Renaître à la vie après l’arrêt des médicaments psychiatriques

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Le livre Renaître à la vie après l’arrêt des médicaments psychiatriques est disponible sur la plateforme d’autoédition lulu.com à l’adresse suivante: Lien vers le livre. Pour lire un extrait, cliquez ici.

Passage à vide

Ce matin, petit passage à vide.

Depuis quelques semaines, je passe par des moments de découragement et de grosse fatigue. Je sais que je suis dans une phase de transition qui apportera de gros changements.

Cela fait près de 20 ans que je suis à l’AI (Assurance Invalidité) et dans quelques semaines, je vais sortir de ce système. Cela fait plusieurs années que je suis dans la démarche de sortir de ce système et maintenant que cela devient concret, je réalise que c’est un gros saut qui se prépare.

Enfin, je ne serai plus vue comme celle qui a une maladie mentale qui la rend incapable de s’insérer dans la société. Enfin, « le système » reconnaît que je ne suis pas anormale, que je dispose de toutes les capacités mentales pour vivre une « vie normale ».

Cependant, il est clair que ce soutien financier, cette rente d’invalidité, j’en ai eu besoin pour vivre lorsque les médicaments psychiatriques faisaient partie de ma vie. Ces produits et les mauvais traitements psychiatriques que m’ont administrés les médecins m’avaient rendue bien incapable de fonctionner au quotidien et de subvenir à mes besoins les plus basiques. La décérébration que j’ai subie pendant ces années de mauvais traitements psychiatriques m’avait rendue incapable de penser, avait changé ma personnalité et m’avait énormément affaiblie physiquement. Travailler dans cet état, c’était impossible. Je remercie donc l’état et l’assurance invalidité d’avoir subvenu à mes besoins pendant cette période noire de ma vie. Je remercie également chaleureusement mon conseiller AI d’avoir pris le temps de comprendre qui « se cachait » derrière ces effrayants diagnostiques psychiatriques et d’avoir su être à l’écoute au moment où j’ai repris ma liberté face à la psychiatrie: dans ce moment où je me reconstruisais et je créais mon avenir. 

Cher monsieur M., même si les médecins de l’AI ont court-circuité votre évaluation des conditions qui me permettraient de sortir de l’AI en douceur, vous avez su être là et à l’écoute de mes besoins en matière de reconstruction professionnelle. Même si cette sortie de l’AI arrive très brutalement par rapport à ce que vous et moi avions imaginée, elle arrive à un moment de ma vie où je suis capable d’encaisser les changements brutaux.

Depuis plusieurs années maintenant, je me prépare à reprendre une activité professionnelle. Ou plutôt devrais-je dire, à commencer une activité professionnelle, puisque ayant été plongée dans le monde psychiatriques et mise à l’assurance invalidité à l’adolescence, je n’ai jamais vraiment été en mesure de travailler. Bien sûr, j’ai fait quelques tentatives désespérées pour travailler, mais avec la chape de plomb médicamenteuses qui me décérébrait et affaiblissait mon corps, j’ai bien été incapable de garder un travail plus que quelques semaines.

Au jour d’aujourd’hui, 10 ans après avoir arrêté les médicaments psychiatriques (neuroleptiques, benzodiazépines et antidépresseurs), et après avoir passer plusieurs années à me battre contre les dégâts occasionnés par ces produits et avoir récupérer seule, et avec beaucoup d’efforts quotidiens, je suis physiquement, psychologiquement, cognitivement et émotionnellement prête à reprendre ma vie professionnelle là où la psychiatrie me l’avais brisée il y a maintenant plus de 23 ans.

Mais ce passage dans l’enfer de la psychiatrie et surtout ma reconstruction après m’en être extirpée m’ont permis d’acquérir des ressources insoupçonnables qui me rendent maintenant capable de faire face aux plus gros défis de la vie. Ce passage entre les mains de la puissante psychiatrie et de ses alliées très influentes et omniprésentes, les firmes pharmaceutiques, m’a également donné une direction vers laquelle orienter ma carrière professionnelle. Pour sortir de la psychiatrie et des médicaments psychiatriques, j’ai passé des années à me documenter sur leurs fonctionnements, ce qui m’a permis d’acquérir une connaissance hors norme de ce milieu et des produits qu’il utilise. Cette connaissance, j’ai, depuis ma sortie de la médication psychiatrique, décidé de la partager et de la mettre à disposition des utilisateurs de ces produits, des personnes qui sont confrontés de près ou de loin à la psychiatrie et finalement, à la terre entière.

