25. Résumé et conclusion

Automne 2010

J’ai enfin réussi à vaincre mes angoisses et mon agoraphobie grâce à la méthode de Geert.

Si je reviens sur mon parcours psychiatrique au cours de ces 15 dernières années, voici ce que ça donne:

En 1994, ma famille et une psychologue me poussent dans l’enfer de la psychiatrie suite à un mal-être d’adolescente et à la surcharge de travail que je me suis infligée depuis mon échec en 9ème année scolaire.

Les psychiatres qui me prennent en charge, m’injectent des psychotropes (anxiolytiques/sédatifs, neuroleptiques) contre ma volonté pendant quelques semaines, tout en brisant mes dernières résistances au moyen d’un chantage psychologique et d’humiliations physiques (les packs).

Ils posent un diagnostic lourd – psychotique paranoïaque à tendance schizophrène – à partir de deux tests (le Rorschach* et le TAT**) que m’avait fait passer la psychologue.

Fin de l’année 1994 et début de l’année 1995, je ne suis plus qu’une épave…

De 1995 à 2005, j’erre de psychiatre en psychiatre, cherchant désespérément une solution pour sortir de l’état où je me trouve. Je ne sais pas encore que ce sont les traitements médicamenteux qui me rendent si malade et je ne me rends pas encore compte de la dépendance que mon organisme a développé à ces substances. Pendant ces dix années, d’autres diagnostics sont posés: Dépression grave, narcissisme, maniaco-dépression, …

De 2005 à 2007, je me rends compte que la médication qui m’a été administrée depuis plus de dix ans est en train de me tuer à petit feu. Je reçois encore un dernier diagnostic, cette fois je suis borderline…

En automne 2007, perplexe quand à la compétence du corps médical et de la psychiatrie en particulier, je décide de m’en affranchir en entamant un sevrage, car je réalise que ce qui m’a toujours liée à eux, c’était ma dépendance à leurs produits (antidépresseurs, neuroleptiques et anxiolytiques).

En juillet 2008, je prends mon dernier comprimé, je suis sevrée.

De juillet 2008 à septembre 2010, je souffre d’un syndrome de sevrage prolongé assez lourd.

Aujourd’hui, je ne prends plus aucun médicament psychiatrique depuis presque deux ans et demi et je me sens enfin mieux.

La seule chose qui me pose problème est de savoir pourquoi le corps médical et la psychiatrie en particulier avaient pu me trouver autant de maladies mentales! Comment peut-on être en même temps psychotique, paranoïaque, schizophrène, maniaco-dépressif, dépressif, narcissique, borderline et j’en passe? Sans compter le fait que si je souffrais réellement de tous ces troubles, comment aurais-je été capable de suivre des études supérieures, de décrocher un baccalauréat scientifique et de poursuivre une formation en informatique?

Comment expliquer le fait également que je n’ai jamais tenter de me suicider malgré le diagnostic de dépression grave qui m’a été collé pendant plus de cinq ans?

J’ai posé ces questions aux derniers psychiatres que j’ai été voir. Ils m’ont répondu que cela n’avait rien à voir! Je leur ai aussi fait part de mon idée sur ce qui pouvait bien me rendre si étrange à leurs yeux et qui pouvait aisément expliquer leur incapacité à trouver un diagnostic qui me convienne sur la longueur.

Je leur ai demandé, si ma différence ne venait pas du fait que je pouvais être une personne dite à haut potentiel. Tout ce qu’ils ont trouvé à répondre et ce sur un ton exaspéré, c’est: « Tous les malades mentaux se prennent pour des génies! »

Cela m’a profondément blessée et j’ai laissé passer cinq ans avant d’oser à nouveau penser à ce « diagnostic ».

Au début de l’année 2010, je me suis de plus en plus documentée sur le sujet de la douance. J’ai lu une demie-douzaine de livres traitant des caractéristiques des personnes surdouées.

A la fin du printemps, je me suis décidée à chercher des psychologues spécialistes de la douance, afin de faire un bilan et un test de QI pour déterminer si mes particularités venaient bien de là. J’ai trouvé une psychologue spécialisée dans ce domaine et j’ai pris rendez-vous.

Lors de notre premier entretien au mois d’août 2010, elle m’a dit qu’elle pensait effectivement que c’était cela. Nous avons pris rendez-vous au mois de novembre 2010 pour qu’elle me fasse passer un bilan complet et quelques jours plus tard, elle m’annonçait que j’étais bien une personne surdouée.

Les résultats du bilan ont également montré que toutes ces années passées sous le joug de la psychiatrie m’avaient déstabilisée et profondément meurtrie. Mes résultats en terme de rapidité de traitement, de mémoire, de concentration et d’estime de soi ont été grandement affectés par des années de mauvais traitements psychologique et médicamenteux.

Au travers de mes lectures, je me suis rendue compte qu’il arrivait très fréquemment que des personnes surdouées soient aussi maltraitées par la psychiatrie. La psychiatrie ne reconnaît pas l’existence des personnes dites à haut potentiel.

