Les profils d’action différents des molécules

De quoi faut-il tenir compte lors de la substitution?
2. Des profils d’action différents des molécules

Nous nous rappelons que les benzodiazépines possèdent toutes les mêmes propriétés (sédative, hypnotique, anxiolytique, anticonvulsivante, myorelaxante, amnésiante), mais ce qui va les différencier, c’est leur profil d’action, c’est-à-dire dans quelles proportions elles vont déployer ces propriétés. Certaines auront majoritairement une action anxiolytique, alors que d’autres auront majoritairement des actions hypnotique et myorelaxante. Toutes vont combiner les six propriétés dans des proportions différentes et c’est ce qui déterminera leur profil d’action.

Connaissant cela, il faudra faire attention lors de la substitution à bien connaître le profil d’action spécifique des deux molécules qui entrent en jeu: la molécule de départ et la molécule qui va progressivement la remplacer.

Par exemple, le lorazépam (Témesta) qui est utilisé pour son profil d’action principalement anxiolytique et tranquillisant aura moins d’activité hypnotique que le diazépam (Valium). La spécificité d’action du lorazépam est, selon Ashton (citée par Nimmo, 2012), probablement dû à son action de courte durée. Ainsi, par exemple, si une personne absorbe 2mg de lorazépam (Témesta) trois fois par jour, passe directement à 60mg de diazépam (la dose équivalente pour l’anxiété), elle deviendra extrêmement somnolente (Manuel Ashton, 2012, chapitre II), car en plus d’avoir une activité anxiolytique et tranquillisante, le diazépam a une activité hypnotique plus importante que le lorazépam.

Un des moyens pour atténuer les difficultés dues au passage d’une molécule à sa molécule équivalente mais dont le profil d’action est un peu différent, c’est, selon Ashton (2012), d’effectuer le changement que sur une prise à la fois. Cette manière de procéder aide aussi à trouver les doses équivalentes pour chaque individu. De plus, la Prof. Ashton (2012) recommande également de commencer la première substitution par la dose du soir et cette substitution n’a pas toujours besoin d’être totale. Ashton explique que par exemple, si pour le soir la dose de lorazépam (Témesta) est de 2 mg, elle peut, dans certains cas, être changée à 1mg de lorazépam (Témesta) plus 8mg de diazépam (Valium) [alors qu’] une complète substitution pour une réduction de 1mg de lorazépam (Témesta) aurait été de 10mg de diazépam (Valium). Cependant, selon la Prof. Ashton, le patient peut en fait bien dormir avec cette combinaison et il aura déjà effectué une réduction dans ces doses de lorazépam (Témesta), une première étape au programme de sevrage.

De quoi faut-il tenir compte lors de la substitution?

Comment procéder à une substitution?

 

Les doses équivalentes

De quoi faut-il tenir compte lors de la substitution?
1. Des doses équivalentes

Il faut tenir compte des différences de concentration entre les benzodiazépines, c’est-à-dire de leurs doses équivalentes ou équivalences.

En effet, avec une certaine molécule, 1 mg de cette substance suffira à produire les effets prévus, alors qu’avec une autre molécule, aux mêmes propriétés, il faudra utiliser 10 mg de cette substance pour obtenir les “mêmes effets”. C’est ainsi que la concentration en benzodiazépine dans les solutions solides ou liquides (comprimés, gélules, gouttes, solutions buvables,…) peut fortement varier d’un médicament à l’autre.

Par exemple, il faudra utiliser un comprimé contenant une concentration de 20 mg de diazépam pour obtenir les “mêmes effets” qu’un comprimé contenant une concentration de 1 mg d’alprazolam.

A noter que, comme le souligne la Prof. Ashton (citée par Nimmo, 2012), beaucoup de gens ont souffert parce qu’on les avait changés brusquement pour une benzodiazépine différente et moins forte parce que le médecin n’avait pas tenu compte du facteur important de concentration différente.

Attention, comme l’explique la Prof. Ashton (citée par Nimmo, 2012), les équivalences en concentration des benzodiazépines données dans les tableaux d’équivalences sont approximatives et peuvent différer d’un individu à l’autre.

De quoi faut-il encore tenir compte lors de la substitution?

Comment procéder à une substitution?

 

Qu’est-ce que la substitution?

Substituer une molécule par une autre, c’est passer, à l’aide d’un protocole spécifique, d’un médicament à un autre qui lui est « équivalent » mais qui possède des propriétés différentes (demi-vie, forme galénique,…) qui le rendent plus facile à sevrer.

Le passage, de la molécule actuellement prise à cette autre molécule plus facile à sevrer, va s’effectuer progressivement, par étapes judicieuses, en substituant une dose à la fois.

