Le sevrage des benzodiazépines

Le sevrage des benzodiazépines peut se réaliser de manière directe ou indirecte. Généralement, les benzodiazépines à demi-vie longue sont sevrées directement, alors que les benzodiazépines à demi-vie courte sont préférentiellement remplacées par une benzodiazépine à demi-vie longue, comme le prazépam (Lysanxia, Demetrin) ou le diazépam (Valium, Psychopax) et donc sevrées de manière indirecte.

Le sevrage se fait à partir de la méthode des 10%. Dans le manuel de la Prof. Ashton, il est proposé de procéder à une diminution de 5 à 10% par palier de 10 à 21 jours.

Thérèse explique que la technique de sevrage conseillée est sans aucun doute la TITRATION qui permet de dissoudre les comprimés dans de l’eau lorsque la formule gouttes n’existe pas, sinon il y a lieu d’utiliser la SUBSTITUTION qui permet de passer d’une benzodiazépine à demi-vie courte à une benzodiazépine à demi–vie longue.

Thérèse insiste sur le fait que le SEVRAGE obéit à des règles précises et que se sevrer seul est très difficile étant donné que les benzodiazépines sont des médicaments dangereux qui entraînent un état de DÉPENDANCE particulièrement difficile à vaincre!

Mais avant de débuter le sevrage, il est important de :

Trouver sa dose de confort et de s’y stabiliser

La dose de confort est la dose qui se situe juste en dessus du seuil de tolérance et qui correspond généralement à la dernière dose à laquelle vous vous sentiez « bien ». À cette dose journalière, les symptômes devraient être peu intenses, si ce n’est pas le cas, nous vous invitons à vérifiez que vous ne subissez pas une intoxication médicamenteuse. Pour ce faire, augmentez légèrement la quantité de benzodiazépine prise. Si l’intensité des symptômes diminue, c’est que vous êtes en sous-dosage, alors que si l’intensité des symptômes augmente, il est fort probable que vous viviez une intoxication médicamenteuse. Dans ce dernier cas, nous vous conseillons d’en référer immédiatement à votre médecin pour qu’il prenne les dispositions adaptées pour sevrer ce produit rapidement et en toute sécurité.

Lorsque deux benzodiazépines (ou plus) sont prises, il est important de savoir que les deux benzodiazépines possèdent les mêmes propriétés (même si elles les déploient de manières légèrement différentes) et qu’il est possible de ne prendre plus qu’une à une dose journalière équivalente à la dose quotidienne totale qui était prise avec les deux benzodiazépines. L’idée est de conserver la même dose journalière de benzodiazépine, mais en ne prenant plus qu’un produit (de préférence une benzodiazépine à demi-vie longue).

Une fois la dose de confort trouvée, il est essentiel de s’y stabiliser une à deux semaines avant d’entamer le servage à proprement parler. Cela permet de commencer le sevrage de la benzodiazépine dans de bonnes conditions.

Déterminer la durée de la demi-vie et les heures de prises

Pour pouvoir se stabiliser à la dose de confort et ainsi reprendre le contrôle de l’intensité des symptômes de sevrage, il ne suffit pas seulement de retrouver la dernière quantité de benzodiazépine prise qui permettait de couvrir les symptômes de manque. Il est également important de connaître la durée de la demi-vie de la benzodiazépine pour pouvoir adapter les heures de prises, afin que la benzodiazépine couvre, de son action, les 24 heures de la journée.

Il est nécessaire de prendre la benzodiazépine à heure(s) fixe(s) pour pouvoir stabiliser sa concentration sanguine et par là, « son effet » et sa capacité à masquer les symptômes de manque. C’est la durée de la demi-vie qui va aider à déterminer la répartition des heures de prises de la benzodiazépine.

La dose journalière d’une benzodiazépine à demi-vie longue pourra, par exemple, être prise en une prise journalière, tous les matins à 8 heures ou en deux prises (à 9 heures et à 21 heures par exemple), pour assurer une « bonne couverture » des symptômes de sevrage.

La dose journalière d’une benzodiazépine à demi-vie courte devra être administrée en plusieurs fois, à heures fixes, pour que la benzodiazépine couvre de son action les 24 heures d’une journée. Par exemple, pour une benzodiazépine ayant une demi-vie de 6 heures, la dose journalière devra être distribuée en au moins 4 prises sur 24 heures pour espérer que cette dernière couvre de son action les 24 heures d’une journée.

Lorsque vous prenez une benzodiazépine à demi-vie courte, il peut être difficile de trouver une dose de confort, tellement la quantité de benzodiazépine présente dans le sang peut être fluctuante. Dans ce cas, il s’avérer judicieux de passer directement à une benzodiazépine à demi-vie longue pour se stabiliser plus facilement (on procédera alors à une substitution).

De plus, comme le souligne Thérèse, passer d’une benzodiazépine à demi-vie courte à une benzodiazépine à demi-vie longue permet de lever l’entrée en tolérance.

