2. Déterminer l’ordre des molécules à sevrer si plusieurs médicaments psychotropes sont pris

Les neuroleptiques étant une des classes de molécules les plus dangereuses, il est recommandé de sevrer ceux-ci en premier.

Ensuite, une bonne manière de déterminer l’ordre de sevrage est de choisir de sevrer la molécule qui vous semble être celle qui induit les symptômes les plus dangereux ou invalidants pour vous.

Certains préfèrent sevrer les benzodiazépines avant les antidépresseurs, alors que d’autres préfèrent faire le contraire, étant donné que les antidépresseurs peuvent être à l’origine d’effets secondaires graves, comme un état violent et/ou suicidaire.

Quel médicament psychotrope arrêter en premier ?

Comme l’expliquent les Docteurs Breggin et Cohen (2007) :

Si vous prenez un médicament A pour contrer les effets secondaires d’un médicament B, alors vous devriez probablement commencer par sevrer le médicament B. Par exemple, si vous prenez un somnifère pour traiter l’insomnie causée par du Prozac (fluoxétine) ou de la Ritaline, vous allez peut-être avoir envie de sevrer le somnifère après l’arrêt du Prozac ou de la Ritaline. Idem, si vous prenez des médicaments (Cogentin (=benztropine) ou Artane) qui suppriment les troubles moteurs induits par les neuroleptiques, vous devriez probablement commencer par réduire le(s) neuroleptique(s) avant de commencer le sevrage du médicament prescrit pour réduire les effets secondaires des neuroleptiques.

Il est recommandé de ne faire qu’un sevrage à la fois et d’attendre quelques semaines après un sevrage avant d’en commencer un deuxième, afin de ne pas trop bousculer l’organisme. Une pause entre deux sevrages offre à votre organisme la possibilité de récupérer un peu et ainsi de commencer le sevrage suivant dans de meilleures conditions.

Nous vous conseillons également d’écouter votre ressenti pour déterminer quel médicament votre organisme a besoin de sevrer en premier. Par exemple, si vous sentez qu’un médicament a produit des effets secondaires pénibles dès le moment où vous avez commencé à le prendre, alors c’est peut-être par celui-ci qu’il conviendrait de commencer.

Par ailleurs, il est très important de prendre en compte la dangerosité de la molécule lors du choix de l’ordre des sevrages. Comme le soulignent Breggin et Cohen (2007), il faut si possible commencer par les antipsychotiques (neuroleptiques), étant donné que cette classe de médicaments psychiatriques expose à des effets secondaires graves, y compris à la dyskinésie tardive, au syndrome malin des neuroleptiques qui peut potentiellement être mortel, au diabète et à une pancréatite.

Finalement, si vous souffrez déjà d’effets secondaires graves induits par vos médicaments psychiatriques, comme un manie, une hyperstimulation, des comportements inquiétants ou des mouvements anormaux, il faudra envisager de réaliser un sevrage rapide et aussi sûr que possible des molécules incriminées et ce sous la surveillance d’un médecin très expérimenté.

Il est vraiment vital de sevrer en premier, et sous surveillance médicale accrue et constante, le médicament qui serait à l’origine d’une intoxication médicamenteuse.

Comment faire la différence entre des symptômes de manque (syndrome de sevrage) et la toxicité médicamenteuse (neurotoxicité / intoxication médicamenteuse)?

Un syndrome de sevrage correspond à l’ensemble des symptômes qui se manifestent lorsque la dose du médicament est diminuée, alors que la toxicité médicamenteuse se présente sous la forme d’un ensemble de symptômes qui apparaissent lors des augmentations de dose.

Les symptômes de sevrage : un effet indirect des médicaments observé lors des diminutions de dose

Les symptômes de sevrage sont des effets indirects de la substance prise, dans le sens où ils correspondent à une réponse de l’organisme aux diminutions et non aux effets directs de la substance.

L’intoxication médicamenteuse : un effet direct des médicaments observé lors des augmentations de dose

L’intoxication médicamenteuse est un terme utilisé pour parler des effets neurotoxiques et/ou toxiques directs de la substance prise, dans le sens où les symptômes observés sont les conséquences directes des effets de la substance.

Une substance peut intoxiquer l’organisme lors des premières prises. Et l’intoxication va se maintenir et souvent s’aggraver au fil des prises.

Comment faire la différence entre des symptômes de sevrage qui perdurent malgré l’application des règles de sevrage et une éventuelle toxicité ?

La meilleure façon de faire est d’augmenter un peu la dose:

  • si les symptômes augmentent c’est qu’il y a toxicité, en ce cas le sevrage devra être plus rapide et se faire en 6 ou 8 semaines et sous surveillance médicale intensive. Avant de se lancer dans cette option il faut bien observer ce qui se passe!
  • si les symptômes diminuent en intensité, c’est qu’il s’agit bien de symptômes de sevrage. Dans ce cas, régler plus finement le protocole de sevrage pourra aider (adapter le pourcentage de diminution et/ou la longueur du palier).

 

3. Trouver sa dose de confort et s’y stabiliser quelques jours

 


Le plan de sevrage en pratique

Un exemple de plan de sevrage pour 2 médicaments : Xanax et Deroxat

Détermination de l’ordre des sevrages

Choix personnel en fonction du ressenti et des caractéristiques des substances

Ordre des sevrages choisi :

  1. Deroxat : le Deroxat sera sevré en premier: car chez moi les effets secondaires induits par la paroxétine sont graves : violence envers moi-même (automutilations), idées suicidaires, migraines intolérables et akathisie (agitation interne) (pour plus d’informations sur les effets secondaires voir page sur les antidépresseurs).
    Remarque : au vu des effets que cette molécule produit sur moi, vérifier avec mon médecin s’il n’y a pas intoxication et en fonction des conclusions, envisager un sevrage rapide sous surveillance médicale accrue ou dans un centre spécialisé…
  2. Xanax

 

3. Trouver sa dose de confort et s’y stabiliser quelques jours

 

Pourquoi faut-il procéder au sevrage des médicaments psychotropes ?

Pourquoi faut-il procéder au sevrage des médicaments psychotropes ?

Le sevrage est l’approche visant à supprimer la dépendance physique (ou pharmacologique) à un médicament psychoactif. Il convient de procéder à la diminution méthodique de la prise de médicaments psychiatriques, c’est-à-dire à un sevrage, pour contrer les effets de la dépendance et de la tolérance.

Nous allons maintenant voir comment le sevrage est lié à la dépendance physique et à la tolérance qui sont des mécanismes que l’organisme développe pour contrer les effets des médicaments psychiatriques.

Qu’est-ce que la dépendance ?

De manière générale, la dépendance peut être vue comme une perte de liberté ou une perte de contrôle. Mais la dépendance est un phénomène complexe et actuellement, nous ne parlons plus de la dépendance, mais des dépendances. Il est important de différencier ces dépendances et de bien comprendre les mécanismes spécifiques à chacune d’entre elles, étant donné que c’est cette compréhension qui nous permettra de venir à bout d’une dépendance. En effet, ce n’est qu’en comprenant comment fonctionne une dépendance, qu’on peut inverser le processus et ainsi s’en libérer.

Pour l’OMS (2018), le terme générique de «dépendance» se rapporte à des éléments aussi bien physiques que psychologiques.

Mais quels sont les principaux types de dépendance ?

Nous retrouvons comme principaux types de dépendance :

  • La dépendance physique ou dépendance physiologique ou dépendance pharmacologique pharmacodépendance. Ce sont des termes utilisés pour faire référence au processus d’adaptation de l’organisme à la présence répétée d’une substance.
  • La dépendance psychique et la dépendance psychologique. Ces deux concepts font référence au fait que la personne n’arrive plus à s’imaginer vivre sans les effets du médicament
  • La dépendance comportementale est un concept utilisé pour parler d’une consommation par habitude ou en fonction de stimuli présents dans l’environnement

La toxicomanie ou l’addiction étant des termes utilisés pour faire référence à la présence de plusieurs de ces dépendances.

