La substitution pour les benzodiazépines

La substitution est la technique utilisée lors d’un sevrage indirect. Le principe est de remplace la benzodiazépine d’origine par une benzodiazépine de substitution, dont les propriétés et plus particulièrement, la demi-vie longue, la rendent plus facile à sevrer.

Lors d’un sevrage indirect, les deux molécules à demi-vie longue qui sont généralement utilisées lors de la substitution sont le prazépam (Lysanxia, Demetrin) ou le diazépam (Valium, Psychopax). À noter qu’en cas d’intolérance avec l’une ou l’autre des molécules à demi-vie longue, il est possible de basculer de l’une vers l’autre. Mais comme le souligne le site Sevrage Aux Benzodiazépines (2009), les cas d’intolérance au Valium ou au Lysanxia sont extrêmement rares.

De quoi faut-il tenir compte lors de la substitution?

1. Des doses équivalentes entre les benzodiazépines

Il faut tenir compte des différences de concentration entre les benzodiazépines, c’est-à-dire de leurs doses équivalentes ou équivalences.

En effet, nous nous rappelons qu’avec une certaine molécule, 1 mg de cette substance suffira à produire les effets prévus, alors qu’avec une autre molécule, aux mêmes propriétés, il faudra utiliser 10 mg de cette substance pour obtenir les « mêmes effets ». C’est ainsi que la concentration en benzodiazépine dans les solutions solides ou liquides (comprimés, gélules, gouttes, solutions buvables,…) peut fortement varier d’un médicament à l’autre.

Par exemple, il faudra utiliser un comprimé contenant une concentration de 20 mg de diazépam pour obtenir les « mêmes effets » qu’un comprimé contenant une concentration de 1 mg d’alprazolam.

À noter que, comme le souligne la Prof. Ashton (citée par Nimmo, 2012), beaucoup de gens ont souffert parce qu’on les avait changés brusquement pour une benzodiazépine différente et moins forte parce que le médecin n’avait pas tenu compte du facteur important de concentration différente.

Tableau d’équivalences proposé dans le Manuel Ashton (2012): http://www.benzo.org.uk/freman/bzcha01.htm#24

Retrouvez les doses équivalentes des benzodiazépines dans le calculateur de Jomax en allant dans le menu Conversion, puis en cliquant sur Benzo Conversion: psychotropes.info/calculateur

Attention, comme l’explique la Prof. Ashton (citée par Nimmo, 2012), les équivalences en concentration des benzodiazépines données dans les tableaux d’équivalences sont approximatives et peuvent différer d’un individu à l’autre.

2. Des profils d’action différents des benzodiazépines

Les benzodiazépines possèdent toutes les mêmes propriétés (sédative, hypnotique, anxiolytique, anticonvulsivante, myorelaxante, amnésiante), mais ce qui va les différencier, c’est leur profil d’action, c’est-à-dire dans quelles proportions elles vont déployer ces propriétés. Certaines auront majoritairement une action anxiolytique, alors que d’autres auront majoritairement des actions hypnotique et myorelaxante. Toutes vont combiner les six propriétés dans des proportions différentes et c’est ce qui déterminera leur profil d’action.

Connaissant cela, lors du processus de substitution, il faudra faire attention à bien connaître le profil d’action spécifique des deux molécules qui entrent en jeu : la molécule de départ et la molécule qui va progressivement la remplacer.

Par exemple, le lorazépam (Témesta) qui est utilisé pour son profil d’action principalement anxiolytique et tranquillisant aura moins d’activité hypnotique que le diazépam (Valium). La spécificité d’action du lorazépam est, selon Ashton (citée par Nimmo, 2012), probablement dû à son action de courte durée. Ainsi, par exemple, si une personne [qui] absorbe 2 mg de lorazépam (Témesta) trois fois par jour, passe directement à 60 mg de diazépam (la dose équivalente pour l’anxiété), elle deviendra extrêmement somnolente (Manuel Ashton, 2012, chapitre II), car en plus d’avoir une activité anxiolytique et tranquillisante, le diazépam a une activité hypnotique plus importante que le lorazépam.

