Renaître à la vie après l’arrêt des médicaments psychiatriques

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Le livre Renaître à la vie après l’arrêt des médicaments psychiatriques est disponible sur la plateforme d’autoédition lulu.com à l’adresse suivante: Lien vers le livre. Pour lire un extrait, cliquez ici.

Passage à vide

Ce matin, petit passage à vide.

Depuis quelques semaines, je passe par des moments de découragement et de grosse fatigue. Je sais que je suis dans une phase de transition qui apportera de gros changements.

Cela fait près de 20 ans que je suis à l’AI (Assurance Invalidité) et dans quelques semaines, je vais sortir de ce système. Cela fait plusieurs années que je suis dans la démarche de sortir de ce système et maintenant que cela devient concret, je réalise que c’est un gros saut qui se prépare.

Enfin, je ne serai plus vue comme celle qui a une maladie mentale qui la rend incapable de s’insérer dans la société. Enfin, « le système » reconnaît que je ne suis pas anormale, que je dispose de toutes les capacités mentales pour vivre une « vie normale ».

Cependant, il est clair que ce soutien financier, cette rente d’invalidité, j’en ai eu besoin pour vivre lorsque les médicaments psychiatriques faisaient partie de ma vie. Ces produits et les mauvais traitements psychiatriques que m’ont administrés les médecins m’avaient rendue bien incapable de fonctionner au quotidien et de subvenir à mes besoins les plus basiques. La décérébration que j’ai subie pendant ces années de mauvais traitements psychiatriques m’avait rendue incapable de penser, avait changé ma personnalité et m’avait énormément affaiblie physiquement. Travailler dans cet état, c’était impossible. Je remercie donc l’état et l’assurance invalidité d’avoir subvenu à mes besoins pendant cette période noire de ma vie. Je remercie également chaleureusement mon conseiller AI d’avoir pris le temps de comprendre qui « se cachait » derrière ces effrayants diagnostiques psychiatriques et d’avoir su être à l’écoute au moment où j’ai repris ma liberté face à la psychiatrie: dans ce moment où je me reconstruisais et je créais mon avenir. 

Cher monsieur M., même si les médecins de l’AI ont court-circuité votre évaluation des conditions qui me permettraient de sortir de l’AI en douceur, vous avez su être là et à l’écoute de mes besoins en matière de reconstruction professionnelle. Même si cette sortie de l’AI arrive très brutalement par rapport à ce que vous et moi avions imaginée, elle arrive à un moment de ma vie où je suis capable d’encaisser les changements brutaux.

Depuis plusieurs années maintenant, je me prépare à reprendre une activité professionnelle. Ou plutôt devrais-je dire, à commencer une activité professionnelle, puisque ayant été plongée dans le monde psychiatriques et mise à l’assurance invalidité à l’adolescence, je n’ai jamais vraiment été en mesure de travailler. Bien sûr, j’ai fait quelques tentatives désespérées pour travailler, mais avec la chape de plomb médicamenteuses qui me décérébrait et affaiblissait mon corps, j’ai bien été incapable de garder un travail plus que quelques semaines.

Au jour d’aujourd’hui, 10 ans après avoir arrêté les médicaments psychiatriques (neuroleptiques, benzodiazépines et antidépresseurs), et après avoir passer plusieurs années à me battre contre les dégâts occasionnés par ces produits et avoir récupérer seule, et avec beaucoup d’efforts quotidiens, je suis physiquement, psychologiquement, cognitivement et émotionnellement prête à reprendre ma vie professionnelle là où la psychiatrie me l’avais brisée il y a maintenant plus de 23 ans.

Mais ce passage dans l’enfer de la psychiatrie et surtout ma reconstruction après m’en être extirpée m’ont permis d’acquérir des ressources insoupçonnables qui me rendent maintenant capable de faire face aux plus gros défis de la vie. Ce passage entre les mains de la puissante psychiatrie et de ses alliées très influentes et omniprésentes, les firmes pharmaceutiques, m’a également donné une direction vers laquelle orienter ma carrière professionnelle. Pour sortir de la psychiatrie et des médicaments psychiatriques, j’ai passé des années à me documenter sur leurs fonctionnements, ce qui m’a permis d’acquérir une connaissance hors norme de ce milieu et des produits qu’il utilise. Cette connaissance, j’ai, depuis ma sortie de la médication psychiatrique, décidé de la partager et de la mettre à disposition des utilisateurs de ces produits, des personnes qui sont confrontés de près ou de loin à la psychiatrie et finalement, à la terre entière.

