Le sevrage indirect d’un antidépresseur

Que faire lorsque, lors du sevrage direct d’un antidépresseur, l’intensité des symptômes de sevrage est intolérable ?

La méthode du sevrage direct semble fonctionner pour certaines personnes et moins bien pour d’autres et elle semble mieux se prêter à certains types d’antidépresseurs et moins bien à d’autres.

Ainsi, il peut s’avérer que certains antidépresseurs, de par leurs caractéristiques spécifiques, notamment leur puissance et la longueur de leur demi-vie d’élimination, se prêteront moins bien au sevrage direct. C’est plus particulièrement le cas des antidépresseurs dont la molécule active est puissante et/ou a une demi-vie courte.

Attention : avant d’attribuer la cause de l’intensité élevée de symptômes de sevrage aux spécificités de l’antidépresseur et d’opter pour la méthode de sevrage indirect, vérifiez que l’intensité des symptômes de sevrage n’est pas la conséquence d’un cumul de manque dû à un sevrage débuté en état de manque (c’est-à-dire d’un sevrage réalisé sans avoir observé une phase de stabilisation à la dose de confort). N’oubliez pas que dans le cas des antidépresseurs, les symptômes de sevrage peuvent se manifester des mois après la première diminution où vous étiez en sous-dosage. En effet, les premiers paliers sous-dosés peuvent passer inaperçus en ne manifestant que peu ou pas de symptômes de sevrage. Mais au fil des diminutions, le sous-dosage est de plus en plus conséquent et au bout d’un moment (souvent un à deux mois après le premier palier sous-dosé), les symptômes de manque se manifestent avec une forte intensité.

En outre, dans la grande majorité des cas, le choix d’un sevrage direct ou indirect dépendra de la réaction de l’organisme aux diminutions de dose. Si, l’organisme réagit mal aux diminutions lors du sevrage direct d’un antidépresseur puissant et/ou à demi-vie courte, alors il sera intéressant de se tourner vers la technique du sevrage indirect qui consiste à substituer une nouvelle molécule à la molécule d’origine, c’est-à-dire de procéder au remplacement de l’antidépresseur «trop difficile à sevrer » par un antidépresseur dont les caractéristiques le rendent « plus facile à sevrer ». Dans ce cas, on va substituer l’antidépresseur actuellement pris par un antidépresseur aux propriétés équivalentes, mais dont la demi-vie plus longue et/ou la plus faible puissance le rendent techniquement plus facile à sevrer.

Finalement, il arrive qu’un sevrage direct qui se passe bien devienne plus difficile dans les dernières diminutions au point de rester bloquer à des doses faibles et de ne pas arriver à terminer. Dans ce cas, il est possible de passer par un sevrage indirect pour franchir cet obstacle de fin de sevrage.

 

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Les approches du sevrage indirect des antidépresseurs (ISRS):

L’approche de la puissance de l’antidépresseur

L’approche de la demi-vie d’élimination

 

Le sevrage direct d’un antidépresseur

Il existe plusieurs façons de se sevrer d’un antidépresseur. La première façon de faire est de se sevrer directement du médicament pris en procédant à une diminution progressive et systématique de la dose prise.

Ce sevrage se fait aussi avec la méthode des 10%, mais avec un palier un peu plus long qu’avec les benzodiazépines pour une meilleure efficacité (Thérèse, 2017).

Dans le cas du sevrage d’un antidépresseur, l’idéal serait que ça se passe bien à 100%, sans symptômes aucuns. Dans de nombreux cas, le sevrage d’un antidépresseur se passe bien, mais ce n’est pas une règle générale. Mais pourtant c’est ce qu’il faut viser, ce 100% ! car je suis sûre que beaucoup ne sont pas attentifs à leur corps et acceptent des symptômes passivement en croyant que c’est normal (Thérèse, 2017).

Lors du sevrage, il faut vraiment écouter son corps car les symptômes se font vite sentir! Et lorsqu’ils se font sentir, il est important d’en tenir compte et d’envisager d’adapter le protocole de sevrage (par exemple faire des diminutions plus petites ou allonger un peu le(s) palier(s)).

