Comment basculer les gouttes entre les prises?

Par exemple, si vous voulez basculer des gouttes du matin vers le soir : faire glisser une goutte après l’autre sur un palier de 3 jours en moyenne. En procédant par exemple comme suit:

  1. Le matin 10 gouttes et le soir 15 gouttes (= 25 gouttes journalières)
  2. Pendant 3 jours: prendre 9 gouttes le matin et 16 gouttes le soir (nous serons sur un palier de 3 jours à 25 gouttes par jour)
  3. Puis pendant 3 jours: prendre 8 gouttes le matin et 17 gouttes le soir (nous serons sur un palier de 3 jours à 25 gouttes par jour)

Lorsqu’on bascule des gouttes d’une prise à l’autre, on garde la même dose journalière, mais on en modifie la répartition afin d’atténuer les symptômes de sevrage.

Symptômes de sevrage : Comment répartir les prises pour atténuer les symptômes ?

Lorsqu’on ressent plus de symptômes de sevrage le soir ou au contraire le matin, il peut être judicieux de répartir la dose journalière différemment entre les prises.

Il est ainsi intéressant de basculer des gouttes de la prise du matin vers celle du soir ou de la prise du soir vers celle du matin en vue d’adapter l’apport et l’effet de la benzodiazépine (ou d’un des autres psychotropes) à la réponse physiologique de l’organisme.

Par exemple, si dans les symptômes de sevrage présents, l’insomnie prédomine, il est pertinent de prendre la majeure partie de la dose le soir, alors que si c’est plus difficile le matin, il est approprié de prendre la dose dès le lever. Dans cette dernière situation, attention toutefois à ne pas prendre une trop grande dose au lever au risque de devenir somnolent en matinée.

 

Comment basculer les gouttes entre les prises?

 

Les mécanismes d’action des benzodiazépines

Les benzodiazépines sont des psychotropes et en tant que tels, elles agissent sur le système nerveux central et altèrent le fonctionnement du cerveau en modifiant ses processus biochimiques et physiologiques. En altérant les fonctions cérébrales, les benzodiazépines induisent des modifications des autres fonctions de l’organisme y compris les fonctions cognitives et comportementales. Comme précisé sur Wikipédia (2017), en altérant […] les fonctions du cerveau, un psychotrope induit des modifications de la perception, des sensations, de l’humeur, de la conscience (états modifiés de conscience) ou d’autres fonctions psychologiques et comportementales.

Les modifications biochimiques et physiologiques

Les benzodiazépines sont une classe de molécules qui agissent sur les récepteurs du neurotransmetteur inhibiteur GABA (Acide Gamma-Aminobutyrique). Elles augmentent la liaison du GABA à ses récepteurs, ce qui a pour effet de diminuer l’activité neuronale. Cette diminution de l’activité neuronale se manifeste par une myorelaxation, une anxiolyse et une sédation (Broers, 2011).

Le GABA est un neurotransmetteur, un agent qui transmet les messages issus d’une cellule du cerveau (le neurone) à une autre. Le message transmis par le GABA est un message inhibiteur: il permet aux neurones qu’il contacte d’en ralentir ou d’en arrêter l’émission

Les propriétés des benzodiazépines et leur utilisation

Toutes les benzodiazépines exercent six effets principaux qui sont utilisés de manière thérapeutique.

Les 6 propriétés des benzodiazépines (HUG, 2015)

  1. leur effet sédatif
  2. leur effet hypnotique
  3. leur effet anxiolytique
  4. leur effet anticonvulsivant
  5. leur effet myorelaxant
  6. leur effet amnésiant

Usage thérapeutique de ces 6 propriétés :

En clinique, les BZD [Benzodiazépines] sont utilisées comme sédatifs/hypnotiques et anxiolytiques, mais également comme inducteurs de l’anesthésie, pour la sédation lors d’examens invasifs ou d’interventions de petite chirurgie, comme antiépileptiques et parfois comme myorelaxants (HUG, 2015).