De manière générale:

Il est plus facile de sevrer une molécule à demi-vie longue qu’une molécule à demi-vie courte. Pourquoi?

Notamment, parce que, comme expliqué dans le Manuel Ashton (2012, chapitre II), avec des benzodiazépines à courte-vie telles que l’alprazolam (Xanax) et le lorazépam (Témesta), il est impossible d’obtenir une baisse progressive dans les concentrations sanguines et cellulaires. Ces drogues sont éliminées assez rapidement avec comme résultat des fluctuations importantes de concentrations entre chaque dose. Il serait nécessaire d’absorber les comprimés plusieurs fois par jour et beaucoup de personnes traversent des expériences de « mini-sevrage” ou d’un besoin soudain entre chaque dose.

Il en va de même pour les autres médicaments psychotropes (antidépresseurs, neuroleptiques,…), en effet, les médicaments contenant des substances actives à demi-vie longue sont plus facile à sevrer, étant donné que ces molécules sont moins rapidement éliminées et donc que leur concentration dans le sang reste plus stable dans le temps.

Dans le cas des benzodiazépines, les deux molécules à demi-vie longue généralement utilisées lors de la substitution sont le Lysanxia (prazépam) ou le Valium (diazépam).

Il est plus facile de sevrer une molécule proposée sous forme de gouttes qu’une molécule proposée sous forme de comprimé ou de gélule. Pourquoi?

Parce que, dans la pratique, il est plus facile de faire des diminutions par dosage ou titration avec des médicaments qui se diluent facilement dans un liquide et dont le contenu reste “homogène” (homogène du point de vue des substances actives et des excipients qu’ils contiennent). De plus, les médicaments sous formes de comprimés ou de gélules ne peuvent pas toujours être coupés, écrasés ou ouverts. Ne pas pouvoir écraser ou ouvrir un médicament rend la réalisation des diminutions quasi impossible.

La méthode de sevrage indirect

Le principe de cette méthode est de remplacer la molécule actuellement prise par une molécule qui possède des propriétés similaires, mais qui est plus facile à sevrer. Ainsi, lors d’un sevrage indirect, on ne va pas directement sevrer la molécule actuellement prise, mais on va sevrer la molécule de remplacement (ou molécule de substitution). La technique qui permet de remplacer une molécule par une autre plus facile à sevrer s’appelle la substitution.

Typiquement, une molécule à demi-vie courte va être remplacée par une molécule qui possède les mêmes propriétés psychoactives, mais qui a une demi-vie longue, ce qui la rend plus facile à sevrer.

L’inconvénient de cette méthode est qu’il faut passer par une substitution, mais les avantages de cette méthode sont nombreux. En effet, cette méthode permet, dans la majorité des cas, de pallier aux difficultés rencontrées lors du sevrage direct des molécules à demi-vie courte.

Remplacer une molécule à demi-vie courte par une molécule à demi-vie longue permet :

  • de lutter plus efficacement contre le manque entre les prises et donc de réduire la probabilité d’apparition d’un état d’anxiété.
  • de maintenir la concentration de la substance active beaucoup plus stable dans la circulation sanguine et ainsi de lisser des pics de symptômes.
  • d’administrer la dose journalière en une ou deux prises fixes dans la journée
  • d’avoir accès à des formes galéniques de la molécule plus facile à sevrer, comme des médicaments sous forme de gouttes (voir page 107, pour une définition de la forme galénique).

De plus, dans le cas des benzodiazépines, lorsqu’il y a une forte tolérance (voir pages 27 107) avec la benzodiazépine d’origine, la substitution avec une autre molécule va permettre de lever ce phénomène d’accoutumance et de retrouver le plein effet, en particulier anxiolytique, des benzodiazépines et ce, avec une dose globale moindre de benzodiazépine.

Par ailleurs, en cas d’intolérance avec l’une ou l’autre des molécules à demi-vie longue (Valium – Lysanxia), il est possible de basculer de l’une vers l’autre. Mais comme le souligne le site Sevrage Aux Benzodiazépines (2009), les cas d’intolérance au Valium ou au Lysanxia sont extrêmement rares.

 

Qu’est-ce que la substitution?

