Parution en septembre 2020 du livre: Renaître à la vie après l’arrêt des médicaments psychiatriques

Bonjour à tous,

Après deux années de travail, mon livre sur l’après-sevrage est enfin terminé! Il sera disponible dès la rentrée!

Résumé:
Il est facile de prescrire ou de prendre un antidépresseur, un anxiolytique, un somnifère ou un neuroleptique. En revanche, il est plus difficile d’en gérer la consommation et l’arrêt. Et finalement, il peut s’avérer très compliqué de retrouver une vie normale après avoir consommé de tels produits.

Après la sortie du livre « Le Manuel de Sevrage des Psychotropes », qui expose les méthodes pour gérer la consommation et l’arrêt de tels substances, il me tenait à cœur d’aborder l’après médication psychiatrique. En effet, ce n’est pas tout d’arrêter de prendre des médicaments psychiatriques, encore faut-il arriver à gérer sa vie sans.

Comment, une fois les souffrances du sevrage passées, faire face à aux difficultés que jusque là nous avions pris l’habitude de gérer à l’aide d’une béquille médicamenteuse?

Dans ce livre-témoignage, je vous propose de me suivre dans les étapes m’ont permis de retrouver une vie saine, épanouissante et heureuse après l’arrêt des médicaments psychotropes et des traitements psychiatriques.



Et voici, pour vous en avant-première, le début du livre:

Préface

« Après la sortie du Manuel de Sevrage des Psychotropes (2018), qui donne au lecteur des informations concernant le fonctionnement des médicaments psychiatriques, ainsi que sur les méthodes pour en gérer ou en arrêter la consommation, il me tenait à cœur, d’accompagner le lecteur dans l’après médication psychiatrique. En effet, ce n’est pas tout d’arrêter de prendre des produits psychiatriques, encore faut-il arriver à « gérer sa vie » sans.

À l’arrêt des médicaments psychotropes, nombre d’entre nous nous sommes retrouvés face à un déferlement de problèmes liés à leur arrêt. Ces problèmes pouvant aller du retour de la problématique de départ à l’arrivée de difficultés d’une ampleur incommensurable. Comment, une fois les souffrances du sevrage passées, faire face à ces nouvelles difficultés que jusqu’à maintenant nous avions pris l’habitude de gérer à l’aide de cette béquille médicamenteuse que nous venons de jeter ?

Comment, en effet, faire face à l’anxiété ? à l’insomnie ? à la dépression ? ou à ces ruminations qui ont fait, ou ont refait, surface à l’arrêt des médicaments et qui ne veulent plus nous lâcher ? Comment faire face à ce sentiment de vide et à ces années perdues ? Comment gérer la douleur physique et tous ces dysfonctionnements physiologiques ? Comment gérer toutes ces pertes qui se sont produites pendant qu’on était sous médication psychiatrique ? Comment resurgir des décombres ? Comment se reconstruire dans tout ça ? En fin de compte, comment retrouver une vie « normale » ?

Toutes ces questions, je me les suis posées et je ne voulais pas laisser le lecteur du Manuel de Sevrage des Psychotropes sans réponse. Je ne voulais pas abandonner, à leur sort, toutes ces personnes qui avaient courageusement fait le choix d’une vie sans substance psychotrope.

Dans ce livre-témoignage, je vous propose de me suivre dans les étapes de reconstruction qui m’ont permis de retrouver une vie saine, épanouissante et heureuse après l’arrêt des médicaments psychotropes et des traitements psychiatriques. Je vous invite à me suivre et à prendre, dans ce récit, ce qui résonne en vous et pour vous.

Mais, avant de commencer ce voyage, je me dois de préciser que je ne suis pas médecin et que je ne suggère d’aucune manière au lecteur d’arrêter de prendre un traitement médicamenteux ou de ne plus se rendre à des séances de psychothérapie qui lui auraient été prescrits.

Maintenant que cela est dit, je t’invite, cher lecteur, à savourer ce voyage à la redécouverte de toi-même. En effet, par le biais de mon témoignage, j’espère ouvrir, chez toi, la voie qui te mènera vers l’être exceptionnel que tu es.

Cher lecteur, je souhaite, de tout mon cœur, que ce livre t’apporte l’apaisement et la sérénité que tu cherches, mais aussi, et surtout qu’il te serve de tremplin dans la construction de ta nouvelle vie, de cette vie qui te ressemble et que tu désires maintenant si ardemment!

Au fil de ta lecture, je te souhaite de faire de belles découvertes et de vivre une merveilleuse transformation.