Toutefois, je ne vais pas limiter mon activité professionnelle à la diffusion de l’information concernant le fonctionnement de la psychiatrie et des médicaments psychiatriques que sont les somnifères, les anxiolytiques, les antidépresseurs, les antipsychotiques, les stimulants ou encore les régulateurs de l’humeur. Non, je ne vais pas me limiter à ça, puisque cela ne constitue qu’une infime partie de la sortie de l’ère psychiatrique et pharmaceutique. En effet, une fois que j’ai arrêté les médicaments et les visites en psychiatrie, il m’a fallu reconstruire entièrement ma vie.

J’a dû reconstruire ma vie personnelle, ma vie familiale, ma vie sociale et maintenant ma vie professionnelle, car avec à cause des mauvaises traitements physiques, psychologiques et chimiques infligés par les psychiatres, j’avais tout perdu.

J’ai recommencé par me reconstruire physiquement, puis cognitivement et émotionnellement. Cela m’a pris plusieurs années pour retrouver mes capacités physiques, ma santé, ma vitalité, mes aptitudes à la réflexion, ma capacité de jugement et mes capacités mnésiques. A noter qu’aujourd’hui, même avec tous les efforts quotidiens réalisés pour récupérer mes fonctions mémorielles (se rappeler des souvenirs de cette époque ou utiliser ma mémoire de travail), je n’ai pas été en mesure de les récupérer à 100%. Même si je dispose aujourd’hui d’une très bonne mémoire, elle n’est pas celle que j’avais avant les médicaments psychiatriques.

Ma reconstruction émotionnelle est passée par l’acquisition et la mise en pratique d’outils utilisés en Thérapie Cognitive et Comportementale. Ces outils ne m’ont jamais été proposés pendant les années passées en psychiatrie. Ces outils, je les ai découverts au cours de mes recherches pour réapprendre à fonctionner. J’ai appris à les mettre en pratique seule, car les psychothérapeutes ou les psychologues que je consultais à l’époque se figeaient sur mon passé psychiatrique et sur les symptômes de sevrage terrifiants qui se maintenant encore des années après l’arrêt complet des médicaments psychiatriques. Ces symptômes étaient notamment une anxiété généralisée accompagnée d’une agoraphobie avec attaques de panique qui me maintenait cloîtrée chez moi: le moindre pas en dehors de ma maison me déclenchaient de terribles attaques de panique. Avec le recul, je réalise que j’étais dans un état de stress post-traumatique après les atrocités que j’avais vécu en psychiatrie.

Ainsi, les séquelles qu’avaient laissé les années d’enfer passées sous le joug de la psychiatrie, m’empêchaient également de trouver du soutien auprès de thérapeutes, trop impressionnés ou déroutés qu’ils étaient par les terribles séquelles que je manifestais à l’arrêt des médicaments psychiatriques et à la sortie du monde de la psychiatrie.

C’est donc seule, que j’ai recherché et mis en pratique ces outils pour gérer mes angoisses et reprendre le contrôle de mon état de stress post-traumatique. ça a été et c’est toujours un travail de grande haleine. Quotidiennement, je prends le temps de travailler ces outils, de les perfectionner et de les faire évoluer avec mes besoins du moment.

Tout ce parcours pour me reconstruire émotionnellement, psychiquement et physiquement, toute cette « physiothérapie psychique et émotionnelle » et cette réhabilitation physique, comportementale, cognitive et sociale qu’aucun thérapeute n’a été en mesure de me fournir à cause, certainement, de l’état préoccupant dans lequel m’ont laissé ces années de psychiatrie… toute cette « thérapie », toute cette reconstruction de soi, tout ce retour à la vie, je souhaite maintenant l’offrir à tous ceux qui sortent, meurtris, de la psychiatrie.

© Carole Advices 9 avril 2019

Pour aller plus loin:

Vidéos « Se reconstruire après l’arrêt de la médication psychiatrique »

La substitution pour les benzodiazépines

La substitution est la technique utilisée lors d’un sevrage indirect. Le principe est de remplace la benzodiazépine d’origine par une benzodiazépine de substitution, dont les propriétés et plus particulièrement, la demi-vie longue, la rendent plus facile à sevrer.

Lors d’un sevrage indirect, les deux molécules à demi-vie longue qui sont généralement utilisées lors de la substitution sont le prazépam (Lysanxia, Demetrin) ou le diazépam (Valium, Psychopax). À noter qu’en cas d’intolérance avec l’une ou l’autre des molécules à demi-vie longue, il est possible de basculer de l’une vers l’autre. Mais comme le souligne le site Sevrage Aux Benzodiazépines (2009), les cas d’intolérance au Valium ou au Lysanxia sont extrêmement rares.

De quoi faut-il tenir compte lors de la substitution?

