Les 3 pages du matin: le kit de survie

Tenir un journal intime est une des choses qui m’a permis de rester en vie dans ces périodes difficiles que sont le sevrage et le post-sevrage. Coucher sur le papier tout ce qui me faisait mal et que je ne pouvais pas dire à mon entourage (et encore moins à un psy.)
Déverser des kilomètres d’encre et noircir des dizaines de cahiers a été salvateur pour moi.

En lisant le livre de Julia Cameron, Libérez votre créativité Osez dire oui à la vie !, j’ai réalisé à quel point le fait de prendre le temps, chaque jour, de poser sur le papier ce qui encombre notre esprit, ce qui nous fait mal, ce qui nous freine ou ce que nous n’osons pas dire à notre entourage, est un des outils le plus puissant pour évacuer au quotidien ce qui nous blesse et pour garder le cap vers ce qui nous tient à coeur, vers ce qui est essentiel à notre vie.

Lorsque j’étais en sevrage (des anxiolytiques et des antidépresseurs), mais déjà lors des quelques années qui on précédé mes derniers sevrages, j’étais bien incapable de prendre la plume et d’écrire: même si c’était pour vomir sur le papier toute cette tension et cette haine que je vivais, prisonnière du monde psychiatrique et de ses produits.

En 2008, après 15 années passées sous médicaments psychiatriques, j’ai enfin commencé à retrouver ma capacité à écrire. Mes facultés cognitives avaient tellement été réduites pendant ces 15 années de mauvais traitements psychiatriques que j’avais été rendue incapable d’en tirer quelque chose ou de produire un simple raisonnement. Enfin délivrée de ces substances psychotropes et du joug de la psychiatrie, j’étais enfin en mesure de m’épancher par écrit sur ce qui m’arrivait: sur ce que je vivais dans mon plus profond for intérieur.

J’ai commencé par écrire des poèmes. Je crachais ma haine de ce que je vivais chaque jour, rejetée que j’étais depuis des années à cause de la personne infâme et noire que j’étais devenue depuis que je prenais des médicaments psychiatriques et que j’avais été petit à petit détruite et réduite à néant par les tortures psychologiques et physiques subies en milieu psychiatrique. Pendant deux ans, j’ai expurgé ma haine, ma souffrance et ma colère sur la papier au-travers de court poèmes.

Puis, une fois la haine expurgée, je me suis mise à réfléchir plus lucidement. Avoir cracher mes entrailles de souffrance, ma haine du système et ma colère m’avait en quelque sorte libérée de ces émotions destructrices. Au lieu de garder cette haine, cette souffrance et cette colère en moi, et ainsi les laisser me bouffer de l’intérieur, je les avais, en partie, expulsée en les couchant quotidiennement sur le papier. 
Sous la colère, en proie à une souffrance indicible, j’étais devenue bien incapable d’analyser et de comprendre clairement où j’en étais. Une fois ces émotions destructrices apaisées (mais pas encore oubliées), je pouvais maintenant me mettre à écrire sous un autre registre: l’analyse plus lucide de mon parcours. 

En 2010, deux ans après l’arrêt complet des médicaments et mauvais traitements psychiatriques, je me mis à écrire mon parcours dans un blog. Chaque jour, je prenais le temps de me remémorer une partie de mon passage en psychiatrie, en commençant par l’année 1994, année au cours de laquelle j’ai été plongée dans ce domaine de la médecine qu’est la psychiatrie.

La haine, la colère et la souffrance quelque peu apaisées par ces deux années que je leur avais consacrées, je pouvais relater mon parcours d’une manière plus « juste », plus claire. Ma vision de ce que s’était passé n’était plus totalement embrouillée par des larmes de haine et de colère.

Une fois mon parcours couché sur le papier, comme pour cette haine qui me consumait avant, je pouvais le laisser derrière moi. Poser à l’extérieur de soi ce qui nous ronge à l’intérieur permet de gagner une de ces libertés et une de ces clartés intérieures, qui permet d’avancer et de ne plus rester bloquer dans l’émotion ou l’histoire passée. C’est comme si expurger ma haine et mon parcours en psychiatrie sur le papier, avait permis de libérer un espace en moi. Un espace qui me permettrait d’accueillir autre chose, quelque chose de nouveau, quelque chose que j’aurais choisi et qui me ferait du bien.

