétés modernes oublient lorsqu’elles tentent de « soigner la maladie mentale »: elles oublient que nous ne sommes pas qu’une physiologie, mais nous sommes également un mental, un esprit, des pensées. En nous prescrivant des médicaments psychiatriques pour faire taire notre physiologie, elles oublient que ce n’est pas en clouant notre organisme « au lit » qu’on peut faire taire nos pensées. Par ailleurs, en forçant l’organisme, à grands coups de substances chimiques, à plonger dans un état physiologie donné, elles orientent nos pensées. En effet, l’organisme qui est entravé dans son fonctionnement par ces substances va envoyer un signal d’alarme dès qu’il pourra. Ce signal d’alarme prendra la forme de manifestations physiologiques. Les firmes pharmaceutiques et les psychiatres appelleraient certainement ces manifestations: des effets secondaires des médicaments ou la manifestation de la maladie mentale de leur patient. Pour moi, ces manifestations physiologiques, ces effets secondaires qui apparaissent lorsqu’on prend des médicaments psychiatriques sont bel et bien des signaux physiologiques qui nous indiquent qu’il y a quelque chose qui entrave notre organisme, qu’il y quelque chose qui le menace.

Nous allons ressentir ces symptômes et nous allons commencer à les interpréter (notre esprit va tenter de comprendre ce qui se passe afin de pouvoir adapter nos pensées à notre état physiologique et notre état physiologique à nos pensées). Souvent on ne va pas interpréter correctement ces signaux d’alerte. On va se dire que cet état nauséeux, cette migraine, ces pensées étrangères, cette fatigue, cette aggravation de l’humeur dépressive, cette intensification de l’anxiété, qui sont apparus quelques temps après les premières prises des médicaments sont le signe qu’on a vraiment un problème, alors qu’on aurait du interpréter correctement ces signaux en se disant: se sont les substances chimiques que me donnent le psychiatre qui produisent ces symptômes et me rendent malade. En interprétant mal les signaux physiologiques que nous envoie notre organisme: en se disant que ces manifestations physiologiques sont les signes d’une maladie mentale plutôt que le résultat de l’action des substances psychiatriques sur notre physiologie, on se maintient dans un cercle vicieux où tous les symptômes (état de l’organisme) produits par les médicaments sont interprétés (cognition) comme les signes d’un trouble grave, comme les preuves qu’on a une maladie mentale.

 

Pourquoi plusieurs mois après l’arrêt des médicaments mes symptômes sont-ils toujours si intenses?

Pourquoi est-ce que des mois après l’arrêt des médicaments, mes symptômes sont-ils toujours si intenses? Je fais beaucoup d’efforts pour vaincre mes crises d’angoisses et mes attaques de panique, mais ces symptômes persistent? Cela me remplit de haine…

Jusqu’à maintenant, il me semble que ta colère, ta haine et ta peur t’empêchaient d’utiliser les magnifiques capacités que tu as en toi. Tu avais tellement de colère en toi, que tu étais comme aveuglé et paralysé, ce qui t’empêchait d’avancer.

Il me semble qu’aujourd’hui, tu as franchi un cap: tu as accepté de laisser un peu ta colère de côté et d’utiliser ton énergie pour avancer. Lorsqu’on te lit, on sent que tu essaies de canaliser ton énergie pour qu’elle te serve pour avancer et non plus pour qu’elle sorte en colère et en haine contre tout ce qui t’entoure…

Je suis passée par cette étape cruciale où on comprend qu’on ne peut plus haïr tout le monde pour ce qui nous arrive et qu’il serait mieux de d’utiliser cette violente haine qui nous prend pour construire quelque chose plutôt que pour détruire les seules choses qui nous restent.