1. Des doses équivalentes entre les benzodiazépines

Il faut tenir compte des différences de concentration entre les benzodiazépines, c’est-à-dire de leurs doses équivalentes ou équivalences.

En effet, nous nous rappelons qu’avec une certaine molécule, 1 mg de cette substance suffira à produire les effets prévus, alors qu’avec une autre molécule, aux mêmes propriétés, il faudra utiliser 10 mg de cette substance pour obtenir les « mêmes effets ». C’est ainsi que la concentration en benzodiazépine dans les solutions solides ou liquides (comprimés, gélules, gouttes, solutions buvables,…) peut fortement varier d’un médicament à l’autre.

Par exemple, il faudra utiliser un comprimé contenant une concentration de 20 mg de diazépam pour obtenir les « mêmes effets » qu’un comprimé contenant une concentration de 1 mg d’alprazolam.

À noter que, comme le souligne la Prof. Ashton (citée par Nimmo, 2012), beaucoup de gens ont souffert parce qu’on les avait changés brusquement pour une benzodiazépine différente et moins forte parce que le médecin n’avait pas tenu compte du facteur important de concentration différente.

Tableau d’équivalences proposé dans le Manuel Ashton (2012): http://www.benzo.org.uk/freman/bzcha01.htm#24

Retrouvez les doses équivalentes des benzodiazépines dans le calculateur de Jomax en allant dans le menu Conversion, puis en cliquant sur Benzo Conversion: psychotropes.info/calculateur

Attention, comme l’explique la Prof. Ashton (citée par Nimmo, 2012), les équivalences en concentration des benzodiazépines données dans les tableaux d’équivalences sont approximatives et peuvent différer d’un individu à l’autre.

2. Des profils d’action différents des benzodiazépines

Les benzodiazépines possèdent toutes les mêmes propriétés (sédative, hypnotique, anxiolytique, anticonvulsivante, myorelaxante, amnésiante), mais ce qui va les différencier, c’est leur profil d’action, c’est-à-dire dans quelles proportions elles vont déployer ces propriétés. Certaines auront majoritairement une action anxiolytique, alors que d’autres auront majoritairement des actions hypnotique et myorelaxante. Toutes vont combiner les six propriétés dans des proportions différentes et c’est ce qui déterminera leur profil d’action.

Connaissant cela, lors du processus de substitution, il faudra faire attention à bien connaître le profil d’action spécifique des deux molécules qui entrent en jeu : la molécule de départ et la molécule qui va progressivement la remplacer.

Par exemple, le lorazépam (Témesta) qui est utilisé pour son profil d’action principalement anxiolytique et tranquillisant aura moins d’activité hypnotique que le diazépam (Valium). La spécificité d’action du lorazépam est, selon Ashton (citée par Nimmo, 2012), probablement dû à son action de courte durée. Ainsi, par exemple, si une personne [qui] absorbe 2 mg de lorazépam (Témesta) trois fois par jour, passe directement à 60 mg de diazépam (la dose équivalente pour l’anxiété), elle deviendra extrêmement somnolente (Manuel Ashton, 2012, chapitre II), car en plus d’avoir une activité anxiolytique et tranquillisante, le diazépam a une activité hypnotique plus importante que le lorazépam.

Un des moyens pour atténuer les difficultés dues au passage d’une molécule à sa molécule équivalente mais dont le profil d’action est un peu différent, c’est, selon Ashton (2012), d’effectuer le changement que sur une prise à la fois. Cette manière de procéder aide aussi à trouver les doses équivalentes pour chaque individu. De plus, la Prof. Ashton (2012) recommande également de commencer la première substitution par la dose du soir et cette substitution n’a pas toujours besoin d’être totale. Ashton explique que, par exemple, si pour le soir la dose de lorazépam (Témesta) est de 2 mg, elle peut, dans certains cas, être changée à 1 mg de lorazépam (Témesta) plus 8 mg de diazépam (Valium) [alors qu’] une complète substitution pour une réduction de 1 mg de lorazépam (Témesta) aurait été de 10 mg de diazépam (Valium). Selon la Prof. Ashton, le patient peut en fait bien dormir avec cette combinaison et il aura déjà effectué une réduction dans ses doses de lorazépam (Témesta), une première étape au programme de sevrage.

3. De la forme galénique sous laquelle la benzodiazépine est administrée

Pour pouvoir diminuer « infinitésimalement » la quantité de substance active prise, il faut pouvoir fractionner (diviser) facilement le médicament jusqu’à des petites quantités. Et il est plus facile de le faire avec certaines formes galéniques, par exemple avec les gouttes. Pour plus d’informations pratiques sur le « fractionnement en fonction de la forme galénique », consultez la partie du chapitre I consacrée au sevrage en pratique page 50 du manuel de sevrage.