 

La méthode de sevrage direct

Le principe de cette méthode est de procéder directement au sevrage de la molécule actuellement prise. On parle de sevrage direct, car le sevrage se fait à partir de cette molécule d’origine et non à partir d’une molécule de substitution. L’avantage de cette méthode est qu’elle permet d’éviter de passer par une substitution. Mais, un des principaux inconvénients est qu’elle s’applique difficilement au sevrage des molécules à demi-vie courte. Pourquoi ? Parce qu’en utilisant la méthode du sevrage direct avec des molécules à demi-vie courte :

  • il peut s’avérer difficile de lutter contre le manque entre les prises et que, dans le cas des benzodiazépines, ce manque induit, la plupart du temps, un état d’anxiété.
  • il est plus difficile de maintenir la concentration de la substance active stable dans la circulation sanguine et une concentration instable dans le sang, aura tendance à engendrer des pics de symptômes.
  • il faudra administrer la dose journalière en plusieurs prises réparties à intervalles réguliers au cours de la journée (Répartir la dose journalière en plusieurs prises par jour est, en pratique, un des seuls moyens pour lutter contre l’état de manque).
  • la plupart du temps, les molécules à demi-vie courte sont proposées sous forme de comprimés, ce qui oblige à recourir la technique de titration tout au long du sevrage, ce qui peut s’avérer fastidieux.

 

La méthode de sevrage indirect

 

La méthode des 10%

Sur Wikipédia (2016), il est expliqué que cette méthode consiste à réduire la dose « en cours » de 10% toutes les 1, 2 ou 3 semaines. The Icarus Project conseille une baisse toutes les 2 ou 3 semaines tandis que Peter Breggin conseille un palier de 7 à 10 jours (si la durée du traitement a été inférieure à un an de prise). Le CSK conseille une baisse de 5 à 10% toutes les 1 à 2 semaines ; ou 12% de la dose toutes les 2 semaines. Le CSK recommande également le manuel d’Ashton pour plus d’informations sur le sevrage et le protocole. La dose « en cours » n’est pas la dose initiale, mais correspond à la dose restante après chaque diminution. Heather Ashton et The Icarus Project conseillent également lorsqu’il s’agit d’une molécule benzodiazépine ou antidépresseur à demi-vie courte, la substitution par une demi-vie plus longue pour diminuer la sévérité et la fréquence des symptômes de sevrage ou de discontinuation.

Comme nous le voyons, les règles de la méthode des 10% sont légèrement différentes en fonction des auteurs. Mais ces règles respectent fondamentalement les principes des diminutions faibles de la dose en cours et des paliers de stabilisation de quelques jours entre deux diminutions.

Toutefois, il y a un point sur lequel nous attirons votre attention : d’expérience, nous avons constaté que le pourcentage de diminution de 10% est quasiment impossible à appliquer sur toute la durée du sevrage. Comme le constate JP, s’il est possible de le faire sur les trois premiers mois, il faut ensuite passer sur un pourcentage de 7% puis de 5% sur les six derniers mois et finir avec des diminutions de 3%. Selon JP, c’est sur ce tempo que l’on y arrive et surtout que l’on en bénéficie en post sevrage. Pour plus d’information, voir .

Par ailleurs, il faut savoir qu’il existe une autre méthode de sevrage dont les règles s’éloignent quelque peu, mais où l’idée est toujours de réduire progressivement et systématiquement la quantité prise et ce, sans induire de changements brusques dans l’organisme. En effet, dans les pays anglo-saxons, certaines personnes réalisent des diminutions infinitésimales chaque jour, elles ont [ainsi] l’impression de flouer leur cerveau qui n’arrive pas à faire la différence entre 0,125mg de Xanax et 0,124mg (Sevrage Aux Benzodiazépines, 2009).

Finalement, il existe une exception à la méthode des 10%, c’est lorsque l’intoxication médicamenteuse à la substance est avérée. Dans ce cas, il peut arriver qu’il faille procéder à un sevrage rapide où les diminutions excéderont peut-être les 10% de la dose en cours et où les paliers pourront être raccourcis. Dans le cas d’une intoxication médicamenteuse, le sevrage devra impérativement être mis en place et réalisé par un spécialiste des médicaments psychotropes et des méthodes de sevrage.

Il existe deux manières d’arrêter une molécule psychotrope, soit en la sevrant directement, soit en la remplaçant par une molécule plus facile à sevrer et en sevrant cette molécule de substitution.

Les deux approches du sevrage sont donc :

  1. La méthode de sevrage direct
  2. La méthode de sevrage indirect

Comment affiner les règles de la méthode des 10% pour mettre en place un sevrage adapté?

 

Qu’est-ce qu’un protocole de sevrage?

Le protocole de sevrage est l’ensemble des règles et des usages à observer pour arrêter la prise de médicament(s) psychotrope(s).

Le protocole de sevrage peut varier en fonction de la classe de molécules à sevrer (benzodiazépines, antidépresseurs, neuroleptiques, etc…), en fonction des propriétés des molécules (molécule à demi-vie courte versus molécule à demi-vie longue) et en fonction de l’approche adoptée (les approches diffèrent en ce qui concerne la progressivité et le rythme des diminutions à adopter).