L’addiction

L’addiction se caractérise par l’impossibilité répétée de contrôler un comportement, qui vise à produire du plaisir ou à écarter une sensation de malaise interne, en dépit de la connaissance de ses conséquences négatives (Laqueille & Liot, 2009).

La toxicomanie

Lorsqu’il y a à la fois dépendance physique, dépendance psychologique, tolérance et addiction, on parle de toxicomanie. La toxicomanie peut donc être vue comme la combinaison d’une dépendance physique (phénomène de tolérance et apparition d’un syndrome de sevrage à l’arrêt de la substance), d’une dépendance psychologique (penser qu’on a besoin de la substance pour fonctionner) et d’une dépendance comportementale (besoin compulsif de consommer ou comportement addictif).

 

Dans le cadre du présent manuel, nous allons plus spécifiquement nous pencher sur un type de dépendance – la dépendance physique – étant donné que le processus qui permet de la contrer est le sevrage et que c’est le thème principal de cet ouvrage.

Le sevrage est donc le processus par lequel nous allons
nous libérer de la dépendance physique aux substances psychotropes

Mais commençons par souligner le fait qu’il existe une différence nette entre la dépendance psychologique qui est la croyance selon laquelle nous pensons avoir besoin de la substance pour fonctionner et la dépendance physique qui est l’apparition d’effets déplaisants (les symptômes de sevrage ou symptômes de manque) à l’arrêt du médicament ou lorsque l’organisme s’est habitué à la substance et qu’il faut augmenter la dose journalière pour ne pas ressentir les effets de manque (phénomène de tolérance).

La dépendance psychologique

Nous dépendons psychologiquement d’une substance lorsque nous lui attribuons les vertus que nous voulons bien qu’elle ait ou les vertus que d’autres lui ont attribué. Ainsi, nous pouvons dépendre psychologiquement d’une substance lorsque nous lui attribuons la capacité de guérir notre mal-être, de nous permettre de gérer des situations critiques ou encore de supporter des émotions déplaisantes. Nous dépendons psychologiquement d’une substance lorsque nous sommes convaincus qu’elle agit effectivement et efficacement sur nos symptômes. L’esprit est puissant et est capable, par le biais de nos croyances, de modifier l’interprétation que nous faisons de nos sensations, de nos perceptions, de nos ressentis, de nos sentiments ou de nos émotions.

La dépendance psychologique se fonde, se construit et se développe à partir de plusieurs types de croyances, notamment :

  • les croyances culturelles: p.ex. les antidépresseurs soignent la dépression ; les somnifères font dormir ; les neuroleptiques traitent les schizophrènes
  • les croyances personnelles: p.ex. ce sont mes médicaments qui me permettent de tenir et de fonctionner au quotidien ; ce sont mes antidépresseurs qui me permettent de supporter mon chagrin et ma tristesse
  • les croyances des autres: p.ex. mon médecin et ma famille m’affirment que seuls mes médicaments peuvent me soigner, alors, comme j’ai une totale confiance en eux, je suis convaincu que ces produits améliorent mon état

La dépendance psychologique traduit souvent la croyance selon laquelle c’est le traitement psychiatrique qui réduit les symptômes et traite les causes de notre trouble mental ou de notre problème physique.

L’effet placebo

L’effet placebo peut être défini comme la confiance que nous avons dans un traitement, dans le fait que celui-ci va nous soigner. Mettre tout son espoir dans un traitement (médicamenteux ou psychothérapeutique) et être convaincu de son efficacité, peut rendre celui-ci très puissant. En effet, il a été prouvé que si nous nous attendons à ce qu’un traitement fonctionne et apporte le soulagement voulu, alors nous anticipons des effets positifs et cela se répercute sur notre physiologie. Ainsi, lorsqu’un médecin, une thérapie ou un médicament nous offre l’espoir d’une guérison, alors nous croyons souvent si fort à un tel soulagement, que cette croyance place notre organisme dans les dispositions pour aller mieux. C’est ce que nous appelons l’effet placebo. Par conséquent, lorsque nous sommes convaincus qu’un traitement nous soulagera, alors il y a toutes les chances qu’il le fasse et que nous voyons notre état s’améliorer.

C’est, par exemple, ce qui se produit avec les antidépresseurs dans le cadre du traitement de la dépression : la croyance en l’efficacité des antidépresseurs à traiter la dépression peut être si forte, qu’elle produit un effet placebo puissant qui parvient à soulager la dépression. En effet, comme l’a constaté Kirsch (2010) dans sa méta-analyse, la principale réponse aux antidépresseurs est un effet placebo et pour cet auteur, il est très probable que le reste soit un effet placebo augmenté.

L’effet placebo augmenté

L’effet placebo (c’est-à-dire l’espoir d’une guérison ou la conviction qu’un traitement est efficace) peut être augmenté lorsque le traitement médicamenteux produit des effets secondaires facilement reconnaissables. En effet, plus le médicament psychiatrique produit des effets secondaires, plus nous sommes enclins à penser que la substance active est puissante et cela nous convainc que ce médicament est capable de traiter nos maux en profondeur. C’est ce qui augmente encore l’effet placebo. Dans sa méta-analyse, Kirsch (2010) a en effet constaté que plus les patients déprimés ressentent d’effets secondaires avec le médicament actif, plus leur état s’améliore.

Utiliser l’effet placebo à bon escient en activant les croyances qui nous sont bénéfiques

Ce manuel vise à vous aider à vaincre la dépendance physique. La dépendance psychologique se vainc, quant à elle, par un travail sur soi-même, sur ses croyances. Nous vous recommandons de travailler votre éventuelle dépendance psychologique en compagnie d’un thérapeute ou d’une personne qui vous aidera à reconnaître les pouvoirs et les vertus que vous attribuez à ces produits chimiques et à les transférer à vous-mêmes, à vos capacités, à vos propres ressources personnelles. Croire en vous, croire en vos capacités, croire que c’est possible, croire en votre force intérieure, en votre détermination, en votre jugement personnel, croire en votre instinct, en votre intuition, en votre ressenti vrai et profond, vous permettra de vous libérer de la dépendance psychologique et de reprendre le contrôle de votre vie.

La dépendance physique

La dépendance physique, qui résulte des mécanismes d’adaptation de l’organisme à une consommation prolongée (INSERM, s.d.), est définie par deux éléments clé :

  1. l’apparition d’un syndrome de sevrage : il s’agit d’un ensemble de symptômes spécifiques qui apparaissent lorsque la prise de médicament est brusquement stoppée. C’est la réaction physiologique qui se produit lorsque l’organisme est privé du produit auquel il avait adapté son mode de fonctionnement. Cette privation se traduit, selon McGill, (s.d.), par un état de manque qui s’accompagne de symptômes physiques incommodants appelés le sevrage.
  2. l’apparition de la tolérance : il s’agit du phénomène par lequel l’organisme a adapté son fonctionnement à l’effet d’un médicament et oblige la personne à augmenter les doses pour ressentir l’effet initial du produit.

L’accoutumance

L’accoutumance est le phénomène par lequel l’organisme s’habitue à la présence d’une substance. L’accoutumance va induire la tolérance. En effet, lorsque l’organisme s’adapte trop bien, c’est-à-dire qu’il sur-adapte son fonctionnement à la présence d’une molécule, alors la personne qui la consomme devra en prendre plus grande pour ressentir le même effet.

La tolérance

La tolérance est le mécanisme suivant lequel le cerveau s’habitue à l’effet de la substance, ce qui conduit la personne à augmenter les doses pour obtenir l’effet initial.

Le sevrage lent pour contrer la dépendance physique et la tolérance

Un sevrage lent et méthodique permet de contrôler la survenue et l’intensité des symptômes de sevrage qui résultent de l’état de manque et de l’entrée en tolérance (les deux phénomènes étant étroitement liés).