Ma haine, ma souffrance, ma colère, ma tristesse, mais aussi mon passé, l’histoire que j’avais vécu prenaient tellement de place dans mon être avant que je ne l’ai en chasse qu’ils ne laissaient plus aucune place pour le renouveau. Une fois extériorisés sur le papier, ils n’avaient plus autant d’impact sur moi et je pouvais avancer et ouvrir mon coeur à quelque chose de nouveau.

Mais la peur, cette émotion était toujours là! J’avais peur: j’étais terrorisée au point d’être tétanisée et de ne plus rien oser. J’avais envie de me replier sur moi-même et de ne plus rien tenter, de peur de remplir cette place libérée de la haine et de la rancoeur, par d’autres expériences aussi destructrices et ravageuses que celles que j’avais vécues les dernières 17 années passées! Comment oser à nouveau tenter de nouvelles expériences sans avoir au fond de soi la peur intense qu’un tel enfer ne se reproduise et ne m’enferme encore 15 ans dans la souffrance, la douleur et la terreur? Comment oser se laisser à nouveau touchée par quelque chose d’extérieur? Comment oser à nouveau faire confiance et oser se laisser pénétrer par de nouvelles expériences?

En 2010, tellement terrorisée par ce que la société et le monde extérieur m’avaient fait endurer, je n’osais plus me départir de ma peur, cette alliée qui me permettaient de survivre et de repérer le moindre indice qu’une situation allait dégénérer et tourner à mon désavantage.

Alors, je me suis mise à chercher comment comprendre ma peur et comme la gérer de sorte qu’elle soit toujours là pour m’alerter d’un danger pouvant « envahir mon monde intérieur », mais que d’un autre côté, elle ne m’empêche pas de vivre à nouveau de belles choses: qu’elle ne m’empêche pas de me remplir de bonheur!

Je me suis alors documentée sur la peur et j’ai beaucoup écrit sur la peur. Je reproduisais ce schéma qui m’avait permis de sortir de la haine et de la colère: j’extériorisais ma peur sur le papier, pour qu’elle ne me consume pas de l’intérieur. Et en contrepartie, pour que l’espace vide qu’elle laissait en moi ne se remplisse pas de mauvaises choses capables de me ronger de l’intérieur, je comblais ce vide en le remplissant d’histoires douces, joyeuses et réconfortantes que j’écoutais sous forme de livre audio ou que je visionnais à la télévision.

Une fois ma peur exposée sur la papier, je pouvais enfin l’observer. C’est comme si lorsqu’elle était en moi, elle m’échappait, se rendant insaisissable et donc indisciplinable. Une fois sur le papier, je l’avais immobilisée. Elle devenait saisissable et disciplinable. J’ai donc commencer à l’observer, à l’étudier, à l’analyser, pour finir par la cerner et commencer à la domestiquer.

Ma peur, cet état de terreur dans lequel les violences subies en psychiatrie et la torture chimique infligée par les médicaments m’avaient plongée, petit à petit, au fil des pages et de mes écrits, ne devenait plus cet état sur lequel je n’avais aucune emprise et que je ne faisais que subir, comme le rat d’expérimentation qui reçoit des décharges électrique auxquelles il ne peut échapper, car enfermé dans sa cage. Non, je ne subissais plus ma peur comme le rat qui subit des décharges électriques de l’expérimentateur sans rien pouvoir faire. Non, je ne subissais plus ma peur, je pouvais après l’avoir mise sur le papier, l’observer et exercer une certaine influence sur elle.

Plus j’écrivais, plus je reprenais en main mes émotions, mon vécu et leurs conséquences. Extérioriser ce que je vivais en moi, me permettait de l’adoucir et d’y avoir accès.

J’ai lu le livre de Julia Cameron (Libérez votre créativité Osez dire oui à la vie !), il y a quelques mois, et je réalise que l’outil qu’elle propose – les 3 pages du matin – aux artistes pour libérez qui ils sont au fond, est un outil que j’ai utilisé spontanément au sortir du sevrage pour dissiper ma colère, ma haine, ma tristesse, mes angoisses et mes peurs, mais aussi pour expurger mon passé et la souffrance qu’il a occasionné.