Finalement, le protocole de sevrage peut et doit être adapté aux spécificités de la personne qui entreprend le(s) sevrage(s) et au contexte dans lequel elle va le faire.

Les principaux protocoles de sevrage ont en commun les principes suivants:

  • diminuer progressivement et systématiquement la dose
  • faire des petites diminutions n’excédant pas 10% de la dose en cours
  • ne pas revenir en arrière (= ne pas ré-augmenter la dose journalière), toujours aller de l’avant en diminuant la quantité de substance prise.

 

La méthode des 10%

 

7. Choisir une technique pour réaliser les diminutions (titration)

Une fois votre tableau des diminutions établit, il vous faudra passer à la pratique et réaliser les diminutions à partir de votre comprimé ou de vos gouttes.

Formule gouttes, comprimés, gélules, capsules, solution buvable,… ?

À ce stade, il sera fortement recommandé de passer d’un médicament dont la forme galénique ne se prête que difficilement aux méthodes de titration à sa forme galénique équivalente mais qui est plus pratique à réduire. Par exemple, comme il sera plus aisé de réaliser des diminutions avec des gouttes et qu’il sera quasi impossible d’effectuer des diminutions avec des comprimés non-sécables, il est recommandé de passer de la forme « comprimés non-sécables » du médicament à sa forme « gouttes ».

La méthode de titration

La titration, c’est la mise en pratique des calculs de diminutions et des paliers.

Définition

En psychiatrie, on parle abusivement de « titration » lorsque l’on élève progressivement la quantité de médicament pouvant avoir un effet indésirable ou toxique (ex. : lithium, lamotrigine), en contrôlant (sans toujours effectuer une véritable titration) l’absence d’effet indésirable (Association Neptune, 2014).

Titrer, c’est aussi diminuer graduellement la dose d’un médicament au fil du temps pour cibler la dose voulue (lors d’un sevrage, nous visons généralement soit une réduction de la dose journalière, soit l’arrêt complet du médicament, c’est-à-dire la dose 0).

La titration en pratique

Titrer, c’est réduire progressivement et méthodiquement la quantité de médicament prise. En pratique, si votre médicament se présente sous la forme d’un comprimé, titrer, c’est en quelque sorte réduire la taille de votre comprimé de 10% (si vous faites des diminutions de 10%). Puis pour la diminution suivante, c’est réduire ce comprimé réduit de 10% de 10% supplémentaire, et ainsi de suite… (voir méthode des 10%)

Certaines personnes pèsent leur comprimé, puis le râpent, le grattent ou le liment, jusqu’à enlever 10% de son poids. Au bout de quelques diminutions, cela peut devenir fastidieux.

Mais d’autres techniques existent pour réduire un comprimé.

Par exemple en diluant le(s) comprimé(s) dans de l’eau, il est possible de « jouer » avec les volumes d’eau pour réaliser des diminutions de 10%, de 5%, etc…

Comment cela fonctionne-t-il ?

L’idée est d’avoir un volume d’eau total qui représente 100% de la dose et d’y enlever les 10% qui représentent la diminution voulue.

Ainsi, si nous prenons 100 ml d’eau et que nous en retirons 10 ml, nous aurons opéré une diminution de 10% du volume d’eau. Les 90 ml restant sont le volume d’eau que nous souhaitons obtenir.

100% – 10% = 90%
100ml -10ml = 90 ml

En filigrane, nous retrouvons notre formule de calcul des diminutions:

100 – (100 x 10/100) = 90

Maintenant, comment utiliser cela ?

Nous allons prendre un volume d’eau de 100 ml dans lequel nous allons diluer notre comprimé (ou nos comprimés). Nous allons ensuite retirer 10 ml de cette solution de 100 ml. Il nous restera alors 90 ml et ces 90 ml contiendront la dose à prendre (= dose après diminution de 10%).

Tutoriel: Titration de comprimés

Dans ce tutoriel, vous apprendrez comment préparer votre dose quotidienne en utilisant la méthode de titration d’eau.

Tout d’abord vous aurez besoin des outils suivants:

  • une éprouvette graduée de 100 ml, ou une encore mieux une seringue de 50 ml ou 100 ml
  • un mortier et un pilon (optionnel). Le mortier et le pilon peuvent être remplacés par 2 cuillères ou par un broyeur de comprimés….
  • un bocal hermétique d’au moins 100 ml (par exemple un bocal à confiture)
  • 100 ml d’eau

Attention !