Dans le cadre du sevrage d’un antidépresseur, il est fortement recommandé de commencer avec des paliers de 30 jours et des diminutions de 5% de la dose en cours, ce qui permet au corps de s’adapter, puis de diminuer doucement la longueur des paliers jusqu’à une durée de stabilisation qui vous convient : par exemple des paliers de 12 ou 15 jours (Thérèse, 2017). À vous d’ajuster en fonction de votre ressenti. En effet, comme l’a constaté Thérèse sur le forum SoutienBenzo, il est plus facile de diminuer la longueur d’un palier que de remonter, en ramant! car le corps a accumulé du manque et c’est plus difficile à gérer.

Les antidépresseurs : règles de sevrage recommandées par Thérèse:

Règles générales pour les antidépresseurs

Pourcentage de diminution recommandé : entre 3% et 10%

Longueur des paliers recommandée : entre 12 jours et 30 jours

Dans le cas des antidépresseurs, il faut veiller à avoir le moins de symptômes possibles, voire pas du tout.

Pour minimiser l’intensité des symptômes de sevrage des antidépresseurs, il est donc recommandé de commencer avec des diminutions de 5% et des paliers de 30 jours. Si à ce rythme, le sevrage se passe bien, alors vous avez le choix : soit continuer à ce rythme pour vous assurer un sevrage confortable, soit ajuster le rythme de sevrage pour voir si votre organisme supporte des paliers plus courts. Si à ce rythme (5% et 30 jours), les symptômes de sevrage sont trop intenses, il est recommandé réduire le pourcentage de diminution à 3% et voir si le sevrage se passe mieux. L’important est de maintenir l’intensité des symptômes à son minimum, afin de trouver un rythme de sevrage qui soit le plus confortable possible. Une fois ce rythme de croisière trouvé, nous vous conseillons de vous y tenir.

 

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Le sevrage indirect d’un antidépresseur

24. Comment éviter la crise de manque?

En faisant un sevrage lent. C’est-à-dire en faisant de petites diminutions et en laissant le temps à l’organisme de s’adapter quelques jours à une quantité journalière de médicament inférieure avant de passer à la diminution suivante.

C’est ce qui nous mène aux deux règles d’or du sevrage:

  1. faire de petites diminutions (réduire de 10% maximum la dose journalière en cours):
  1. respecter des paliers de quelques jours, avant de réduire à nouveau la dose journalière. (palier d’au minimum 4 jours et d’au maximum 14 jours avec les benzodiazépines) :

Vidéo: https://youtu.be/950SKSBrAoo

Même si cette vidéo parle de la crise de manque chez les héroïnomanes, en expliquant le rôle des récepteurs GABA et des traitements de substitution, c’est la même chose d’une certaine façon avec les benzodiazépines, les antidépresseurs et autres …

Le phénomène de l’état de manque y est bien expliqué.

 

25. La fin du sevrage et persistance de symptômes

 

14. Mise en place de la substitution

Pour passer d’une benzodiazépine à demi-vie courte à une benzodiazépine à demi-vie longue, on utilise la méthode de substitution, après avoir cherché l’équivalence avec la molécule à substituer. Pour cela on utilise une table de conversion comme celle présente dans l’application de Jomax par exemple:

Doses équivalentes (benzodiazépines): Convertisseur de Jomax

Calculateur/Convertisseur de Jomax:

http://psychotropes.info/calculateur/

Pour avoir des équivalences entre les différentes molécules, utilisez le « convertisseur entre les benzos » en allant

  • dans le menu conversion et en choisissant benzo conversion
  • puis en entrant le dosage en mg et le nom des benzodiazépines dont vous voulez connaître les doses équivalentes

Exemple d’équivalence (=dose équivalente) entre le Xanax et le Lysanxia:

1 mg d’alprazolam (Xanax) = 30 mg de prazépam (Centrax, Lysanxia)

La substitution, c’est le passage progressif d’une molécule à une autre : le corps doit se sevrer de sa molécule d’origine pour en accepter une autre.