Les mécanismes d’action et les propriétés des benzodiazépines en vidéo (Carole, 2017)


Cependant, comme l’explique Thérèse, l’usage des benzodiazépines est délicat du fait des risques de dépendance et tolérance. L’entrée en tolérance étant un des facteurs principaux de l’aggravation de l’anxiété ou de l’insomnie sous benzodiazépines (Thérèse).

 

 

 

Liste des benzodiazépines

Liste des benzodiazépines

D’après SoutienBenzo et w-bad (2017)

Les principales benzodiazépines

  • alprazolam (Xanax,…)
  • bromazépam (Lexotan, Lexomil, Lexotanil,…)
  • chlordiazépoxide (Librium*, Librax*, Librocol*, Limbitrol*, Chlorax*,…) (*association du chlordiazépoxide avec une autre substance psychoactive)
  • clobazam (Frisium, Urbanyl, Likozam,…)
  • clonazépam (Klonopin, Rivotril,…)
  • clorazépate (Tranxène, Tranxilium,…)
  • diazépam (Valium, Novazam, Psychopax,…)
  • estazolam (ProSom, Nuctalon,…)
  • flunitrazépam (Rohypnol,…)
  • flurazépam (Dalmane, Somnal, Dalmadorm, Som-Pam, Staurodorm,…)
  • halazépam (Paxipam,…)
  • kétazolam (Anxon, Loftran, Solatran,…)
  • loprazolam (Dormonoct, Havlane,…)
  • lorazépam (Ativan, Témesta, Sédazin, Somnium (préparation combinée),…)
  • lormétazépam (Noctamid, Noctamide, Loramet,…)
  • médazépam (Nobrium,…)
  • nitrazépam (Mogadon,…)
  • nordazépam (Nordaz, Calmday,…)
  • oxazépam (Serax, Serenid, Serepax, Séresta, Anxiolit,…)
  • prazépam (Centrax, Lysanxia, Demetrin,…)
  • quazépam (Doral,…)
  • témazépam (Restoril, Normison, Euhypnos,…)
  • triazolam (Halcion,…)

Z-drogues, Benzo-like ou substances assimilées aux benzodiazépines

Les substances suivantes ne sont pas des benzodiazépines, mais ont des effets similaires aux benzodiazépines hypnotiques et anxiolytiques (Wikipédia, 2017).

Les Z-drogues: non-benzodiazépines aux effets similaires: ces produits sont chimiquement différents des benzodiazépines mais utilisent les mêmes mécanismes d’action et ont les mêmes effets sur l’organisme (W-Bad, 2017).

  • zaleplon (Sonata, Starnoc,…)
  • zolpidem (Ambien, Stilnoct, Stilnox,…)
  • zopiclone (Zimovane, Imovane,…)
  • eszopiclone (Lunesta,…)

Autres Benzo-like

  • méprobamate (Equanil,…)
  • étifoxine (Stresam,…)
  • buspirone (Buspar,…)
  • clotiazépam (Vératran,…): le clotiazépam est un anxiolytique appartenant à la classe des thiénodiazépines qui possède les propriétés anxiolytiques, hypnotiques, anticonvulsantes, amnésiantes et myorelaxantes comme les benzodiazépines (Wikipédia, 2017).

Attention aux molécules possédant des propriétés similaires à celles des benzodiazépines, car elles peuvent avoir les mêmes effets

Quelques neuroleptiques aux propriétés sédatives et anxiolytiques

  • clozapine (Leponex, Clozaril,…) : la clozapine est un antipsychotique atypique dérivé de la dibenzodiazépine qui a des effets sédatifs.
  • olanzapine (Zyprexa1) : l’olanzapine est un neuroleptique puissant qui possède d’importantes propriétés sédatives et anxiolytiques.

Médicaments aux propriétés myorelaxantes

  • pirenzépine (Gastrozepin,…) : la pirenzépine est un antiulcéreux possédant des propriétés myorelaxantes. Cette molécule agit comme antagoniste d’un récepteur de l’acétylcholine. L’acétylcholine est le neurotransmetteur du système nerveux parasympathique qui initie l’état de détente/repos (the rest-and-digest state) par opposition à la réaction d’attaque ou de fuite (fight-or-flight) (Wikipedia, 2017).