En tant que maman, j’ai également lu le livre que Julia Cameron a écrit pour les parents qui souhaitent encourager la créativité chez leurs enfants (Libérez la créativité de vos enfants: éveiller le sens de l’émerveillement). Et c’est dans ce livre que j’ai découvert les 3 pages du matin. Voici comment Julia Cameron présente cette outil aux parents:

Les « pages du matin » – trois pages d’écriture par jour à effectuer à la main, uniquement par le parent.
J’appelle « pages du matin » l’outil de base de la (re)découverte créative. Pratiquées dès le réveil, elles permettent de détourner la négativité, car elles provoquent, clarifient, réconfortent, cajolent, donnent la priorité et synchronisent la journée qui s’annonce. […] Les pages du matin sont strictement privées. Elles représentent un lieu sûr où évacuer, méditer, élaborer des stratégies et rêver. Il n’y a pas de façon incorrecte de faire ses pages du matin. Il s’agit simplement d’écrire à la main – oui, à la main! – tout ce qui vous passe par la tête, et au bout de trois pages, vous vous arrêtez. Ne partagez ces textes avec personne. Certains de mes étudiants déchiquettent, brûlent, cachent ou mettent sous clé leurs pages du matin. […] Les pages du matin constituent pour le parent un kit de soutien portable et privé. L’éducation des enfants est une expérience émotionnelle, et vous avez le droit d’éprouver tous les sentiments qui se manifestent en vous. Les pages du matin constituent un lieu sûr où vous transformerez ces sentiments, ce qui vous permettra finalement d’être davantage présent dans votre journée.

Autant les 3 pages du matin constituent un kit de soutien pour le parent, autant les trois pages du matin constituent un kit de survie à celui qui se sèvre ou qui est en post-sevrage. Ecrire trois pages chaque matin permet, comme l’explique Julia Cameron de détourner la négativité et de transformer les sentiments et les émotions. Elles constituent un lieu sûr où s’épancher.

De plus, pour la personne en proie au bouleversement émotionnel et la totale remise en question générés par l’arrêt des médicaments, elles constituent un soutien, un kit de survie, à celui qui se retrouve souvent seul et isolé face à cette épreuve. Les fluctuations émotionnelles et les symptômes de sevrage peuvent être tels et survenir à des moments si inattendus, que disposer d’un « kit de survie portable et privé » pour faire face à ces sauts émotionnels, moraux et physiques peut littéralement nous sauver la vie.

Ecrire mon journal intime, en fin de sevrage et en post-sevrage, m’a, à n’en pas douter, grandement aidée à éviter le pire. Au lieu de mettre fin à mes souffrances en me supprimant, je les éloignais de moi en les mettant dans mon journal, atténuant ainsi leur intensité et leur portée, ce qui me permettait de ne pas passer à l’acte. Ecrire que je voulais mourir dans mon journal, me permettait de ne pas le faire. Ecrire comment je voulais mettre fin à mes souffrances suffisaient à les atténuer, à mettre fin à mon envie réelle de mourir. Car en fin de compte, ce n’est pas moi que j’avais envie de tuer, mais mes souffrances. Ce n’est pas à mon existence que je voulais mettre fin, mais à l’existence de mes souffrances. Je pense sincèrement que de ce côté-là, écrire m’a sauvé la vie.

L’écriture a constitué et constitue toujours pour moi un kit de survie!



© Carole Advices, le 10 juin 2019

L’état maniaque, la levée de l’inhibition et la perte du contrôle des impulsions sont les principaux dangers liés au sevrage des antidépresseurs

Les antidépresseurs étant capables, en sur-stimulant le système nerveux, de déclencher un état maniaque, une forte angoisse interne ou une akathisie, et de provoquer une perte de contrôle des impulsions et une désinhibition comportementale, nous vous conseillons fortement de surveiller l’apparition de ces symptômes qui peuvent être les signes précurseurs d’un passage à l’acte (tentative de suicide, suicide, violence, agressivité, comportements autodestructeurs (auto-mutilations)…).

