6. Élaborer un tableau des diminutions: Calcul des diminutions et des paliers

Une fois le protocole choisit, c’est-à-dire une fois que vous aurez déterminé les règles de diminutions (pourcentage de diminution et longueur des paliers de stabilisation), il vous faudra calculer les diminutions et ainsi établir les quantités (milligrammes ou nombres de gouttes) que vous allez prendre tout au long du sevrage.

Comment calculer une diminution de 10% de la dose en cours?

Le calcul des diminutions (ou fractionnement)

Nous utilisons le terme fractionner pour parler des calculs sous forme fractionnaire que nous faisons pour calculer les diminutions de la dose en cours.

Nous allons mettre sous forme fractionnaire la dose en cours (par exemple 75 mg ou 75 gouttes) et lui retirer le pourcentage de diminution choisi (10% ou 5% ou 3%,…). Puis nous allons soustraire ce pourcentage à la dose en cours pour obtenir la quantité de gouttes/milligrammes à prendre pour la prochaine diminution.

Par exemple lorsque nous souhaitons diminuer de 10% (voir méthode des 10%) une dose en cours de 75 gouttes nous allons fractionner de la sorte:

Fraction du nombre total de gouttes = 75 ou 75/1

Fraction qui correspond à la diminution de 10% de la dose en cours = 10% ou 10/100

75 x 10/100 = 7.5

Le résultat de 7.5 (= 7.5 gouttes), correspond au 10% de la dose en cours.

Ensuite, nous soustrayons ces 10% (soit 7.5 gouttes), au 75 gouttes de la dose en cours pour obtenir la quantité de gouttes à prendre pour la prochaine diminution:

75 – 7.5 = 67.5

Ainsi, il faudra donc prendre 67.5 gouttes.

Le calcul des fractions de milligrammes (mg)

Par exemple lorsque nous souhaitons diminuer de 10% (voir méthode des 10%) une dose en cours de 75 mg, nous allons fractionner de la sorte:

Fraction du nombre total de mg = 75 ou 75/1

Fraction qui correspond à la diminution de 10% de la dose en cours = 10% ou 10/100

75 x 10/100 = 7.5

Le résultat de 7.5 (= 7.5 mg), correspond au 10% de la dose en cours.

Ensuite, nous soustrayons ces 10% (soit 7.5 mg), au 75 mg de la dose en cours pour obtenir la quantité de gouttes à prendre pour la prochaine diminution:

75 – 7.5 = 67.5

Ainsi, il faudra donc prendre 67.5 mg.

Tableau des diminutions

Lors de la diminution suivante, nous allons diminuer de 10% la dose en cours qui est maintenant de 67.5 :

67.5 x 10/100 = 6.75

En soustrayant les 10%, soit 6.75, au 67.5 de la dose en cours nous obtenons:

67.5 – 6.75 = 60.75

Ainsi, il faudra donc prendre 60.75 gouttes ou 60.75 mg. Et ainsi de suite…

Nous pouvons présenter ces diminutions successives sous forme d’un tableau :

Exemple de calcul d’une diminution de 10% de la dose en cours (10% = 10/100 )

Pour une dose de départ:

75 mg ou 75 gouttes

Dose en cours

(en mg ou en gouttes)

Calcul de la diminution de 10% de la dose en cours

Dose à prendre lors de la prochaine diminution

(en mg ou en gouttes)

Diminution 1 75  75 – (75 x 10/100) = 67.5 67.5
Diminution 2 67.5  67.5 – (67.5 x 10/100) = 60.75 60.75
Diminution 3 60.75  60.75 – (60.75 x 10/100) = 54.675 54.675 ≈ 54.70
Diminution 4 54.7  54.7 – (54.7 x 10/100) = 49.23 49.23 ≈ 49.25
Diminution n
Exemple de calcul d’une diminution de 5% de la dose en cours (5% = 5/100)

Pour une dose de départ:

75 mg ou 75 gouttes

Dose en cours

(en mg ou en gouttes)

Calcul de la diminution de 5% de la dose en cours

Dose à prendre lors de la prochaine diminution

(en mg ou en gouttes)

Diminution 1 75  75 – (75 x 5/100) = 71.25 71.25
Diminution 2 71.25  71.25 – (71.25 x 5/100) = 67.6875 67.6875 ≈ 67.70
Diminution 3 67.7  67.7 – (67.7 x 5/100) = 64.315 64.315 ≈ 64.35
Diminution 4 64.35  64.35 – (64.35 x 5/100) = 61.1325 61.1325 ≈ 61.15
Diminution n

Dans ces deux derniers tableaux, j’ai systématiquement arrondi les doses à prendre au centième supérieur. Par exemple, dans le dernier tableau, à la diminution 3, j’ai arrondi la dose à prendre à 64.35. Vous pouvez également arrondir au dixième.

Le calcul des arrondis

Pourquoi arrondir?

Parce que, dans la pratique, il sera parfois difficile (voir impossible) de titrer des millièmes de milligrammes ou de millièmes de gouttes, c’est-à-dire de diviser/couper/râper/diluer un comprimé pour obtenir des millièmes de milligrammes ou diluer une goutte pour obtenir des millièmes de goutte.

Comment arrondir?

Il est préférable d’arrondir à la valeur supérieure pour ne pas se retrouver en sous-dosage et expérimenter des symptômes de manque.