 

 

Retrouvez, à cette adresse, une liste plus complète réalisée par W-Bad (2017) dans le cadre de la journée mondiale de sensibilisation aux benzodiazépines: Liste des benzodiazépines et des non-benzodiazépines aux effets similaires (les Z-drogues) : http://w-bad.org/wp-content/uploads/2017/05/FRENCH-BACK.pdf

Le saviez-vous? (W-Bad.org, 2017): http://w-bad.org/wp-content/uploads/2017/05/FRENCH-FRONT.pdf

 

 

 

Les mécanismes d’action des benzodiazépines

 

L’état maniaque, la levée de l’inhibition et la perte du contrôle des impulsions sont les principaux dangers liés au sevrage des antidépresseurs

Les antidépresseurs étant capables, en sur-stimulant le système nerveux, de déclencher un état maniaque, une forte angoisse interne ou une akathisie, et de provoquer une perte de contrôle des impulsions et une désinhibition comportementale, nous vous conseillons fortement de surveiller l’apparition de ces symptômes qui peuvent être les signes précurseurs d’un passage à l’acte (tentative de suicide, suicide, violence, agressivité, comportements autodestructeurs (auto-mutilations)…).

Étant donné que le risque de suicide, d’agressivité et d’actes violents augmente lors de tout changement de dosage, il est impératif que vous réalisiez votre sevrage sous la surveillance accrue et constante de votre médecin et de votre entourage. Par ailleurs, comme nous l’avons vu, les antidépresseurs peuvent induire une anosognosie médicamenteuse vous rendant incapable de réaliser ce qui vous arrive et de prendre conscience des effets que le changement de dosage produit sur vous. Par conséquent, restez vigilant et demandez à votre famille, à vos amis et à votre médecin de surveiller l’apparition de signes qui indiqueraient que vous êtes en train de devenir euphorique, impulsif, « high » ou qu’il est en train de se produire des choses inhabituelles, farfelues, irréalistes dans votre vie.

Les signes de l’apparition d’une sur-activation du système nerveux

À l’apparition de ces signes ou symptômes, soyez hypervigilant et assurez-vous de la présence d’une personne de confiance 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Parlez-en immédiatement à votre médecin.

Quels sont les symptômes et les signes à surveiller ?

Surveillez notamment l’apparition des symptômes et de signes de l’état maniaque (Wikipédia, 2017) :

  • une excitation, une exaltation, un ressenti de « pressions intérieures » ;
  • une humeur « élevée » : euphorique classiquement, mais aussi une irritabilité, une plus grande réactivité (« au quart de tour »), une propension à se mettre en colère ;
  • des rires pour des choses futiles ou sans aucune raison.
  • de l’activité sans repos, de l’agitation improductive. La personne commence plusieurs choses et ne les termine pas, par exemple ;
  • une diminution de la pudeur, une « perte de gêne » allant parfois jusqu’à des attitudes de séduction et des contacts sexuels à l’excès ou au hasard (alors que dans son état « normal », la personne n’aurait pas souhaité avoir ce genre de comportement) ;
  • une accélération de la pensée : incessamment de nouvelles pensées traversent la tête de la personne :
  • difficultés de concentration : difficultés à se tenir à une même activité, distractibilité,
  • troubles du cours de la pensée : en parlant de quelque chose, la personne s’écarte encore et encore du fil de sa pensée (digressions multiples) et elle a du mal à retrouver le sujet initial dont elle voulait parler,
  • la fuite d’idées : les pensées se suivent extrêmement rapidement (tachypsychie), se bousculent parfois dans la tête. La personne passe du centième au millième. Les associations d’idées se relâchent. La suite des pensées reste logique pour la personne, mais pour son interlocuteur, il est parfois difficile de suivre le fil du discours (« coq à l’âne »). La personne qui souffre de manie, ayant oublié le but de son récit, n’est plus forcément capable de répondre à des questions ultérieures;
  • un besoin important de parler (logorrhée), et une parole abondante, accélérée, inarrêtable. Il s’agit du reflet de l’accélération des pensées. Dans les cas extrêmes, les paroles se précipitent si rapidement que l’auditeur a des difficultés à suivre ;
  • une assurance excessive ;
  • une réduction du besoin de dormir, sans que la personne ne se sente aussi fatiguée qu’elle le devrait en dormant si peu. La réduction du sommeil est souvent un des premiers signes d’un épisode maniaque ;
  • sentiment altruiste : envie d’aider les autres, ressenti des émotions des autres (hyper-empathie) ;
  • hypersensibilité affective (émotions plus vives) et quelquefois sensorielle ;
  • labilité émotionnelle : le fait de passer facilement du rire aux larmes ;
  • parfois la négligence de l’alimentation ou de l’hygiène