Étant donné que le risque de suicide, d’agressivité et d’actes violents augmente lors de tout changement de dosage, il est impératif que vous réalisiez votre sevrage sous la surveillance accrue et constante de votre médecin et de votre entourage. Par ailleurs, comme nous l’avons vu, les antidépresseurs peuvent induire une anosognosie médicamenteuse vous rendant incapable de réaliser ce qui vous arrive et de prendre conscience des effets que le changement de dosage produit sur vous. Par conséquent, restez vigilant et demandez à votre famille, à vos amis et à votre médecin de surveiller l’apparition de signes qui indiqueraient que vous êtes en train de devenir euphorique, impulsif, « high » ou qu’il est en train de se produire des choses inhabituelles, farfelues, irréalistes dans votre vie.

Les signes de l’apparition d’une sur-activation du système nerveux

À l’apparition de ces signes ou symptômes, soyez hypervigilant et assurez-vous de la présence d’une personne de confiance 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Parlez-en immédiatement à votre médecin.

Quels sont les symptômes et les signes à surveiller ?

Surveillez notamment l’apparition des symptômes et de signes de l’état maniaque (Wikipédia, 2017) :

  • une excitation, une exaltation, un ressenti de « pressions intérieures » ;
  • une humeur « élevée » : euphorique classiquement, mais aussi une irritabilité, une plus grande réactivité (« au quart de tour »), une propension à se mettre en colère ;
  • des rires pour des choses futiles ou sans aucune raison.
  • de l’activité sans repos, de l’agitation improductive. La personne commence plusieurs choses et ne les termine pas, par exemple ;
  • une diminution de la pudeur, une « perte de gêne » allant parfois jusqu’à des attitudes de séduction et des contacts sexuels à l’excès ou au hasard (alors que dans son état « normal », la personne n’aurait pas souhaité avoir ce genre de comportement) ;
  • une accélération de la pensée : incessamment de nouvelles pensées traversent la tête de la personne :
  • difficultés de concentration : difficultés à se tenir à une même activité, distractibilité,
  • troubles du cours de la pensée : en parlant de quelque chose, la personne s’écarte encore et encore du fil de sa pensée (digressions multiples) et elle a du mal à retrouver le sujet initial dont elle voulait parler,
  • la fuite d’idées : les pensées se suivent extrêmement rapidement (tachypsychie), se bousculent parfois dans la tête. La personne passe du centième au millième. Les associations d’idées se relâchent. La suite des pensées reste logique pour la personne, mais pour son interlocuteur, il est parfois difficile de suivre le fil du discours (« coq à l’âne »). La personne qui souffre de manie, ayant oublié le but de son récit, n’est plus forcément capable de répondre à des questions ultérieures;
  • un besoin important de parler (logorrhée), et une parole abondante, accélérée, inarrêtable. Il s’agit du reflet de l’accélération des pensées. Dans les cas extrêmes, les paroles se précipitent si rapidement que l’auditeur a des difficultés à suivre ;
  • une assurance excessive ;
  • une réduction du besoin de dormir, sans que la personne ne se sente aussi fatiguée qu’elle le devrait en dormant si peu. La réduction du sommeil est souvent un des premiers signes d’un épisode maniaque ;
  • sentiment altruiste : envie d’aider les autres, ressenti des émotions des autres (hyper-empathie) ;
  • hypersensibilité affective (émotions plus vives) et quelquefois sensorielle ;
  • labilité émotionnelle : le fait de passer facilement du rire aux larmes ;
  • parfois la négligence de l’alimentation ou de l’hygiène

Si, avant le sevrage, vous souffrez de ces effets secondaires graves (syndrome sérotoninergique, manie, akathisie,…) causés par les antidépresseurs, alors il est impératif que vous vous adressiez à un médecin compétent pour qu’il mette en place un sevrage adapté à la situation : un sevrage plus rapide et sous surveillance accrue sera souvent mis en place en vue de réduire l’intensité de ces effets secondaires graves de l’antidépresseur.

Si vous ne présentez pas ce type de réactions, un sevrage lent et encadré est le meilleur moyen d’éviter qu’elles surviennent.

L’akathisie induite par les antidépresseurs

L’akathisie est un syndrome qui traduit une surexcitation du système nerveux. Elle est la manifestation de la sur-activation nerveuse induite par la prise d’antidépresseurs capables de sur-stimuler l’activité de la sérotonine dans le cerveau en en augmentant la quantité dans les fentes synaptiques.