Il faut environ 4 semaines, en respectant des paliers d’une semaine, pour que la nouvelle molécule trouve toute sa puissance.

Il peut y avoir des petits symptômes de sevrage.

Certains peuvent se sentir “shootés” et il y a lieu de réajuster la dose de l’équivalence à la baisse.

S’il y a apparition de symptômes de manque, il faut faire une petite augmentation de la dose de la molécule de substitution.

La substitution peut s’étaler sur 15 jours pour des petites doses à sevrer et se fait généralement sur 4 semaines, voire 8 à 12 semaines pour des doses plus importantes.

Il vaut mieux ne pas dépasser 8 semaines à cause de l’entrée en tolérance, laquelle se manifeste dès 4 semaines environ.

Il faut en tenir compte dans son plan de substitution : diminuer la benzodiazépine que l’on a introduite dès la 4ème semaine et ensuite dans son plan de sevrage.

Sur un plan de 4 semaines par exemple, il s’agit de substituer 1/4 par 1/4 la nouvelle molécule à la molécule d’origine.

Observer une phase de stabilisation de 2 semaines avant de commencer le sevrage à proprement parler.

Pour plus d’information sur la substitution, cliquez ici.

Consultez également notre page consacrée au sevrage: Le sevrage

 

15. Y a t-il une importance à passer par une demi-vie longue?

 

12. Son programme de sevrage

Diminuer de 5 à 10% de la dose, tous les 10 ou 15 jours (méthode des 10%) : chacun a son rythme qu’il modulera au fil du temps en fonction de ses symptômes de sevrage (voire comment affiner la méthode des 10%)

*ATTENTION : Diminuer chaque jour et pas 1 jour sur 2.

  • C’est mieux de fractionner tous les 10 ou 15 jours plutôt qu’une fois par mois: l’organisme accepte mieux les petites diminutions.
  • Pour les benzodiazépines à demi-vie longue, 2 prises par jour, à heures régulières suffisent.
  • Pour les benzodiazépines à demi-vie courte, 3 à 4 prises sont nécessaires.
  • Si l’insomnie prédomine : prendre la majeure partie de la dose journalière le soir.
  • Si c’est difficile le matin : prendre la dose dès le lever mais pas trop pour éviter la somnolence.
  • Ne pas régresser si ça va mal ou si vous avez fait une diminution trop rapide : allonger le palier suffit bien souvent. Mais ne pas allonger le palier au-delà de 3 semaines à 1 mois à cause de l’entrée en tolérance. Reprendre ensuite ses diminutions (voir la partie sur le lissage).
  • En cas de stress, ne pas augmenter mais apprendre à gérer ses symptômes autrement que par la prise d’un comprimé.
  • Différence à faire entre des symptômes de sevrage qui perdurent malgré les règles de sevrage et une éventuelle TOXICITÉ :
    La meilleure façon de le savoir est d’augmenter la dose : si les symptômes augmentent c’est qu’il y a toxicité, en ce cas le sevrage devra être plus rapide et se faire en 6 ou 8 semaines. Avant de se lancer dans cette option, il faut bien observer ce qui se passe !
  • Pas d’alcool, de café, d’excitants… sauf de manière très modérée pour le café.
  • Ne pas avoir peur de la fin du sevrage : faire le saut dès 0.50 mg /jour de Valium ou de Lysanxia. A l’expérience nous avons trouvé qu’il valait mieux fractionner davantage.
  • Le sevrage ne doit pas être une obsession et nécessite souvent un arrêt de travail.

 

13. Le sevrage par substitution

 

Les antidépresseurs : règles de sevrage recommandées

Les antidépresseurs : règles de sevrage recommandées par Thérèse du forum SoutienBenzo

Règles générales pour les antidépresseurs

Pourcentage de diminution recommandé : entre 3% et 10%

Longueur des paliers recommandée : entre 12 jours et 30 jours

Dans le cas des antidépresseurs, il faut veiller à avoir le moins de symptômes possibles, voire pas du tout.