Du fond du cœur,
Carole,
Lausanne, le 21 juillet 2020″

Introduction

(extrait)

« Dans ce livre, je voulais vous présenter mon parcours et mon vécu, après l’arrêt des médicaments psychiatriques (antipsychotiques, sédatifs, anxiolytiques et antidépresseurs). J’ai commencé par écrire en m’adressant à vous, cher lecteur, et j’ai terminé en revisitant mon parcours. D’où la présence de deux styles d’écriture au fil des pages. Deux récits. Deux manières d’aborder la période post-médication psychiatrique. La première, en vous parlant à vous comme j’aurais aimé qu’on me parle au moment où j’ai dû faire face à la période la plus difficile de ma vie, celle de l’arrêt des médicaments psychiatriques. Et la deuxième, comme une sorte de relecture de ce qui c’est passé, en y portant mon regard avec plus de recul. Un certain recul émotionnel qui permet d’analyser, plus clairement, les processus qui ont été mis en œuvre et qui m’ont permis d’arriver là où j’en suis aujourd’hui, douze ans après l’arrêt des médicaments psychiatriques.

Avec le recul, j’ai compris qu’il fallait connaître des termes et des concepts techniques propres à la psychiatrie, pour être en mesure de comprendre ce qu’on vit dans les mois et les années qui suivent l’arrêt des médicaments psychiatriques. Comprendre les principaux phénomènes à l’œuvre dans l’organisme au moment de la prise et du processus de cessation des médicaments psychiatriques est essentiel. Il est tout aussi important de comprendre, de saisir et d’identifier les phénomènes qui se produisent lors de la, parfois très longue, période de rétablissement qui suit l’arrêt : la période de post-sevrage.

Arriver à une compréhension globale des processus en jeu dans la prise de substances psychotropes constitue un élément fondamental de la reprise en main de la consommation de ces produits et de la vie après leur utilisation.

Dans sa structure, ce livre est découpé en trois parties. Dans une première partie, je décris ce que j’ai vécu au moment de l’arrêt des médicaments psychiatriques et dans les mois qui ont suivi. J’y expose également ma compréhension des mécanismes de fonctionnement des médicaments psychiatriques, ainsi que mes connaissances concernant leur arrêt. Je détaille aussi deux phénomènes cruciaux dans le domaine de la médication psychotrope : la dépendance et la tolérance. Par ailleurs, dans cette première partie, j’aborde les concepts de croyance, d’attente, de mythe et de réalité, ainsi que les notions d’effet placebo et d’effet placebo augmenté.

Dans la deuxième partie, je parle du profond changement que j’ai opéré en moi pour pouvoir sortir de la psychiatrie et de ses traitements. Je vous parle de ce changement de perspective qui m’a permis de dessiner les prémisses d’une vie saine, agréable et heureuse. En effet, c’est au travers d’un profond changement d’état d’esprit que j’ai été en mesure de me libérer du passé et de commencer à construire mon avenir. Dans cette partie, j’explique comment j’ai (ré)appris à prendre soin de moi et à créer un cadre de vie sécurisant qui soutienne ma reconstruction physiologique, psychologique et spirituelle. Je reviens également sur l’état de manque et les manifestations douloureuses que provoque l’arrêt rapide des médicaments psychiatriques. J’aborde les thèmes de solitude, de sensation de vide, de doute et de sentiment d’inutilité. Mais aussi ceux de réalité, d’illusion et de retour à soi. Je parle de l’envie de mourir et de la nuit noire de l’âme, mais aussi de quête de sens et d’identité. J’y explore les concepts de mémoire, de peur et de filtres mentaux. Et je revisite les notions de raisonnement logique et d’intuition. J’évoque aussi les changements de personnalité qui se produisent sous médication psychiatrique. Finalement, j’expose ma vision des causes des troubles mentaux.

Dans le troisième partie, je vous présente les actions que j’ai mises en place, dans les années qui ont suivi l’arrêt des médicaments psychiatriques, pour faire face aux symptômes de sevrage prolongé et surtout pour retrouver une vie « normale ». Dans cette partie, je présente la routine quotidienne de rééducation de mon corps et de mon esprit que j’ai mise en place pour sortir du syndrome de sevrage prolongé et pour réapprendre à vivre. J’explique comment j’ai personnalisé cette routine de rééducation pour qu’elle s’adapte à mes besoins.

[…]

Première partie: La période de post-sevrage

(extrait)

Le post-sevrage, comment s’est-il passé pour moi ?

Cela a commencé par un vrai choc. Un choc traumatique qui m’a plongée dans le chaos et le néant. Dans une peur panique proche de la folie.

Ce traumatisme est apparu petit à petit, a grandit au fil des diminutions trop rapides et est devenu insoutenable à l’arrêt complet des deux derniers médicaments psychiatriques que je prenais à ce moment-là (une benzodiazépine et un antidépresseur ISRS).