Toutefois, je ne vais pas limiter mon activité professionnelle à la diffusion de l’information concernant le fonctionnement de la psychiatrie et des médicaments psychiatriques que sont les somnifères, les anxiolytiques, les antidépresseurs, les antipsychotiques, les stimulants ou encore les régulateurs de l’humeur. Non, je ne vais pas me limiter à ça, puisque cela ne constitue qu’une infime partie de la sortie de l’ère psychiatrique et pharmaceutique. En effet, une fois que j’ai arrêté les médicaments et les visites en psychiatrie, il m’a fallu reconstruire entièrement ma vie.

J’a dû reconstruire ma vie personnelle, ma vie familiale, ma vie sociale et maintenant ma vie professionnelle, car avec à cause des mauvaises traitements physiques, psychologiques et chimiques infligés par les psychiatres, j’avais tout perdu.

J’ai recommencé par me reconstruire physiquement, puis cognitivement et émotionnellement. Cela m’a pris plusieurs années pour retrouver mes capacités physiques, ma santé, ma vitalité, mes aptitudes à la réflexion, ma capacité de jugement et mes capacités mnésiques. A noter qu’aujourd’hui, même avec tous les efforts quotidiens réalisés pour récupérer mes fonctions mémorielles (se rappeler des souvenirs de cette époque ou utiliser ma mémoire de travail), je n’ai pas été en mesure de les récupérer à 100%. Même si je dispose aujourd’hui d’une très bonne mémoire, elle n’est pas celle que j’avais avant les médicaments psychiatriques.

Ma reconstruction émotionnelle est passée par l’acquisition et la mise en pratique d’outils utilisés en Thérapie Cognitive et Comportementale. Ces outils ne m’ont jamais été proposés pendant les années passées en psychiatrie. Ces outils, je les ai découverts au cours de mes recherches pour réapprendre à fonctionner. J’ai appris à les mettre en pratique seule, car les psychothérapeutes ou les psychologues que je consultais à l’époque se figeaient sur mon passé psychiatrique et sur les symptômes de sevrage terrifiants qui se maintenant encore des années après l’arrêt complet des médicaments psychiatriques. Ces symptômes étaient notamment une anxiété généralisée accompagnée d’une agoraphobie avec attaques de panique qui me maintenait cloîtrée chez moi: le moindre pas en dehors de ma maison me déclenchaient de terribles attaques de panique. Avec le recul, je réalise que j’étais dans un état de stress post-traumatique après les atrocités que j’avais vécu en psychiatrie.

Ainsi, les séquelles qu’avaient laissé les années d’enfer passées sous le joug de la psychiatrie, m’empêchaient également de trouver du soutien auprès de thérapeutes, trop impressionnés ou déroutés qu’ils étaient par les terribles séquelles que je manifestais à l’arrêt des médicaments psychiatriques et à la sortie du monde de la psychiatrie.

C’est donc seule, que j’ai recherché et mis en pratique ces outils pour gérer mes angoisses et reprendre le contrôle de mon état de stress post-traumatique. ça a été et c’est toujours un travail de grande haleine. Quotidiennement, je prends le temps de travailler ces outils, de les perfectionner et de les faire évoluer avec mes besoins du moment.

Tout ce parcours pour me reconstruire émotionnellement, psychiquement et physiquement, toute cette « physiothérapie psychique et émotionnelle » et cette réhabilitation physique, comportementale, cognitive et sociale qu’aucun thérapeute n’a été en mesure de me fournir à cause, certainement, de l’état préoccupant dans lequel m’ont laissé ces années de psychiatrie… toute cette « thérapie », toute cette reconstruction de soi, tout ce retour à la vie, je souhaite maintenant l’offrir à tous ceux qui sortent, meurtris, de la psychiatrie.

© Carole Advices 9 avril 2019

Pour aller plus loin:

Vidéos « Se reconstruire après l’arrêt de la médication psychiatrique »