Finalement, le passage d’une benzodiazépine à demi-vie courte à une benzodiazépine à demi-vie longue se réalise à l’aide de la technique dite de substitution que nous allons détaillée plus bas. Commençons par parler de la méthode de sevrage direct.

Le sevrage direct d’une benzodiazépine

Une fois stabilisé à la dose de confort, un sevrage direct de la benzodiazépine peut être mis en place. La méthode de sevrage direct peut être employée pour sevrer les benzodiazépines à demi-vie longue et à demi-vie courte. Cependant nous avons constaté qu’il pouvait devenir compliqué de procéder au servage direct des benzodiazépines à demi-vie courte, étant donné que le manque entre les prises apparaît très fréquemment avec cette catégorie de benzodiazépines et que, techniquement, pour éviter l’apparition de ces symptômes de sevrage, il est nécessaire d’administrer la dose journalière en plusieurs fois et de réaliser des diminutions équilibrées entre les différentes prises.

Le sevrage direct d’une benzodiazépine à demi-vie courte

L’utilisation de la méthode de sevrage direct avec une benzodiazépine à demi-vie courte n’est pas conseillée, étant donné, qu’avec une molécule à demi-vie courte, il est très compliqué de maintenir une concentration sanguine stable et constante de la molécule active. En effet, comme l’explique la Prof. Ashton dans son manuel de sevrage (2012, chapitre II) :

Avec des benzodiazépines à courte-vie telles que l’alprazolam (Xanax) et le lorazépam (Témesta), il est impossible d’obtenir une baisse progressive dans les concentrations sanguines et cellulaires. Ces drogues sont éliminées assez rapidement avec comme résultat des fluctuations importantes de concentrations entre chaque dose. Il serait nécessaire d’absorber les comprimés plusieurs fois par jour et beaucoup de personnes traversent des expériences de « mini-sevrage” ou d’un besoin soudain entre chaque dose.

Par conséquent, avec une benzodiazépine à demi-vie courte, nous vous recommandons, dans la mesure du possible, d’utiliser la méthode de sevrage indirect (que nous verrons plus loin).

Cependant, si vous souhaitez tout de même réaliser un sevrage direct sur une benzodiazépine à demi-vie courte, il est recommandé de procéder à une diminution de 3% de la dose en cours tous les 7 jours (Thérèse).

Les heures de prises pour une benzodiazépine à demi-vie courte

Afin de lutter au mieux contre l’état de manque qui peut facilement se manifester avec une benzodiazépine à demi-vie courte, il est fortement recommandé de répartir la dose journalière en plusieurs prises quotidiennes en se basant sur la durée de la demi-vie. Par exemple, avec une benzodiazépine ayant une demi-vie de 8 heures, il sera important de répartir le dose journalière en au moins 3 prises sur 24 heures et préférentiellement plus, étant donné que la durée de l’effet de la molécule est plus courte que la durée de sa demi-vie d’élimination. Par conséquent, il sera certainement plus avisé de répartir la dose journalière, d’une benzodiazépine avec une demi-vie de 8 heures, en 4 prises (p.ex. 6h00 – 12h00 – 18h00 – 0h00).

Pour savoir comment diviser la dose journalière en quatre et la répartir entre les prises, nous vous invitons à consulter le paragraphe intitulé Titration : répartir une dose journalière en 4 prises qui se trouve dans la partie Le sevrage en pratique du manuel.

Toutefois, nous vous rappelons que, de manière générale, le servage direct est techniquement et pratiquement mieux adapté à l’arrêt progressif des benzodiazépines à demi-vie longue. Et nous vous recommandons fortement d’envisager d’utiliser la méthode de sevrage indirect, si le sevrage direct d’une benzodiazépine à demi-vie courte devient trop compliqué et/ou que vous expérimentez des symptômes de manque entre les prises.

Le sevrage direct d’une benzodiazépine à demi-vie longue

Après avoir respecté une période de stabilisation à la dose de confort, Thérèse recommande de procéder au sevrage d’une benzodiazépine à demi-vie longue en commençant par des diminutions de 5% de la dose en cours et en se stabilisant à cette nouvelle dose journalière pendant 8 jours, avant de réduire à nouveau la dose en cours.

Ces règles sont adaptées de la méthode des 10% d’Ashton : Thérèse et l’équipe SoutienBenzo ont constaté que des diminutions de 10% étaient, pour une grande majorité des membres du forum, trop difficiles à supporter. Ils ont également observé qu’en réduisant le pourcentage de diminution à 5% au lieu de 10%, il était nécessaire de réduire le nombre de jours de stabilisation pour éviter l’entrée en tolérance. C’est pour cette raison que la longueur de palier recommandée est de 8 jours, plutôt que les 14 mentionnés dans la méthode des 10%. Pour plus d’informations sur l’affinage, par Thérèse et son équipe, des règles de la méthode des 10%, vous pouvez vous reporter à la page 98.