Calcul des diminutions en vidéo

Titration: Comment calculer des diminutions de 10%? : https://youtu.be/Oq0L6MEhTXU

 


Les aides au calcul des diminutions et les convertisseurs


 

Les paliers de stabilisation

Un palier correspond au temps que nous laissons à l’organisme pour adapter son fonctionnement à un apport quotidien moindre de molécule active. À chaque nouvelle diminution, nous laissons quelques jours à l’organisme pour s’habituer à l’apport d’une quantité inférieure de molécule active avant de passer à une nouvelle diminution. Nous allons laisser le temps à l’organisme de se stabiliser, de trouver un nouvel équilibre avec une quantité moindre de médicament. En savoir plus sur les paliers…

 

7. Choisir une technique pour réaliser les diminutions (titration)


Le plan de sevrage en pratique

Un exemple de plan de sevrage pour 2 médicaments : Xanax et Deroxat

  1. Tableau des diminutions

Sevrage 1 : Deroxat

Dose journalière actuelle : 1 comprimé de 20 mg de paroxétine

Calcul de diminution de 10% de la dose en cours (soit 20 mg) avec des paliers de 14 jours

Calcul d’une diminution de 10% de la dose en cours (10% =  10/100)

Pour une dose de départ:

20 mg

Dose en cours

(en mg)

Calcul de la diminution de 10% de la dose en cours

Dose à prendre lors de la prochaine diminution (en mg)
Diminution 1 20  20 – (20 x 10/100) = 18 18
Diminution 2 18  18 – (18 x 10/100) = 16.2 16.2
Diminution 3 16.2  16.2 – (16.2 x 10/100) = 14.58 14.58
Diminution 4 14.58  14.58 – (14.58 x 10/100) = 13.12 13.12
Diminution n

Ou utilisation du calculateur de Jomax: http://www.psychotropes.info/calculateur

  1. Tableau des diminutions

Sevrage 2 : Lysanxia (= médicament substitué au Xanax)

Dose journalière actuelle : 30 gouttes de Lysanxia (prazépam)

Calcul de diminutions de 5% de la dose en cours (soit 30 gouttes) avec des paliers de 8 jours

Calcul d’une diminution de 5% de la dose en cours (5% = 5/100)

Pour une dose de départ:

30 gouttes

Dose en cours

(en gouttes)

Calcul de la diminution de 5% de la dose en cours

Dose à prendre lors de la prochaine diminution

(en nb de gouttes)

Diminution 1

30

 30 – (30 x 5/100) = 28.5

28.5

Diminution 2

28.5

 28.5 – (28.5 x 5/100) = 27.075

27

Diminution 3

27

 27 – (27 x 5/100) = 25.65

25.65

Diminution 4

25.65

 25.65 – (25.65 x 5/100) = 24.36

24.36

Diminution n

Ou utilisation du calculateur de Jomax: http://www.psychotropes.info/calculateur

 

7. Choisir une technique pour réaliser les diminutions (titration)

 

5. Choisir les protocoles et techniques de sevrage adaptés aux spécificités de la molécule à sevrer

Sevrage indirect

Si vous passez par la méthode sevrage indirect (voir méthode de sevrage indirect), il vous faudra choisir un protocole de substitution. C’est-à-dire que vous allez devoir déterminer par quelle molécule équivalente vous allez remplacer votre molécule actuelle et quel protocole de substitution vous allez utiliser (par exemple un protocole où la substitution se fait quart par quart ou demi par demi; où la substitution se fait sur 2 semaines ou sur 4 semaines; avec 2 ou 3 prises journalières;…).

Sevrage indirect, comment remplacer la molécule actuellement prise par une autre molécule plus facile à sevrer => Comment mettre en place un protocole de substitution:

Heures des prises

Ne pas oublier de prendre les prises à heure fixe. Par exemple si vous décidez de prendre votre dose journalière en 3 prises, vous pouvez fixer les heures des 3 prises à 9h00, 15h00 et 21h00.

Si vous prenez la dose journalière en 3 prises, les prises se feront à 9h00 – 15h00 – 21h00
Si vous prenez la dose journalière en 2 prises, les prises se feront à 9h00 et 21h00

Cette répartition de l’heure des prises à pour but d’assurer une couverture optimale de la journée et ainsi d’éviter le manque entre deux prises.

 

Sevrage direct

Si vous passez par la méthode de sevrage direct (voir méthode de sevrage direct), il vous faudra choisir le protocole qui convient le mieux à la classe de la molécule à sevrer. Par exemple, un protocole qui propose comme règles de sevrage des diminutions de 5% de la dose en cours tous les 8 jours, pour une benzodiazépine à demi-vie longue. Ou un protocole qui propose comme règles de sevrage des diminutions de 3% de la dose en cours tous les 7 jours, pour une benzodiazépine à demi-vie courte. Ou encore, un protocole qui propose comme règles de sevrage des diminutions de 5% de la dose en cours tous les 15 jours pour un antidépresseur.

Sevrage direct: Quel protocole de sevrage choisir ?

Nous vous conseillons de choisir un protocole de sevrage qui a fonctionné pour une majorité, afin de vous donner les meilleures chances de mener votre sevrage à terme.

Voici les protocoles de sevrage qui, selon nous, ont fait leurs preuves. Ce sont les règles de sevrage que nous recommandons sur le forum, car nous avons observé que ce sont celles qui fonctionnent le mieux et qui permettent aux membres qui les appliquent d’aller au bout de leur sevrage sans rencontrer de difficultés majeures. En effet, nous avons constaté que ces pourcentages de diminution et ces longueurs de palier respectent à la fois les spécificités d’action des molécules et les capacités de l’organisme à supporter et à réguler les réductions de dose.

Les benzodiazépines : règles de sevrage recommandées

Il est recommandé de procéder à une substitution et remplacer la benzodiazépine à demi-vie courte par une benzodiazépine à demi-vie longue (Lysanxia ou Valium). (Voir doses équivalentes entre les benzodiazépines).

Règles générales pour les benzodiazépines à demi-vie courte

Pourcentage de diminution recommandé : 3%

Longueur des paliers recommandée : 7 jours

Règles générales pour les benzodiazépines à demi-vie longue

Pourcentage de diminution recommandé : 5%

Longueur des paliers recommandée : 8 jours

Fin de sevrage des benzodiazépines à demi-vie longue

Pourcentage de diminution recommandé: 3%

Longueur de palier recommandée: 7 jours

Dose journalière à laquelle il est possible et recommandé d’arrêter le sevrage:

1.5 gouttes de Lysanxia (= 0.75 mg de Lysanxia)

1.5 gouttes de Valium (= 0.5 mg de Valium)

Nous attirons votre attention sur deux points concernant le pourcentage des diminutions et la longueur des paliers :

Diminution : descendre sous les 2% peut engendrer une dépendance et entraîner ensuite une fin de sevrage très compliqué.