Comme tu sembles aimer savoir comment j’étais après 2 ans de post-sevrage, je vais utiliser mon vécu pour t’expliquer comment j’ai avancé: comment j’ai transformé ma haine en force de vie …

J’ai terminé mon dernier sevrage de manière brutale en été 2008, mais en 2010, je faisais face à une grande vague de symptômes d’angoisse atroces. Ces symptômes étaient tellement intenses, que j’ai cru que quelque chose était foutu en moi et que ce quelque chose, je ne pourrai jamais le réparer. Comme je l’ai déjà expliqué, je subissais plusieurs attaques de panique par jour (et même la nuit). J’étais incapable de franchir le seuil de ma porte sans être victime de vertige, sans avoir le coeur qui bat à 100 à l’heure, sans avoir la nausée et sans avoir la diarrhée… Bref, je me sentais mourir plusieurs fois par jour, comme si un disjoncteur pétait et que mon cerveau et mon corps se mettaient à dérailler…
Bien plus tard, lorsque j’ai à nouveau été capable de lire, d’apprendre et de comprendre les choses, j’ai appris que c’était simplement le circuit de la peur qui s’était mis en boucle et qui marchait à fond la caisse. Lorsqu’on a trop peur (sentiment), notre organisme ne descend plus son système d’alerte, il est en alerte rouge 24h sur 24. Et quelles sont les conséquences de cet état d’alerte qui se maintient pendant des jours et des jours, puis pendant des mois et des mois, eh bien, ce sont des symptômes comme:
– des vertiges (à cause des décharges d’hormones de stress),
– des essoufflements (le système respiratoire fonctionne à plein pratiquement en continu pour être sûr que les muscles de l’organisme soient bien oxygénés et ainsi prêts à faire face à la menace), cette suroxygénation provoque elle aussi des vertiges
– une fréquence cardiaque haute (pour que l’organisme soit prêt à agir contre la menace, le coeur pompe fort pour envoyer du sang oxygéné (et plein d’hormones du stress (adrénaline, cortisol, épinephrine, …) à tous les organes
– augmentation de la température corporelle (avec toute cette activité (sanguine, respiratoire, hormonale, ….) le corps se réchauffe)
– dépersonnalisation et déréalisation (à cause de tous ces changements physiologiques qui modifient nos sensations corporelles et nos perceptions en vue de nous préparer à un « combat à mort »). Ces deux symptômes se produisent plus particulièrement lorsque nos systèmes sont au maximum)

Comme l’organisme est en état d’alerte quasi permanente, qu’il fait fonctionner tous ses organes et ses systèmes à haut régime, rien d’étonnant à ce qu’il ne lui reste plus beaucoup d’énergie pour faire une activité comme marcher 100 mètres ou décharger du bois …

Par ailleurs, la colère est un des moyens qu’utilise l’organisme pour décharger ce surplus d’énergie stocké pendant l’état d’alerte. En effet, lorsque tu demandes à des personnes de se mettre en état d’alerte pendant des semaines et de semaines, mais qu’il ne se passe aucun événement sur lequel elles pourraient agir, alors, elles commencent à être nerveuses et à « décharger leurs nerfs » sur les personnes qui les entourent. Je ne sais pas si tu as déjà vu des films où tout un équipage est en état d’alerte maximal parce qu’ils savent qu’un menace plane sur eux et qu’ils doivent se tenir prêts! Si pendant plusieurs jours, ils ne voient pas l’ennemi, alors ils commencent tous à péter les plombs et à se battrent entre eux ou à faire des choses stupides. Pourquoi font-ils ça? Parce qu’ils ont besoin d’agir, de faire quelque chose. Ils sont remontés à bloc, leurs organismes sont remontés à bloc, par l’état d’alerte et il arrive un moment où, ils ont besoin de décharger cette énergie et d’agir pour faire disparaître cette menace.
Normalement, notre organisme est fait pour se mettre en état d’alerte face à un danger réel (ours, ouragan, canon d’un fusil pointer sur nous, etc…). Notre corps se met en état d’alerte de sorte que tous nos systèmes et nos organes puissent agir pour mettre la menace hors d’état de nous nuire. Face à un animal féroce qui nous attaque, nos muscles reçoivent plein d’oxygène et se gorgent de sang pour nous permettre de nous battre ou de fuir. Nos organes, dont notre cerveau, reçoivent une décharge d’adrénaline pour que nous ne sentions pas la douleur si nous sommes blessé lors du combat ou pour que nous ne ressentions pas la fatigue (musculaire et autres) si nous courrons comme des dératés pour fuir la menace…

Comment ce système fonctionne-t-il pour nous qui sommes en mode ultravigilance après l’arrêt des médicaments psychiatriques?