Le sevrage des benzodiazépines

Le sevrage des benzodiazépines peut se réaliser de manière directe ou indirecte. Généralement, les benzodiazépines à demi-vie longue sont sevrées directement, alors que les benzodiazépines à demi-vie courte sont préférentiellement remplacées par une benzodiazépine à demi-vie longue, comme le prazépam (Lysanxia, Demetrin) ou le diazépam (Valium, Psychopax) et donc sevrées de manière indirecte.

Le sevrage se fait à partir de la méthode des 10%. Dans le manuel de la Prof. Ashton, il est proposé de procéder à une diminution de 5 à 10% par palier de 10 à 21 jours.

Thérèse explique que la technique de sevrage conseillée est sans aucun doute la TITRATION qui permet de dissoudre les comprimés dans de l’eau lorsque la formule gouttes n’existe pas, sinon il y a lieu d’utiliser la SUBSTITUTION qui permet de passer d’une benzodiazépine à demi-vie courte à une benzodiazépine à demi–vie longue.

Thérèse insiste sur le fait que le SEVRAGE obéit à des règles précises et que se sevrer seul est très difficile étant donné que les benzodiazépines sont des médicaments dangereux qui entraînent un état de DÉPENDANCE particulièrement difficile à vaincre!

Mais avant de débuter le sevrage, il est important de :

Trouver sa dose de confort et de s’y stabiliser

La dose de confort est la dose qui se situe juste en dessus du seuil de tolérance et qui correspond généralement à la dernière dose à laquelle vous vous sentiez « bien ». À cette dose journalière, les symptômes devraient être peu intenses, si ce n’est pas le cas, nous vous invitons à vérifiez que vous ne subissez pas une intoxication médicamenteuse. Pour ce faire, augmentez légèrement la quantité de benzodiazépine prise. Si l’intensité des symptômes diminue, c’est que vous êtes en sous-dosage, alors que si l’intensité des symptômes augmente, il est fort probable que vous viviez une intoxication médicamenteuse. Dans ce dernier cas, nous vous conseillons d’en référer immédiatement à votre médecin pour qu’il prenne les dispositions adaptées pour sevrer ce produit rapidement et en toute sécurité.

Lorsque deux benzodiazépines (ou plus) sont prises, il est important de savoir que les deux benzodiazépines possèdent les mêmes propriétés (même si elles les déploient de manières légèrement différentes) et qu’il est possible de ne prendre plus qu’une à une dose journalière équivalente à la dose quotidienne totale qui était prise avec les deux benzodiazépines. L’idée est de conserver la même dose journalière de benzodiazépine, mais en ne prenant plus qu’un produit (de préférence une benzodiazépine à demi-vie longue).

Une fois la dose de confort trouvée, il est essentiel de s’y stabiliser une à deux semaines avant d’entamer le servage à proprement parler. Cela permet de commencer le sevrage de la benzodiazépine dans de bonnes conditions.

Déterminer la durée de la demi-vie et les heures de prises

Pour pouvoir se stabiliser à la dose de confort et ainsi reprendre le contrôle de l’intensité des symptômes de sevrage, il ne suffit pas seulement de retrouver la dernière quantité de benzodiazépine prise qui permettait de couvrir les symptômes de manque. Il est également important de connaître la durée de la demi-vie de la benzodiazépine pour pouvoir adapter les heures de prises, afin que la benzodiazépine couvre, de son action, les 24 heures de la journée.

Il est nécessaire de prendre la benzodiazépine à heure(s) fixe(s) pour pouvoir stabiliser sa concentration sanguine et par là, « son effet » et sa capacité à masquer les symptômes de manque. C’est la durée de la demi-vie qui va aider à déterminer la répartition des heures de prises de la benzodiazépine.

La dose journalière d’une benzodiazépine à demi-vie longue pourra, par exemple, être prise en une prise journalière, tous les matins à 8 heures ou en deux prises (à 9 heures et à 21 heures par exemple), pour assurer une « bonne couverture » des symptômes de sevrage.

La dose journalière d’une benzodiazépine à demi-vie courte devra être administrée en plusieurs fois, à heures fixes, pour que la benzodiazépine couvre de son action les 24 heures d’une journée. Par exemple, pour une benzodiazépine ayant une demi-vie de 6 heures, la dose journalière devra être distribuée en au moins 4 prises sur 24 heures pour espérer que cette dernière couvre de son action les 24 heures d’une journée.