Palier : en baissant les pourcentages des diminutions, il est absolument nécessaire de réduire la longueur des paliers, sinon les fins de paliers deviennent très difficiles.

Les antidépresseurs : règles de sevrage recommandées

Étant donné que le lien entre le pourcentage de diminution et la longueur du palier n’est pas aussi strict et déterminant dans le cas des antidépresseurs, mais qu’il dépend plus des différences individuelles et des caractéristiques de la classe de l’antidépresseur, nous n’allons pas pouvoir proposer un pourcentage de diminution précis ou une longueur de palier particulière. Nous allons plutôt vous recommander d’appliquer un pourcentage de diminution et une longueur de palier se situant dans des plages de valeurs dont nous avons observé qu’elles permettaient à nos membres de réaliser un sevrage sans trop éprouver de difficultés. Nous vous recommandons d’adapter le protocole de sevrage à votre ressenti personnel et à l’effet que la molécule à sur vous.

Règles générales pour les antidépresseurs

Pourcentage de diminution recommandé : entre 3% et 10%

Longueur des paliers recommandée : entre 12 jours et 30 jours

Dans le cas des antidépresseurs, comme dans le cas des neuroleptiques, il faut veiller à avoir le moins de symptômes possibles, voire pas du tout…

Les neuroleptiques : règles de sevrage recommandées

En ce qui concerne les neuroleptiques, nous manquons encore de données et d’observations nous permettant de proposer des recommandations de sevrage ayant fait leurs preuves. Par conséquent, les présentes recommandations sont à considérer avec une certaine prudence! Toutefois, nous avons observé une tendance générale dans les règles de sevrage, à savoir un pourcentage de diminution très petit et des paliers plutôt longs.

Les présentes recommandations sont donc à considérer avec une certaine prudence!

Règles générales pour les neuroleptiques

Pourcentage de diminution recommandé : < 3%

Longueur des paliers recommandée : jusqu’à 35 jours

Dans le cas des neuroleptiques, comme dans le cas des antidépresseurs, il faut veiller à avoir le moins de symptômes possibles, voire pas du tout…

Bien sûr tout est modulable pour chacun!

Voir également: Comment affiner les règles de la méthode des 10% pour mettre en place un sevrage adapté ?

 

6. Élaborer un tableau des diminutions: Calcul des diminutions et des paliers

 


Un exemple pratique

Un exemple de plan de sevrage pour 2 médicaments : Xanax et Deroxat

5. Choix du protocole de sevrage

Sevrage 1 : Deroxat

Comme il s’agit d’un antidépresseur et que les effets secondaires sont graves, le choix du pourcentage des diminutions est de 10%, avec des paliers de 14 jours. À réajuster en fonction des ressentis et des symptômes.

Le protocole de servage des antidépresseurs comprend souvent des paliers plus longs pouvant aller jusqu’à 30 jours. Si une diminution de 10% de la dose en cours est trop violente, envisager des diminutions de 5%.

Règles générales pour les antidépresseurs

Pourcentage de diminution recommandé : entre 3% et 10%

Longueur des paliers recommandée : entre 12 jours et 30 jours

5. Choix du protocole de sevrage

Sevrage 2 : Xanax : Protocole de substitution

5.a. Choix du protocole de sevrage: 1. mettre en place un protocole de substitution

Remplacement de 2 comprimés de Xanax par 30 gouttes de Lysanxia

Substitution de 30 gouttes de Lysanxia à 0.50mg de Xanax

Plan 1: substitution sur 4 semaines avec 3 prises par jour (9h00-15h00-21h00)

Substitution

Xanax

(2 comprimés de Xanax à 0.25mg)

Lysanxia

(30 gouttes de Lysanxia)

Semaine 1
Matin (9h00) ½ comprimé de Xanax
Midi (15h00) ½ comprimé de Xanax
Soir (21h00) ½ comprimé de Xanax 7.5 gouttes de Lysanxia
Semaine 2
Matin (9h00) 7.5 gouttes de Lysanxia
Midi (15h00) ½ comprimé de Xanax
Soir (21h00) ½ comprimé de Xanax 7.5 gouttes de Lysanxia
Semaine 3
Matin (9h00) 7.5 gouttes de Lysanxia
Midi (15h00) 7.5 gouttes de Lysanxia
Soir (21h00) ½ comprimé de Xanax 7.5 gouttes de Lysanxia
Semaine 4
Matin (9h00) 7.5 gouttes de Lysanxia
Midi (15h00) 7.5 gouttes de Lysanxia
Soir (21h00) 15 gouttes de Lysanxia
Semaines 5 – 6 – 7 Stabilisation
Matin (9h00) 15 gouttes de Lysanxia
Soir (21h00) 15 gouttes de Lysanxia
Semaine 8 Sevrage
Sevrage Sevrage des 30 gouttes de Lysanxia.

 

5.b. Protocole de sevrage

Sevrage 2 : Xanax : Sevrage de la molécule de substitution, le Lysanxia

Sevrage de 30 gouttes de Lysanxia (prazépam).

Comme le prazépam est une benzodiazépine à demi-vie longue, le choix du pourcentage des diminutions est de 5%, avec des paliers de 8 jours. À réajuster en fonction des ressentis et des symptômes.

À la fin du sevrage, finir avec des diminutions de 3% et des paliers de 7 jours (voir recommandations ; Fin de sevrage : à quelle dose journalière est-il possible de finir le sevrage?)

