19. « Tu ne vas pas nous faire ça! »

Automne 2007

« Tu ne vas pas nous faire ça?  »

Depuis quelques jours ma décision était prise, j’allais me sevrer de ces substances qui ruinaient ma vie depuis treize ans. J’allais me débarrasser de cette dépendance aux anxiolytiques et aux antidépresseurs même si aucun médecin ne souhaitait m’aider.

L’emprise de la psychiatrie sur les treize premières années de ma vie d’adulte devait prendre fin.

Je voulais reprendre ma liberté coûte que coûte.

N’ayant pas trouvé de soutien auprès du corps médical, je tentais d’en obtenir auprès de mes proches. Mais lorsque je leur fis part de ma décision d’arrêter de prendre ces médicaments, mes proches ne furent pas du tout contents. Une des phrases qui résume bien l’avis de ma famille à ce sujet est celle de ma grand-mère:

« Tu ne vas pas nous faire ça !  »

Cette phrase est lourde de sens. Elle montre à quel point mes proches étaient convaincus que je souffrais d’une maladie mentale. A quel point les médecins de l’hôpital psychiatrique de Nant leur avaient fait peur treize ans auparavant et à quel point ils avaient soufferts de me voir aussi mal depuis des années.

Leur attitude face à ma décision de soigner ma dépendance aux médicaments m’attrista, mais en même temps, je savais qu’ils ne me seraient d’aucune aide dans ma démarche, puisqu’ils avaient toujours écouté l’avis des psychiatres plutôt que le mien.

Dans ma famille, on ne remet jamais en cause l’avis des « gens instruits »: Un médecin ne se trompe jamais et il est mal venu de le contredire.

En ce mois de septembre 2007, je me retrouvais à nouveau bien seule face à mon envie d’arrêter de prendre mes comprimés de Tranxilium. Seul mon conjoint décida de me soutenir dans ma démarche.

Je coupais donc les ponts d’avec mes proches. Comme ils ne m’invitaient plus aux dîners de famille, ni aux anniversaires, ni aux repas de fêtes depuis plusieurs mois déjà, ce ne fut pas très difficile de les tenir éloignés.

En ce mois de septembre 2007, je me retirais chez moi pour entamer mon sevrage.

Heureusement, j’avais quand même une personne à mes cotés, mon conjoint.

Je diminuais très gentiment ma dose de Tranxilium quotidienne. Je prenais 6 comprimés par jour avant le début de mon sevrage et je ne pouvais pas arrêter d’en prendre du jour au lendemain.

Je passais de 6 à 5 comprimés de Tranxilium et même avec une si petite diminution le manque se fit cruellement sentir….