Lorsque vous prenez une benzodiazépine à demi-vie courte, il peut être difficile de trouver une dose de confort, tellement la quantité de benzodiazépine présente dans le sang peut être fluctuante. Dans ce cas, il s’avérer judicieux de passer directement à une benzodiazépine à demi-vie longue pour se stabiliser plus facilement (on procédera alors à une substitution).

De plus, comme le souligne Thérèse, passer d’une benzodiazépine à demi-vie courte à une benzodiazépine à demi-vie longue permet de lever l’entrée en tolérance.

Finalement, le passage d’une benzodiazépine à demi-vie courte à une benzodiazépine à demi-vie longue se réalise à l’aide de la technique dite de substitution que nous allons détaillée plus bas. Commençons par parler de la méthode de sevrage direct.

Le sevrage direct d’une benzodiazépine

Une fois stabilisé à la dose de confort, un sevrage direct de la benzodiazépine peut être mis en place. La méthode de sevrage direct peut être employée pour sevrer les benzodiazépines à demi-vie longue et à demi-vie courte. Cependant nous avons constaté qu’il pouvait devenir compliqué de procéder au servage direct des benzodiazépines à demi-vie courte, étant donné que le manque entre les prises apparaît très fréquemment avec cette catégorie de benzodiazépines et que, techniquement, pour éviter l’apparition de ces symptômes de sevrage, il est nécessaire d’administrer la dose journalière en plusieurs fois et de réaliser des diminutions équilibrées entre les différentes prises.

Le sevrage direct d’une benzodiazépine à demi-vie courte

L’utilisation de la méthode de sevrage direct avec une benzodiazépine à demi-vie courte n’est pas conseillée, étant donné, qu’avec une molécule à demi-vie courte, il est très compliqué de maintenir une concentration sanguine stable et constante de la molécule active. En effet, comme l’explique la Prof. Ashton dans son manuel de sevrage (2012, chapitre II) :

Avec des benzodiazépines à courte-vie telles que l’alprazolam (Xanax) et le lorazépam (Témesta), il est impossible d’obtenir une baisse progressive dans les concentrations sanguines et cellulaires. Ces drogues sont éliminées assez rapidement avec comme résultat des fluctuations importantes de concentrations entre chaque dose. Il serait nécessaire d’absorber les comprimés plusieurs fois par jour et beaucoup de personnes traversent des expériences de « mini-sevrage” ou d’un besoin soudain entre chaque dose.

Par conséquent, avec une benzodiazépine à demi-vie courte, nous vous recommandons, dans la mesure du possible, d’utiliser la méthode de sevrage indirect (que nous verrons plus loin).

Cependant, si vous souhaitez tout de même réaliser un sevrage direct sur une benzodiazépine à demi-vie courte, il est recommandé de procéder à une diminution de 3% de la dose en cours tous les 7 jours (Thérèse).

Les heures de prises pour une benzodiazépine à demi-vie courte

Afin de lutter au mieux contre l’état de manque qui peut facilement se manifester avec une benzodiazépine à demi-vie courte, il est fortement recommandé de répartir la dose journalière en plusieurs prises quotidiennes en se basant sur la durée de la demi-vie. Par exemple, avec une benzodiazépine ayant une demi-vie de 8 heures, il sera important de répartir le dose journalière en au moins 3 prises sur 24 heures et préférentiellement plus, étant donné que la durée de l’effet de la molécule est plus courte que la durée de sa demi-vie d’élimination. Par conséquent, il sera certainement plus avisé de répartir la dose journalière, d’une benzodiazépine avec une demi-vie de 8 heures, en 4 prises (p.ex. 6h00 – 12h00 – 18h00 – 0h00).

Pour savoir comment diviser la dose journalière en quatre et la répartir entre les prises, nous vous invitons à consulter le paragraphe intitulé Titration : répartir une dose journalière en 4 prises qui se trouve dans la partie Le sevrage en pratique du manuel.

Toutefois, nous vous rappelons que, de manière générale, le servage direct est techniquement et pratiquement mieux adapté à l’arrêt progressif des benzodiazépines à demi-vie longue. Et nous vous recommandons fortement d’envisager d’utiliser la méthode de sevrage indirect, si le sevrage direct d’une benzodiazépine à demi-vie courte devient trop compliqué et/ou que vous expérimentez des symptômes de manque entre les prises.

Le sevrage direct d’une benzodiazépine à demi-vie longue

Après avoir respecté une période de stabilisation à la dose de confort, Thérèse recommande de procéder au sevrage d’une benzodiazépine à demi-vie longue en commençant par des diminutions de 5% de la dose en cours et en se stabilisant à cette nouvelle dose journalière pendant 8 jours, avant de réduire à nouveau la dose en cours.