Pour minimiser l’intensité des symptômes de sevrage des antidépresseurs, il est donc recommandé de commencer avec des diminutions de 5% et des paliers de 30 jours. Si à ce rythme, le sevrage se passe bien, alors vous avez le choix : soit continuer à ce rythme pour vous assurer un sevrage confortable, soit ajuster le rythme de sevrage pour voir si votre organisme supporte des paliers plus courts. Si à ce rythme (5% et 30 jours), les symptômes de sevrage sont trop intenses, il est recommandé réduire le pourcentage de diminution à 3% et voir si le sevrage se passe mieux. L’important est de maintenir l’intensité des symptômes à son minimum, afin de trouver un rythme de sevrage qui soit le plus confortable possible. Une fois ce rythme de croisière trouvé, nous vous conseillons de vous y tenir.

 

Les méthodes de sevrage

 

Antidépresseurs: les symptômes de sevrage

 

Spécificité du sevrage des antidépresseurs

Le sevrage des antidépresseurs

Avec les antidépresseurs, il est fortement recommandé de sevrer directement l’antidépresseur d’origine et d’envisager d’ajouter une autre molécule ou de passer à une autre molécule, seulement si le sevrage de l’antidépresseur d’origine s’avère trop compliqué, c’est-à-dire que les symptômes de sevrage sont intolérables. En fin de sevrage, lorsque les dernières diminutions deviennent trop difficiles, il est également envisageable d’introduire un antidépresseur de soutien ou de substitution. Comme relevé par Altostrata (2011), administrateur du forum Surviving Antidepressants, un sevrage direct du médicament auquel votre système nerveux est accoutumé est moins risqué que le passage par un autre antidépresseur [sevrage indirect]. En effet, il peut arriver que l’organisme réagisse très mal à l’introduction d’une nouvelle molécule, ce qui provoque, dans la plupart des cas, de sévères effets indésirables. Il peut également arriver que la substitution échoue : c’est le cas lorsque l’action de la nouvelle molécule ne couvre pas les symptômes de sevrage induits par le sevrage de la molécule d’origine.

Les termes antidépresseur d’origine, molécule d’origine ou antidépresseur de départ sont les noms que nous employons pour désigner l’antidépresseur qui est actuellement pris (et que vous souhaitez généralement sevrer) par opposition aux termes antidépresseur de substitution, molécule de substitution, antidépresseur de soutien ou molécule de soutien qui sont les termes utilisés pour désigner les nouvelles molécules qui pourront être introduites lors d’une procédure de sevrage.

Les antidépresseurs de substitution ou de soutien seront ainsi introduits soit pour remplacer l’antidépresseur d’origine, soit pour « soutenir » son effet lorsque le sevrage direct de celui-ci s’avère trop compliqué, voire impossible à réaliser.

Avant de débuter un sevrage, il est important de :

Trouver sa dose de confort et de s’y stabiliser

Le point essentiel, avant de débuter le sevrage à proprement parler, est de trouver sa dose de confort et de s’y stabiliser pendant quelques semaines (généralement 4). En effet, si vous débutez votre sevrage lorsque votre organisme est en manque, alors vous risquez d’accumuler les manques de chaque palier.

Pour donner toutes les chances à un sevrage de bien se passer, il est crucial de ne pas débuter votre sevrage en état de manque.

De plus, comme l’a constaté Thérèse (2017) sur le forum d’entraide SoutienBenzo, il ne faut ne pas rester avec des symptômes de sevrage d’un antidépresseur si vous avez été trop vite, car l’effet rebond apparaît 1 à 2 mois après et il NE FAUT PAS attendre que ça passe tout seul! La solution est de REPRENDRE en partie votre sevrage [c’est-à-dire de remonter à la dernière dose à laquelle vous vous « sentiez bien », la dose de confort] et FINIR de se sevrer correctement [en suivant un protocole de sevrage adapté aux spécificités de la molécule].