Si, avant le sevrage, vous souffrez de ces effets secondaires graves (syndrome sérotoninergique, manie, akathisie,…) causés par les antidépresseurs, alors il est impératif que vous vous adressiez à un médecin compétent pour qu’il mette en place un sevrage adapté à la situation : un sevrage plus rapide et sous surveillance accrue sera souvent mis en place en vue de réduire l’intensité de ces effets secondaires graves de l’antidépresseur.

Si vous ne présentez pas ce type de réactions, un sevrage lent et encadré est le meilleur moyen d’éviter qu’elles surviennent.

Antidépresseurs: les symptômes de sevrage

Les symptômes de sevrage d’après Breggin (2013):

  • Des réactions émotionnelles allant de l’anxiété à la dépression et la manie
  • Des réactions physiques comme des acouphènes, des vertiges, un sentiment de perte d’équilibre et/ou diverses horribles sensations physiques souvent comparées à des chocs ou des décharges électriques dans la tête, le corps ou sur la peau.
  • Des changements d’humeurs :
  • Anxiété et attaque de panique
  • Dépression
  • Manie
  • Des envies suicidaires
  • Irritabilité et colère excessive
  • Insomnie
  • Rêves vifs et paraissant réels
  • Des sensations neurologiques anormales :
  • Vertiges, sensation de tourner ou sentiment d’instabilité
  • Sensations anormales sur la peau
  • Hypersensibilité au bruit et impression d’entendre des sons anormaux
  • Sensations comme des chocs électriques (particulièrement dans la tête)
  • Des mouvements anormaux :
  • Tremblements
  • Spasmes musculaires
  • Pertes d’équilibre et démarche similaire à celle d’une personne ivre
  • Des problèmes gastro-intestinaux :
  • Anorexie
  • Nausées
  • Vomissements
  • Diarrhée
  • Une faiblesse générale du corps
  • Fatigue et lassitude extrêmes
  • Douleurs musculaires
  • Frissons
  • Transpiration
  • Autres :
  • Problèmes visuels
  • Problèmes capillaires
  • Rougissement persistant

Comme le souligne Breggin (2013), ces symptômes ont une origine physique et non psychologique. Garder à l’esprit que si vous développez des sentiments dépressifs, anxieux, maniaque ou d’irritabilité dans les jours ou les semaines qui suivent le début du sevrage, il est nettement plus probable que ce soit une réaction de sevrage plutôt que le retour des problèmes émotionnels d’origine (Breggin, 2013).

 

L’état maniaque, la levée de l’inhibition et la perte du contrôle des impulsions sont les principaux dangers liés au sevrage des antidépresseurs

 

Les antidépresseurs : règles de sevrage recommandées

Les antidépresseurs : règles de sevrage recommandées par Thérèse du forum SoutienBenzo

Règles générales pour les antidépresseurs

Pourcentage de diminution recommandé : entre 3% et 10%

Longueur des paliers recommandée : entre 12 jours et 30 jours

Dans le cas des antidépresseurs, il faut veiller à avoir le moins de symptômes possibles, voire pas du tout.