Lors des premières fenêtres de lucidité, où j’émergeais de l’épais brouillard médicamenteux, les choses, les événements et ma situation me sont apparus crus, sans fard, dans toute leur horreur. Ces moments de lucidité qui transparaissent, ces moments où la réalité et la vérité m’apparaissaient, me rappelaient, entre chaque plongée dans le néant, l’horreur de la situation

L’ensorcellement médicamenteux

L’ensorcellement médicamenteux ou lorsque le brouillard médicamenteux est tellement épais qu’il nous empêche de prendre conscience de notre état ou de ce qu’il nous arrive.

Le docteur en psychiatrie, Peter Breggin, est le premier à avoir identifié cet ensorcellement médicamenteux qui nous empêche d’avoir accès à la réalité des faits, qui nous empêche de voir ce qui se passe et qui nous rend aveugle à notre propre état. Il a nommé ce phénomène : Medication Spellbinding ou Intoxication anosognosia.

Ce brouillard avait commencé à se poser sur moi au premier jour de la prise de médicaments psychiatriques (neuroleptiques et sédatifs). Depuis ce jour, il ne m’avait plus quitté et n’avait cessé de s’épaissir au fil des ans, des augmentations de doses et des changements de médicaments.

Lors des diminutions des doses – c’est-à-dire lors du sevrage – cet épais brouillard a commencé à se déchirer et a laissé entrevoir des fenêtres de ciel bleu qui laissaient transparaître à la fois des moments de bonheur et de soulagement, mais aussi des moments d’une rare violence, des moments où m’apparaissaient, avec une telle force, tout ce qui avait été détruit dans ma vie par des années de médication psychiatrique.

Cette vision et cette lucidité retrouvées, sur la gravité de ce qui m’était arrivé et sur ce qui se passait depuis toutes ces années en psychiatrie, fût un vrai choc pour moi. Cet éclairage, cette dissipation momentanée de l’épais brouillard, laissait passer un rayon de conscience fulgurant qui illuminait d’une clarté crue et intense, les détails sordides de ma situation et de ces quinze dernières années passées en psychiatrie.

Le choc fût si violent, qu’il a généré, comme il le fait souvent chez les personnes qui se sèvrent trop rapidement, un état de choc, un état de stress tel,… un traumatisme si intense… qu’il m’a marqué à vie, dans ma chair et dans mon âme. Le sevrage brutal, celui qui dévoile d’un coup l’horreur de la situation, est parfois si violent qu’il nous plonge aux portes de la folie.

Le traumatisme, je l’ai vécu et il a été terrible. L’anxiété, la peur, la terreur m’ont envahie d’un seul coup, générant en moi un état de souffrance permanent. J’ai été projetée dans un monde de terreur et d’angoisse qui m’a littéralement traumatisée.

Mon corps est resté comme paralysé, figé dans cette torpeur, alors que mon âme, mon esprit et mon mental étaient plongés dans un état d’agitation, subissant la torture des fonctions cognitives qui s’agitaient dans tous les sens dans l’espoir de reprendre le contrôle de cet enfer absolu.

L’angoisse a commencé à m’étouffer et les symptômes, dus aux sevrages trop rapides, n’ont fait qu’accentuer ma détresse, ma souffrance et mes peurs.

J’avais des hallucinations visuelles et auditives. Mon cerveau, qui avait été comme figé pendant ces années de psychiatrie et qui était devenu incapable de bien « capter » les informations sensorielles, s’était comme emballé et mis à sur-interpréter les signaux provenant de l’environnement. Un petit bruit, qui auparavant était comme mille fois atténué par les médicaments psychiatriques, devenait, une fois cette chape de plomb chimique retirée, une explosion de sons dans ma tête. Que se passait-il ?

Je pense que mon cerveau, cherchant encore à compenser les dysfonctionnements induits par les médicaments psychiatriques, continuait à sur-amplifier les informations auditives qu’il recevait. Il tentait encore de passer outre la barrière chimique, alors qu’elle n’était plus là.

Cette sur-amplification des sons aboutissait à des hallucinations auditives. Ces hallucinations auditives étant la résultante des tentatives de mon cerveau d’interpréter et de donner du sens à cette soupe surabondante d’informations sonores et auditives qui lui parvenait.

Les substances chimiques n’étaient plus là, mais mes sensations et mes perceptions étaient toujours amplifiées. Mon cerveau, à cause des sevrages rapides, n’avait pas eu le temps de faire des réglages pour que les sons, les couleurs, les goûts, les odeurs ou toute autre forme d’information en provenance de mes organes sensoriels ne soient plus sur-amplifiés.