Connaître la durée de la demi-vie de l’antidépresseur pour adapter les prises et éviter les états de manque

Il est important de prendre l’antidépresseur à heure(s) fixe(s) pour maintenir le taux de molécule active constant dans le sang afin d’éviter les états de manque et donc les symptômes de sevrage. Et c’est en identifiant la durée de la demi-vie de l’antidépresseur qu’il sera possible d’adapter les heures prises et ainsi d’éviter les états de manque.

Avec un antidépresseur à demi-vie longue (24 heures et plus), une prise par jour à heure fixe couvre théoriquement toute la journée.

Bien que la durée de la demi-vie ne soit pas égale à la durée de l’effet de la molécule active, la demi-vie constitue un bon indicateur du nombre d’heures qui seront couvertes par l’action de l’antidépresseur. (Pour rappel, la durée de l’effet d’un médicament psychotrope est inférieure au temps nécessaire à l’organisme pour l’éliminer, c’est-à-dire à la durée de sa demi-vie d’élimination).

Illustrons d’un exemple le problème de l’état de manque qui peut se produire avec un antidépresseur à demi-vie courte comme la venlafaxine (Effexor). La venlafaxine, dans sa forme galénique classique (c’est-à-dire dans sa forme galénique dont le mode de libération n’a pas été modifié) a une demi-vie de 5 heures, ce qui fait que la durée de son effet ne va pas excéder les 5 heures. Par conséquent, la personne qui prendra cet antidépresseur une fois par jour, par exemple à 8h00, aura éliminé l’antidépresseur à 13 heures et se retrouvera probablement en état de manque jusqu’à la prochaine prise, c’est-à-dire jusqu’au lendemain 8h00.

Bien évidemment, les firmes pharmaceutiques ont modifié le mode de libération de cette substance pour pallier à cet écueil et proposent maintenant la venlafaxine sous forme de gélules à libération prolongée (ou LR ou ER pour Extended Release). Ces gélules contiennent des pellets qui sont enrobés par un film qui contrôle la vitesse de libération de la venlafaxine, ce qui permet à cette dernière d’être libérée progressivement au fil des heures et par là, de maintenir son action au cours de la journée. En Suisse, il s’agit de l’Efexor ER qui se présente sous forme de capsules contenant des pellets (aussi appelés micro-billes). Cette forme permet de passer à une prise par jour, alors que la venlafaxine (Effexor) dans sa forme « classique » nécessite théoriquement 5 prises quotidiennes pour couvrir, de son effet, une période de 24 heures.

Selon le Compendium suisse des médicaments (2018), pour les formes à libération prolongée (LP ou ER pour Extended Release), après la prise de Venlafaxin Pfizer ER, le temps de demi-vie d’élimination apparent atteint 15±6 h, et correspond au temps de demi-vie d’absorption, car l’absorption est alors plus lente que l’élimination. À la lecture du Compendium, nous constatons qu’il n’est pas non plus garanti que les formes prolongées couvrent de leur action les 24 heures d’une journée.

En conclusion, être attentif à la durée de la demi-vie d’un antidépresseur permettra souvent de trouver l’origine des symptômes de manque et/ou la cause de leur intensification à des heures spécifiques de la journée. Ainsi, des heures de prises fixes et établies en fonction de la durée de la demi-vie, en couplage avec l’utilisation de méthodes et protocoles de sevrage adaptés, permettront de lutter contre l’état de manque et par là, de réduire l’intensité des symptômes de sevrage qui pourraient survenir.

 

Suite: Les antidépresseurs : règles de sevrage recommandées

Les méthodes de sevrage

 

 

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Fin de sevrage : à quelle dose journalière est-il possible de finir le sevrage?

Est-ce qu’il est recommandé de poursuivre les diminutions jusqu’à 0, c’est-à-dire jusqu’à la dose journalière 0 ? À quelle dose journalière est-il recommandé de ne plus poursuivre les diminutions et de terminer le sevrage ?