Tout comme les neuroleptiques, des antidépresseurs comme la fluoxétine (Prozac) peuvent être à l’origine de ce syndrome particulièrement pénible, inquiétant et invalidant.

L’akathisie se manifeste par des impatiences, une impossibilité de s’asseoir ou de rester dans la position assise, un besoin irrépressible d’agitation, de se balancer en position debout ou assise, de piétiner ou de croiser et décroiser les jambes (Wikipédia, 2017). Elle se manifeste également par un sentiment d’angoisse intérieure et par le sentiment d’être torturé de l’intérieur. Ces sentiments d’anxiété et de torture intérieur induisent un besoin compulsif de bouger : la personne ne se sent bien ni assis ni debout ni couché et seul le changement de position engendre un léger soulagement (Wikipédia, 2017).

 

Quelle est la différence entre la manie induite par les antidépresseurs, la psychose d’intoxication par une substance (ici l’antidépresseur) et le syndrome sérotoninergique ?

 

La levée de l’inhibition et la perte du contrôle des impulsions

Lorsque nous sommes en pleine possession de nos moyens, nous sommes capables d’inhiber les comportements que nous savons déplacés ou dangereux. Ainsi, lorsqu’il nous vient l’envie de gifler notre patron parce qu’il est encore une fois passé devant nous sans nous saluer, nous nous réfrénons et nous ne passons pas à l’acte (nous ne le giflons pas). Lorsque nous ne sommes pas sous traitement médicamenteux, nous sommes en mesure d’inhiber un comportement que nous jugeons inapproprié et dont nous estimons que les conséquences pourraient être graves.

Certains médicaments psychiatriques, et plus particulièrement ceux qui agissent sur la sérotonine, sont capables de perturber le contrôle que nous avons de nos impulsions en levant notre capacité à inhiber les comportements que nous jugeons inappropriés. Il s’en suit que nous allons plus facilement passer à l’action, alors que nous ne l’aurions pas fait en temps normal. Ainsi, sous médicament et plus particulièrement sous antidépresseurs, l’envie déplacée de gifler son patron ne sera pas inhibée et se traduira par une gifle qui aura certainement des conséquences fâcheuses.

Deux phénomènes se produisent ici, d’une part les médicaments psychiatriques réduisent la capacité de jugement de la personne qui n’est alors plus en mesure de juger du bienfondé et des conséquences de ses actes et d’autre part, ils réduisent la capacité de la personne à maîtriser ses impulsions en altérant sa capacité à inhiber ses comportements. Le passage à l’acte est donc facilité par la levée d’inhibition comportementale (ou désinhibition) occasionnée par ces substances psychoactives.

L’action est donc facilitée par la levée de l’inhibition. Il semble que ce soit précisément l’effet recherché lors de la prescription d’antidépresseurs. En effet, il semble que le fait que ces substances soient capables de stimuler l’organisme d’une personne au point de la faire passer à l’action, ait mené le monde médical à penser que cette facilitation du passage à l’action aiderait la personne à sortir de l’état d’inaction dans lequel l’aurait plongé la dépression.

Malheureusement, comme nous l’avons vu, les médicaments qui sur-stimulent le système sérotoninergique et ainsi qui sur-activent l’organisme peuvent être à l’origine d’un état pouvant aller de la légère euphorie à un état violent et suicidaire, en passant par une forte agitation ou un état maniaque.

Une levée de l’inhibition et une perte de contrôle des impulsions sont le plus souvent observés lorsque la quantité de médicament prise est modifiée : comme lorsque le patient commence, augmente, réduit ou stoppe la prise de médicament.

Pour Breggin et Cohen (2007), la perte de contrôle des impulsions, l’agitation, la manie et l’akathisie sont probablement à l’origine de l’apparition de comportements violents et autodestructeurs. Les auteurs ont en effet observé que de nombreux cas de suicides ou de meurtres ont impliqués des patients qui prennent des antidépresseurs ISRS.

Par ailleurs, il est important de rappeler que TOUS les nouveaux antidépresseurs augmentent les comportements suicidaires chez les enfants et les adultes (FDA, cité par Breggin et Cohen, 2007).