L’apparition de ce syndrome de sevrage, c’est-à-dire de cet ensemble de symptômes qui apparaissent à l’arrêt de la substance psychoactive, induit souvent le patient et le médecin en erreur, l’un des deux ou les deux pensant qu’il s’agit d’un retour des symptômes pour lequel le patient est traité. En effet, souvent le patient qui subit ce syndrome de sevrage et/ou le médecin qui le traite, pense qu’il s’agit d’une rechute. Définition de rechute.

Afin de limiter la survenue et l’intensité des symptômes de sevrage, on va mettre en place en plan de sevrage dit lent.

 

Références

INSERM. (s.d.). Pharmacodépendance : mécanismes neurobiologiques. Accès : http://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/2072/?sequence=30

Kirsch, I. (2010). Antidépresseurs Le grand mensonge. Champs-sur-Marne : Music & Entertainment Books

Laqueille, X. et Liot, K. (2009). Addictions : définitions et principes thérapeutiques. L’information psychiatrique, 85(7), 611-620. Accès : https://www.cairn.info/revue-l-information-psychiatrique-2009-7-page-611.htm

McGill. (s.d.). La consommation de drogues. Le cerveau à tous les niveaux. Accès : http://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_03/i_03_p/i_03_p_par/i_03_p_par.html

OMS. (2018). Syndrome de dépendance. Accès : http://www.who.int/substance_abuse/terminology/definition1/fr

 

Manuel de sevrage des psychotropes

Bonjour à tous,

En collaboration avec Thérèse et l’équipe du forum SoutienBenzo, j’ai élaboré un manuel de sevrage des psychotropes, dans lequel je rassemble les informations récoltées par Thérèse et mes connaissances:

Manuel de sevrage des psychotropes version mise à jour le 7 octobre 2017 (format PDF)

Pourquoi et pour qui ce manuel a été écrit?

Nous avons écrit ce manuel, car nous nous sommes rendu compte que le grand public, les médecins et les personnes qui souhaitaient gérer l’utilisation et l’arrêt de la médication psychotrope, ne disposaient pas d’une information claire, compréhensible et accessible concernant le fonctionnement des médicaments psychiatriques.

En écrivant ce manuel, nous voulions synthétiser et rendre accessibles les informations qui nous ont permis, à nous, de nous sortir de l’emprise de ces produits. Au travers de ce manuel, nous partagerons donc, avec vous, nos connaissances et nos années d’expériences dans le domaine de la médication psychotrope et du sevrage.

Nous, auteures et co-auteurs, avons tous été confrontés à la prise et à l’arrêt de la médication psychotrope et c’est grâce à notre propre expérience, aux recherches d’informations que nous avons menées et aux années que nous avons passées (et que nous passons toujours) à soutenir les personnes qui souhaitent prendre en main leur consommation de médicaments psychiatriques, que nous pouvons, aujourd’hui, vous proposer un manuel de sevrage qui se fonde à la fois sur des études scientifiques, des connaissances théoriques et sur une mise en pratique quotidienne et fructueuse de ces travaux scientifiques.

Notez que cet ouvrage n’a en aucun cas pour but de vous convaincre ou de vous inciter à arrêter de prendre votre traitement médicamenteux. Ce manuel a uniquement pour objectif de vous informer sur les différents aspects de la médication psychotrope. C’est dans cette perspective informative, que nous vous présenterons des protocoles, des méthodes et des techniques qui permettent de réaliser un sevrage qui respecte les spécificités de fonctionnement de chaque classe de médicaments psychiatriques et qui minimise ainsi les risques liés à l’arrêt de la consommation de ce type de produit.

Ce manuel a été conçu dans un objectif pratique. Notre idée est de vous proposer un contenu qui vous permette de facilement et rapidement mettre en pratique des méthodes, des techniques et des protocoles de sevrage qui sont soutenus par des études scientifiques et/ou des expériences de sevrages réussis.

Ce manuel a été conçu pour rendre l’information technique et scientifique accessible. Dans cette optique, nous avons choisi de simplifier et de synthétiser les contenus scientifiques et techniques.
Nous avons choisi d’expliquer, en des termes simples, les éléments qui nous semblent indispensables à la compréhension des concepts scientifiques sous-jacents aux divers protocoles et méthodes proposés, afin que vous soyez en mesure de comprendre comment ces derniers ont été construits et pourquoi ils l’ont été ainsi.

Nous espérons qu’au fil de cet ouvrage, vous trouverez les pistes qui vous permettront de comprendre ce que vous vivez.

Remarque :
Nous allons faire évoluer ce manuel au cours du temps. Actuellement, c’est la version bêta sortie le 29 septembre 2017 qui est en ligne. Il s’agit d’une version partielle qui ne contient, pour le moment, que les chapitres sur les benzodiazépines et le sevrage.
Il s’agit d’une version test qui a pour but de nous permettre de recevoir des retours de votre part, afin que nous puissions, le cas échéant, améliorer l’ouvrage avant d’en présenter une version finale complète.

Les chapitres qui détaillent l’information sur les antidépresseurs et les neuroleptiques sont en cours de rédaction. Notez cependant, que le chapitre sur le sevrage est général et fournit, de ce fait, des informations qui sont utilisables à la fois pour les benzodiazépines, les antidépresseurs et les neuroleptiques…

Finalement, nous n’insisterons jamais assez sur le fait qu’il ne faut jamais arrêter un traitement médicamenteux du jour au lendemain ou sans l’avis d’un médecin.

***

Retrouvez les différentes versions du manuel sur le page consacrée au sevrage: SEVRAGE

Manuel de sevrage des psychotropes version mise à jour le 7 octobre 2017 (format PDF)

 

Vous pouvez nous faire part de vos commentaires sur le forum SoutienBenzo ou en m’envoyant un e-mail:

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Carole

Retour d’une vague de symptômes un an après le sevrage

Après le sevrage, mon état s’était un peu amélioré: les symptômes étaient moins intenses. Mais tout à coup, une énorme vague de symptômes m’a submergée. Je ne comprends pas pourquoi tous mes symptômes sont revenus un an (deux ans, trois ans, …) après le sevrage, avec une intensité aussi grande.

En 2009, je me suis retrouvée dans une situation inhabituelle et une vague de symptômes d’une très grande intensité est revenue, alors que cela faisait quelques mois que ça allait mieux niveau symptômes.

En 2009, soit un peu plus d’une année après mes sevrages rapides, j’avais repris un peu le contrôle de mes symptômes en suivant à moitié les méthodes proposées dans le guide: « L’anxiété pour les nuls ». Je pouvais à nouveau faire quelques activités et me déplacer pas trop loin de chez moi. Mais à l’automne 2009, j’ai voulu griller les étapes (et bien les griller) en allant passer quelques jours en Angleterre. Pour moi qui n’allait pas plus loin que dans les alentours de mon village, le saut a été faramineux. Mais quand on se croit plus fort que notre organisme et qu’on ne l’écoute pas, les conséquences sont terribles….