Eh bien, revenons d’abord un peu en arrière. Lorsqu’on prenait des médicaments psychiatriques qui jouaient sur ce fameux circuit de la peur (Menace => organisme se met en état d’alerte => il se prépare à l’action => il agit pour sauver sa peau), ces produits empêchaient notre organisme de se mettre en état d’alerte. Le problème, c’est que ces produits ne faisaient pas disparaître la menace.
Par conséquent, comme la menace était toujours présente, le cerveau la repérait et faisait tout pour essayer de mettre en marche l’état d’alerte de l’organisme. Et nous que faisions nous lorsqu’on commençait à sentir les signes physiologiques de la peur (=l’état d’alerte), on reprenait un cachet pour faire taire cet état d’alerte.

Que ce passe-t-il une fois qu’on stoppe la médication psychiatrique qui contient l’état d’alerte?

Eh bien, tout notre équipage qui était à fond en état d’alerte au fond de la cave de notre cerveau et qui ne pouvait pas agir (car réprimé par les médicaments) se met au branle bas de combat et active tous les systèmes d’alerte. Le problème, c’est que l’équipage se pensent en temps de guerre. C’est comme s’il avait vécu 10 ans de guerre, mais au fond de son sous-marin. Il sait qu’il est en guerre, parce qu’il y a 10 ans en arrière quand on l’a envoyer se battre, il y avait la guerre (une menace planait sur lui et sur son pays). Mais comme ses écrans radars ont été brouillés pendant 10 ans par les médicaments, lorsqu’il refait enfin surface (lorsqu’on enlève les médicaments), il est en état d’alerte maximum depuis des années et il veut en finir avec cette menace qui lui tue les nerfs depuis 10 ans. Le problème est que le sous-marin fait surface dans une mer calme et plusieurs années après que la guerre se soit terminée. Il n’y a donc plus d’ennemi à combattre. Le problème est que l’équipage n’en a pas conscience et qu’il se refuse à baisser l’état d’alerte de peur de se faire prendre en embuscade par cet ennemi invisible….

Lorsque nous sortons de la médication et plus particulièrement lorsque nous faisons surface rapidement (sevrage rapide, brutal), nous sommes comme le sous-marin qui fait surface et qui est en état d’alerte maximal. Tout notre organisme est en état d’alerte de peur de rencontrer cet ennemi invisible contre lequel il n’a pas pu agir (pas pu se défendre) depuis des années.

Que faut-il faire pour faire comprendre à l’équipage qu’il peut baisser l’état d’alerte?

Comme cela fait 10 ans que ces systèmes fonctionnent à plein régime, il est important d’en contrôler l’état (visite chez le médecin pour contrôler le fonctionnement de tous les organes ;)) et d’ensuite de les aider à faire descendre leur régime. De plus, il est important de faire comprendre à notre équipage qu’on n’est plus en état de guerre et que la menace a été neutralisée.

Comment faire baisser le niveau d’alerte?

En agissant sur le système de la peur (système qui lance l’état d’alerte), en brisant le cercle vicieux:

Système de la peur qui fonctionne normalement:
Menace => état d’alerte => Combat ou fuite => disparition de la Menace

Système de la peur qui fonctionne en cercle vicieux:
Menace => état d’alerte => les manifestations de l’état d’alerte (essoufflements, vertiges, nausées, fréquence cardiaque élevée, dépersonnalisation et/ou déréalisation, …) qui sont perçues comme des menaces => augmentation du niveau de l’état d’alerte => ….