Pour minimiser l’intensité des symptômes de sevrage des antidépresseurs, il est donc recommandé de commencer avec des diminutions de 5% et des paliers de 30 jours. Si à ce rythme, le sevrage se passe bien, alors vous avez le choix : soit continuer à ce rythme pour vous assurer un sevrage confortable, soit ajuster le rythme de sevrage pour voir si votre organisme supporte des paliers plus courts. Si à ce rythme (5% et 30 jours), les symptômes de sevrage sont trop intenses, il est recommandé réduire le pourcentage de diminution à 3% et voir si le sevrage se passe mieux. L’important est de maintenir l’intensité des symptômes à son minimum, afin de trouver un rythme de sevrage qui soit le plus confortable possible. Une fois ce rythme de croisière trouvé, nous vous conseillons de vous y tenir.

 

Les méthodes de sevrage

 

Antidépresseurs: les symptômes de sevrage

 

Spécificité du sevrage des antidépresseurs

Le sevrage des antidépresseurs

Avec les antidépresseurs, il est fortement recommandé de sevrer directement l’antidépresseur d’origine et d’envisager d’ajouter une autre molécule ou de passer à une autre molécule, seulement si le sevrage de l’antidépresseur d’origine s’avère trop compliqué, c’est-à-dire que les symptômes de sevrage sont intolérables. En fin de sevrage, lorsque les dernières diminutions deviennent trop difficiles, il est également envisageable d’introduire un antidépresseur de soutien ou de substitution. Comme relevé par Altostrata (2011), administrateur du forum Surviving Antidepressants, un sevrage direct du médicament auquel votre système nerveux est accoutumé est moins risqué que le passage par un autre antidépresseur [sevrage indirect]. En effet, il peut arriver que l’organisme réagisse très mal à l’introduction d’une nouvelle molécule, ce qui provoque, dans la plupart des cas, de sévères effets indésirables. Il peut également arriver que la substitution échoue : c’est le cas lorsque l’action de la nouvelle molécule ne couvre pas les symptômes de sevrage induits par le sevrage de la molécule d’origine.

Les termes antidépresseur d’origine, molécule d’origine ou antidépresseur de départ sont les noms que nous employons pour désigner l’antidépresseur qui est actuellement pris (et que vous souhaitez généralement sevrer) par opposition aux termes antidépresseur de substitution, molécule de substitution, antidépresseur de soutien ou molécule de soutien qui sont les termes utilisés pour désigner les nouvelles molécules qui pourront être introduites lors d’une procédure de sevrage.

Les antidépresseurs de substitution ou de soutien seront ainsi introduits soit pour remplacer l’antidépresseur d’origine, soit pour « soutenir » son effet lorsque le sevrage direct de celui-ci s’avère trop compliqué, voire impossible à réaliser.

Avant de débuter un sevrage, il est important de :

Trouver sa dose de confort et de s’y stabiliser

Le point essentiel, avant de débuter le sevrage à proprement parler, est de trouver sa dose de confort et de s’y stabiliser pendant quelques semaines (généralement 4). En effet, si vous débutez votre sevrage lorsque votre organisme est en manque, alors vous risquez d’accumuler les manques de chaque palier.

Pour donner toutes les chances à un sevrage de bien se passer, il est crucial de ne pas débuter votre sevrage en état de manque.

De plus, comme l’a constaté Thérèse (2017) sur le forum d’entraide SoutienBenzo, il ne faut ne pas rester avec des symptômes de sevrage d’un antidépresseur si vous avez été trop vite, car l’effet rebond apparaît 1 à 2 mois après et il NE FAUT PAS attendre que ça passe tout seul! La solution est de REPRENDRE en partie votre sevrage [c’est-à-dire de remonter à la dernière dose à laquelle vous vous « sentiez bien », la dose de confort] et FINIR de se sevrer correctement [en suivant un protocole de sevrage adapté aux spécificités de la molécule].

Connaître la durée de la demi-vie de l’antidépresseur pour adapter les prises et éviter les états de manque

Il est important de prendre l’antidépresseur à heure(s) fixe(s) pour maintenir le taux de molécule active constant dans le sang afin d’éviter les états de manque et donc les symptômes de sevrage. Et c’est en identifiant la durée de la demi-vie de l’antidépresseur qu’il sera possible d’adapter les heures prises et ainsi d’éviter les états de manque.