Jusqu’à l’aéroport, ça c’est assez bien passé. J’ai essayé de me détendre tant bien que mal et mes symptômes sont restés à un niveau acceptable. Mais une fois dans l’aéroport, ça allait déjà beaucoup moins bien et les symptômes ont commencés à me submerger: l’état d’alerte était lancé. Ne maîtrisant pas tous les outils pour faire stopper l’état d’alerte ou du moins pour l’empêcher de prendre une ampleur extrême, j’ai été submergée par l’angoisse. Ainsi, au moment d’entrer dans l’avion, je me suis retrouvée en état de panique extrême. Mon système d’alarme était au maximum et les symptômes de l’attaque de panique étaient ultra-intenses: sueurs, coeur à mille à l’heure, vertiges, pulsations dans la tête, déréalisation, dépersonnalisation,… je me sentais mourir….
Mais j’étais dans cet avion et je ne pouvais plus en sortir: la seule chose que je pouvais faire c’était me rendre en Angleterre.
Pour essayer de reprendre mes esprits (et essayer de stopper mes nausées), je me suis dit que j’allais boire un petit quelque chose. J’ai alors pris un thé puis un coca light…. je te laisse imaginer la suite… quelques temps plus tard, rebelotte deuxième attaque de panique, alors que les symptômes de la première n’étaient pas encore redescendus…
A mon arrivée à Londres, j’étais complètement défaite et épuisée par ce voyage et ces attaques de panique consécutives. Mais comme avec mon compagnon, nous avions décidé de rendre visite à son collègue qui était à Cambridge, je me suis dit qu’il fallait que je tue cette fatigue et que je me booste un peu. J’ai alors pris un bon café bien sucré au Starbuck… Autant te dire que le repas du soir en compagnie de ce collègue a été un enfer… J’étais nauséeuse, dans un état second… je ne comprenais pas ce qu’il se disait autour de cette table, tellement j’étais épuisée par ces boucles de montées et de descentes d’adrénaline.
Le séjour a continué et j’ai passé 5 jours atroces à faire attaques de panique sur attaques de panique, à ne pas dormir et à être dans un état second (déréalisation / dépersonnalisation) tellement les vagues d’angoisse me terrassaient.
Bien évidemment, pour ne rien arranger, pendant tout le séjour, j’ai bu du coca light et des cafés. J’ai également bu quelques bières dans les pubs et j’ai certainement consommé du glutamate dans les snacks…

Puis vient le moment du retour….. Comment allais-je pouvoir reprendre l’avion?
ça a été terrible parce qu’en plus cette fois je n’avais plus la belle confiance que j’avais lorsque j’ai décidé de faire ce voyage. Cette fois, j’avais peur. Je me sentais incapable de prendre l’avion, incapable de gérer mon corps, incapable de supporter cette vague d’attaque de panique en étant confinée dans un avion….
Je me suis vidée par tous les côtés dans les toilettes de l’aéroport, j’ai fait des crises de larmes et je me suis mise à trembler de manière incontrôlable… mais j’ai fini par prendre cet avion et bien évidemment, vu dans les conditions dans lesquelles je m’étais mise, j’ai fait une énorme attaque de panique dans l’avion… j’ai cru que je devenais folle et que rien ne pourrait me ramener à la raison, à un état mental sain. J’étais comme ailleurs, dans un monde parallèle. Je voyais les autres et moi-même depuis l’extérieur… je n’étais plus là…
(Si j’en avais parlé à un psychiatre en rentrant, je suis certaine qu’il m’aurait collé des diagnostics comme: psychose, schizophrénie, etc… alors qu’il ne s’agit en fait que d’un état d’alerte physiologique tellement intense que le corps, pour nous protéger, nous envoie des décharges d’hormones du stress qui nous font « quitter la réalité ».)

Le retour a été difficile, mais ça ne s’est pas arrêté là. Après ce séjour, mon état d’alerte ne redescendait plus. Et moi, têtue, je voulais quand même faire les choses que je réussissais à faire une semaine auparavant. Pour moi, il n’était pas question que je me prive des seules choses que j’avais pu reconquérir. Cette obstination à vouloir tout faire malgré les signaux d’alerte, m’a coûté cher: je suis revenue à la case départ: enfermée chez moi à faire attaques de panique sur attaques de panique.
Par dessus le marché, quelques semaines après ce séjour en Angleterre, nous déménagions. Un déménagement est un autre très grand changement qui peut déclencher un état d’alerte. En effet, notre organisme qui a ses habitudes dans son environnement familier se trouve tout à coup sans repères, car il est dans un environnement qu’il ne connaît pas. Les premiers mois ont été très durs, parce que je me retrouvais dans une nouvelle maison dans un village que je ne connaissais pas. Tout était étranger pour moi. Un système nerveux en état d’alerte maximal couplé à un environnement complètement nouveau, ça a fait un mélange détonant: mes symptômes d’angoisse ne descendaient plus d’intensité et les hallucinations visuelles ont refait leur apparition: je voyais les montagnes se rapprocher de moi. Les acouphènes se sont intensifiés, les insomnies ont repris le dessus et nombre d’autres symptômes sont réapparus. C’est à ce moment-là, en 2010, que j’ai décidé de chercher d’autres méthodes que celles que j’avais déjà mises en place pour gérer l’anxiété. J’ai contacté une thérapeute TCC (Thérapie cognitive et comportementale), mais elle voulait que je me déplace chez elle pour les séances alors que je n’arrivais plus à conduire ma voiture. J’ai essayé les plantes et plein d’autres choses, mais ça ne donnait rien. Puis, j’ai trouvé la méthode de Geert et c’est elle qui m’a donné les clés pour comprendre pourquoi mon état d’alerte se maintenait. J’ai compris que:

1. je consommais des substances qui produisaient des symptômes (=des états physiologiques) semblables à ceux de l’état d’alerte
2. j’avais un discours interne qui maintenait mon état d’hypervigilance
3. j’avais pas utilisé la bonne stratégie pour gérer mon état d’alerte (j’ai voulu aller beaucoup trop vite sans avoir les bons outils pour le faire)
4. je manquais cruellement d’outils pour gérer les angoisses (=pour les prévenir, pour les stopper quand elles sont là et pour éviter qu’elles ne maintiennent après avoir été exposée à des événements stressants)

Ce sont ces clés qui m’ont permis de comprendre comment se déclenche notre état d’alerte, comment il se maintient, comment le stopper (=le gérer) lorsqu’il est au maximum et comment analyser une situation dans laquelle l’état d’alerte s’est déclenché.

J’ai compris qu’il fallait être très méthodique dans la mise en place des stratégies pour gérer notre état d’alerte (surtout que notre état d’alerte se déclenche souvent vraiment plus vite lorsqu’on est passé par la case médication psychiatrique).
J’ai également compris qu’il fallait que je modifie mes stratégies si elles ne m’apportaient pas les résultats escomptés. Depuis lors, je n’ai plus eu une seule attaque de panique, car j’ai réussi à mettre en place des techniques pour gérer chacun des aspects du circuit de la peur (circuit de l’état d’alerte).

La première chose que j’ai dû faire, c’est briser le cercle vicieux qui m’avait replongée dans cette énorme vague de symptômes. Comment j’ai fait?

1. Je ne me suis plus exposée à des situations extrêmement stressantes, car il fallait que je fasse « redescendre ma physiologie » (=le niveau d’état d’alerte).

2. J’ai arrêté de fonctionner avec ma tête et j’ai commencé à écouter mon corps (=j’ai arrêté de me dire: il faut, il faut, il faut absolument que j’arrive à faire si ou à faire ça comme je le faisais avant, j’ai commencé à me dire: bon, ton corps surréagit à quelque chose, il va falloir que tu l’écoutes et que tu y ailles à son rythme).

3. J’ai écouté les conseils d’une personne qui était passée par là et qui s’en était sortie et j’ai mis ses conseils (techniques, stratégies,…) en pratique avec conviction.