Dose journalière de départ : 30 gouttes
Nombres de prises : 2
Heures de prise : 9h et 21h

 

6. Élaborer un tableau des diminutions: Calcul des diminutions et des paliers

 

4. Déterminer la méthode qui permettra de sevrer la molécule

Sevrage direct ou sevrage indirect ?

Il faudra également déterminer s’il est plus judicieux de sevrer la molécule directement ou de passer une autre molécule (sevrage indirect)

Le choix entre méthode de sevrage direct et indirect, va souvent principalement dépendre de la demi-vie de la molécule à sevrer:

La demi-vie d’une molécule

La demi-vie est le temps nécessaire à l’organisme pour diminuer de moitié la quantité totale de molécule ingérée et ce quelle que soit la quantité prise. La demi-vie d’un médicament est donc la vitesse à laquelle l’organisme élimine les substances actives d’un médicament de la circulation sanguine. En savoir plus…

La méthode de sevrage direct

Le principe de cette méthode est de procéder directement au sevrage de la molécule actuellement prise. On parle de sevrage direct, car le sevrage se fait à partir de cette molécule d’origine et non à partir d’une molécule de substitution. L’avantage de cette méthode est qu’elle permet d’éviter de passer par une substitution. Mais, un des principaux inconvénients est qu’elle s’applique difficilement au sevrage des molécules à demi-vie courte. Pourquoi? Parce qu’en utilisant la méthode du sevrage direct avec des molécules à demi-vie courte :

  • il peut s’avérer difficile de lutter contre le manque entre les prises et que, dans le cas des benzodiazépines, ce manque induit, la plupart du temps, un état d’anxiété.
  • il est plus difficile de maintenir la concentration de la substance active stable dans la circulation sanguine et une concentration instable dans le sang, aura tendance à engendrer des pics de symptômes.
  • il faudra administrer la dose journalière en plusieurs prises réparties à intervalles réguliers au cours de la journée (Répartir la dose journalière en plusieurs prises par jour est, en pratique, un des seuls moyens pour lutter contre l’état de manque).
  • la plupart du temps, les molécules à demi-vie courte sont proposées sous forme de comprimés, ce qui oblige à recourir la technique de titration tout au long du sevrage, ce qui peut s’avérer fastidieux.

La méthode de sevrage indirect

Le principe de cette méthode est de remplacer la molécule actuellement prise par une molécule qui possède des propriétés similaires, mais qui est plus facile à sevrer. Ainsi, lors d’un sevrage indirect, on ne va pas directement sevrer la molécule actuellement prise, mais on va sevrer la molécule de remplacement (ou molécule de substitution). La technique qui permet de remplacer une molécule par une autre plus facile à sevrer s’appelle la substitution.

Typiquement, une molécule à demi-vie courte va être remplacée par une molécule qui possède les mêmes propriétés psychoactives, mais qui a une demi-vie longue, ce qui la rend plus facile à sevrer.

L’inconvénient de cette méthode est qu’il faut passer par une substitution, mais les avantages de cette méthode sont nombreux. En effet, cette méthode permet, dans la majorité des cas, de pallier aux difficultés rencontrées lors du sevrage direct des molécules à demi-vie courte.

Remplacer une molécule à demi-vie courte par une molécule à demi-vie longue permet :

  • de lutter plus efficacement contre le manque entre les prises et donc de réduire la probabilité d’apparition d’un état d’anxiété.
  • de maintenir la concentration de la substance active beaucoup plus stable dans la circulation sanguine et ainsi de lisser des pics de symptômes.
  • d’administrer la dose journalière en une ou deux prises fixes dans la journée
  • d’avoir accès à des formes galéniques de la molécule plus facile à sevrer, comme des médicaments sous forme de gouttes.

De plus, dans le cas des benzodiazépines, lorsqu’il y a une forte tolérance avec la benzodiazépine d’origine, la substitution avec une autre molécule va permettre de lever ce phénomène d’accoutumance et de retrouver le plein effet, en particulier anxiolytique, des benzodiazépines et ce, avec une dose globale moindre de benzodiazépine.

Par ailleurs, en cas d’intolérance avec l’une ou l’autre des molécules à demi-vie longue (Valium – Lysanxia), il est possible de basculer de l’une vers l’autre. Mais comme le souligne le site Sevrage Aux Benzodiazépines (2009), les cas d’intolérance au Valium ou au Lysanxia sont extrêmement rares.

Technique de substitution

 

5. Choisir les protocoles et techniques de sevrage adaptés aux spécificités de la molécule à sevrer

 


Le plan de sevrage en pratique

Un exemple de plan de sevrage pour 2 médicaments : Xanax et Deroxat

Choix de la méthode de sevrage

Sevrage 1 : Deroxat

Sevrage direct. Je sèvre directement le Deroxat sans passer par une molécule de substitution.

Dose journalière de départ : 20 mg
Nombre de prises : 1
Heures de prise : heure de prise actuelle (par exemple 8h00)

Choix de la méthode de sevrage

Sevrage 2 : Xanax

Sevrage indirect : Substitution

Comme la molécule active du Xanax, l’alprazolam est une benzodiazépine à demi-vie courte, je vais opter pour un sevrage indirect et passer par une substitution.

Substitution : je vais remplacer le Xanax par du Lysanxia dont la molécule active est le prazépam qui est une benzodiazépine à demi-vie longue.

Je vais opter pour le Lysanxia sous forme de gouttes.

Équivalence

Je vais rechercher la dose équivalente de Lysanxia

(par exemple en utilisant le convertisseur de Jomax : http://psychotropes.info/calculateur/ en allant dans le menu Conversion et en choisissant Benzo conversion.

J’obtiens l’équivalence suivante : 0.50 mg d’alprazolam = 15 mg de prazépam

La dose équivalente de ma dose journalière actuelle de 0.50mg d’alprazolam (Xanax) est donc une dose journalière de 15 mg de prazépam (Lysanxia)

Formes galéniques du Lysanxia

15 mg de prazépam correspondent à 30 gouttes de prazépam
Ainsi, 2 comprimés de Xanax à 0.25mg, correspondent à 0.50mg d’alprazolam dont la dose équivalente de prazépam est de 15mg ou 30 gouttes.