Avant d’écraser un comprimé, vérifiez qu’il est possible de le faire avec ce produit. Pour cela, reportez-vous au document suivant:
http://pharmacie.hug-ge.ch/infomedic/utilismedic/tab_couper_ecraser.pdf
ou demandez l’avis de votre pharmacien.

Sinon envisager de changer de forme galénique en remplaçant par exemple votre molécule prise sous forme de comprimé(s) par son équivalent sous forme de goutte.

Arbre décisionnel benzodiazépines

Outils de conversion pour passer d’une forme galénique à une autre

1ère méthode: écraser le(s) comprimé(s) et le(s) dissoudre dans de l’eau

  1. Écrasez le(s) comprimé(s) avec le pilon dans le mortier ou entre deux cuillères ou à l’aide d’un broyeur à comprimés.
  2. Dissolvez la poudre de comprimé(s) ainsi obtenue dans 100 ml d’eau et mélangez énergiquement pour obtenir une solution homogène.
  3. Prélevez votre pourcentage à l’aide d’une seringue et videz le dans l’évier. Par exemple, à l’aide de la seringue graduée, prélevez 10 ml (si vous souhaitez retirer 10% de la dose présente dans la solution). Jetez le contenu de la seringue (= les 10 ml).
  4. Vous pouvez maintenant boire le restant du bocal après l’avoir à nouveau un peu secoué.

2ème méthode: laisser dissoudre le(s) comprimé(s) dans de l’eau pendant une nuit

  1. À l’aide d’une seringue de 50 ml ou 100 ml, prélevez 100 ml d’eau et versez-les dans un bocal.
  2. Placez le(s) comprimé(s) dans le bocal et refermez le couvercle.
  3. Placez le bocal fermé au réfrigérateur toute une nuit.
  4. Le lendemain, le(s) comprimé(s) est (sont) complètement dissout(s), il suffit de secouer énergiquement durant au moins 30 secondes afin de rendre la solution homogène.
  5. Prélevez le pourcentage à l’aide d’une seringue et videz le contenu de la seringue dans l’évier.
  6. Vous pouvez maintenant boire le restant du bocal après l’avoir à nouveau un peu secoué.

La titration en vidéo

Méthode de titration 1 (réduction adaptée): https://youtu.be/lYY1nc2c2l4

 

Consultez également la page: Vidéos: Les méthodes de titration

Exemples de titration: les comprimés

Titration : répartir une dose journalière en 4 prises

Il faut commencer par enlever le pourcentage de diminution à la dose journalière totale (par exemple 10%) en s’aidant d’une des deux méthodes de titration présentées précédemment. Au départ, la dose totale étant généralement le nombre de comprimés que vous prenez actuellement.

Si vous prenez 1 comprimé et que vous voulez diminuer de 10% ce comprimé, le plus simple serait de diluer le comprimé dans 100 ml d’eau et d’enlever 10 ml de cette préparation. Les 90 ml restant contenant la dose à prendre.

Si vous prenez 2 comprimés, vous diluez les 2 comprimés dans les 100 ml d’eau et vous enlevez également 10 ml pour faire une diminution de 10%. Les 90 ml restant contiendront la dose à prendre.

Si la dose journalière doit être prise en 4 fois, il faut répartir ces 90 ml en 4 prises à peu près égales (l’essentiel est que vous ayez votre dose sur la journée).

Si nous commençons avec 100 ml – 10 ml = 90 ml, alors:

1er palier

Dose journalière: 100 ml – 10 ml = 90 ml
Répartition de la dose journalière en 4 prises: 22ml + 23ml + 22ml + 23ml (= 90ml)

2ème palier

Dose journalière: 90ml – 9ml = 81 ml
Répartition en 4 prises: 20ml + 20ml + 20ml + 21ml (= 81ml)

3ème palier

Dose journalière: 81ml – 8ml = 73 ml
Répartition en 4 prises: 18ml + 18ml + 18ml + 19ml (=73ml)

4ème palier

Dose journalière: 73ml – 7ml = 66 ml
Répartition en 4 prises: 16ml + 16ml + 17ml + 17ml (=66ml)

 

Symptômes de sevrage : Comment répartir les prises pour atténuer les symptômes ?

Lorsqu’on ressent plus de symptômes de sevrage le soir ou au contraire le matin, il peut être judicieux de répartir la dose journalière différemment entre les prises.

Il est ainsi intéressant de basculer des gouttes de la prise du matin vers celle du soir ou de la prise du soir vers celle du matin en vue d’adapter l’apport et l’effet de la benzodiazépine (ou d’un des autres psychotropes) à la réponse physiologique de l’organisme.