Avec un antidépresseur à demi-vie longue (24 heures et plus), une prise par jour à heure fixe couvre théoriquement toute la journée.

Bien que la durée de la demi-vie ne soit pas égale à la durée de l’effet de la molécule active, la demi-vie constitue un bon indicateur du nombre d’heures qui seront couvertes par l’action de l’antidépresseur. (Pour rappel, la durée de l’effet d’un médicament psychotrope est inférieure au temps nécessaire à l’organisme pour l’éliminer, c’est-à-dire à la durée de sa demi-vie d’élimination).

Illustrons d’un exemple le problème de l’état de manque qui peut se produire avec un antidépresseur à demi-vie courte comme la venlafaxine (Effexor). La venlafaxine, dans sa forme galénique classique (c’est-à-dire dans sa forme galénique dont le mode de libération n’a pas été modifié) a une demi-vie de 5 heures, ce qui fait que la durée de son effet ne va pas excéder les 5 heures. Par conséquent, la personne qui prendra cet antidépresseur une fois par jour, par exemple à 8h00, aura éliminé l’antidépresseur à 13 heures et se retrouvera probablement en état de manque jusqu’à la prochaine prise, c’est-à-dire jusqu’au lendemain 8h00.

Bien évidemment, les firmes pharmaceutiques ont modifié le mode de libération de cette substance pour pallier à cet écueil et proposent maintenant la venlafaxine sous forme de gélules à libération prolongée (ou LR ou ER pour Extended Release). Ces gélules contiennent des pellets qui sont enrobés par un film qui contrôle la vitesse de libération de la venlafaxine, ce qui permet à cette dernière d’être libérée progressivement au fil des heures et par là, de maintenir son action au cours de la journée. En Suisse, il s’agit de l’Efexor ER qui se présente sous forme de capsules contenant des pellets (aussi appelés micro-billes). Cette forme permet de passer à une prise par jour, alors que la venlafaxine (Effexor) dans sa forme « classique » nécessite théoriquement 5 prises quotidiennes pour couvrir, de son effet, une période de 24 heures.

Selon le Compendium suisse des médicaments (2018), pour les formes à libération prolongée (LP ou ER pour Extended Release), après la prise de Venlafaxin Pfizer ER, le temps de demi-vie d’élimination apparent atteint 15±6 h, et correspond au temps de demi-vie d’absorption, car l’absorption est alors plus lente que l’élimination. À la lecture du Compendium, nous constatons qu’il n’est pas non plus garanti que les formes prolongées couvrent de leur action les 24 heures d’une journée.

En conclusion, être attentif à la durée de la demi-vie d’un antidépresseur permettra souvent de trouver l’origine des symptômes de manque et/ou la cause de leur intensification à des heures spécifiques de la journée. Ainsi, des heures de prises fixes et établies en fonction de la durée de la demi-vie, en couplage avec l’utilisation de méthodes et protocoles de sevrage adaptés, permettront de lutter contre l’état de manque et par là, de réduire l’intensité des symptômes de sevrage qui pourraient survenir.

 

Suite: Les antidépresseurs : règles de sevrage recommandées

Les méthodes de sevrage

 

 

Retour

Quelle est la différence entre la manie induite par les antidépresseurs, la psychose d’intoxication par une substance et le syndrome sérotoninergique ?

La manie, la psychose d’intoxication et le syndrome sérotoninergique sont trois manifestations possibles d’une élévation trop importante de la quantité de sérotonine présente dans la fente synaptique. La manie étant considérée comme une forme particulière de psychose d’intoxication.