 

5. Choisir les protocoles et techniques de sevrage adaptés aux spécificités de la molécule à sevrer

 

Qu’est-ce que la demi-vie d’une molécule?

La demi-vie est le temps nécessaire à l’organisme pour diminuer de moitié la quantité totale de molécule ingérée et ce quelle que soit la quantité prise.

La demi-vie d’un médicament est donc la vitesse à laquelle l’organisme élimine les substances actives d’un médicament de la circulation sanguine.

Demi-vie courte

On parle d’un médicament (ou d’une molécule) à demi-vie courte, lorsque l’organisme met moins de 24 heures pour éliminer ses substances actives de la concentration sanguine.

Dans les demi-vies courtes, il y a:

  • les demi-vies courtes qui mettent moins de 5 heures pour être éliminées
  • les demi-vies moyennes qui mettent entre 5 et 24 heures pour être éliminées

Demi-vie longue

On parle d’un médicament (ou d’une molécule) à demi-vie longue, lorsque l’organisme met plus de 24 heures pour éliminer ses substances actives de la concentration sanguine.

Attention à ne pas confondre la demi-vie d’un médicament avec son effet. La demi-vie est le temps que met l’organisme pour évacuer le produit, alors que l’effet est ce qui est induit par les propriétés de la substance active du médicament. Par conséquent, une demi-vie de 24 heures ne veut pas dire que le médicament fera effet 24 heures.

Un exemple d’effet: un médicament peut être pris pour sa propriété hypnotique qui a pour effet de faire dormir. Mais si ce médicament a une demi-vie de 24 heures, ça ne veut pas dire qu’il fera dormir 24 heures. Cela veut simplement dire qu’il faudra 24 heures à l’organisme pour l’éliminer. En réalité, la durée de l’effet d’un médicament est généralement bien moins longue que le temps qu’il faut à l’organisme pour l’éliminer de la concentration sanguine.

La règle des 5 demi-vies: l’explication du Dr Phelps (2005)

La plupart des antidépresseurs, comme la plupart des médicaments ont des demi-vies courtes. Il s’agit du terme officiel pour rendre compte de la vitesse à laquelle un médicament quitte la circulation sanguine après que vous ayez arrêté d’en prendre (= arrêter de prendre les doses suivantes). Le temps qu’il faut pour que la quantité de molécule dans votre sang (=le taux sanguin) diminue de moitié est « UNE demi-vie ». par exemple, prenons une molécule (= un médicament) ayant une demi-vie de 24 heures (il s’agit d’une demi-vie plutôt longue, beaucoup de molécules ont des demi-vies un peu plus courtes, proches de 10 heures). Si vous prenez votre dernière dose lundi matin, mardi matin, le taux sanguin est maintenant de la moitié de ce qu’il était le jour précédent (à savoir: mesuré chaque jour à la même heure (à midi dans notre exemple)). Et maintenant, soyez attentif, car le point important se trouve ici: chaque jour qui suit, le taux sanguin de la molécule diminue de la moitié de ce qu’il était le jour précédent. Ainsi, dans cet exemple, mercredi à midi, vous avez perdu la moitié du taux sanguin du mardi à midi. Notez, que vous êtes maintenant à 1/8ème de ce que vous étiez lorsque vous avez commencé. Continuez sur cette logique et vous verrez que jeudi à midi, vous serez à 1/16 de la dose de départ, vendredi vous serez à 1/32ème et ainsi de suite.

Généralement, nous parlons de 5 demi-vies et à ce taux, il restera si peu de médicament dans la circulation sanguine, que nous l’appellerons le taux zéro. Pourquoi tout ce tapage autour des demi-vies? Parce que cela nous mène vers une solution aux problèmes de sevrage liés au Prozac (fluoxétine): le Prozac a une demi-vie d’une semaine! Il est évacué très lentement de la circulation sanguine, si lentement, qu’il faut une semaine pour en éliminer la moitié (=pour s’en débarrasser de la moitié)! Ensuite, en utilisant la règle des Cinq Demi-vies, nous pouvons comprendre qu’il faudra plus d’un mois au Prozac pour quitter lentement la circulation sanguine (il lui faudra 5 semaines pour atteindre un taux sanguin de 1/64ème de la dose initiale).

Comme vous l’aurez certainement compris, c’est aussi à travers le concept de demi-vie et de la règle des Cinq Demi-vies que nous trouvons des solutions aux problèmes de sevrage des autres médicaments psychotropes, notamment les benzodiazépines.

 

La règles des 5 demi-vies

Nombre de demi-vie

Concentration sanguine

Pourcentage de médicament éliminé de la circulation sanguine

Dose de départ 1  ~ 0
Une demi-vie ½ de la dose de départ 50%
Deux demi-vies ¼ de la dose de départ 75%
Trois demi-vies 1/8 de la dose de départ 87.5%
Quatre demi-vies 1/16 de la dose de départ 93.75%
Cinq demi-vies 1/32 de la dose de départ 96.875%

Après 5 demi-vies, on considère que la quasi totalité du médicament a été éliminée de la concentration sanguine, puisque près de 97% de la dose a été éliminée.

Attention, cela est vrai si aucune dose n’a été prise après de la dose de départ (celle à partir de laquelle nous avons calculer les demi-vies d’élimination).

Par ailleurs, il ne faut pas oublier que la durée de la demi-vie d’un médicament peut être différente d’une personne à l’autre (à cause des différences individuelles et métaboliques).

2. Déterminer l’ordre des molécules à sevrer si plusieurs médicaments psychotropes sont pris

Les neuroleptiques étant une des classes de molécules les plus dangereuses, il est recommandé de sevrer ceux-ci en premier.