Un des moyens pour atténuer les difficultés dues au passage d’une molécule à sa molécule équivalente mais dont le profil d’action est un peu différent, c’est, selon Ashton (2012), d’effectuer le changement que sur une prise à la fois. Cette manière de procéder aide aussi à trouver les doses équivalentes pour chaque individu. De plus, la Prof. Ashton (2012) recommande également de commencer la première substitution par la dose du soir et cette substitution n’a pas toujours besoin d’être totale. Ashton explique que, par exemple, si pour le soir la dose de lorazépam (Témesta) est de 2 mg, elle peut, dans certains cas, être changée à 1 mg de lorazépam (Témesta) plus 8 mg de diazépam (Valium) [alors qu’] une complète substitution pour une réduction de 1 mg de lorazépam (Témesta) aurait été de 10 mg de diazépam (Valium). Selon la Prof. Ashton, le patient peut en fait bien dormir avec cette combinaison et il aura déjà effectué une réduction dans ses doses de lorazépam (Témesta), une première étape au programme de sevrage.

3. De la forme galénique sous laquelle la benzodiazépine est administrée

Pour pouvoir diminuer « infinitésimalement » la quantité de substance active prise, il faut pouvoir fractionner (diviser) facilement le médicament jusqu’à des petites quantités. Et il est plus facile de le faire avec certaines formes galéniques, par exemple avec les gouttes. Pour plus d’informations pratiques sur le « fractionnement en fonction de la forme galénique », consultez la partie du chapitre I consacrée au sevrage en pratique page 50 du manuel de sevrage.

Le sevrage des benzodiazépines

Le sevrage des benzodiazépines peut se réaliser de manière directe ou indirecte. Généralement, les benzodiazépines à demi-vie longue sont sevrées directement, alors que les benzodiazépines à demi-vie courte sont préférentiellement remplacées par une benzodiazépine à demi-vie longue, comme le prazépam (Lysanxia, Demetrin) ou le diazépam (Valium, Psychopax) et donc sevrées de manière indirecte.

Le sevrage se fait à partir de la méthode des 10%. Dans le manuel de la Prof. Ashton, il est proposé de procéder à une diminution de 5 à 10% par palier de 10 à 21 jours.

Thérèse explique que la technique de sevrage conseillée est sans aucun doute la TITRATION qui permet de dissoudre les comprimés dans de l’eau lorsque la formule gouttes n’existe pas, sinon il y a lieu d’utiliser la SUBSTITUTION qui permet de passer d’une benzodiazépine à demi-vie courte à une benzodiazépine à demi–vie longue.

Thérèse insiste sur le fait que le SEVRAGE obéit à des règles précises et que se sevrer seul est très difficile étant donné que les benzodiazépines sont des médicaments dangereux qui entraînent un état de DÉPENDANCE particulièrement difficile à vaincre!

Mais avant de débuter le sevrage, il est important de :

Trouver sa dose de confort et de s’y stabiliser

La dose de confort est la dose qui se situe juste en dessus du seuil de tolérance et qui correspond généralement à la dernière dose à laquelle vous vous sentiez « bien ». À cette dose journalière, les symptômes devraient être peu intenses, si ce n’est pas le cas, nous vous invitons à vérifiez que vous ne subissez pas une intoxication médicamenteuse. Pour ce faire, augmentez légèrement la quantité de benzodiazépine prise. Si l’intensité des symptômes diminue, c’est que vous êtes en sous-dosage, alors que si l’intensité des symptômes augmente, il est fort probable que vous viviez une intoxication médicamenteuse. Dans ce dernier cas, nous vous conseillons d’en référer immédiatement à votre médecin pour qu’il prenne les dispositions adaptées pour sevrer ce produit rapidement et en toute sécurité.

Lorsque deux benzodiazépines (ou plus) sont prises, il est important de savoir que les deux benzodiazépines possèdent les mêmes propriétés (même si elles les déploient de manières légèrement différentes) et qu’il est possible de ne prendre plus qu’une à une dose journalière équivalente à la dose quotidienne totale qui était prise avec les deux benzodiazépines. L’idée est de conserver la même dose journalière de benzodiazépine, mais en ne prenant plus qu’un produit (de préférence une benzodiazépine à demi-vie longue).

Une fois la dose de confort trouvée, il est essentiel de s’y stabiliser une à deux semaines avant d’entamer le servage à proprement parler. Cela permet de commencer le sevrage de la benzodiazépine dans de bonnes conditions.

Déterminer la durée de la demi-vie et les heures de prises

Pour pouvoir se stabiliser à la dose de confort et ainsi reprendre le contrôle de l’intensité des symptômes de sevrage, il ne suffit pas seulement de retrouver la dernière quantité de benzodiazépine prise qui permettait de couvrir les symptômes de manque. Il est également important de connaître la durée de la demi-vie de la benzodiazépine pour pouvoir adapter les heures de prises, afin que la benzodiazépine couvre, de son action, les 24 heures de la journée.