Briser le cercle vicieux qui maintient l’intensité des symptômes à un niveau ++++

Le cercle vicieux prend la forme suivante:

(a) Une Menace qui déclenche:
(b) Un état d’alerte (= physiologie qui s’active = symptômes). On commence à avoir:
(c) Peur de ces symptômes. Le fait d’avoir peur de ces symptômes envoie un signal à l’organisme qui lui dit attention, je suis dans cet état d’alerte, cela veut dire qu’il y a:
(a’) Une menace. Cette menace augmente le niveau de
(b’) L’état d’alerte ce qui provoque une augmentation de l’intensité des symptômes (parce qu’on a peur d’eux et que le simple fait d’avoir peur d’eux augmente le niveau d’alerte puisque nous les identifions comme une menace et que lorsqu’il y a menace (quelle qu’elle soit) l’organisme se met en état d’alerte). Comme l’intensité des symptômes augmente encore d’un cran, on a encore plus:
(c’) Peur de ces symptômes

On va donc briser ce cercle vicieux à plusieurs niveaux:

1. au niveau de la menace (a), en ne s’exposant plus (pour le moment) aux situations ultrastressantes

2. au niveau de la physiologie (b), de l’état d’alerte. Comment faire?
– en évitant de consommer les substances qui déclenche cet état physiologique d’alerte (aspartame, glutamate (E621), caféine, alcool, gaz carbonique (pour certains), sucre, boissons énergisante, etc…)

– en utilisant des techniques pour calmer notre physiologie (= on va envoyer, à notre organisme, un signal contraire à celui qu’il reçoit: au lieu de recevoir des signaux externes et internes qui lui disent qu’il y a une danger et qu’il faut lancer l’état d’alerte, nous allons lui envoyer des signaux externes et internes qui lui disent que la situation est paisible). Pour envoyer ces signaux d’apaisement à notre physiologie, on va mettre en place diverses techniques (technique de respiration, relaxation, cohérence cardiaque, sophrologie, bains chauds, massages, méditation, yoga, ….). Pour prendre un exemple avec les techniques de respiration: en respirant à un certain rythme, nous allons pouvoir envoyer un message à notre corps. En effet, lorsqu’on est en état d’alerte, la respiration se fait rapide. Cette fréquence respiratoire rapide va envoyer un signal au système circulatoire, elle va lui indiquer que quelque chose se passe et que lui aussi il devrait s’activer un peu plus. Alors le système circulatoire s’active et pulse le sang plus rapidement pour alimenter les muscles. Le système musculaire reçoit alors plus de sang et il se dit qu’il doit se passer quelque chose puisque le système circulatoire lui envoie plus d’oxygène et de nutriment. Il s’active à son tour et tends tous les muscles. Et ainsi de suite: lorsqu’un système se met en état d’alerte, alors par effet domino, les autres ne mettent pas longtemps à se mettre dans le même état pour être « en accord » avec ce qui se passe dans le reste de l’organisme. On comprend comment envoyer un signal d’alerte à notre organisme. Mais ce qu’on oublie souvent, c’est qu’on peut envoyer un signal d’apaisement de la même manière ;). Ainsi en utilisant des techniques de respiration qui apaisent l’organisme, on peut envoyer un signal d’apaisement à tous les systèmes de notre organisme: une respiration lente et calme enverra au système circulatoire un message qui dit: je respire calmement parce que tout est ok, accorde ton rythme au mien pour qu’on produise la physiologie adéquate à la situation.
Souvent, lorsqu’on commence à apprendre de techniques de respiration, on a l’impression que nos symptômes s’aggravent et que l’état d’alerte s’intensifie. Ce qui se passe, c’est que chacun des systèmes identifie un changement dans l’environnement: tout à coup, on passe à une respiration inconnue. Du temps que les systèmes réalisent que cette nouvelle fréquence respiratoire n’est pas une menace (ils ont tellement pris l’habitude de considérer n’importe quel changement comme étant une menace, qu’il leur faut un petit moment pour réaliser que ce n’en est pas une ;)), il se passe donc un petit laps de temps au cours duquel les systèmes intensifient leur activité avant de la réduire en constatant que c’est un signal d’apaisement et non un signal d’alarme.

en pratiquant une activité physique modérée, car cette dernière va envoyer un signal à votre organisme qui lui dit que tous ces systèmes fonctionnent bien et en harmonie. L’activité physique modérée est un bon moyen d’envoyer un signal d’apaisement à l’organisme (par l’activité physique notre organisme constate que ces systèmes sont fonctionnels). Par ailleurs, l’activité physique est un bon moyen de reprendre contact avec nos sensations corporelles que nous avons si souvent fuies et/ou fait taire. Je reparlerai de lien corps-esprit plus tard.

3. au niveau de la cognition, du dialogue interne (c): Pour briser le cercle vicieux, il est important d’avoir un discours interne positif: ne plus voir les symptômes de l’état d’alerte comme les manifestations de graves dysfonctionnements de notre organisme. Il est important de voir ces symptômes pour ce qu’ils sont: les manifestations de notre système d’alerte: c’est notre organisme qui se met dans un état pour combattre ou pour fuir une menace (ours, ouragan, etc…). On va alors essayer de voir s’il y a une réelle menace externe (pour reprendre l’exemple de ma situation: oui, il y avait une menace externe (a): prendre l’avion alors que cela faisait des années que je ne l’avais plus pris. Est-ce que maintenant (des mois après) cela constitue toujours une menace? Non, cela fait des mois que j’ai « vaincu » cette menace (=que j’ai pris l’avion sans encombre). Par conséquent, le discours interne que je peux me tenir est: « cela fait longtemps que la menace a été vaincue. J’ai été hyperforte et je peux être fière de moi d’avoir réussi à prendre l’avion alors que ce n’était pas le moment (trop tôt, j’ai sauté trop d’étapes 😉 ) et que je n’étais pas armée des outils nécessaires pour le faire (technique de relaxation pour détendre ma physiologie, technique cognitive et comportementale pour gérer la montée de l’état d’alerte et théorie pour comprendre les mécanismes du circuit de la peur). Je ne dois plus me voir comme quelqu’un d’incapable, de malade, de stupide ou d’inutile (dialogue interne négatif), je dois plutôt me voir comme quelqu’un de très capable qui a su gérer cette grosse épreuve (voyage en avion non préparé (au niveau gestion des symptômes)) avec les moyens du bord. Je dois me voir comme quelqu’un en bonne santé, dans le sens où mon système d’alerte est fonctionnel ;), je dois me voir comme quelqu’un d’intelligent, parce que j’ai compris que ces symptômes n’étaient pas la manifestation d’une maladie mentale, mais uniquement la manifestation de mon état d’alerte. Je dois également me voir comme quelqu’un d’intelligent, parce que j’ai su m’adapter en cherchant des moyens de modifier mes stratégies lorsque les résultats que j’obtenais ne me convenaient pas. Etc…
Croire en soi, en ses capacités. Se sentir fort et invicible et interpréter les signaux d’alerte envoyés par notre corps pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des signaux d’alerte, et pas pour ce qu’ils ne sont pas (ce ne sont pas des manifestations d’un dysfonctionnement profond de notre organisme), permet de percevoir les manifestations de l’état d’alerte autrement: de ne plus les voir comme une menace! Et lorsqu’on arrive, mentalement, à se dire et à croire au plus profond de nous-mêmes que ces manifestations ne sont pas une menace, alors on brise le cercle vicieux.

En effet, le cercle vicieux se brise lorsqu’on ne perçoit plus nos symptômes comme des menaces

Cercle vicieux de la peur:

(a) Menace => (b) état d’alerte => (c) peur de cet état d’alerte (parce que vu comme une menace (a’)) => (b’) augmentation du niveau du niveau d’état d’alerte (=intensification des symptômes) => (c) peur de cette augmentation de l’intensité des symptômes = la menace augmente (a’) => augmentation (encore) de l’état d’alerte (b’)…et on tourne en boucle dans ce cercle vicieux: on auto-alimente notre état d’alerte et c’est ce qui maintient nos symptômes.

Cercle vicieux brisé:

(a) Menace => (b) état d’alerte => (c) je n’ai pas peur de ces symptômes (pour l’organisme, cela lui envoie le message: il n’y a pas de menace) => le niveau d’alerte redescend => l’intensité des symptômes diminue… => le cercle vicieux est brisé, parce qu’on auto-alimente plus notre état d’alerte et par conséquent, les symptômes se mettent à diminuer, pour finir par disparaître.