Ces règles sont adaptées de la méthode des 10% d’Ashton : Thérèse et l’équipe SoutienBenzo ont constaté que des diminutions de 10% étaient, pour une grande majorité des membres du forum, trop difficiles à supporter. Ils ont également observé qu’en réduisant le pourcentage de diminution à 5% au lieu de 10%, il était nécessaire de réduire le nombre de jours de stabilisation pour éviter l’entrée en tolérance. C’est pour cette raison que la longueur de palier recommandée est de 8 jours, plutôt que les 14 mentionnés dans la méthode des 10%. Pour plus d’informations sur l’affinage, par Thérèse et son équipe, des règles de la méthode des 10%, vous pouvez vous reporter à la page 98.

Dans le même ordre d’idée, il est apparu, aux cours des observations, qu’en fin de sevrage d’une benzodiazépine à demi-vie longue, il pouvait être judicieux d’adapter à nouveau les règles de diminutions aux plus faibles quantités de benzodiazépines prises et de procéder à des diminutions de 3% de la dose en cours tous les 7 jours.

Les heures de prises pour une benzodiazépine à demi-vie longue

Il est possible et souvent conseillé de répartir la dose journalière en deux prises quotidiennes (p.ex., 9h00 et 21h00) et d’ajuster la quantité prise le matin et le soir en fonction des symptômes ressentis. Comme l’explique Thérèse, si l’insomnie prédomine, il est utile de prendre une plus grande quantité le soir, alors que si, au réveil, c’est un état d’angoisse ou d’agitation qui prédomine, il est intéressant de prendre un plus grand pourcentage de la dose journalière le matin. Pour comprendre comment répartir la dose journalière entre les prises, nous vous laissons vous reporter à la question 2 de la FAQ : Questions relatives au sevrage, page 60.

Finalement, la Prof. Ashton (2002) et les membres de SoutienBenzo ont constaté qu’il était possible de terminer le sevrage d’une benzodiazépine à 1.5 gouttes de Lysanxia (= 0.75 mg de Lysanxia) ou 1.5 gouttes de Valium (= 0.5 mg de Valium).

En qui concerne le calcul et la réalisation pratique des diminutions de dose, nous vous invitons à consulter les parties Diminutions et Titration du chapitre I consacré au sevrage, pages45 et 50.

Le sevrage indirect d’une benzodiazépine

Lorsque le sevrage direct d’une benzodiazépine se passe mal ou devient techniquement trop compliqué à gérer, il est possible de passer par un sevrage indirect. Dans ce cas, nous allons remplacer, en deux à quatre semaines, la benzodiazépine d’origine par une benzodiazépine à demi-vie longue.

L’utilisation de la méthode de sevrage indirect est judicieuse dans le cas où le sevrage d’une benzodiazépine à demi-vie courte devient techniquement trop compliqué, mais surtout dans le cas où des symptômes de manque se font sentir entre les prises lors de l’utilisation d’une benzodiazépine à demi-vie courte. Le passage à une demi-vie longue va permettre de lever le phénomène de tolérance et l’état de manque entre les prises généré par l’instabilité du taux de benzodiazépine présente dans le sang.

De plus, comme l’a constaté Thérèse, lorsqu’il y a une forte tolérance avec la benzodiazépine d’origine, la substitution avec une autre molécule va permettre de lever ce phénomène d’accoutumance et de retrouver le plein effet, en particulier anxiolytique, des benzodiazépines et ce, avec une dose globale moindre de benzodiazépine.

Nous pouvons résumer cette première partie concernant le sevrage des benzodiazépines à l’aide d’un arbre décisionnel :

Arbre décisionnel pour aider à la mise en place d’un plan de sevrage

Arbre décisionnel pour aider à mettre en place un plan de sevrage

Retrouvez l’arbre décisionnel expliqué en vidéo par Carole (2018) dans le cadre de la Journée Mondiale de Sensibilisation aux Benzodiazépines [w-bad.org] :

 

 

 

Les benzodiazépines : règles de sevrage recommandées

Par Thérèse

Sevrage d’une benzodiazépine à demi-vie courte

 

Règles générales pour les benzodiazépines à demi-vie courte

Pourcentage de diminution recommandé : 3%
Longueur des paliers recommandée : 7 jours

Sevrage d’une benzodiazépine à demi-vie longue

 

Règles générales pour les benzodiazépines à demi-vie longue

Pourcentage de diminution recommandé : 5%

Longueur de palier recommandée : 8 jours

 

Fin de sevrage des benzodiazépines à demi-vie longue

Pourcentage de diminution recommandé: 3%

Longueur de palier recommandée: 7 jours

Dose journalière à laquelle il est possible et recommandé d’arrêter le sevrage:

1.5 gouttes de Lysanxia (= 0.75 mg de Lysanxia)

1.5 gouttes de Valium (= 0.5 mg de Valium)

 

Nous attirons votre attention sur deux points concernant le pourcentage des diminutions et la longueur des paliers (Thérèse, 2017) :

Diminution : descendre sous les 2% peut engendrer une dépendance et entraîner ensuite une fin de sevrage très compliqué.