Lorsque le système de la peur part dans un cercle vicieux (ce qui arrive très souvent lorsqu’on arrête les médicaments psychiatriques qui le bâillonnaient depuis des années), alors la menace n’est plus seulement perçue comme externe (un ours, un ouragan, une situation professionnelle stressante, une séparation, un décès, un déménagement, n’importe quel changement stressant, n’importe quelle situation stressante), mais la menace est aussi perçue comme interne: les manifestations de l’état d’alerte de l’organisme sont perçues comme des menaces (essoufflements, sueurs, fréquence cardiaque qui augmente, bouffée de chaleur, nausées, vertiges, déréalisation, dépersonnalisation, etc…). Ainsi, les manifestations de cet état d’alerte qui devrait nous permettre de faire face à la menace externe, deviennent, à nos yeux, la menace…

On a peur de notre état d’alerte, alors que celui-ci est un état sain qui nous permet de faire face au danger. En ayant peur de notre état d’alerte, on augmente encore notre état de vigilance et nos systèmes se mettent à tourner à fond jusqu’à monter à l’état d’alerte maximal, c’est l’attaque de panique suivie de l’anxiété généralisée. L’attaque de panique vous signale que vos systèmes de défense sont à fond: ils sont prêts à défoncer la gueule de l’ours qui vous attaque ou à fuir à une vitesse inhumaine l’ouragan qui arrive sur vous. Mais, comme rien de tel ne se passe (qu’il n’y a pas de réelle menace vitale), votre corps ne peut pas décharger, sur une menace, toute cette énergie emmagasinée. Alors, cette énergie se décharge comme elle peut: colère, rage, pleurs, etc… Bien évidemment, comme après un combat réel contre un ours, on est épuisé, lessivé, vermoulus de crampes musculaires, vidé intérieurement, … La différence, c’est que ce n’est pas une vraie menace (ours, fusil, …) qui a déclenché notre état d’alerte, mais c’est notre propre peur des manifestations de l’état de l’alerte (fréquence cardiaque qui augmente, etc…) et qu’on n’a pas pu utiliser cet état d’alerte pour combattre la menace, puisque la menace (pour nous), c’est notre état d’alerte.

Je pense que tu commences à entrevoir où il va falloir intervenir pour briser le cercle vicieux.

Comment briser le cercle vicieux?

Il est possible de travailler à plusieurs niveaux pour briser le cercle vicieux:

1. Au niveau de la « menace ». Lorsque votre sous-marin refait surface, la menace originelle, celle qui a la plupart du temps été à l’origine de la prescription du médicament psychiatrique est soit depuis longtemps passée, soit est toujours présente et non gérée. Dans le premier cas, il va falloir informer votre équipage que la menace n’est plus là. Dans le deuxième cas, il va falloir mettre en place des moyens pour gérer cette menace et cette fois, il ne faudra pas choisir la médication psychotrope.

2. Au niveau des manifestations de l’état d’alerte = les symptômes. Pour pouvoir faire baisser l’intensité de vos symptômes et pour pouvoir les faire disparaître, il va falloir travailler sur les causes de ces symptômes:

  • Travailler sur le déclencheur: La cause originelle, la première cause, nous l’avons vu, est la présence d’un élément que votre organisme identifie comme une menace pour sa survie ou son intégrité. C’est cette identification par votre organisme d’un élément comme étant une menace qui va déclencher le circuit de la peur. La première chose à faire est donc de travailler à éliminer ce déclencheur (si vous pouvez le faire). En effet, la personne dont le déclencheur est un environnement de travail toxique pourra par exemple changer de travail ou parler avec son supérieur des problèmes qu’elle rencontre. En modifiant ses conditions de travail, la personne pourra certainement désamorcer le déclencheur et/ou le supprimer. Par contre, si le déclencheur de la personne est le décès de l’un de ses proches, alors il sera difficile pour elle de supprimer ce déclencheur. Ici, elle devra plutôt chercher du soutien et apprendre comment faire son deuil (c’est un vrai processus qui s’apprend).
  • Travailler sur les facteurs de maintien (=travailler sur les facteurs qui maintiennent l’état d’alerte). Quels sont-ils?
    1. les facteurs physiologiques
    2. les facteurs cognitifs (pensée, croyances, la mémoire, l’attention,…)
    3. les facteurs environnementaux