Par exemple, si dans les symptômes de sevrage présents, l’insomnie prédomine, il est pertinent de prendre la majeure partie de la dose le soir, alors que si c’est plus difficile le matin, il est approprié de prendre la dose dès le lever. Dans cette dernière situation, attention toutefois à ne pas prendre une trop grande dose au lever au risque de devenir somnolent en matinée.

Comment basculer les gouttes entre les prises ?

Par exemple, si vous voulez basculer des gouttes du matin vers le soir : faire glisser une goutte après l’autre sur un palier de 3 jours en moyenne. En procédant par exemple comme suit:

  1. Le matin 10 gouttes et le soir 15 gouttes (= 25 gouttes journalières)
  2. Pendant 3 jours: prendre 9 gouttes le matin et 16 gouttes le soir (nous serons sur un palier de 3 jours à 25 gouttes par jour)
  3. Puis pendant 3 jours: prendre 8 gouttes le matin et 17 gouttes le soir (nous serons sur un palier de 3 jours à 25 gouttes par jour)

Lorsqu’on bascule des gouttes d’une prise à l’autre, on garde la même dose journalière, mais on en modifie la répartition afin d’atténuer les symptômes de sevrage.


Comment FRACTIONNER les gouttes, les comprimés, …?

Avertissement: l’usage des informations ici présentes est sous votre responsabilité et n’engage que vous. Notre expérience est notre seul guide et ne vient en concurrence de personne. Votre médecin est votre seul référent.
Voici des exemples de techniques que les membres du forum ont trouvées pour réaliser leurs diminutions en fonction de la forme galénique du médicament à sevrer: gouttes, comprimés, gélules,….

Voir aussi: Résolution des problèmes techniques

 

8. Se mettre dans les meilleures conditions pour appliquer son plan d’action

 


Le plan de sevrage en pratique

Un exemple de plan de sevrage pour 2 médicaments : Xanax et Deroxat

Technique pour les diminutions

Sevrage 1 : Deroxat

Technique de titration.

Le comprimé est sécable et qu’on peut écraser:
http://pharmacie.hug-ge.ch/infomedic/utilismedic/tab_couper_ecraser.pdf

Choix de la méthode 1 (voir plus haut)

1ère méthode: écraser le comprimé et le dissoudre dans de l’eau

  1. Écraser le(s) comprimé(s) avec le pilon dans le mortier ou entre deux cuillères ou à l’aide d’un broyeur à comprimés.
  2. Dissoudre la poudre de comprimés (obtenue lors de la première étape) dans 100 ml d’eau et mélanger énergiquement pour obtenir une solution homogène.
  3. Prélever le pourcentage de diminution à l’aide d’une seringue et le vider dans l’évier. Par exemple, à l’aide de la seringue graduée, prélever 10 ml (si vous souhaitez retirer 10% de la dose présente dans la solution). Jeter le contenu de la seringue (= les 10 ml).
  4. Boire le restant du bocal après l’avoir à nouveau secoué.

Alternative qui aurait été envisageable : passer au Deroxat en solution buvable et faire les diminutions sur des millilitres (plus aisé). Deroxat suspension orale à 2mg/ml

Mais attention, la suspension orale (solution buvable) contient des additifs alimentaires qui peuvent produire des symptômes pénibles et qui vont donc rendre le servage plus difficile : excipients: Conserv.: E 218, E 216; color.: E 110; vanillinum, bergamottae aetheroleum, saccharinum; aromatica; excipiens ad suspensionem (source : https://compendium.ch/mpro/mnr/26202/html/fr).

Par conséquent, je choisis de faire des diminutions à partir des comprimés.

 

Technique pour les diminutions

Sevrage 2 : Lysanxia (= médicament substitué au Xanax)

Technique de titration : Fractionnement des gouttes (voir Gouttes: Pour faire une ½ goutte et Gouttes: Faire des gouttes, ¾ de goutte, ½ goutte ou ¼ de gouttes).

  1. Prélever 10 ml d’eau avec une seringue en plastique.
  2. Dans un verre mettre 1 goutte de Lysanxia et ajouter les 10 ml d’eau, bien mélanger.
  3. Aspirer le tout dans la seringue. Les 10 ml de solution maintenant dans la seringue contiennent 1 goutte de Lysanxia. Ensuite, pour faire les fractions de goutte, on jette le « surplus » (ce qu’il y a en trop) dans l’évier:
    • jeter 1 ml, il reste alors 9 ml de solution dans la seringue. La seringue contient donc 0.90 gouttes, ou
    • jeter 2 ml, il reste alors 8 ml de solution dans la seringue, donc 0.80 gouttes, ou
    • jeter 2.5 ml, il reste alors 7.5 ml de solution dans la seringue, donc 0.75 gouttes, ou
    • jeter 5 ml, il reste alors 5 ml de solution dans la seringue, donc 0.50 gouttes (½ goutte), ou
    • jeter 7.5 ml, il reste alors 2.5 ml dans la seringue, donc 0.25 gouttes (¼ de goutte)
    • etc…
  1. Remettre ce qu’il reste dans la seringue dans le verre et y ajouter le nombre de gouttes entières (compléter avec de l’eau)

 

8. Se mettre dans les meilleures conditions pour appliquer son plan d’action

 

4. Déterminer la méthode qui permettra de sevrer la molécule

Sevrage direct ou sevrage indirect ?