Nous comprenons donc que les médicaments qui sur-stimulent le système de neurotransmission sérotoninergique produisent des changements dans la personnalité, le comportement et les capacités de jugement et de réflexion de la personne. Et ce sont ces changements qui peuvent la pousser à commettre des actes qui ne lui ressemblent pas et qu’elle n’aurait jamais commis si elle ne consommait pas ces produits.

 

L’akathisie induite par les antidépresseurs

 

La manie induite par les antidépresseurs

La manie (du grec ancien μανία / maníā «folie, démence, état de fureur») est un état mental caractérisé par des degrés d’humeur, d’irritation ou d’énergie anormalement élevés. Beaucoup d’aspects permettent de considérer la manie comme une «dépression inversée», dans le sens d’une «accélération», une intensification des pensées, des émotions (tout est plus fort, plus vif, plus intense y compris la douleur morale ou la tristesse parfois, ce qui amène à des confusions diagnostiques) (Wikipédia, 2017).

La manie induite par les antidépresseurs est un trouble psychotique grave qui inclut une hyperactivité extrême, l’insomnie, une accélération de la pensée, des poussées d’énergie frénétiques et exténuantes et un sentiment fantaisiste de grandeur et de toute-puissance qui peut mener à des actions bizarres et destructrices, à la paranoïa et parfois même au suicide (Breggin & Cohen, 2007).

La manie induite par les antidépresseurs peut donc devenir un effet secondaire grave de ces produits, lorsqu’elle pousse la personne qui en est victime à des actes qui ne lui ressemblent pas. Ces actes pouvant aller des achats compulsifs à des réactions extrêmes de violence envers soi-même ou les autres, en passant par des changements radicaux de vie (séparation d’avec une personne avec qui tout allait bien avant la prise de médicament, divorce après des années de mariage, quitter son emploi sur un coup de tête, tout plaquer, etc…).

Cet effet secondaire est grave, étant donné que les effets physiologiques du médicament annihilent les capacités de jugement de la personne, la rendant ainsi incapable de juger de la portée de ses actes ou des conséquences des décisions impulsives qu’elle prend. Les antidépresseurs sont en mesure de réduire la capacité de la personne à contrôler ses impulsions : on observe fréquemment une levée de l’inhibition qui peut, dans les cas extrêmes, aller jusqu’au meurtre et/ou au suicide.

 

La levée de l’inhibition et la perte du contrôle des impulsions

 

L’artificiel sentiment de bien-être induit par les antidépresseurs

Il arrive souvent qu’on se soit senti bien lors des premières prises d’antidépresseurs. Pourquoi ?

Parce que les antidépresseurs sont capables de nous euphoriser ! Mais attention cette euphorie est artificielle et ne dure pas ! Par contre, dans bien des cas, elle est si forte, qu’elle peut nous couper de la réalité et nous plonger dans un état d’euphorie extrême, appelé manie ou état maniaque. Cet état maniaque n’est autre qu’une forme particulière de psychose : une psychose par intoxication médicamenteuse.

Lorsque l’antidépresseur induit un léger état d’euphorie, on se sent « bien » comme lorsqu’on est légèrement ivre. Mais lorsque l’antidépresseur induit un état maniaque, il peut nous entraîner dans une spirale destructrice qui nous fait perdre le sens des réalités et qui peut, dans les cas extrêmes, nous mener jusqu’à la violence et/ou au suicide.

 

La psychose induite par une intoxication médicamenteuse

 

Quel médicament psychotrope arrêter en premier ?

Comme l’expliquent les Docteurs Breggin et Cohen (2007) :

Si vous prenez un médicament A pour contrer les effets secondaires d’un médicament B, alors vous devriez probablement commencer par sevrer le médicament B. Par exemple, si vous prenez un somnifère pour traiter l’insomnie causée par du Prozac (fluoxétine) ou de la Ritaline, vous allez peut-être avoir envie de sevrer le somnifère après l’arrêt du Prozac ou de la Ritaline. Idem, si vous prenez des médicaments (Cogentin (=benztropine) ou Artane) qui suppriment les troubles moteurs induits par les neuroleptiques, vous devriez probablement commencer par réduire le(s) neuroleptique(s) avant de commencer le sevrage du médicament prescrit pour réduire les effets secondaires des neuroleptiques.