Il est nécessaire de prendre la benzodiazépine à heure(s) fixe(s) pour pouvoir stabiliser sa concentration sanguine et par là, « son effet » et sa capacité à masquer les symptômes de manque. C’est la durée de la demi-vie qui va aider à déterminer la répartition des heures de prises de la benzodiazépine.

La dose journalière d’une benzodiazépine à demi-vie longue pourra, par exemple, être prise en une prise journalière, tous les matins à 8 heures ou en deux prises (à 9 heures et à 21 heures par exemple), pour assurer une « bonne couverture » des symptômes de sevrage.

La dose journalière d’une benzodiazépine à demi-vie courte devra être administrée en plusieurs fois, à heures fixes, pour que la benzodiazépine couvre de son action les 24 heures d’une journée. Par exemple, pour une benzodiazépine ayant une demi-vie de 6 heures, la dose journalière devra être distribuée en au moins 4 prises sur 24 heures pour espérer que cette dernière couvre de son action les 24 heures d’une journée.

Lorsque vous prenez une benzodiazépine à demi-vie courte, il peut être difficile de trouver une dose de confort, tellement la quantité de benzodiazépine présente dans le sang peut être fluctuante. Dans ce cas, il s’avérer judicieux de passer directement à une benzodiazépine à demi-vie longue pour se stabiliser plus facilement (on procédera alors à une substitution).

De plus, comme le souligne Thérèse, passer d’une benzodiazépine à demi-vie courte à une benzodiazépine à demi-vie longue permet de lever l’entrée en tolérance.

Finalement, le passage d’une benzodiazépine à demi-vie courte à une benzodiazépine à demi-vie longue se réalise à l’aide de la technique dite de substitution que nous allons détaillée plus bas. Commençons par parler de la méthode de sevrage direct.

Le sevrage direct d’une benzodiazépine

Une fois stabilisé à la dose de confort, un sevrage direct de la benzodiazépine peut être mis en place. La méthode de sevrage direct peut être employée pour sevrer les benzodiazépines à demi-vie longue et à demi-vie courte. Cependant nous avons constaté qu’il pouvait devenir compliqué de procéder au servage direct des benzodiazépines à demi-vie courte, étant donné que le manque entre les prises apparaît très fréquemment avec cette catégorie de benzodiazépines et que, techniquement, pour éviter l’apparition de ces symptômes de sevrage, il est nécessaire d’administrer la dose journalière en plusieurs fois et de réaliser des diminutions équilibrées entre les différentes prises.

Le sevrage direct d’une benzodiazépine à demi-vie courte

L’utilisation de la méthode de sevrage direct avec une benzodiazépine à demi-vie courte n’est pas conseillée, étant donné, qu’avec une molécule à demi-vie courte, il est très compliqué de maintenir une concentration sanguine stable et constante de la molécule active. En effet, comme l’explique la Prof. Ashton dans son manuel de sevrage (2012, chapitre II) :

Avec des benzodiazépines à courte-vie telles que l’alprazolam (Xanax) et le lorazépam (Témesta), il est impossible d’obtenir une baisse progressive dans les concentrations sanguines et cellulaires. Ces drogues sont éliminées assez rapidement avec comme résultat des fluctuations importantes de concentrations entre chaque dose. Il serait nécessaire d’absorber les comprimés plusieurs fois par jour et beaucoup de personnes traversent des expériences de « mini-sevrage” ou d’un besoin soudain entre chaque dose.

Par conséquent, avec une benzodiazépine à demi-vie courte, nous vous recommandons, dans la mesure du possible, d’utiliser la méthode de sevrage indirect (que nous verrons plus loin).

Cependant, si vous souhaitez tout de même réaliser un sevrage direct sur une benzodiazépine à demi-vie courte, il est recommandé de procéder à une diminution de 3% de la dose en cours tous les 7 jours (Thérèse).

Les heures de prises pour une benzodiazépine à demi-vie courte

Afin de lutter au mieux contre l’état de manque qui peut facilement se manifester avec une benzodiazépine à demi-vie courte, il est fortement recommandé de répartir la dose journalière en plusieurs prises quotidiennes en se basant sur la durée de la demi-vie. Par exemple, avec une benzodiazépine ayant une demi-vie de 8 heures, il sera important de répartir le dose journalière en au moins 3 prises sur 24 heures et préférentiellement plus, étant donné que la durée de l’effet de la molécule est plus courte que la durée de sa demi-vie d’élimination. Par conséquent, il sera certainement plus avisé de répartir la dose journalière, d’une benzodiazépine avec une demi-vie de 8 heures, en 4 prises (p.ex. 6h00 – 12h00 – 18h00 – 0h00).