Selon Ashton (2002 ; Manuel Ashton, chapitre II), la crainte de ne pas savoir comment on va réagir sans aucune drogue, est ce qui peut rendre difficile de sauter le pas et d’arrêter de prendre les quelques derniers milligrammes. Toutefois, la Prof. Ashton ajoute que la phase finale peut se révèle souvent étonnamment facile, car les gens sont généralement heureux de ressentir cette nouvelle sensation de liberté. Finalement, la Prof. Ashton explique que dans tous les cas, le 1 mg ou les 0.5 mg par jour de diazépam qui sont absorbés à la fin du programme de sevrage n’ont que peu d’effet si ce n’est celui de vous garder encore sous leur dépendance. La Prof. Ashton conclut en soulignant qu’il ne faut pas être tenté de réduire la dose à 0.25 mg par mois, mais qu’il faut faire le saut lorsque les 0.5mg par jour sont atteints.

Nous voyons que la Prof. Ashton ne recommande donc pas de poursuivre les diminutions jusqu’à la dose 0, mais recommande de terminer le sevrage à 0.5 mg de diazépam (Valium).

D’après nos constatations et très logiquement, il est possible d’arrêter les autres benzodiazépines à la dose équivalente à celle du Valium, à savoir aux doses équivalentes à 0.5 mg de diazépam.

Par exemple la dose équivalente du bromazépam (Lexomil) est :

0.50 mg de diazépam = 0.28 mg de bromazépam

Théoriquement, il est donc possible de finir le sevrage du bromazépam lorsque les 0.28 mg sont atteints. C’est exactement ce que nous avons constaté sur le forum, les membres terminent leur sevrage du bromazépam (=Lexomil) aux alentours de cette dose de 0.28 mg.

Dose journalière à laquelle il est possible et recommandé d’arrêter le sevrage

Pour les benzodiazépines à demi-vie longue, il est possible d’arrêter le sevrage à :

1.5 gouttes de Lysanxia (= 0.75 mg de Lysanxia)
1.5 gouttes de Valium (= 0.5 mg de Valium)

Pour les benzodiazépine à demi-vie courte, il est possible d’arrêter le sevrage à :

0.25-0.30 mg de Lexomil

Synthèse concernant le sevrage des benzodiazépines

Après réflexions « collégiales « , voici le début de quelques conclusions …

Sevrage d’une molécule à ½ vie courte : c’est mieux de substituer avec une ½ vie longue. Si le sevrage se fait quand même avec une ½ vie courte, c’est une erreur d’appliquer une diminution de la dose en cours de 10% avec 14 jours de palier (méthode des 10%), c’est trop hard!

Avec une ½ vie courte, la diminution idéale serait 3% sur un palier de 7 jours.

Sevrage d’une molécule à ½ vie longue : diminuer de 10% la dose en cours en respectant des paliers de 14 jours (méthode des 10%), c’est hard!

Il est mieux de commencer avec des diminutions de 5% et des paliers de 8 jours : ça passe bien. A la fin du sevrage, finir avec 3% et 7 jours.

Bien sûr tout est modulable pour chacun!

Ne jamais changer la longueur de son palier brutalement, mais diminuer progressivement la longueur des paliers en procédant par exemple ainsi:

  • Longueur du 1er palier: 14 jours
  • Longueur du 2ème palier: 13 jours
  • Longueur du 3ème palier: 12 jours
  • etc…

SAUF si vous faites un % de diminution nettement moins élevé au palier suivant

Si vous voulez basculer des gouttes du matin vers le soir par exemple : faire glisser une goutte après l’autre sur un palier de 3 jours en moyenne. En procédant par exemple comme suit:

  1. Le matin 10 gouttes et le soir 15 gouttes (= 25 gouttes journalières)
  2. Pendant 3 jours: prendre 9 gouttes le matin et 16 gouttes le soir (nous serons sur un palier de 3 jours à 25 gouttes par jour)
  3. Puis pendant 3 jours: prendre 8 gouttes le matin et 17 gouttes le soir (nous serons sur un palier de 3 jours à 25 gouttes par jour)

Lorsque la tolérance arrive, il est conseillé de diminuer la longueur des paliers. La tolérance arrive vite et se traduit par des symptômes de sevrage qui reviennent : signe qu’il faut diminuer la longueur de palier et non l’allonger.