Les points à retenir:

L’organisme accorde sa physiologie avec la situation qu’on vit: si on vit une situation externe stressante (séparation, difficultés familiales, difficultés professionnelles, ondes wifi, environnement bruyant, etc..), il va se mettre en état d’alerte. Si on vit une situation interne stressante (des substances qui stressent les systèmes de notre organisme (aspartame, E621, caféine, médicaments psychiatriques, substances qui agissent sur le système nerveux, problème au niveau de la flore intestinale, douleurs, changements hormonaux, …), il va se mettre en état d’alerte pour nous signaler qu’il se passe quelque chose de pas clair et qu’il serait bien qu’on modifie quelque chose pour que ces facteurs qui stressent notre physiologie soient enrayés.

L’organisme accorde sa physiologie avec ce qu’on « pense » de nos symptômes! Si vous pensez que vos symptômes sont une menace, alors votre organisme va se mettre en état d’alerte et vous allez lancer le cercle vicieux de la peur. Si vous pensez que vos symptômes sont les manifestations d’un état physiologique particulier (ici, l’état d’alerte) et que vous savez (que vous pensez) que cet état n’est pas une menace, alors votre physiologie va s’accorder avec ce constat: il n’y a pas de menace, je peux descendre l’état d’alerte.

– Plus généralement, l’organisme accorde sa physiologie avec ce qu’on pense de nous-mêmes, de notre existence, de nos capacités, …! Si vous pensez que vous avez une maladie grave, alors votre organisme va accorder votre physiologie avec cette croyance. Si vous pensez que votre existence est déprimante et que vous allez échouer dans tout ce que vous faites, alors votre organisme va accorder votre physiologie avec cette pensée: vous allez déprimer et vous allez souvent échouer…

Souvent nous oublions le fort lien bidirectionnel (la boucle) qui existe entre notre tête et notre corps. Nous sommes un tout et l’état de notre organisme agit sur notre mental (nos pensées, etc…) et l’état de notre mental agit sur notre organisme.

Pour prendre un exemple,
– Lorsque nous sommes cloués au lit avec la grippe (=notre organisme, cloué au lit, est limité dans ses mouvements et ses actions), alors souvent notre mental chute (=on déprime un peu parce qu’on ne peut pas faire ce qu’on avait prévu de faire: notre mental « sent » que notre organisme est diminué).
– Lorsque nous appréhendons négativement une situation future (une réunion importante, un examen, etc…), lorsque nous pensons que ça va mal se passer, nous nous sentons moins bien: quelques tensions apparaissent dans notre dos, une boule commence à se former dans notre gorge, notre ventre se noue, on a moins faim, etc… Notre organisme modifie son fonctionnement en fonction de ce que nous pensons d’une situation.

Notre organisme modifie son fonctionnement en fonction de ce que nous pensons et nos pensées (notre état mental) se modifie en fonction des situations physiques que nous vivons. C’est normal et c’est ce qui nous permet de vivre et de nous adapter à chaque situation que nous rencontrons. Le problème, c’est quand nous laissons ce processus partir en cercle vicieux. En effet, si notre organisme modifie son état physiologique pour s’adapter à une situation stressante (un stress au travail par exemple), et que nous interprétons  cette modification physiologique comme la marque d’une maladie mentale (au lieu de d’interpréter ces modifications physiologiques comme les manifestations de l’état d’alerte qui nous signifie que quelque chose dans notre environnement menace notre organisme), alors on peut vite partir dans un cercle vicieux qui va entretenir (auto-alimenter) notre état physiologique d’alerte. En effet, si nous interprétons ces changements physiologiques comme étant des manifestations d’un problème interne chez nous (=une maladie mentale) plutôt que d’un problème externe (= mon environnement de travail est stressant), notre mental va s’activer à modifier notre état interne pour le faire correspondre à ce qu’on pense: On pense qu’on a une maladie mentale, alors notre organisme va commencer à en manifester les symptômes. Et plus on aura de symptômes, plus on va penser qu’on a réellement une maladie mentale…

Maladie mentale ou effets secondaires des médicaments psychiatriques?

Le lien cognition (=pensées, réflexion, jugement, croyance, valeurs, attente, mémoire, attention, …) organisme (physiologie, métabolisme, biologie, comportement, etc..) est très important et c’est souvent ce que nos sociétés modernes oublient lorsqu’elles tentent de « soigner la maladie mentale »: elles oublient que nous ne sommes pas qu’une physiologie, mais nous sommes également un mental, un esprit, des pensées. En nous prescrivant des médicaments psychiatriques pour faire taire notre physiologie, elles oublient que ce n’est pas en clouant notre organisme « au lit » qu’on peut faire taire nos pensées. Par ailleurs, en forçant l’organisme, à grands coups de substances chimiques, à plonger dans un état physiologie donné, elles orientent nos pensées. En effet, l’organisme qui est entravé dans son fonctionnement par ces substances va envoyer un signal d’alarme dès qu’il pourra. Ce signal d’alarme prendra la forme de manifestations physiologiques. Les firmes pharmaceutiques et les psychiatres appelleraient certainement ces manifestations: des effets secondaires des médicaments ou la manifestation de la maladie mentale de leur patient. Pour moi, ces manifestations physiologiques, ces effets secondaires qui apparaissent lorsqu’on prend des médicaments psychiatriques sont bel et bien des signaux physiologiques qui nous indiquent qu’il y a quelque chose qui entrave notre organisme, qu’il y quelque chose qui le menace.

Nous allons ressentir ces symptômes et nous allons commencer à les interpréter (notre esprit va tenter de comprendre ce qui se passe afin de pouvoir adapter nos pensées à notre état physiologique et notre état physiologique à nos pensées). Souvent on ne va pas interpréter correctement ces signaux d’alerte. On va se dire que cet état nauséeux, cette migraine, ces pensées étrangères, cette fatigue, cette aggravation de l’humeur dépressive, cette intensification de l’anxiété, qui sont apparus quelques temps après les premières prises des médicaments sont le signe qu’on a vraiment un problème, alors qu’on aurait du interpréter correctement ces signaux en se disant: se sont les substances chimiques que me donnent le psychiatre qui produisent ces symptômes et me rendent malade. En interprétant mal les signaux physiologiques que nous envoie notre organisme: en se disant que ces manifestations physiologiques sont les signes d’une maladie mentale plutôt que le résultat de l’action des substances psychiatriques sur notre physiologie, on se maintient dans un cercle vicieux où tous les symptômes (état de l’organisme) produits par les médicaments sont interprétés (cognition) comme les signes d’un trouble grave, comme les preuves qu’on a une maladie mentale.

 

Pourquoi plusieurs mois après l’arrêt des médicaments mes symptômes sont-ils toujours si intenses?

Pourquoi est-ce que des mois après l’arrêt des médicaments, mes symptômes sont-ils toujours si intenses? Je fais beaucoup d’efforts pour vaincre mes crises d’angoisses et mes attaques de panique, mais ces symptômes persistent? Cela me remplit de haine…

Jusqu’à maintenant, il me semble que ta colère, ta haine et ta peur t’empêchaient d’utiliser les magnifiques capacités que tu as en toi. Tu avais tellement de colère en toi, que tu étais comme aveuglé et paralysé, ce qui t’empêchait d’avancer.

Il me semble qu’aujourd’hui, tu as franchi un cap: tu as accepté de laisser un peu ta colère de côté et d’utiliser ton énergie pour avancer. Lorsqu’on te lit, on sent que tu essaies de canaliser ton énergie pour qu’elle te serve pour avancer et non plus pour qu’elle sorte en colère et en haine contre tout ce qui t’entoure…

Je suis passée par cette étape cruciale où on comprend qu’on ne peut plus haïr tout le monde pour ce qui nous arrive et qu’il serait mieux de d’utiliser cette violente haine qui nous prend pour construire quelque chose plutôt que pour détruire les seules choses qui nous restent.