Il faudra également déterminer s’il est plus judicieux de sevrer la molécule directement ou de passer une autre molécule (sevrage indirect)

Le choix entre méthode de sevrage direct et indirect, va souvent principalement dépendre de la demi-vie de la molécule à sevrer:

La demi-vie d’une molécule

La demi-vie est le temps nécessaire à l’organisme pour diminuer de moitié la quantité totale de molécule ingérée et ce quelle que soit la quantité prise. La demi-vie d’un médicament est donc la vitesse à laquelle l’organisme élimine les substances actives d’un médicament de la circulation sanguine. En savoir plus…

La méthode de sevrage direct

Le principe de cette méthode est de procéder directement au sevrage de la molécule actuellement prise. On parle de sevrage direct, car le sevrage se fait à partir de cette molécule d’origine et non à partir d’une molécule de substitution. L’avantage de cette méthode est qu’elle permet d’éviter de passer par une substitution. Mais, un des principaux inconvénients est qu’elle s’applique difficilement au sevrage des molécules à demi-vie courte. Pourquoi? Parce qu’en utilisant la méthode du sevrage direct avec des molécules à demi-vie courte :

  • il peut s’avérer difficile de lutter contre le manque entre les prises et que, dans le cas des benzodiazépines, ce manque induit, la plupart du temps, un état d’anxiété.
  • il est plus difficile de maintenir la concentration de la substance active stable dans la circulation sanguine et une concentration instable dans le sang, aura tendance à engendrer des pics de symptômes.
  • il faudra administrer la dose journalière en plusieurs prises réparties à intervalles réguliers au cours de la journée (Répartir la dose journalière en plusieurs prises par jour est, en pratique, un des seuls moyens pour lutter contre l’état de manque).
  • la plupart du temps, les molécules à demi-vie courte sont proposées sous forme de comprimés, ce qui oblige à recourir la technique de titration tout au long du sevrage, ce qui peut s’avérer fastidieux.

La méthode de sevrage indirect

Le principe de cette méthode est de remplacer la molécule actuellement prise par une molécule qui possède des propriétés similaires, mais qui est plus facile à sevrer. Ainsi, lors d’un sevrage indirect, on ne va pas directement sevrer la molécule actuellement prise, mais on va sevrer la molécule de remplacement (ou molécule de substitution). La technique qui permet de remplacer une molécule par une autre plus facile à sevrer s’appelle la substitution.

Typiquement, une molécule à demi-vie courte va être remplacée par une molécule qui possède les mêmes propriétés psychoactives, mais qui a une demi-vie longue, ce qui la rend plus facile à sevrer.

L’inconvénient de cette méthode est qu’il faut passer par une substitution, mais les avantages de cette méthode sont nombreux. En effet, cette méthode permet, dans la majorité des cas, de pallier aux difficultés rencontrées lors du sevrage direct des molécules à demi-vie courte.

Remplacer une molécule à demi-vie courte par une molécule à demi-vie longue permet :

  • de lutter plus efficacement contre le manque entre les prises et donc de réduire la probabilité d’apparition d’un état d’anxiété.
  • de maintenir la concentration de la substance active beaucoup plus stable dans la circulation sanguine et ainsi de lisser des pics de symptômes.
  • d’administrer la dose journalière en une ou deux prises fixes dans la journée
  • d’avoir accès à des formes galéniques de la molécule plus facile à sevrer, comme des médicaments sous forme de gouttes.

De plus, dans le cas des benzodiazépines, lorsqu’il y a une forte tolérance avec la benzodiazépine d’origine, la substitution avec une autre molécule va permettre de lever ce phénomène d’accoutumance et de retrouver le plein effet, en particulier anxiolytique, des benzodiazépines et ce, avec une dose globale moindre de benzodiazépine.

Par ailleurs, en cas d’intolérance avec l’une ou l’autre des molécules à demi-vie longue (Valium – Lysanxia), il est possible de basculer de l’une vers l’autre. Mais comme le souligne le site Sevrage Aux Benzodiazépines (2009), les cas d’intolérance au Valium ou au Lysanxia sont extrêmement rares.