Ensuite, une bonne manière de déterminer l’ordre de sevrage est de choisir de sevrer la molécule qui vous semble être celle qui induit les symptômes les plus dangereux ou invalidants pour vous.

Certains préfèrent sevrer les benzodiazépines avant les antidépresseurs, alors que d’autres préfèrent faire le contraire, étant donné que les antidépresseurs peuvent être à l’origine d’effets secondaires graves, comme un état violent et/ou suicidaire.

Quel médicament psychotrope arrêter en premier ?

Comme l’expliquent les Docteurs Breggin et Cohen (2007) :

Si vous prenez un médicament A pour contrer les effets secondaires d’un médicament B, alors vous devriez probablement commencer par sevrer le médicament B. Par exemple, si vous prenez un somnifère pour traiter l’insomnie causée par du Prozac (fluoxétine) ou de la Ritaline, vous allez peut-être avoir envie de sevrer le somnifère après l’arrêt du Prozac ou de la Ritaline. Idem, si vous prenez des médicaments (Cogentin (=benztropine) ou Artane) qui suppriment les troubles moteurs induits par les neuroleptiques, vous devriez probablement commencer par réduire le(s) neuroleptique(s) avant de commencer le sevrage du médicament prescrit pour réduire les effets secondaires des neuroleptiques.

Il est recommandé de ne faire qu’un sevrage à la fois et d’attendre quelques semaines après un sevrage avant d’en commencer un deuxième, afin de ne pas trop bousculer l’organisme. Une pause entre deux sevrages offre à votre organisme la possibilité de récupérer un peu et ainsi de commencer le sevrage suivant dans de meilleures conditions.

Nous vous conseillons également d’écouter votre ressenti pour déterminer quel médicament votre organisme a besoin de sevrer en premier. Par exemple, si vous sentez qu’un médicament a produit des effets secondaires pénibles dès le moment où vous avez commencé à le prendre, alors c’est peut-être par celui-ci qu’il conviendrait de commencer.

Par ailleurs, il est très important de prendre en compte la dangerosité de la molécule lors du choix de l’ordre des sevrages. Comme le soulignent Breggin et Cohen (2007), il faut si possible commencer par les antipsychotiques (neuroleptiques), étant donné que cette classe de médicaments psychiatriques expose à des effets secondaires graves, y compris à la dyskinésie tardive, au syndrome malin des neuroleptiques qui peut potentiellement être mortel, au diabète et à une pancréatite.

Finalement, si vous souffrez déjà d’effets secondaires graves induits par vos médicaments psychiatriques, comme un manie, une hyperstimulation, des comportements inquiétants ou des mouvements anormaux, il faudra envisager de réaliser un sevrage rapide et aussi sûr que possible des molécules incriminées et ce sous la surveillance d’un médecin très expérimenté.

Il est vraiment vital de sevrer en premier, et sous surveillance médicale accrue et constante, le médicament qui serait à l’origine d’une intoxication médicamenteuse.

Comment faire la différence entre des symptômes de manque (syndrome de sevrage) et la toxicité médicamenteuse (neurotoxicité / intoxication médicamenteuse)?

Un syndrome de sevrage correspond à l’ensemble des symptômes qui se manifestent lorsque la dose du médicament est diminuée, alors que la toxicité médicamenteuse se présente sous la forme d’un ensemble de symptômes qui apparaissent lors des augmentations de dose.

Les symptômes de sevrage : un effet indirect des médicaments observé lors des diminutions de dose

Les symptômes de sevrage sont des effets indirects de la substance prise, dans le sens où ils correspondent à une réponse de l’organisme aux diminutions et non aux effets directs de la substance.

L’intoxication médicamenteuse : un effet direct des médicaments observé lors des augmentations de dose

L’intoxication médicamenteuse est un terme utilisé pour parler des effets neurotoxiques et/ou toxiques directs de la substance prise, dans le sens où les symptômes observés sont les conséquences directes des effets de la substance.

Une substance peut intoxiquer l’organisme lors des premières prises. Et l’intoxication va se maintenir et souvent s’aggraver au fil des prises.

Comment faire la différence entre des symptômes de sevrage qui perdurent malgré l’application des règles de sevrage et une éventuelle toxicité ?

La meilleure façon de faire est d’augmenter un peu la dose:

  • si les symptômes augmentent c’est qu’il y a toxicité, en ce cas le sevrage devra être plus rapide et se faire en 6 ou 8 semaines et sous surveillance médicale intensive. Avant de se lancer dans cette option il faut bien observer ce qui se passe!
  • si les symptômes diminuent en intensité, c’est qu’il s’agit bien de symptômes de sevrage. Dans ce cas, régler plus finement le protocole de sevrage pourra aider (adapter le pourcentage de diminution et/ou la longueur du palier).

 

3. Trouver sa dose de confort et s’y stabiliser quelques jours

 


Le plan de sevrage en pratique

Un exemple de plan de sevrage pour 2 médicaments : Xanax et Deroxat

Détermination de l’ordre des sevrages

Choix personnel en fonction du ressenti et des caractéristiques des substances

Ordre des sevrages choisi :

  1. Deroxat : le Deroxat sera sevré en premier: car chez moi les effets secondaires induits par la paroxétine sont graves : violence envers moi-même (automutilations), idées suicidaires, migraines intolérables et akathisie (agitation interne) (pour plus d’informations sur les effets secondaires voir page sur les antidépresseurs).
    Remarque : au vu des effets que cette molécule produit sur moi, vérifier avec mon médecin s’il n’y a pas intoxication et en fonction des conclusions, envisager un sevrage rapide sous surveillance médicale accrue ou dans un centre spécialisé…
  2. Xanax

 

3. Trouver sa dose de confort et s’y stabiliser quelques jours

 

Alcool: est-ce que je peux boire de l’alcool pendant le sevrage?