Courage, continue à avancer comme tu le fais. Même si tu ne vois pas de résultat pour le moment, continue à te battre, car sur le long terme, ça va payer!
Reprendre le contrôle de sa physiologie prend du temps, car il faut répéter et répéter encore les mêmes actions et les mêmes pensées jusqu’à ce que l’organisme les réintègre. C’est un marathon de longue durée…

Tu sais ce qu’est un entraînement de foot et tu sais que lorsqu’on débute, qu’on est novice, on est loin de maîtriser le ballon et c’est plutôt lui qui nous mène par le bout du nez. Lorsque tu as débuté le foot, tu n’arrivais certainement pas à faire des passes parfaites, des shoots magnifiques et des dribbles idéaux. Il t’a fallu répéter encore et encore tous ces gestes pour qu’au bout de plusieurs années ils deviennent faciles et « normaux » à réaliser.

Pour réapprendre à faire fonctionner sa physiologie, c’est pareil: on débute tout en bas de l’échelle et on répète les mouvements inlassablement jusqu’à ce qu’on les maîtrise. La grosse difficulté ici, c’est de ne pas baisser les bras parce qu’on doit tout réapprendre des mouvements qu’on maîtrisait facilement et sans effort il y a encore quelques années. Je sais que c’est dur de repartir à zéro et de devoir presque tout réapprendre comme un jeune enfant. C’est frustrant et énervant et c’est certainement pour cela que nombreux sont ceux qui baissent les bras avant même d’avoir commencé leur rééducation physiologique.
Et oui, il s’agit bien de cela: d’une rééducation complète des fonctions physiologiques et cognitives: on repart à zéro et c’est très frustrant et perturbant. Nous sommes comme la personne qui a eu un terrible accident et qui a eu les deux jambes polyfracturées et qui va passer des mois et des mois en rééducation pour retrouver l’usage de ses jambes.
Pour elle qui savait marcher et courir et qui utilisait ses jambes sans y penser, elle va devoir s’armer de patience, car elle va devoir commencer par répéter quotidiennement des exercices frustrants, comme bouger les orteils, tout en sachant que ce n’est pas le fait de pouvoir bouger ses orteils qui va lui permettre de marcher comme avant.
Si elle se décourage à cette première étape parce qu’elle n’obtient pas le résultat qu’elle voulait et qu’elle se dit qu’elle est foutue, que ses jambes sont flinguées et qu’elle ne retrouvera jamais ses capacités physiques d’avant, alors oui, il est clair qu’il y peu de chances qu’elle parviennent à remarcher. Par contre, si elle voit en chaque mini-avancée une victoire et qu’elle s’investit corps et âme, et sans douter, dans chaque étape de sa rééducation en faisant ses exercices à fond, alors elle se donne toutes les chances de parvenir à retrouver ce que son accident lui a volé: sa capacité à marcher et à courir!!

Courage, ne lâche rien, ça va payer!

 

Gaz carbonique, sucre, anxiété, peurs irraisonnées et pensées intrusives

N. est en post-sevrage depuis 14 mois (bromazépam, un anxiolytique de la classe des benzodiazépines, arrêté en juin 2014, citalopram, un antidépresseur de la classe des ISRS, pris pendant 13 ans et arrêté en juin 2015). Elle explique:

[14 mois après l’arrêt des médicaments psychoactifs], il ne me reste que cette anxiété avec peur et pensées intrusives, je suis toujours hyper active mais j’ai repris du poids j’ai encore du mal a me préparer à manger j’ai perdu le plaisir de cela donc je mange parce qu’il faut c’est tout. Je pense que mon alimentation est mauvaise je suis adicte au sucre et aux bulles j’ai tout de meme arreté le coca que j’ai remplacé par le perrier avec du sirop de citron j’en bois énormément

L’alimentation joue un rôle énorme dans l’apparition de l’anxiété. Et dans ce post, tu as déjà cité deux aliments qui peuvent poser problème:
– le sucre
– les bulles: le gaz carbonique (= CO2 = dioxyde de carbone) contenu dans les boissons gazeuses