Pour savoir comment diviser la dose journalière en quatre et la répartir entre les prises, nous vous invitons à consulter le paragraphe intitulé Titration : répartir une dose journalière en 4 prises qui se trouve dans la partie Le sevrage en pratique du manuel.

Toutefois, nous vous rappelons que, de manière générale, le servage direct est techniquement et pratiquement mieux adapté à l’arrêt progressif des benzodiazépines à demi-vie longue. Et nous vous recommandons fortement d’envisager d’utiliser la méthode de sevrage indirect, si le sevrage direct d’une benzodiazépine à demi-vie courte devient trop compliqué et/ou que vous expérimentez des symptômes de manque entre les prises.

Le sevrage direct d’une benzodiazépine à demi-vie longue

Après avoir respecté une période de stabilisation à la dose de confort, Thérèse recommande de procéder au sevrage d’une benzodiazépine à demi-vie longue en commençant par des diminutions de 5% de la dose en cours et en se stabilisant à cette nouvelle dose journalière pendant 8 jours, avant de réduire à nouveau la dose en cours.

Ces règles sont adaptées de la méthode des 10% d’Ashton : Thérèse et l’équipe SoutienBenzo ont constaté que des diminutions de 10% étaient, pour une grande majorité des membres du forum, trop difficiles à supporter. Ils ont également observé qu’en réduisant le pourcentage de diminution à 5% au lieu de 10%, il était nécessaire de réduire le nombre de jours de stabilisation pour éviter l’entrée en tolérance. C’est pour cette raison que la longueur de palier recommandée est de 8 jours, plutôt que les 14 mentionnés dans la méthode des 10%. Pour plus d’informations sur l’affinage, par Thérèse et son équipe, des règles de la méthode des 10%, vous pouvez vous reporter à la page 98.

Dans le même ordre d’idée, il est apparu, aux cours des observations, qu’en fin de sevrage d’une benzodiazépine à demi-vie longue, il pouvait être judicieux d’adapter à nouveau les règles de diminutions aux plus faibles quantités de benzodiazépines prises et de procéder à des diminutions de 3% de la dose en cours tous les 7 jours.

Les heures de prises pour une benzodiazépine à demi-vie longue

Il est possible et souvent conseillé de répartir la dose journalière en deux prises quotidiennes (p.ex., 9h00 et 21h00) et d’ajuster la quantité prise le matin et le soir en fonction des symptômes ressentis. Comme l’explique Thérèse, si l’insomnie prédomine, il est utile de prendre une plus grande quantité le soir, alors que si, au réveil, c’est un état d’angoisse ou d’agitation qui prédomine, il est intéressant de prendre un plus grand pourcentage de la dose journalière le matin. Pour comprendre comment répartir la dose journalière entre les prises, nous vous laissons vous reporter à la question 2 de la FAQ : Questions relatives au sevrage, page 60.

Finalement, la Prof. Ashton (2002) et les membres de SoutienBenzo ont constaté qu’il était possible de terminer le sevrage d’une benzodiazépine à 1.5 gouttes de Lysanxia (= 0.75 mg de Lysanxia) ou 1.5 gouttes de Valium (= 0.5 mg de Valium).

En qui concerne le calcul et la réalisation pratique des diminutions de dose, nous vous invitons à consulter les parties Diminutions et Titration du chapitre I consacré au sevrage, pages45 et 50.

Le sevrage indirect d’une benzodiazépine

Lorsque le sevrage direct d’une benzodiazépine se passe mal ou devient techniquement trop compliqué à gérer, il est possible de passer par un sevrage indirect. Dans ce cas, nous allons remplacer, en deux à quatre semaines, la benzodiazépine d’origine par une benzodiazépine à demi-vie longue.

L’utilisation de la méthode de sevrage indirect est judicieuse dans le cas où le sevrage d’une benzodiazépine à demi-vie courte devient techniquement trop compliqué, mais surtout dans le cas où des symptômes de manque se font sentir entre les prises lors de l’utilisation d’une benzodiazépine à demi-vie courte. Le passage à une demi-vie longue va permettre de lever le phénomène de tolérance et l’état de manque entre les prises généré par l’instabilité du taux de benzodiazépine présente dans le sang.