Allonger la longueur du palier pour « lisser » les symptômes si ceux-ci sont trop intenses suite, par exemple, à une erreur dans les diminutions (diminution trop rapide).

Pause dans le sevrage : tous les 20 ou 25 jours, faire 1% de diminution pour ne pas entrer en tolérance. (Attention: La pause est indiquée uniquement en cas de gros problèmes de stabilisation durant un ou plusieurs paliers consécutifs).

Les constatations de JP

Une des clés de ce système est qu’il faut baisser vers la fin du palier alors que le plus souvent on lissait pour attendre l’accalmie. On est dans la pensée d’Ashton, pour améliorer, il ne faut pas augmenter les doses, mais bien les baisser. C’est dans la baisse douce mais régulière que l’on va sans doute diminuer les effets du sevrage, pas tous évidemment, mais un peu moins, c’est déjà beaucoup !

J’apporte des nuances :

  • il faut lisser, [c’est-à-dire allonger la longueur du palier], si le palier se passe cahin-caha depuis le début
  • il faut baisser [le pourcentage de diminution] si en fin de palier ça va mal, alors que tout allait bien !

Les molécules à demi-vie courte

Pour les molécules à ½ courte, des diminutions inférieures ou égales à 5 % sur des longs paliers sont sur le long terme source de difficultés. Pour remédier à ces difficultés, il conviendrait de commencer les diminutions d’une ½ vie courte sur une base de 5% sur des paliers de 7 à 10 jours maximum.

En restant sur de trop longs paliers avec de petits pourcentages sans cesse modifiés le mécanisme de descente est fragilisé.

Il y a plus de marges avec les demi-vies longues. Mais si on opère le mécanisme de variations progressives, les molécules à demi-vies longues vivent mieux que les courtes, ce qui plaide pour la substitution dès le départ.

Une hypothèse peut se dégager sur la demi-vie courte, la régularité du pourcentage de diminution et de la longueur du palier prime sur le chiffre du pourcentage dans la limite de 10% et la durée des jours dans la limite de 14 jours. En revanche, cela veut dire aussi qu’une régularité sur la base de 5% et 7 jours peut payer cash pour les vies courtes dès le démarrage!

Attention le pourcentage max de sevrage (10%) est quasiment impossible sur toute la durée du sevrage. S’il est possible de le faire sur les 3 premiers mois, il faut ensuite passer sur du 7% puis sur les 6 derniers mois sur du 5 % et finir sur du 3%. C’est sur ce tempo que l’on y arrive et surtout que l’on en bénéficie en post sevrage. Je sais pour avoir testé à mes dépens et pour avoir accompagné beaucoup d’entre nous. Descendre sous les 2% engendre une dépendance et entraîne ensuite une fin de sevrage très compliqué. Il faut garder un rythme de sevrage. Ensuite, il y a aussi en baissant les pourcentages une nécessité absolue de réduire les jours de palier sinon les fins de paliers deviennent très hard. Cela je l’ai aussi constaté avec la miansérine.

Les diminutions

Le calcul des diminutions ou fractionnement

Nous utilisons le terme fractionner pour parler des calculs sous forme fractionnaire que nous faisons pour calculer les diminutions de la dose en cours.

Nous allons mettre sous forme fractionnaire la dose en cours (par exemple 75 mg ou 75 gouttes) et lui retirer le pourcentage de diminution choisi (10% ou 5% ou 3%,…). Puis nous allons soustraire ce pourcentage à la dose en cours pour obtenir la quantité de gouttes/milligrammes à prendre pour la prochaine diminution.

Par exemple lorsque nous souhaitons diminuer de 10% (voir méthode des 10%) une dose en cours de 75 gouttes nous allons fractionner de la sorte:

Fraction du nombre total de gouttes = 75 ou 75/1

Fraction qui correspond à la diminution de 10% de la dose en cours = 10% ou 10/100

75 x 10/100 = 7.5

Le résultat de 7.5 (= 7.5 gouttes), correspond au 10% de la dose en cours.