Ces trois syndromes ont en commun leur origine, à savoir une sur-activation du système nerveux induite par la prise de médicaments capables d’augmenter le taux de sérotonine dans le cerveau. La manie et la psychose d’intoxication désignant plutôt les manifestations comportementales, perceptuelles, cognitives et mentales de la sur-stimulation des récepteurs sérotoninergiques postsynaptiques. Le syndrome sérotoninergique désignant quant à lui le tableau d’intoxication dans son entier, lorsque toutes les fonctions neuronales sont touchées. Ce qui est le cas lorsque l’hyperstimulation des récepteurs sérotoninergiques induite par les médicaments se manifeste sur les trois principaux plans neurologiques : sur le plan cognitivo-comportemental, sur le plan neurovégétatif et sur le plan neuromusculaire. Le syndrome sérotoninergique peut alors directement engager le pronostic vital étant donné qu’en plus des fonctions cognitives et comportementales, l’intoxication touche à des fonctions vitales en altérant le fonctionnement neurovégétatif et neuromusculaire. Le syndrome sérotoninergique engage donc directement le pronostic vital, alors que la manie et à la psychose toxique l’engagent indirectement, l’action toxique du médicament favorisant dans ce cas, l’émergence de pensées et de comportements destructeurs (comme l’agressivité et les comportements suicidaires), sans les induire directement.

Le syndrome sérotoninergique et les symptômes associés à une intoxication aux antidépresseurs

Arbre décisionnel benzodiazépines

Définitions des quelques termes techniques :

Clonus : le clonus se traduit par une série de contractions rapides, rythmiques, et réflexes (involontaires), que l’on peut considérer comme des spasmes (en anglais spasms), dues à l’étirement de certains muscles. Quand le clonus se prolonge dans le temps, il est témoin d’une lésion du faisceau pyramidal (en anglais pyramidal beam). En effet, cette voie freine habituellement l’hyperexcitabilité, autrement dit l’excès d’excitation à l’origine de ces contractions (Vulgaris Médical, 2017).

Diaphorèse ou hypersudation : c’est une transpiration plus abondante que la transpiration naturelle (Wikipédia, 2017).

État hypomane ou hypomanie : l’hypomanie est un état caractérisé par un trouble de l’humeur, laquelle peut être irritable, excitée, persistante et omniprésente, ainsi que par des pensées et des comportements concomitants. Un individu atteint d’hypomanie, appelé hypomaniaque, possède en général un besoin moins important de dormir et/ou de se reposer, est très extraverti, très compétitif, et manifeste une énergie débordante (Wikipédia, 2017).

Hyperthermie : c’est une élévation de la température au-dessus de la valeur normale (37.5°C).

Hyperréflexie : c’est une réponse exagérée du système parasympathique à diverses excitations se manifestant entre autres par de l’hypertension, de la rougeur à la face et au thorax, de la congestion nasale, de la bradycardie, des maux de tête et de la sudation. Autrement dit, c’est une exagération des réflexes (Wikipédia, 2017).

Mydriase : c’est une dilatation de la pupille.

Myoclonie : une myoclonie est une contraction musculaire brutale et involontaire due à une décharge anormale de neurones (Vulgaris Médical, 2017)).

 

 

Spécificité du sevrage des antidépresseurs

 

L’akathisie induite par les antidépresseurs

L’akathisie est un syndrome qui traduit une surexcitation du système nerveux. Elle est la manifestation de la sur-activation nerveuse induite par la prise d’antidépresseurs capables de sur-stimuler l’activité de la sérotonine dans le cerveau en en augmentant la quantité dans les fentes synaptiques.

Tout comme les neuroleptiques, des antidépresseurs comme la fluoxétine (Prozac) peuvent être à l’origine de ce syndrome particulièrement pénible, inquiétant et invalidant.

L’akathisie se manifeste par des impatiences, une impossibilité de s’asseoir ou de rester dans la position assise, un besoin irrépressible d’agitation, de se balancer en position debout ou assise, de piétiner ou de croiser et décroiser les jambes (Wikipédia, 2017). Elle se manifeste également par un sentiment d’angoisse intérieure et par le sentiment d’être torturé de l’intérieur. Ces sentiments d’anxiété et de torture intérieur induisent un besoin compulsif de bouger : la personne ne se sent bien ni assis ni debout ni couché et seul le changement de position engendre un léger soulagement (Wikipédia, 2017).

 

Quelle est la différence entre la manie induite par les antidépresseurs, la psychose d’intoxication par une substance (ici l’antidépresseur) et le syndrome sérotoninergique ?