Dans le même ordre d’idée, il est apparu, aux cours des observations, qu’en fin de sevrage d’une benzodiazépine à demi-vie longue, il pouvait être judicieux d’adapter à nouveau les règles de diminutions aux plus faibles quantités de benzodiazépines prises et de procéder à des diminutions de 3% de la dose en cours tous les 7 jours.

Les heures de prises pour une benzodiazépine à demi-vie longue

Il est possible et souvent conseillé de répartir la dose journalière en deux prises quotidiennes (p.ex., 9h00 et 21h00) et d’ajuster la quantité prise le matin et le soir en fonction des symptômes ressentis. Comme l’explique Thérèse, si l’insomnie prédomine, il est utile de prendre une plus grande quantité le soir, alors que si, au réveil, c’est un état d’angoisse ou d’agitation qui prédomine, il est intéressant de prendre un plus grand pourcentage de la dose journalière le matin. Pour comprendre comment répartir la dose journalière entre les prises, nous vous laissons vous reporter à la question 2 de la FAQ : Questions relatives au sevrage, page 60.

Finalement, la Prof. Ashton (2002) et les membres de SoutienBenzo ont constaté qu’il était possible de terminer le sevrage d’une benzodiazépine à 1.5 gouttes de Lysanxia (= 0.75 mg de Lysanxia) ou 1.5 gouttes de Valium (= 0.5 mg de Valium).

En qui concerne le calcul et la réalisation pratique des diminutions de dose, nous vous invitons à consulter les parties Diminutions et Titration du chapitre I consacré au sevrage, pages45 et 50.

Le sevrage indirect d’une benzodiazépine

Lorsque le sevrage direct d’une benzodiazépine se passe mal ou devient techniquement trop compliqué à gérer, il est possible de passer par un sevrage indirect. Dans ce cas, nous allons remplacer, en deux à quatre semaines, la benzodiazépine d’origine par une benzodiazépine à demi-vie longue.

L’utilisation de la méthode de sevrage indirect est judicieuse dans le cas où le sevrage d’une benzodiazépine à demi-vie courte devient techniquement trop compliqué, mais surtout dans le cas où des symptômes de manque se font sentir entre les prises lors de l’utilisation d’une benzodiazépine à demi-vie courte. Le passage à une demi-vie longue va permettre de lever le phénomène de tolérance et l’état de manque entre les prises généré par l’instabilité du taux de benzodiazépine présente dans le sang.

De plus, comme l’a constaté Thérèse, lorsqu’il y a une forte tolérance avec la benzodiazépine d’origine, la substitution avec une autre molécule va permettre de lever ce phénomène d’accoutumance et de retrouver le plein effet, en particulier anxiolytique, des benzodiazépines et ce, avec une dose globale moindre de benzodiazépine.

Nous pouvons résumer cette première partie concernant le sevrage des benzodiazépines à l’aide d’un arbre décisionnel :

Arbre décisionnel pour aider à la mise en place d’un plan de sevrage

Arbre décisionnel pour aider à mettre en place un plan de sevrage

Retrouvez l’arbre décisionnel expliqué en vidéo par Carole (2018) dans le cadre de la Journée Mondiale de Sensibilisation aux Benzodiazépines [w-bad.org] :

 

 

 

Les benzodiazépines : règles de sevrage recommandées

Par Thérèse

Sevrage d’une benzodiazépine à demi-vie courte

 

Règles générales pour les benzodiazépines à demi-vie courte

Pourcentage de diminution recommandé : 3%
Longueur des paliers recommandée : 7 jours

Sevrage d’une benzodiazépine à demi-vie longue

 

Règles générales pour les benzodiazépines à demi-vie longue

Pourcentage de diminution recommandé : 5%

Longueur de palier recommandée : 8 jours

 

Fin de sevrage des benzodiazépines à demi-vie longue

Pourcentage de diminution recommandé: 3%

Longueur de palier recommandée: 7 jours

Dose journalière à laquelle il est possible et recommandé d’arrêter le sevrage:

1.5 gouttes de Lysanxia (= 0.75 mg de Lysanxia)

1.5 gouttes de Valium (= 0.5 mg de Valium)

 

Nous attirons votre attention sur deux points concernant le pourcentage des diminutions et la longueur des paliers (Thérèse, 2017) :

Diminution : descendre sous les 2% peut engendrer une dépendance et entraîner ensuite une fin de sevrage très compliqué.

Palier : en baissant les pourcentages des diminutions, il est absolument nécessaire de réduire la longueur des paliers, sinon les fins de paliers deviennent très difficiles.

En qui concerne le calcul et la réalisation pratique des diminutions de dose, nous vous invitons à consulter les parties Diminutions et Titration du chapitre I consacré au sevrage, pages 45 et 50.