Comme tu sembles aimer savoir comment j’étais après 2 ans de post-sevrage, je vais utiliser mon vécu pour t’expliquer comment j’ai avancé: comment j’ai transformé ma haine en force de vie …

J’ai terminé mon dernier sevrage de manière brutale en été 2008, mais en 2010, je faisais face à une grande vague de symptômes d’angoisse atroces. Ces symptômes étaient tellement intenses, que j’ai cru que quelque chose était foutu en moi et que ce quelque chose, je ne pourrai jamais le réparer. Comme je l’ai déjà expliqué, je subissais plusieurs attaques de panique par jour (et même la nuit). J’étais incapable de franchir le seuil de ma porte sans être victime de vertige, sans avoir le coeur qui bat à 100 à l’heure, sans avoir la nausée et sans avoir la diarrhée… Bref, je me sentais mourir plusieurs fois par jour, comme si un disjoncteur pétait et que mon cerveau et mon corps se mettaient à dérailler…
Bien plus tard, lorsque j’ai à nouveau été capable de lire, d’apprendre et de comprendre les choses, j’ai appris que c’était simplement le circuit de la peur qui s’était mis en boucle et qui marchait à fond la caisse. Lorsqu’on a trop peur (sentiment), notre organisme ne descend plus son système d’alerte, il est en alerte rouge 24h sur 24. Et quelles sont les conséquences de cet état d’alerte qui se maintient pendant des jours et des jours, puis pendant des mois et des mois, eh bien, ce sont des symptômes comme:
– des vertiges (à cause des décharges d’hormones de stress),
– des essoufflements (le système respiratoire fonctionne à plein pratiquement en continu pour être sûr que les muscles de l’organisme soient bien oxygénés et ainsi prêts à faire face à la menace), cette suroxygénation provoque elle aussi des vertiges
– une fréquence cardiaque haute (pour que l’organisme soit prêt à agir contre la menace, le coeur pompe fort pour envoyer du sang oxygéné (et plein d’hormones du stress (adrénaline, cortisol, épinephrine, …) à tous les organes
– augmentation de la température corporelle (avec toute cette activité (sanguine, respiratoire, hormonale, ….) le corps se réchauffe)
– dépersonnalisation et déréalisation (à cause de tous ces changements physiologiques qui modifient nos sensations corporelles et nos perceptions en vue de nous préparer à un « combat à mort »). Ces deux symptômes se produisent plus particulièrement lorsque nos systèmes sont au maximum)

Comme l’organisme est en état d’alerte quasi permanente, qu’il fait fonctionner tous ses organes et ses systèmes à haut régime, rien d’étonnant à ce qu’il ne lui reste plus beaucoup d’énergie pour faire une activité comme marcher 100 mètres ou décharger du bois …

Par ailleurs, la colère est un des moyens qu’utilise l’organisme pour décharger ce surplus d’énergie stocké pendant l’état d’alerte. En effet, lorsque tu demandes à des personnes de se mettre en état d’alerte pendant des semaines et de semaines, mais qu’il ne se passe aucun événement sur lequel elles pourraient agir, alors, elles commencent à être nerveuses et à « décharger leurs nerfs » sur les personnes qui les entourent. Je ne sais pas si tu as déjà vu des films où tout un équipage est en état d’alerte maximal parce qu’ils savent qu’un menace plane sur eux et qu’ils doivent se tenir prêts! Si pendant plusieurs jours, ils ne voient pas l’ennemi, alors ils commencent tous à péter les plombs et à se battrent entre eux ou à faire des choses stupides. Pourquoi font-ils ça? Parce qu’ils ont besoin d’agir, de faire quelque chose. Ils sont remontés à bloc, leurs organismes sont remontés à bloc, par l’état d’alerte et il arrive un moment où, ils ont besoin de décharger cette énergie et d’agir pour faire disparaître cette menace.
Normalement, notre organisme est fait pour se mettre en état d’alerte face à un danger réel (ours, ouragan, canon d’un fusil pointer sur nous, etc…). Notre corps se met en état d’alerte de sorte que tous nos systèmes et nos organes puissent agir pour mettre la menace hors d’état de nous nuire. Face à un animal féroce qui nous attaque, nos muscles reçoivent plein d’oxygène et se gorgent de sang pour nous permettre de nous battre ou de fuir. Nos organes, dont notre cerveau, reçoivent une décharge d’adrénaline pour que nous ne sentions pas la douleur si nous sommes blessé lors du combat ou pour que nous ne ressentions pas la fatigue (musculaire et autres) si nous courrons comme des dératés pour fuir la menace…

Comment ce système fonctionne-t-il pour nous qui sommes en mode ultravigilance après l’arrêt des médicaments psychiatriques?

Eh bien, revenons d’abord un peu en arrière. Lorsqu’on prenait des médicaments psychiatriques qui jouaient sur ce fameux circuit de la peur (Menace => organisme se met en état d’alerte => il se prépare à l’action => il agit pour sauver sa peau), ces produits empêchaient notre organisme de se mettre en état d’alerte. Le problème, c’est que ces produits ne faisaient pas disparaître la menace.
Par conséquent, comme la menace était toujours présente, le cerveau la repérait et faisait tout pour essayer de mettre en marche l’état d’alerte de l’organisme. Et nous que faisions nous lorsqu’on commençait à sentir les signes physiologiques de la peur (=l’état d’alerte), on reprenait un cachet pour faire taire cet état d’alerte.

Que ce passe-t-il une fois qu’on stoppe la médication psychiatrique qui contient l’état d’alerte?

Eh bien, tout notre équipage qui était à fond en état d’alerte au fond de la cave de notre cerveau et qui ne pouvait pas agir (car réprimé par les médicaments) se met au branle bas de combat et active tous les systèmes d’alerte. Le problème, c’est que l’équipage se pensent en temps de guerre. C’est comme s’il avait vécu 10 ans de guerre, mais au fond de son sous-marin. Il sait qu’il est en guerre, parce qu’il y a 10 ans en arrière quand on l’a envoyer se battre, il y avait la guerre (une menace planait sur lui et sur son pays). Mais comme ses écrans radars ont été brouillés pendant 10 ans par les médicaments, lorsqu’il refait enfin surface (lorsqu’on enlève les médicaments), il est en état d’alerte maximum depuis des années et il veut en finir avec cette menace qui lui tue les nerfs depuis 10 ans. Le problème est que le sous-marin fait surface dans une mer calme et plusieurs années après que la guerre se soit terminée. Il n’y a donc plus d’ennemi à combattre. Le problème est que l’équipage n’en a pas conscience et qu’il se refuse à baisser l’état d’alerte de peur de se faire prendre en embuscade par cet ennemi invisible….

Lorsque nous sortons de la médication et plus particulièrement lorsque nous faisons surface rapidement (sevrage rapide, brutal), nous sommes comme le sous-marin qui fait surface et qui est en état d’alerte maximal. Tout notre organisme est en état d’alerte de peur de rencontrer cet ennemi invisible contre lequel il n’a pas pu agir (pas pu se défendre) depuis des années.

Que faut-il faire pour faire comprendre à l’équipage qu’il peut baisser l’état d’alerte?

Comme cela fait 10 ans que ces systèmes fonctionnent à plein régime, il est important d’en contrôler l’état (visite chez le médecin pour contrôler le fonctionnement de tous les organes ;)) et d’ensuite de les aider à faire descendre leur régime. De plus, il est important de faire comprendre à notre équipage qu’on n’est plus en état de guerre et que la menace a été neutralisée.

Comment faire baisser le niveau d’alerte?

En agissant sur le système de la peur (système qui lance l’état d’alerte), en brisant le cercle vicieux:

Système de la peur qui fonctionne normalement:
Menace => état d’alerte => Combat ou fuite => disparition de la Menace

Système de la peur qui fonctionne en cercle vicieux:
Menace => état d’alerte => les manifestations de l’état d’alerte (essoufflements, vertiges, nausées, fréquence cardiaque élevée, dépersonnalisation et/ou déréalisation, …) qui sont perçues comme des menaces => augmentation du niveau de l’état d’alerte => ….