Ensuite, nous soustrayons ces 10% (soit 7.5 gouttes), au 75 gouttes de la dose en cours pour obtenir la quantité de gouttes à prendre pour la prochaine diminution:

75 – 7.5 = 67.5

Ainsi, il faudra donc prendre 67.5 gouttes.

Le calcul des fractions de milligrammes (mg)

Par exemple lorsque nous souhaitons diminuer de 10% (voir méthode des 10%) une dose en cours de 75 mg, nous allons fractionner de la sorte:

Fraction du nombre total de mg = 75 ou 75/1

Fraction qui correspond à la diminution de 10% de la dose en cours = 10% ou 10/100

75 x 10/100 = 7.5

Le résultat de 7.5 (= 7.5 mg), correspond au 10% de la dose en cours.

Ensuite, nous soustrayons ces 10% (soit 7.5 mg), au 75 mg de la dose en cours pour obtenir la quantité de gouttes à prendre pour la prochaine diminution:

75 – 7.5 = 67.5

Ainsi, il faudra donc prendre 67.5 mg.

Tableau des diminutions

Lors de la diminution suivante, nous allons diminuer de 10% la dose en cours qui est maintenant de 67.5 :

67.5 x 10/100 = 6.75

En soustrayant les 10%, soit 6.75, au 67.5 de la dose en cours nous obtenons:

67.5 – 6.75 = 60.75

Ainsi, il faudra donc prendre 60.75 gouttes ou 60.75 mg. Et ainsi de suite…

Nous pouvons présenter ces diminutions successives sous forme d’un tableau :

Exemple de calcul d’une diminution de 10% de la dose en cours (10% = 10/100 )

Pour une dose de départ:

75 mg ou 75 gouttes

Dose en cours

(en mg ou en gouttes)

Calcul de la diminution de 10% de la dose en cours

Dose à prendre lors de la prochaine diminution

(en mg ou en gouttes)

Diminution 1

75

 75 – (75 x 10/100) = 67.5

67.5

Diminution 2

67.5

 67.5 – (67.5 x 10/100) = 60.75

60.75

Diminution 3

60.75

 60.75 – (60.75 x 10/100) = 54.675

54.675 ≈ 54.70

Diminution 4

54.7

 54.7 – (54.7 x 10/100) = 49.23

49.23 ≈ 49.25

Diminution n

Exemple de calcul d’une diminution de 5% de la dose en cours (5% = 5/100)

Pour une dose de départ:

75 mg ou 75 gouttes

Dose en cours

(en mg ou en gouttes)

Calcul de la diminution de 5% de la dose en cours

Dose à prendre lors de la prochaine diminution

(en mg ou en gouttes)

Diminution 1

75

 75 – (75 x 5/100) = 71.25

71.25

Diminution 2

71.25

 71.25 – (71.25 x 5/100) = 67.6875

67.6875 ≈ 67.70

Diminution 3

67.7

 67.7 – (67.7 x 5/100) = 64.315

64.315 ≈ 64.35

Diminution 4

64.35

 64.35 – (64.35 x 5/100) = 61.1325

61.1325 ≈ 61.15

Diminution n

Dans ces deux derniers tableaux, j’ai systématiquement arrondi les doses à prendre au centième supérieur. Par exemple, dans le dernier tableau, à la diminution 3, j’ai arrondi la dose à prendre à 64.35. Vous pouvez également arrondir au dixième.

Le calcul des arrondis

Pourquoi arrondir?

Parce que, dans la pratique, il sera parfois difficile (voir impossible) de titrer des millièmes de milligrammes ou de millièmes de gouttes, c’est-à-dire de diviser/couper/râper/diluer un comprimé pour obtenir des millièmes de milligrammes ou diluer une goutte pour obtenir des millièmes de goutte.

Comment arrondir?

Il est préférable d’arrondir à la valeur supérieure pour ne pas se retrouver en sous-dosage et expérimenter des symptômes de manque.

Calcul des diminutions en vidéo

Titration: Comment calculer des diminutions de 10%? : https://youtu.be/Oq0L6MEhTXU

 

 

 

Les paliers de stabilisation