Palier : en baissant les pourcentages des diminutions, il est absolument nécessaire de réduire la longueur des paliers, sinon les fins de paliers deviennent très difficiles.

En qui concerne le calcul et la réalisation pratique des diminutions de dose, nous vous invitons à consulter les parties Diminutions et Titration du chapitre I consacré au sevrage, pages 45 et 50.

L’effet primaire d’un médicament

L’effet primaire d’un médicament (ou d’une substance active) est l’effet qu’on attend qu’il produise, c’est l’effet désiré du produit: on attend qu’un anxiolytique ait un effet anxiolytique, c’est-à-dire qu’il calme notre angoisse, nos peurs, nos crises de panique. On attend d’un somnifère qu’il nous fasse dormir. On attend d’un antidépresseur qu’il contrecarre notre dépression. On attend d’un antidouleur qu’il soulage nos douleurs…

Par exemple, l’effet primaire recherché de l’alprazolam (molécule active du Xanax) est son effet anxiolytique, il est donc indiqué dans le cadre des troubles anxieux:

Indications/Possibilités d’emploi Xanax

Névroses d’angoisse, y compris troubles psychosomatiques.
Etats d’anxiété avec dépression, mais pas comme traitement de premier choix.
Symptômes d’angoisse associés à des maladies fonctionnelles ou organiques.
Troubles paniques chroniques graves avec ou sans conduite phobique d’évitement, blocage ou diminution des attaques de panique chez les patients souffrant d’une agoraphobie associée à des accès de panique (d’après DSM-III-R, American Psychiatric Association).

Xanax retard:
Névroses d’angoisse, y compris troubles psychosomatiques.
Troubles paniques chroniques graves avec ou sans conduite phobique d’évitement, blocage ou diminution des attaques de panique chez les patients souffrant d’une agoraphobie associée à des accès de panique (d’après DSM-III-R, American Psychiatric Association).

(Compendium Suisse des Médicaments, 2017)

L’effet d’un traitement ou d’un médicament

L’effet recherché d’un traitement, notamment d’un médicament, est l’effet thérapeutique, celui pour lequel le médicament a été conçu et commercialisé. Mais, à côté de cet effet primaire, on peut observer un ou plusieurs effets secondaires, certains pouvant être bénéfiques, d’autres délétères; ce sont alors des effets indésirables (Thomsen, 2014).

L’effet rebond

L’effet rebond ou phénomène de rebond est l’apparition ou la réapparition de symptômes qui étaient absents ou contrôlés pendant un traitement médicamenteux, mais (ré)apparaissent lorsque ce traitement est arrêté ou que la dose est réduite. Dans le cas de réapparition, les symptômes qui réapparaissent ont souvent une intensité augmentée par rapport aux symptômes présents avant traitement (Wikipédia, 2016).

L’effet rebond et les mécanismes compensatoires mis en place par l’organisme

L’apparition d’un effet rebond dévoile la réaction de l’organisme à l’action du produit psychiatrique. L’effet rebond est en quelque sorte la manifestation qui met en lumière la réaction de l’organisme à l’action d’une substance psychotrope: l’effet rebond met en lumière les mécanismes compensatoires mis en place par l’organisme pour contrer l’effet de la substance. Lors des diminutions de doses ou lors d’un arrêt brutal, l’effet rebond qui apparaît est la manifestation du déséquilibre entre l’effet diminué du produit chimique (dose réduite) et les effets compensatoires de l’organisme qui contre toujours aussi intensément l’action du médicament (l’organisme n’ayant pas encore ajusté l’intensité de sa réponse à l’intensité diminuée de l’effet du médicament).

L’anxiété de rebond

L’anxiété de rebond est une des réactions les plus communes lors de l’arrêt ou de la réduction de dose des tranquillisants mineurs. Comme avec la plupart des médicaments psychiatriques, l’utilisation de ces benzodiazépines engendre au final une augmentation des symptômes alors même qu’elles étaient supposées les réduire et c’est ainsi que l’anxiété de rebond peut mener au diagnostic erroné de trouble de l’anxiété chronique. Comme relevé par le journal de psychiatrie américain Textbook of Psychiatry, les traitements à long terme peuvent être maintenus ou réintroduits par erreur lorsque l’anxiété de rebond induite par le médicament fait son apparition. La toxicomanie en étant le résultat ultime (Breggin, 1991, cité par Nimmo, s.d.).