De plus, comme l’a constaté Thérèse, lorsqu’il y a une forte tolérance avec la benzodiazépine d’origine, la substitution avec une autre molécule va permettre de lever ce phénomène d’accoutumance et de retrouver le plein effet, en particulier anxiolytique, des benzodiazépines et ce, avec une dose globale moindre de benzodiazépine.

Nous pouvons résumer cette première partie concernant le sevrage des benzodiazépines à l’aide d’un arbre décisionnel :

Arbre décisionnel pour aider à la mise en place d’un plan de sevrage

Arbre décisionnel pour aider à mettre en place un plan de sevrage

Retrouvez l’arbre décisionnel expliqué en vidéo par Carole (2018) dans le cadre de la Journée Mondiale de Sensibilisation aux Benzodiazépines [w-bad.org] :

 

 

 

Les benzodiazépines : règles de sevrage recommandées

Par Thérèse

Sevrage d’une benzodiazépine à demi-vie courte

 

Règles générales pour les benzodiazépines à demi-vie courte

Pourcentage de diminution recommandé : 3%
Longueur des paliers recommandée : 7 jours

Sevrage d’une benzodiazépine à demi-vie longue

 

Règles générales pour les benzodiazépines à demi-vie longue

Pourcentage de diminution recommandé : 5%

Longueur de palier recommandée : 8 jours

 

Fin de sevrage des benzodiazépines à demi-vie longue

Pourcentage de diminution recommandé: 3%

Longueur de palier recommandée: 7 jours

Dose journalière à laquelle il est possible et recommandé d’arrêter le sevrage:

1.5 gouttes de Lysanxia (= 0.75 mg de Lysanxia)

1.5 gouttes de Valium (= 0.5 mg de Valium)

 

Nous attirons votre attention sur deux points concernant le pourcentage des diminutions et la longueur des paliers (Thérèse, 2017) :

Diminution : descendre sous les 2% peut engendrer une dépendance et entraîner ensuite une fin de sevrage très compliqué.

Palier : en baissant les pourcentages des diminutions, il est absolument nécessaire de réduire la longueur des paliers, sinon les fins de paliers deviennent très difficiles.

En qui concerne le calcul et la réalisation pratique des diminutions de dose, nous vous invitons à consulter les parties Diminutions et Titration du chapitre I consacré au sevrage, pages 45 et 50.

Les mécanismes d’action des benzodiazépines

Les benzodiazépines sont des psychotropes et en tant que tels, elles agissent sur le système nerveux central et altèrent le fonctionnement du cerveau en modifiant ses processus biochimiques et physiologiques. En altérant les fonctions cérébrales, les benzodiazépines induisent des modifications des autres fonctions de l’organisme y compris les fonctions cognitives et comportementales. Comme précisé sur Wikipédia (2017), en altérant […] les fonctions du cerveau, un psychotrope induit des modifications de la perception, des sensations, de l’humeur, de la conscience (états modifiés de conscience) ou d’autres fonctions psychologiques et comportementales.

Les modifications biochimiques et physiologiques

Les benzodiazépines sont une classe de molécules qui agissent sur les récepteurs du neurotransmetteur inhibiteur GABA (Acide Gamma-Aminobutyrique). Elles augmentent la liaison du GABA à ses récepteurs, ce qui a pour effet de diminuer l’activité neuronale. Cette diminution de l’activité neuronale se manifeste par une myorelaxation, une anxiolyse et une sédation (Broers, 2011).

Le GABA est un neurotransmetteur, un agent qui transmet les messages issus d’une cellule du cerveau (le neurone) à une autre. Le message transmis par le GABA est un message inhibiteur: il permet aux neurones qu’il contacte d’en ralentir ou d’en arrêter l’émission

Les propriétés des benzodiazépines et leur utilisation

Toutes les benzodiazépines exercent six effets principaux qui sont utilisés de manière thérapeutique.

Les 6 propriétés des benzodiazépines (HUG, 2015)

  1. leur effet sédatif
  2. leur effet hypnotique
  3. leur effet anxiolytique
  4. leur effet anticonvulsivant
  5. leur effet myorelaxant
  6. leur effet amnésiant

Usage thérapeutique de ces 6 propriétés :

En clinique, les BZD [Benzodiazépines] sont utilisées comme sédatifs/hypnotiques et anxiolytiques, mais également comme inducteurs de l’anesthésie, pour la sédation lors d’examens invasifs ou d’interventions de petite chirurgie, comme antiépileptiques et parfois comme myorelaxants (HUG, 2015).