Mon cerveau n’avait pas non plus eu le temps de modifier ses mécanismes d’interprétation de ces informations en provenance du monde extérieur ou de mon monde intérieur. Les informations qui lui parvenaient, étaient encore sur-interprétées ou mal interprétées.

J’entendais donc ces sons qui n’existaient pas. Je voyais ces formes qui n’étaient pas là. Je sentais ces odeurs qui ne correspondaient pas aux choses dont elles semblaient émaner. Et j’avais ces goûts dans ma bouche qui étaient en total décalage avec ce que je mangeais. Impossible de savoir ce qui était vrai !

Cette lumière si vive, si aveuglante et ces acouphènes et tintements d’oreilles que je vivais à ce moment-là, je me suis rendue compte que nombreux sont ceux qui les vivent aussi lors de l’arrêt des médicaments psychiatriques.

À l’arrêt des médicaments psychiatriques, la lumière qui semblait normale pour les autres était devenue hyper-violente et insupportable pour mes yeux. Mon système visuel qui avait baigné dans les substances psychoactives pendant plus d’une décennie et qui, tout à coup, en avait été libéré, n’était plus capable de gérer l’intensité de la lumière.

Mon système nerveux, chef d’orchestre de mon corps, était en surréaction lorsque je lui ai brutalement retiré ces substances chimiques et qu’il n’a plus eu à les contrer. Il s’est alors retrouvé en suractivité au point de ressentir et d’amplifier des sensations et des perceptions physiques qui n’étaient pas là. Mon système nerveux, dans son ensemble, avait comme les « fils mis à nu ». Il n’était plus qu’un réseau électrique et chimique soumis à des surtensions et des courts-circuits à tous les niveaux.

Je ressentais comme des fourmis qui grouillaient sur et sous ma peau, alors qu’il n’y avait rien ! Ma peau, le plus grand organe de mon corps et surtout le plus exposé aux changements dans mon environnement, était comme devenu hypersensible. C’était comme s’il pouvait maintenant sentir le moindre effleurement d’un courant d’air et l’amplifier fois mille. Puis, cette information, une fois arrivée dans le cerveau, était interprétée comme la présence d’un tsunami sur la partie de mon corps concernée. Ma peau était devenue hypersensible à tout : au moindre effleurement, au moindre changement de température, au moindre rayon de soleil.

Je me rappelle aussi que la peau est un organe émonctoire, ce qui signifie que c’est un organe capable d’évacuer les toxines du corps. Et sachant à quel point mon corps était intoxiqué par les métabolites des médicaments psychiatriques, mon organisme a certainement sauté sur l’occasion de se débarrasser des toxines dès qu’il a été libéré de l’administration quotidienne de ces substances neurotoxiques. Ma peau, à l’arrêt des médicaments psychiatriques, a donc été sur-sollicitée, à la fois pour évacuer les toxines, et pour sur-repérer les changements dans l’environnement extérieur et les transmettre, sur-amplifiés au cerveau, par le biais du système nerveux périphérique.

Avec les fils à nu… avec les nerfs à vif…, c’est-à-dire avec cette suractivation de mon système nerveux dans son ensemble – du plus petit nerf sur ma peau jusqu’à mon cerveau – j’étais comme une pile électrifiée qui recevait des chocs dans tous les sens. C’était comme si je n’étais plus qu’un emberlificoti de câbles électriques dénudés soumis à une pluie torrentielle qui le faisait disjoncter.

Je pense que lorsque nous sommes sous médication psychiatrique, le système nerveux, complètement étouffé par cette camisole de force chimique, tente, comme il le peut, d’amplifier les signaux sensoriels pour qu’ils parviennent jusqu’au système nerveux central. Le cerveau, enfumé lui-aussi par l’effet des médicaments psychotropes, tentera, à son tour, d’interpréter, comme il le peut, ces étranges signaux qui lui parviennent. Il tentera de leur donner un sens, puis de se construire une réalité à partir de ces informations déformées par les effets des médicaments psychiatriques.

Quand tout est étouffé, que le système nerveux et le cerveau sont en surcompensation, et que, d’un coup, le « barrage médicamenteux saute», je pense que, toutes ces informations sensorielles sont déversées en un flot torrentiel sur un cerveau en suractivité. C’est alors un tsunami qui s’abat sur celui qui le vit. La terreur, la souffrance, la torpeur et la peur s’emparent alors de lui. Cette terreur indicible, je l’ai vécue. C’est l’horreur absolue qui s’abat sur une vie. C’est un choc ! Et pour moi, cela c’est transformé en un vrai traumatisme. La terreur s’est emparée de moi et m’a clouée dans un état de peur panique et de souffrance physique atroces…. »

Couverture du livre

Copyright © juillet 2020 by Carole Advices