Lorsque le système de la peur part dans un cercle vicieux (ce qui arrive très souvent lorsqu’on arrête les médicaments psychiatriques qui le bâillonnaient depuis des années), alors la menace n’est plus seulement perçue comme externe (un ours, un ouragan, une situation professionnelle stressante, une séparation, un décès, un déménagement, n’importe quel changement stressant, n’importe quelle situation stressante), mais la menace est aussi perçue comme interne: les manifestations de l’état d’alerte de l’organisme sont perçues comme des menaces (essoufflements, sueurs, fréquence cardiaque qui augmente, bouffée de chaleur, nausées, vertiges, déréalisation, dépersonnalisation, etc…). Ainsi, les manifestations de cet état d’alerte qui devrait nous permettre de faire face à la menace externe, deviennent, à nos yeux, la menace…

On a peur de notre état d’alerte, alors que celui-ci est un état sain qui nous permet de faire face au danger. En ayant peur de notre état d’alerte, on augmente encore notre état de vigilance et nos systèmes se mettent à tourner à fond jusqu’à monter à l’état d’alerte maximal, c’est l’attaque de panique suivie de l’anxiété généralisée. L’attaque de panique vous signale que vos systèmes de défense sont à fond: ils sont prêts à défoncer la gueule de l’ours qui vous attaque ou à fuir à une vitesse inhumaine l’ouragan qui arrive sur vous. Mais, comme rien de tel ne se passe (qu’il n’y a pas de réelle menace vitale), votre corps ne peut pas décharger, sur une menace, toute cette énergie emmagasinée. Alors, cette énergie se décharge comme elle peut: colère, rage, pleurs, etc… Bien évidemment, comme après un combat réel contre un ours, on est épuisé, lessivé, vermoulus de crampes musculaires, vidé intérieurement, … La différence, c’est que ce n’est pas une vraie menace (ours, fusil, …) qui a déclenché notre état d’alerte, mais c’est notre propre peur des manifestations de l’état de l’alerte (fréquence cardiaque qui augmente, etc…) et qu’on n’a pas pu utiliser cet état d’alerte pour combattre la menace, puisque la menace (pour nous), c’est notre état d’alerte.

Je pense que tu commences à entrevoir où il va falloir intervenir pour briser le cercle vicieux.

Comment briser le cercle vicieux?

Il est possible de travailler à plusieurs niveaux pour briser le cercle vicieux:

1. Au niveau de la « menace ». Lorsque votre sous-marin refait surface, la menace originelle, celle qui a la plupart du temps été à l’origine de la prescription du médicament psychiatrique est soit depuis longtemps passée, soit est toujours présente et non gérée. Dans le premier cas, il va falloir informer votre équipage que la menace n’est plus là. Dans le deuxième cas, il va falloir mettre en place des moyens pour gérer cette menace et cette fois, il ne faudra pas choisir la médication psychotrope.

2. Au niveau des manifestations de l’état d’alerte = les symptômes. Pour pouvoir faire baisser l’intensité de vos symptômes et pour pouvoir les faire disparaître, il va falloir travailler sur les causes de ces symptômes:

  • Travailler sur le déclencheur: La cause originelle, la première cause, nous l’avons vu, est la présence d’un élément que votre organisme identifie comme une menace pour sa survie ou son intégrité. C’est cette identification par votre organisme d’un élément comme étant une menace qui va déclencher le circuit de la peur. La première chose à faire est donc de travailler à éliminer ce déclencheur (si vous pouvez le faire). En effet, la personne dont le déclencheur est un environnement de travail toxique pourra par exemple changer de travail ou parler avec son supérieur des problèmes qu’elle rencontre. En modifiant ses conditions de travail, la personne pourra certainement désamorcer le déclencheur et/ou le supprimer. Par contre, si le déclencheur de la personne est le décès de l’un de ses proches, alors il sera difficile pour elle de supprimer ce déclencheur. Ici, elle devra plutôt chercher du soutien et apprendre comment faire son deuil (c’est un vrai processus qui s’apprend).
  • Travailler sur les facteurs de maintien (=travailler sur les facteurs qui maintiennent l’état d’alerte). Quels sont-ils?
    1. les facteurs physiologiques
    2. les facteurs cognitifs (pensée, croyances, la mémoire, l’attention,…)
    3. les facteurs environnementaux

Courage, continue à avancer comme tu le fais. Même si tu ne vois pas de résultat pour le moment, continue à te battre, car sur le long terme, ça va payer!
Reprendre le contrôle de sa physiologie prend du temps, car il faut répéter et répéter encore les mêmes actions et les mêmes pensées jusqu’à ce que l’organisme les réintègre. C’est un marathon de longue durée…

Tu sais ce qu’est un entraînement de foot et tu sais que lorsqu’on débute, qu’on est novice, on est loin de maîtriser le ballon et c’est plutôt lui qui nous mène par le bout du nez. Lorsque tu as débuté le foot, tu n’arrivais certainement pas à faire des passes parfaites, des shoots magnifiques et des dribbles idéaux. Il t’a fallu répéter encore et encore tous ces gestes pour qu’au bout de plusieurs années ils deviennent faciles et « normaux » à réaliser.

Pour réapprendre à faire fonctionner sa physiologie, c’est pareil: on débute tout en bas de l’échelle et on répète les mouvements inlassablement jusqu’à ce qu’on les maîtrise. La grosse difficulté ici, c’est de ne pas baisser les bras parce qu’on doit tout réapprendre des mouvements qu’on maîtrisait facilement et sans effort il y a encore quelques années. Je sais que c’est dur de repartir à zéro et de devoir presque tout réapprendre comme un jeune enfant. C’est frustrant et énervant et c’est certainement pour cela que nombreux sont ceux qui baissent les bras avant même d’avoir commencé leur rééducation physiologique.
Et oui, il s’agit bien de cela: d’une rééducation complète des fonctions physiologiques et cognitives: on repart à zéro et c’est très frustrant et perturbant. Nous sommes comme la personne qui a eu un terrible accident et qui a eu les deux jambes polyfracturées et qui va passer des mois et des mois en rééducation pour retrouver l’usage de ses jambes.
Pour elle qui savait marcher et courir et qui utilisait ses jambes sans y penser, elle va devoir s’armer de patience, car elle va devoir commencer par répéter quotidiennement des exercices frustrants, comme bouger les orteils, tout en sachant que ce n’est pas le fait de pouvoir bouger ses orteils qui va lui permettre de marcher comme avant.
Si elle se décourage à cette première étape parce qu’elle n’obtient pas le résultat qu’elle voulait et qu’elle se dit qu’elle est foutue, que ses jambes sont flinguées et qu’elle ne retrouvera jamais ses capacités physiques d’avant, alors oui, il est clair qu’il y peu de chances qu’elle parviennent à remarcher. Par contre, si elle voit en chaque mini-avancée une victoire et qu’elle s’investit corps et âme, et sans douter, dans chaque étape de sa rééducation en faisant ses exercices à fond, alors elle se donne toutes les chances de parvenir à retrouver ce que son accident lui a volé: sa capacité à marcher et à courir!!

Courage, ne lâche rien, ça va payer!

 

« Se reconstruire », 10 ème et dernière vidéo de la série

Bonjour à tous,

La 10 ème et dernière vidéo de la série « Se reconstruire » après la médication psychiatrique est en ligne:

Reconstruction (vidéo 10): choisir d’agir sur les nombreux facteurs qui maintiennent les symptômes

Retrouvez les autres vidéos de la série ici: Playlist « Se reconstruire »

Bon week-end et à bientôt pour une nouvelle série de vidéos ;)!

Meilleures salutations,
Carole

 

Série « Se reconstruire », 6 ème vidéo

Bonjour à tous,

La 6 ème vidéo de la série « Se reconstruire » après la médication psychiatrique est en ligne:

Reconstruction (vidéo 6): Sortir du vide et (re)trouver sa place dans le monde

Retrouvez les autres vidéos de la série ici: Playlist « Se reconstruire »

Bon week-end!!

Meilleures salutations,
Carole