D’où mon premier conseil:
Supprime les boissons gazeuses et limite fortement le sucre!
Il convient également de supprimer toutes les substances qui rendent notre système nerveux hyperactif et donc qui peuvent déclencher de l’anxiété, des peurs et des pensées intrusives: aspartame, monosodium glutamate (=E621), caféine, théine, nicotine, boissons énergisante, alcool, …

Des études ont montré que l’on pouvait déclencher des attaques de panique en faisant inhaler du gaz carbonique à de personnes neurobiologiquement vulnérables à ce gaz. Voici un extrait:

Une autre base des approches d’explication biologique présente des recherches sur le déclenchement expérimental de la panique au moyen de différentes substances biochimiques. Dans de telles « inductions expérimentales de la panique », il a pu être observé que les patients sujets à la panique réagissent différemment des personnes non sujettes à la panique à des substances biochimiques particulières (lactate de sodium, concentration augmentée des dioxydes de charbon (=CO2)). De là, l’hypothèse a été déduite que de telles substances peuvent déclencher des attaques de panique par un automatisme biologique chez les personnes vulnérables. Il a pu être montré par exemple que l’infusion de lactate de sodium peut déclencher des attaques de panique chez les patients sujets à la panique. Les mécanismes qui déclenchent cet effet de panique ne sont toutefois pas clarifiés. Des attaques de panique peuvent également être déclenchées en laboratoire par une concentration augmentée de gaz carbonique (CO2) dans l’air.

Source: Troubles anxieux, Etiologie et analyse du dysfonctionnement. Rosalind Lieb & Hans-Ulrich Wittchen. In : Lehrbuch Klinische Psychologie – Psychotherapie Hg. M. Perrez & U. Baumann (S.905-924). Huber Verlag : Bern, 2005. Accès: http://commonweb.unifr.ch/artsdean/pub/gestens/f/as/files/4660/10839_140016.pdf

Il me semble que comme notre système nerveux a été rendu plus sensible à la suite de la prise de et l’arrêt des médicaments psychotropes, cela nous rend plus vulnérables à ces substances (CO2, aspartame, E621, …) et donc plus vulnérables aux attaques de panique, à l’anxiété, à la peur, à la dépression, etc…

Nous devons donc être vigilants à notre alimentation et à notre environnement et veiller à ce qu’ils ne contiennent pas de substances qui puissent hyperactiver notre système nerveux déjà affaibli par la prise de médicaments psychoactifs. Au niveau alimentaire, cela passe par la suppression de certaines substances (aspartame, gaz carbonique, monosodium glutamate, alcool, caféine, …).

En ce qui concerne le sucre: le Docteur David PERLMUTTER explique, dans son livre intitulé Ces glucides qui menacent notre cerveau, les problèmes que peut engendrer la consommation de sucre.

Quelques extraits de la préface du livre écrite par Henri Joyeux:

Mon collègue Américain, David Perlmutter, a la double compétence, la neurologie et la nutrition. C’est donc le cerveau qui le passionne.
[…]
Votre cerveau ne dépend non pas de vos gènes, mais de la façon dont vous l’entretenez par votre alimentation. Il a besoin d’être protégé. […] Entretenir votre voiture et lui donner une mauvaise essence serait aberrant. En général on ne va pas très loin. C’est malheureusement ce que nous faisons avec notre alimentation, faite de grignotages, de gavage sans mastiquer, de sandwiches toxiques aux goûts « enrichis » pour que nous en reprenions.
[…]
Trop de sucre atrophie le cerveau. « Plus vous êtes gros plus votre cerveau est petit! ». Vous comprendrez dans ce livre pourquoi les sucres liés aux protéines abîment le cerveau et donc les capacités cognitives.

Tout cela pour te dire qu’en apportant quelques changements à notre alimentation, nous pouvons déjà observer une grande différence au niveau de l’anxiété, des peurs et des pensées intrusives.

Je passe toujours en vitesse, mais j’espère arriver à vous donner à tous, les points clés qui vous permettront de trouver des pistes pour mettre en place des stratégies pour gérer les difficultés qui persistent après le sevrage.

Prenez bien soin de vous,
Cordialement,
Carole

Site de David Perlmutter