Les mécanismes d’action et les propriétés des benzodiazépines en vidéo (Carole, 2017)


Cependant, comme l’explique Thérèse, l’usage des benzodiazépines est délicat du fait des risques de dépendance et tolérance. L’entrée en tolérance étant un des facteurs principaux de l’aggravation de l’anxiété ou de l’insomnie sous benzodiazépines (Thérèse).

 

 

 

Liste des benzodiazépines

Liste des benzodiazépines

D’après SoutienBenzo et w-bad (2017)

Les principales benzodiazépines

  • alprazolam (Xanax,…)
  • bromazépam (Lexotan, Lexomil, Lexotanil,…)
  • chlordiazépoxide (Librium*, Librax*, Librocol*, Limbitrol*, Chlorax*,…) (*association du chlordiazépoxide avec une autre substance psychoactive)
  • clobazam (Frisium, Urbanyl, Likozam,…)
  • clonazépam (Klonopin, Rivotril,…)
  • clorazépate (Tranxène, Tranxilium,…)
  • diazépam (Valium, Novazam, Psychopax,…)
  • estazolam (ProSom, Nuctalon,…)
  • flunitrazépam (Rohypnol,…)
  • flurazépam (Dalmane, Somnal, Dalmadorm, Som-Pam, Staurodorm,…)
  • halazépam (Paxipam,…)
  • kétazolam (Anxon, Loftran, Solatran,…)
  • loprazolam (Dormonoct, Havlane,…)
  • lorazépam (Ativan, Témesta, Sédazin, Somnium (préparation combinée),…)
  • lormétazépam (Noctamid, Noctamide, Loramet,…)
  • médazépam (Nobrium,…)
  • nitrazépam (Mogadon,…)
  • nordazépam (Nordaz, Calmday,…)
  • oxazépam (Serax, Serenid, Serepax, Séresta, Anxiolit,…)
  • prazépam (Centrax, Lysanxia, Demetrin,…)
  • quazépam (Doral,…)
  • témazépam (Restoril, Normison, Euhypnos,…)
  • triazolam (Halcion,…)

Z-drogues, Benzo-like ou substances assimilées aux benzodiazépines

Les substances suivantes ne sont pas des benzodiazépines, mais ont des effets similaires aux benzodiazépines hypnotiques et anxiolytiques (Wikipédia, 2017).

Les Z-drogues: non-benzodiazépines aux effets similaires: ces produits sont chimiquement différents des benzodiazépines mais utilisent les mêmes mécanismes d’action et ont les mêmes effets sur l’organisme (W-Bad, 2017).

  • zaleplon (Sonata, Starnoc,…)
  • zolpidem (Ambien, Stilnoct, Stilnox,…)
  • zopiclone (Zimovane, Imovane,…)
  • eszopiclone (Lunesta,…)

Autres Benzo-like

  • méprobamate (Equanil,…)
  • étifoxine (Stresam,…)
  • buspirone (Buspar,…)
  • clotiazépam (Vératran,…): le clotiazépam est un anxiolytique appartenant à la classe des thiénodiazépines qui possède les propriétés anxiolytiques, hypnotiques, anticonvulsantes, amnésiantes et myorelaxantes comme les benzodiazépines (Wikipédia, 2017).

Attention aux molécules possédant des propriétés similaires à celles des benzodiazépines, car elles peuvent avoir les mêmes effets

Quelques neuroleptiques aux propriétés sédatives et anxiolytiques

  • clozapine (Leponex, Clozaril,…) : la clozapine est un antipsychotique atypique dérivé de la dibenzodiazépine qui a des effets sédatifs.
  • olanzapine (Zyprexa1) : l’olanzapine est un neuroleptique puissant qui possède d’importantes propriétés sédatives et anxiolytiques.

Médicaments aux propriétés myorelaxantes

  • pirenzépine (Gastrozepin,…) : la pirenzépine est un antiulcéreux possédant des propriétés myorelaxantes. Cette molécule agit comme antagoniste d’un récepteur de l’acétylcholine. L’acétylcholine est le neurotransmetteur du système nerveux parasympathique qui initie l’état de détente/repos (the rest-and-digest state) par opposition à la réaction d’attaque ou de fuite (fight-or-flight) (Wikipedia, 2017).