Ce que remarquent les psychologues spécialistes des surdoués à ce sujet:

Extrait d’un texte écrit par Jeanne Siaud-Facchin (psychologue spécialiste de la douance):

 » […] Les dérives diagnostiques sont trop fréquentes. Elles résultent de la conjonction de plusieurs facteurs: la méconnaissance des caractéristiques psychologiques de l’enfant surdoué, l’absence de formation dans le milieu médical et paramédical, les résistances idéologiques -pourquoi aider et comprendre ceux qui ont plus ?-, le caractère souvent atypique du tableau clinique. Et cela peut aller jusqu’au déni de l’identité de ces enfants et de ces adolescents, de leurs spécificités, mais surtout de leur vécu et de leur souffrance. Il ne faut jamais oublier que tout diagnostic est émis par un soignant en regard d’une norme et de sa propre capacité à accepter, à tolérer, des écarts par rapport à cette norme. L’enfant surdoué est par définition, hors normes. Il a un fonctionnement, une pensée, une affectivité qui déroutent, qui dérangent. En l’absence d’une possibilité de comprendre ce qui fonde ce décalage un enfant ou un adolescent surdoué qui présente des manifestations ou des symptômes de souffrance psychologique peut être rapidement entraîné vers des pathologies qui ne le concernent pas. Il a été en particulier montré que les surdoués montrent dans le test de personnalité de Rorschach, plus connu sous le nom de test des « taches d’encre », des caractéristiques dans les réponses qui s’apparentent à celles produites par les patients schizophrènes. La raison tient à ce qu’un surdoué produit un grand nombre de réponses divergentes, différentes de celles attendues. Et ce non pas en raison d’une pathologie mais parce que la pensée du surdoué est justement caractérisée par une pensée en arborescence qui se démultiplie sur plusieurs axes simultanément et qui quitte rapidement les formes plus consensuelles de la pensée et les idées courantes. Pourtant, en psychiatrie de l’adolescent les confusions diagnostiques entre mode de pensée singulier et mode de pensée pathologique créent des confusions dramatiques pour l’avenir psychologique du surdoué qui en est l’objet. […] »

Source: http://www.cogitoz.com

Extrait d’un texte écrit par Arielle Adda (psychologue spécialiste de la douance):

 » […] puisque si jeune il est déjà si différent, les parents vont « consulter », en proies à une anxiété qui sera déjà comprise comme le premier symptôme de pathologie.

Puisque le tableau le plus clair est celui décrit par l’école et que les précisions ajoutées par les parents le compliquent et l’obscurcissent au lieu de le clarifier, il ne reste qu’à traquer « l’anormalité » et à s’y attaquer. Nous nous trouvons là au point de départ du processus qui va entraîner tous les protagonistes dans une série d’actions totalement inefficaces, car fondées sur un malentendu capital. En effet cet enfant semble un peu différent, mais on va étudier son cas, l’aider à s’adapter, puisqu’il est considéré comme « hors-norme », ce qui n’est pas très éloigné de « l’anormal ».

Je veux pour preuve de cette idée préalable, le déroulement des examens psychologiques subis en générale par ces enfants. Puisqu’ils ont réussi avec succès les tests scolaires et qu’ils sont manifestement intelligents, on ne pratique pas de test de QI. En revanche, on leur fait passer un Rorschach, toujours délicat à manier avec un jeune enfant, et qui devrait seulement, en principe, contribuer à l’établissement d’un diagnostic, dans un protocole plus complet. Le simple fait de se contenter d’un Rorschach, au lieu de recourir à une batterie plus complète de tests, peut être considéré comme l’élément premier du malentendu : le Rorschach suppose souvent une pathologie qu’il convient de mettre au jour, et il arrive qu’une imagination débordante, tout comme une inhibition totale, peuvent être interprétés de façon très négative. […] »

Source: http://www.douance.org

***

La psychiatrie me fait peur. J’ai peur de son pouvoir et de l’impunité dont elle dispose. Personne ne remet jamais en question les diagnostics que posent les psychiatres. C’est comme si leur parole était parole d’évangile!

Comment une société peut-elle laisser autant de pouvoir à une discipline qui ne se base même pas sur des preuves scientifiques?

Si les scientifiques admettent ne comprendre qu’une toute petite partie du fonctionnement du cerveau, comment les psychiatres peuvent-ils prétendre maîtriser tous les aspects de ce dernier?

Comment une pseudo-science a-t-elle pu prendre autant de place dans nos sociétés?

Des vies entières sont brisées par la psychiatrie depuis des décennies, mais personne ne fait rien. Pourquoi?

Fin


Informations:

* Rorschach : http://fr.wikipedia.org/wiki/Test_de_Rorschach

** TAT : http://fr.wikipedia.org/wiki/Thematic_Apperception_Test

« Beaucoup d’enfants, d’adolescents et d’adultes doués sont erronément diagnostiqués comme ayant des troubles du comportement, voir des troubles mentaux. On essaie, à coup de médicaments ou de thérapies inutiles, de les faire entrer dans le moule de l’école, de l’entreprise ou de la famille, ou de rendre leur vie ou leur situation plus satisfaisante. »

Source: http://www.douance.be

Définition:

DSM-IV
« Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders » (4e édition) (Manuel diagnostique et statistique des maladies mentales). Il s’agit d’un système de classification des maladies mentales développé par l’American Psychiatric Association. Pour chaque maladie mentale, on donne une liste de symptômes dont un certain nombre doit être présent pour que le diagnostic s’applique. »

Source: http://www.ustboniface.mb.ca/cusb/psy121/guide/frameglo.html