Il est préférable de ne pas consommer d’alcool pendant le sevrage, étant donné que celui-ci perturbe l’activité du système nerveux.

L’alcool peut fortement compliquer le sevrage, étant donné qu’il se lie directement sur les récepteurs de l’acétylcholine, de la sérotonine, du GABA et sur les récepteurs NMDA du glutamate (Le cerveau à tous les niveaux, s.d.), qui sont les neurotransmetteurs affectés par le(s) médicament(s) psychoactif(s) à sevrer.

L’alcool induit donc des effets neurochimiques qui peuvent interférer avec le sevrage, rendant celui-ci plus compliqué. Parfois, la prise d’alcool semble couvrir les symptômes de sevrage, parfois il semble les exacerbé, mais dans tous les cas, la consommation d’alcool pendant un sevrage rend celui-ci plus difficile à contrôler, étant donné qu’il devient plus dur de déterminer l’origine des symptômes observés : s’agit-il des effets engendrés par l’alcool, de ceux produits par le(s) médicament(s) ou/et de ceux induits par le sevrage?

Par ailleurs, comme avec toutes les substances psychotropes, il y a des risques de développer une dépendance à l’alcool. En consommant de l’alcool pendant le sevrage d’un médicament psychotrope, on risque ainsi d’ajouter ou de remplacer une dépendance par une autre.

Plus d’informations concernant les neurotransmetteurs affectés par l’alcool :

http://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_03/i_03_m/i_03_m_par/i_03_m_par_alcool.html

Référence

Le cerveau à tous les niveaux. (s.d.). Les neurotransmetteurs affectés par les drogues. Accès : http://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_03/i_03_m/i_03_m_par/i_03_m_par.html#drogues

 

Manuel de sevrage des psychotropes

Bonjour à tous,

En collaboration avec Thérèse et l’équipe du forum SoutienBenzo, j’ai élaboré un manuel de sevrage des psychotropes, dans lequel je rassemble les informations récoltées par Thérèse et mes connaissances:

Manuel de sevrage des psychotropes version mise à jour le 7 octobre 2017 (format PDF)

Pourquoi et pour qui ce manuel a été écrit?

Nous avons écrit ce manuel, car nous nous sommes rendu compte que le grand public, les médecins et les personnes qui souhaitaient gérer l’utilisation et l’arrêt de la médication psychotrope, ne disposaient pas d’une information claire, compréhensible et accessible concernant le fonctionnement des médicaments psychiatriques.

En écrivant ce manuel, nous voulions synthétiser et rendre accessibles les informations qui nous ont permis, à nous, de nous sortir de l’emprise de ces produits. Au travers de ce manuel, nous partagerons donc, avec vous, nos connaissances et nos années d’expériences dans le domaine de la médication psychotrope et du sevrage.

Nous, auteures et co-auteurs, avons tous été confrontés à la prise et à l’arrêt de la médication psychotrope et c’est grâce à notre propre expérience, aux recherches d’informations que nous avons menées et aux années que nous avons passées (et que nous passons toujours) à soutenir les personnes qui souhaitent prendre en main leur consommation de médicaments psychiatriques, que nous pouvons, aujourd’hui, vous proposer un manuel de sevrage qui se fonde à la fois sur des études scientifiques, des connaissances théoriques et sur une mise en pratique quotidienne et fructueuse de ces travaux scientifiques.

Notez que cet ouvrage n’a en aucun cas pour but de vous convaincre ou de vous inciter à arrêter de prendre votre traitement médicamenteux. Ce manuel a uniquement pour objectif de vous informer sur les différents aspects de la médication psychotrope. C’est dans cette perspective informative, que nous vous présenterons des protocoles, des méthodes et des techniques qui permettent de réaliser un sevrage qui respecte les spécificités de fonctionnement de chaque classe de médicaments psychiatriques et qui minimise ainsi les risques liés à l’arrêt de la consommation de ce type de produit.

Ce manuel a été conçu dans un objectif pratique. Notre idée est de vous proposer un contenu qui vous permette de facilement et rapidement mettre en pratique des méthodes, des techniques et des protocoles de sevrage qui sont soutenus par des études scientifiques et/ou des expériences de sevrages réussis.

Ce manuel a été conçu pour rendre l’information technique et scientifique accessible. Dans cette optique, nous avons choisi de simplifier et de synthétiser les contenus scientifiques et techniques.
Nous avons choisi d’expliquer, en des termes simples, les éléments qui nous semblent indispensables à la compréhension des concepts scientifiques sous-jacents aux divers protocoles et méthodes proposés, afin que vous soyez en mesure de comprendre comment ces derniers ont été construits et pourquoi ils l’ont été ainsi.

Nous espérons qu’au fil de cet ouvrage, vous trouverez les pistes qui vous permettront de comprendre ce que vous vivez.

Remarque :
Nous allons faire évoluer ce manuel au cours du temps. Actuellement, c’est la version bêta sortie le 29 septembre 2017 qui est en ligne. Il s’agit d’une version partielle qui ne contient, pour le moment, que les chapitres sur les benzodiazépines et le sevrage.
Il s’agit d’une version test qui a pour but de nous permettre de recevoir des retours de votre part, afin que nous puissions, le cas échéant, améliorer l’ouvrage avant d’en présenter une version finale complète.

Les chapitres qui détaillent l’information sur les antidépresseurs et les neuroleptiques sont en cours de rédaction. Notez cependant, que le chapitre sur le sevrage est général et fournit, de ce fait, des informations qui sont utilisables à la fois pour les benzodiazépines, les antidépresseurs et les neuroleptiques…

Finalement, nous n’insisterons jamais assez sur le fait qu’il ne faut jamais arrêter un traitement médicamenteux du jour au lendemain ou sans l’avis d’un médecin.