 

 

Retrouvez, à cette adresse, une liste plus complète réalisée par W-Bad (2017) dans le cadre de la journée mondiale de sensibilisation aux benzodiazépines: Liste des benzodiazépines et des non-benzodiazépines aux effets similaires (les Z-drogues) : http://w-bad.org/wp-content/uploads/2017/05/FRENCH-BACK.pdf

Le saviez-vous? (W-Bad.org, 2017): http://w-bad.org/wp-content/uploads/2017/05/FRENCH-FRONT.pdf

 

 

 

Les mécanismes d’action des benzodiazépines

 

Comment procéder à une substitution?

L’idée est de remplacer progressivement (quart par quart par exemple) votre molécule de départ par une molécule de substitution plus facile à sevrer.

Nous allons remplacer la dose journalière de la molécule actuellement prise par la dose journalière équivalente d’une molécule plus facile à sevrer (voir doses équivalentes).

La dose journalière correspond à la quantité de substance prise en 24 heures. C’est la quantité de substance “prise” par jour.

Ainsi, par exemple, si vous prenez 1 comprimé de Xanax 0.25mg par jour, votre dose journalière sera de:

0.25 mg si la dose journalière est exprimée en milligrammes
OU
1 comprimé si la dose journalière est exprimée en nombre de comprimés

Par contre, si vous prenez 2 comprimés de Xanax 0.25mg par jour, votre dose journalière sera de :

0.50 mg si la dose journalière est exprimée en milligrammes
OU
2 comprimés si la dose journalière est exprimée en nombre de comprimés

La dose journalière peut également être exprimée en nombre de gouttes.

Quelle que soit la manière dont est exprimée la dose journalière, un quart de cette dose reste toujours un quart.

Lors de la substitution, nous allons remplacer la dose journalière de la molécule actuellement prise par la dose journalière de la molécule de substitution, en ne remplaçant qu’un quart de la dose journalière à la fois (par exemple).

Qu’est-ce qu’un quart de la dose journalière?

Si vous exprimez votre dose journalière en nombre de milligrammes de substance active pris par jour, le quart de cette dose correspond à ce nombre de milligrammes journalier divisé par quatre.

Par exemple, si votre dose journalière est de 0.25 mg de Xanax, un quart de cette dose correspond à 0.25 mg divisé par 4, soit 0.0625 mg. Ces 0.0625 mg correspondent à ¼ (ou un quart) de la dose journalière de Xanax.

Dans ce cas, il pourrait être plus aisé d’exprimer la dose journalière et le quart de cette dose en nombre de comprimés. Ainsi, par exemple, si votre dose journalière est de 2 comprimés de Xanax, le quart de cette dose correspond à un demi comprimé de Xanax (écrit aussi ½ comprimé de Xanax). Et si vous prenez 1 comprimé de Xanax par jour, le quart de cette dose journalière sera de ¼ de comprimé de Xanax.

Illustration de la procédure de substitution

Nous allons illustrer la procédure de substitution quart par quart à l’aide de graphiques.

Légende : un quart s’écrit également 1/4 ou 25%.

Commençons par illustrer la dose journalière de la molécule à remplacer (= molécule actuellement prise = molécule d’origine = molécule de départ):

  • la totalité du camembert correspond à la dose journalière de la molécule de départ
  • les parts du camembert correspondent chacune à un quart de la dose journalière de la molécule de départ

 

Dose journalière de la molécule de départ

Nous pouvons illustrer la dose journalière de la molécule de substitution (= la molécule qui va remplacer la molécule actuellement prise) de la même manière:

  • la totalité du camembert correspond à la dose journalière de la molécule de substitution
  • les parts du camembert correspondent chacune à un quart de la dose journalière de la molécule de substitution

Dose journalière de la molécule de substitution

Lors du processus de substitution, nous allons progressivement remplacer les quarts de la molécule de départ par les quarts de la molécule de substitution. L’idée étant de remplacer un quart de la dose journalière par semaine.

Comme nous avons 4 quarts à remplacer, la substitution se fera sur 4 semaines, avec le remplacement d’un quart de la dose journalière par semaine:

  1. Semaine 1: substitution d’un quart de la dose journalière

Nous allons retirer un quart (une part du camembert noire) de la dose journalière de la molécule de départ et introduire un quart de la dose journalière de la molécule de substitution (une part de camembert blanche).

La dose journalière sera la même, mais elle sera composée différemment. Au lieu d’avoir 100% de la molécule de départ, la dose journalière sera composée pour trois quarts (¾ ou 75%) de la molécule de départ et pour un quart (¼ ou 25%) de la molécule de substitution.