Il est recommandé de ne faire qu’un sevrage à la fois et d’attendre quelques semaines après un sevrage avant d’en commencer un deuxième, afin de ne pas trop bousculer l’organisme. Une pause entre deux sevrages offre à votre organisme la possibilité de récupérer un peu et ainsi de commencer le sevrage suivant dans de meilleures conditions.

Nous vous conseillons également d’écouter votre ressenti pour déterminer quel médicament votre organisme a besoin de sevrer en premier. Par exemple, si vous sentez qu’un médicament a produit des effets secondaires pénibles dès le moment où vous avez commencé à le prendre, alors c’est peut-être par celui-ci qu’il conviendrait de commencer.

Par ailleurs, il est très important de prendre en compte la dangerosité de la molécule lors du choix de l’ordre des sevrages. Comme le soulignent Breggin et Cohen (2007), il faut si possible commencer par les antipsychotiques (neuroleptiques), étant donné que cette classe de médicaments psychiatriques expose à des effets secondaires graves, y compris à la dyskinésie tardive, au syndrome malin des neuroleptiques qui peut potentiellement être mortel, au diabète et à une pancréatite.

Finalement, si vous souffrez déjà d’effets secondaires graves induits par vos médicaments psychiatriques, comme un manie, une hyperstimulation, des comportements inquiétants ou des mouvements anormaux, il faudra envisager de réaliser un sevrage rapide et aussi sûr que possible des molécules incriminées et ce sous la surveillance d’un médecin très expérimenté.

Il est vraiment vital de sevrer en premier, et sous surveillance médicale accrue et constante, le médicament qui serait à l’origine d’une intoxication médicamenteuse.

Comment faire la différence entre des symptômes de manque (syndrome de sevrage) et la toxicité médicamenteuse (neurotoxicité / intoxication médicamenteuse)?

Un syndrome de sevrage correspond à l’ensemble des symptômes qui se manifestent lorsque la dose du médicament est diminuée, alors que la toxicité médicamenteuse se présente sous la forme d’un ensemble de symptômes qui apparaissent lors des augmentations de dose.

Les symptômes de sevrage : un effet indirect des médicaments observé lors des diminutions de dose

Les symptômes de sevrage sont des effets indirects de la substance prise, dans le sens où ils correspondent à une réponse de l’organisme aux diminutions et non aux effets directs de la substance.

L’intoxication médicamenteuse : un effet direct des médicaments observé lors des augmentations de dose

L’intoxication médicamenteuse est un terme utilisé pour parler des effets neurotoxiques et/ou toxiques directs de la substance prise, dans le sens où les symptômes observés sont les conséquences directes des effets de la substance.

Une substance peut intoxiquer l’organisme lors des premières prises. Et l’intoxication va se maintenir et souvent s’aggraver au fil des prises.

Comment faire la différence entre des symptômes de sevrage qui perdurent malgré l’application des règles de sevrage et une éventuelle toxicité ?

La meilleure façon de faire est d’augmenter un peu la dose:

  • si les symptômes augmentent c’est qu’il y a toxicité, en ce cas le sevrage devra être plus rapide et se faire en 6 ou 8 semaines et sous surveillance médicale intensive. Avant de se lancer dans cette option il faut bien observer ce qui se passe!
  • si les symptômes diminuent en intensité, c’est qu’il s’agit bien de symptômes de sevrage. Dans ce cas, régler plus finement le protocole de sevrage pourra aider (adapter le pourcentage de diminution et/ou la longueur du palier).

 

Quelle est la place de l’entourage dans le processus de sevrage?

 

Meurtres de masse et médication psychotrope

Sur Facebook, David Healy relève que « les tueurs de Nice et de Münich n’étaient pas tellement liés à la politique ou à la religion… mais apparemment, les deux étaient sous médications psychotropes. Cela vaut la peine de s’y intéresser » (« Killers in Nice & Munich were NOT much into politics or religion .. but both apparently on psych meds. Worth a look.)  » : A Bus, a Plane, a Truck and a Gun, article de Brian pour le site AntiDepAware qui promeut la prise de conscience (la sensibilisation) des dangers des antidépresseurs.

Quelques extraits de l’article A Bus, a Plane, a Truck and a Gun : Un bus, un avion, un camion et un pistolet
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