Technique de substitution

 

5. Choisir les protocoles et techniques de sevrage adaptés aux spécificités de la molécule à sevrer

 


Le plan de sevrage en pratique

Un exemple de plan de sevrage pour 2 médicaments : Xanax et Deroxat

Choix de la méthode de sevrage

Sevrage 1 : Deroxat

Sevrage direct. Je sèvre directement le Deroxat sans passer par une molécule de substitution.

Dose journalière de départ : 20 mg
Nombre de prises : 1
Heures de prise : heure de prise actuelle (par exemple 8h00)

Choix de la méthode de sevrage

Sevrage 2 : Xanax

Sevrage indirect : Substitution

Comme la molécule active du Xanax, l’alprazolam est une benzodiazépine à demi-vie courte, je vais opter pour un sevrage indirect et passer par une substitution.

Substitution : je vais remplacer le Xanax par du Lysanxia dont la molécule active est le prazépam qui est une benzodiazépine à demi-vie longue.

Je vais opter pour le Lysanxia sous forme de gouttes.

Équivalence

Je vais rechercher la dose équivalente de Lysanxia

(par exemple en utilisant le convertisseur de Jomax : http://psychotropes.info/calculateur/ en allant dans le menu Conversion et en choisissant Benzo conversion.

J’obtiens l’équivalence suivante : 0.50 mg d’alprazolam = 15 mg de prazépam

La dose équivalente de ma dose journalière actuelle de 0.50mg d’alprazolam (Xanax) est donc une dose journalière de 15 mg de prazépam (Lysanxia)

Formes galéniques du Lysanxia

15 mg de prazépam correspondent à 30 gouttes de prazépam
Ainsi, 2 comprimés de Xanax à 0.25mg, correspondent à 0.50mg d’alprazolam dont la dose équivalente de prazépam est de 15mg ou 30 gouttes.

 

5. Choisir les protocoles et techniques de sevrage adaptés aux spécificités de la molécule à sevrer

 

Qu’est que la tolérance (ou phénomène de tolérance)?

La tolérance est le mécanisme suivant lequel le cerveau s’habitue à l’effet de la substance, ce qui conduit la personne à augmenter les doses pour obtenir l’effet initial.

la tolérance est le phénomène par lequel, la dose prescrite à l’origine produit progressivement moins d’effet et une dose plus forte est nécessaire pour obtenir le même effet.

Qu’est-ce que l’entrée en tolérance?

L’organisme adapte son mode de fonctionnement à l’apport répété et régulier d’une substance psychoactive. La consommation répétée de la même dose d’un médicament psychotrope laisse la porte ouverte à l’apparition de la tolérance: l’organisme s’habitue « beaucoup trop » à cette même quantité de molécule active prise régulièrement et trop longtemps et nous commençons à « avoir besoin » d’à nouveau augmenter la dose pour contrôler la réaction de manque. Les symptômes de manque qui apparaissent sont alors dus à la tolérance (= au fait que pour obtenir les mêmes effets, il faille augmenter la quantité prise). En effet, au bout d’un certain temps à la même dose, les effets des mécanismes compensatoires mis en place par l’organisme pour contrer l’action du produit surpassent les effets de la substance active. L’entrée en tolérance se manifeste alors par des symptômes de sevrage (aussi appelés symptômes de manque) qui sont dus au fait que l’action du produit ne masque plus la réaction de l’organisme à cette substance.

L’entrée en tolérance est la réaction complexe qui se produit lorsque la dose journalière prise se situe en-dessous de la quantité de médicament psychotrope nécessaire pour produire les effets voulus.

Le seuil de tolérance est quant à lui définit par la quantité au-dessous de laquelle l’action du médicament psychotrope n’est plus en mesure de contrebalancer la réaction de l’organisme. Lorsque la quantité de médicament prise se situe en-dessus du seuil de tolérance, les symptômes de sevrage ne se manifestent pas, étant donné que la quantité de médicament prise est supérieure à celle nécessaire pour masquer la réaction de l’organisme. Mais lorsque la quantité de médicament prise se situe au-dessous du seuil de tolérance, l’action de la molécule active n’arrive plus à masquer les réactions de l’organisme et les symptômes de sevrage se font sentir. Les symptômes de sevrage deviennent alors la manifestation visible de la réaction de l’organisme au produit : ils constituent la partie visible des mécanismes compensatoires mis en place par l’organisme pour contrebalancer l’effet du médicament psychiatrique.

 

Le sevrage lent pour contrer la dépendance physique et la tolérance