  1. Semaine 2: substitution de deux quarts de la dose journalière, soit la moitié de la dose journalière

Nous allons retirer un quart supplémentaire de la molécule de départ et introduire un nouveau quart de la molécule de substitution.

La dose journalière sera la même, mais elle sera composée différemment. Au lieu d’avoir 75% de la molécule de départ et 25% de la molécule de substitution, la dose journalière sera composée pour 50% de la molécule de départ et pour 50% de la molécule de substitution.

  1. Semaine 3: substitution de trois quarts de la dose journalière

Nous retirons ¼ supplémentaire de la molécule de départ et nous introduisons à nouveau ¼ de la molécule de substitution à la dose journalière.

La dose journalière reste toujours la même, mais elle se compose à nouveau différemment. Au lieu d’avoir 50% de la molécule de départ et 50% de la molécule de substitution, la dose journalière sera composée pour 25% (ou ¼) de la molécule de départ et pour 75% (ou ¾) de la molécule de substitution.

  1. Semaine 4: substitution de la totalité de la dose journalière

Nous retirons le dernier quart restant de la molécule de départ et nous le remplaçons par un quart de molécule de substitution.

La dose journalière reste toujours la même, mais elle est cette fois entièrement composée par la molécule de substitution: dose journalière = 100% (ou 1/1) de la molécule de substitution.

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Comment répartir les 4 quarts de la dose journalière entre les prises de la journée?

Lorsque la dose journalière est administrée en 3 prises (p.ex. matin – midi – soir), les 4 quarts de la dose journalière seront répartis entre les 3 prises. Par exemple comme suit :
Tableau répartition

Dois-je substituer quart par quart ou demi par demi?

La substitution peut se faire quart par quart ou demi par demi en fonction de la quantité à substituer. Ainsi, il est recommandé de procéder à une diminution quart par quart lorsque la dose journalière à substituer est élevée. Lorsque la dose journalière à substituer est moins importante, il est possible de passer par une substitution demi par demi.

À savoir concernant la substitution

  • La substitution, c’est le passage progressif d’une molécule à une autre: le corps doit « se sevrer » de sa molécule d’origine pour en accepter une autre.
  • Il faut environ 4 semaines, en respectant des paliers d’une semaine, pour que la nouvelle molécule trouve toute sa puissance.
  • Il peut y avoir des petits symptômes de sevrage.
  • Certains peuvent se sentir « shootés » et il y a lieu de réajuster la dose de l’équivalence à la baisse.
  • S’il y a apparition de symptômes de manque, il faut faire une petite augmentation de la dose de la molécule de substitution.
  • La substitution peut s’étaler sur 15 jours pour des petites doses à sevrer et se fait généralement sur 4 semaines, voire 8 à 12 semaines pour des doses plus importantes. Mais, il vaut mieux ne pas dépasser 8 semaines à cause de l’entrée en tolérance, laquelle se manifeste dès 4 semaines environ.
  • À l’intérieur d’un plan de substitution, tous les ajustements de doses sont possibles, comme de reporter sur le soir la dose la plus grande…
  • On peut reporter la dose du midi sur le matin pour ne faire que 2 prises dans la journée.
  • On peut diminuer le Lysanxia de 1 ou 2 gouttes si la sédation est trop importante.
  • Le plan de substitution n’est pas standard et doit être adapté à chacun en fonction de ses réactions et si une modification est apportée, ne faire qu’un changement à la fois avec 1 ou 2 gouttes par prise et sur au moins 10 jours.
  • Les symptômes sont en général transitoires et il vaut mieux laisser à l’organisme le temps de s’adapter.
  • Observer une phase de stabilisation de 2 à 4 semaines avant de commencer le sevrage à proprement parler.

 

Lors de la substitution, est-ce que je vais ajouter une nouvelle dépendance?

La réponse est non, vous n’allez pas devenir « doublement dépendant », c’est-à-dire que vous n’allez pas ajouter une dépendance à une autre, mais vous allez seulement, en quelque sorte, « remplacer » votre dépendance actuelle. En effet, comme expliqué sur le site Sevrage Aux Benzodiazépines (2009), la substitution ne fait que substituer la dépendance à la molécule à demi-vie longue à la dépendance à la molécule à demi-vie courte, et le problème d’une dépendance accrue ne se pose pas d’autant que cette substitution est faite dans l’optique d’un sevrage

 

3 exemples de plans de substitution