***

Retrouvez les différentes versions du manuel sur le page consacrée au sevrage: SEVRAGE

Manuel de sevrage des psychotropes version mise à jour le 7 octobre 2017 (format PDF)

 

Vous pouvez nous faire part de vos commentaires sur le forum SoutienBenzo ou en m’envoyant un e-mail:

Contact

Merci!

Carole

6ème série de vidéos: un modèle des troubles psychologiques

Bonjour à tous,

J’ai entamé la réalisation d’une nouvelle série de vidéos dans laquelle j’expose, sous la forme d’un modèle, ma vision de ce que pourraient être les troubles psychologiques.

Le modèle que je vais construire est basé à la fois sur mon expérience personnelle, sur mes connaissances académiques, sur mes recherches personnelles et sur mes observations.

Dans les premières vidéos, je vais tenter de vous donner une vision d’ensemble des facteurs et des mécanismes qui peuvent entrer en jeu dans l’apparition des troubles psychologiques, dans leur maintien, dans leur aggravation et dans leur disparition.

Les 4 grandes catégories de troubles mentaux que je vais tenter de traiter sont:

  • les troubles anxieux
  • les troubles de l’humeur (dépression,…)
  • les troubles psychotiques
  • les troubles somatoformes

Lorsque vous visionnerez les premières vidéos, gardez à l’esprit que pour pouvoir vous donner un premier aperçu des facteurs et des mécanismes qui sont présents dans ce qu’on nomme les troubles mentaux, je prends quelques raccourcis pour simplifier le sujet et le rendre accessible. Au fil des vidéos, je vais de plus en plus approfondir et détailler les éléments qui entrent le ligne de compte afin de rendre visible toute la complexité de ce que d’aucuns nomment la maladie mentale.

Retrouvez les 2 premières vidéos de la série ici:

Vidéos: un modèle des troubles psychologiques
(anxiété, dépression, troubles psychotiques,…)

Très bonne journée à tous!!

Cordialement,
Carole

 

 

Symptômes iatrogènes et sevrage lent

J’ai peur de faire un sevrage parce que chaque fois que j’ai arrêté (brutalement) de pendre mes médicaments psychiatriques, des symptômes terribles sont apparus (délires, anxiété, dépression,…). J’ai peur, car depuis que je prends des médicaments j’ai de plus en plus de troubles.

Tu as lu Breggin, tu as donc bien compris que les médicaments psychiatriques ne font que faire dysfonctionner les processus normaux de notre cerveau. Et comment se manifestent ces dysfonctionnements? Par des symptômes qu’on avait jamais eu avant de prendre ces produits de manière chronique. Pour désigner le fait que ces symptômes sont induits par le médicament (ou par le traitement, ou par le médecin…), nous utilisons le terme de iatrogène.

Lorsqu’on arrête brutalement de prendre ces substances, le cerveau qui tentait de compenser les effets puissants de ces produits, se trouve à compenser encore, alors qu’il n’y a plus d’effets à compenser. Pour illustrer le problème, je vais prendre l’exemple d’une voiture qui est embourbée. La voiture c’est ton cerveau. La pluie, c’est le médicament et la boue c’est l’effet du médicament. Lorsqu’on nous fait prendre un médicament tous les jours pendant des années et des années, c’est comme si on faisait pleuvoir tous les jours pendant des années et des années. Il commence à se former des flaques de boues de plus en plus profondes sous ta voiture (= ton cerveau). Lors des premières pluies, ton cerveau va commencer à compenser pour pouvoir faire décoller la voiture de la flaque de boue qui commence à se former sous elle. Le cerveau va mettre un peu plus de gaz (mais pas trop pour ne pas patiner) pour sortir de la flaque de boue. Et il va y parvenir, ce qui permettra à ta voiture (ton corps et ton esprit) de fonctionner malgré la flaque de boue: avec ta voiture tu pourras quand même te balader et faire tes activités quotidiennes. Mais au fil des ans, avec toute cette pluie (les médicaments) qui tombe tous les jours, la flaque de boue (les effets des médicaments) commence à prendre de l’ampleur et à embourber salement ta voiture (ton cerveau et ton corps). Ton cerveau, qui veut sortir de cette flaque de boue monstrueuse, va se mettre à appuyer à fond sur les gaz pour compenser les effets de l’embourbement. Mais lorsque une flaque de boue est trop profonde et que la voiture est enlisée, la seule chose qui se passe lorsque qu’on met les gaz à fond, c’est que les roues de la voiture patinent dans le vide et on s’embourbent encore plus et le moteur de la voiture commence à surchauffer (=les symptômes qui apparaissent lorsqu’on prend des médicaments).

Maintenant, lorsqu’on arrête d’un coup les médicaments, que ce passe-t-il? Et bien c’est comme si on enlevait d’un coup la boue sous notre voiture qui a les gaz à fond et dont les roues tournent hypervite. Et que ce passe-t-il lorsqu’on a les gaz à fond sur le champignon et que les roues se retrouvent d’un coup sur un sol sec? La voiture fait un monstre embardée et le pilote (le cerveau) en perd souvent le contrôle (symptômes de sevrage) pendant quelques temps, avant de réussir à rétablir la situation.

Quelle est la solution pour éviter cette embardée ?
Un sevrage lent et progressif bien sûr!!
En asséchant lentement le sol de boue (=sevrage lent), on permet au pilote de la voiture (=notre cerveau) de gentiment diminuer la pression sur la pédale des gaz (= arrête de compenser, lever le pied sur les mécanismes compensatoires) et donc de garder le contrôle de la voiture (=éviter l’embardée et les symptômes de sevrage brutaux).

Par conséquent, je pense que si tu mets en place un protocole de sevrage qui est lent et adapté à « ton embourbement », il est peu probable que tu perdes le contrôle de ta voiture (il est peu probable que tu subisses des délires incontrôlables). Le tout est d’y aller lentement pour laisser le temps à ton cerveau de s’adapter à la diminution (= de retirer petit à petit les mécanismes compensatoires qu’il a mis en place pour contrer les effets des médicaments).