L’insomnie de rebond

L’insomnie de rebond résulte également de la prise de la plupart des somnifères, parce que le cerveau réagit en s’opposant aux effets dépresseurs du système nerveux central en devenant plus alerte et plus en éveil. Il ajoute que de manière générale, les somnifères ne devraient pas être pris plus d’un jour ou deux à la fois (Breggin, 1991, cité par Nimmo, s.d.).

Comment désamorcer l’effet rebond ?

Ce qu’il est important de comprendre c’est que, lors d’un sevrage, plus la diminution de la dose journalière est grande, plus l’intensité d’un éventuel effet rebond sera grande. Pour désamorcer l’effet de rebond, c’est-à-dire pour minimiser l’apparition ou la réapparition de symptômes qui étaient absents ou contrôlés pendant la prise de médicament psychiatrique, il faut faire de petites diminutions et respecter des paliers de stabilisation de quelques jours, pour permettre au corps et plus particulièrement au système nerveux central, de gérer la diminution de dose. Un sevrage lent permet de limiter grandement l’intensité des éventuels effets de rebond et cela permet, en parallèle, de mettre en place des techniques thérapeutiques pour gérer l’hyperactivité et l’hypersensibilité du système nerveux central rendu plus vigilant, plus alerte et plus en éveil par la prise chronique de médicament(s) psychiatrique(s).

 

29. A l’arrêt des benzodiazépines qu’en sera-t-il de mes troubles initiaux ?

Soit ils disparaîtront parce que leur contexte d’apparition n’est plus là, soit ils perdurent plus ou moins et il est temps de se poser des questions sur sa manière de vivre, d’apprendre à gérer son anxiété sans drogues, comme les benzodiazépines. Tout en sachant qu’il faut du temps pour que l’organisme retrouve son équilibre et parfois plusieurs mois sont nécessaires.

 

 

FAQ de Ray Nimmo

 

28. Qu’est-ce que le syndrome de sevrage prolongé ?

Voici ce que dit la Prof. Ashton:

Attention : si vous souffrez d’un syndrome de sevrage en raison d’une diminution trop rapide ou d’un sevrage brutal, revenez immédiatement à la dernière dose dans laquelle vous vous sentiez bien. C’est impératif, ne comptez pas sur le temps pour vous débarrassez de vos symptômes, vous risquez un syndrome prolongé de sevrage.

C’est une fausse idée de penser qu’un sevrage brutal peut faire gagner du temps. Non seulement c’est dangereux mais en plus il peut prolonger vos souffrances des mois ou des années durant.

http://benzodiazepines.onlc.fr/12-Le-syndrome-prolonge-Pr-Ashton.html

 

29. A l’arrêt des benzodiazépines qu’en sera-t-il de mes troubles initiaux?

 

27. Y a t-il des médicaments qui aident au sevrage ?

Vaste question !

Certains médecins prescrivent du Tégrétol, du Neurontin, des béta-bloquants, du Buspar … qui ne sont pas plus probants que ça et ont par ailleurs des effets secondaires non négligeables. Alors prudence …

A vrai dire, il n’y a pas vraiment de médicaments qui aident au sevrage.

Il y a plutôt des alternatives qui relèvent d’une hygiène de vie. Et face aux crises d’anxiété, il est important d’apprendre à les gérer, de faire de la relaxation, une thérapie, de l’acupuncture, des massages, de l’aromathérapie, de la réflexologie, de l’homéopathie, du yoga, de la méditation, du sport, etc…

Attention à certains médicaments comme les Quinolones, les draineurs du foie qui mettent en état de sevrage. Autant il est nécessaire de soutenir la fonction du foie pendant le sevrage, attention aux draineurs qui sont intempestifs !

 

28. Qu’est-ce que le syndrome de sevrage prolongé?

 

26. Le médecin m’a prescrit un antidépresseur, dois-je le prendre ?

C’est une question très controversée et les avis divergent : certains semblent en avoir tiré un bénéfice, d’autres pas.

De plus, ils sont addictifs et ensuite il faut s’en sevrer.

Beaucoup de médecins les prescrivent, car en plus de leurs propriétés antidépressives, ils sont reconnus pour leurs propriétés anxiolytiques.

Certains antidépresseurs ont un effet sédatif pour traiter l’insomnie.

 

 

27. Y a t-il des médicaments qui aident au sevrage?